40 ans, pas marié, sans enfants
12Le titre me fait penser à cette série américaine des années 90 : « Marié, deux enfants ». J’avoue avoir passé de bons moments de fous rires devant la vie de Al Bundy dans cette satire d’une famille moyenne américaine. Avec le recul, je me dis que la série s’adressait beaucoup aux hommes. Pas sûr que les femmes aient apprécié ou apprécient l’humour, disons… très macho et ras du slip de la série, les féministes encore moins. Enfin, ceci est un autre sujet…
Revenons à l’article. Il y a quelque temps, en août dernier, j’ai retrouvé une bonne bande de copains lors d’un week-end au vert dans le Val d’Oise. Comme chaque été, j’étais de passage en France, le timing était parfait. Nous avions loué un gite entier au sein d’une ferme équestre, à quelques kilomètres de l’abbaye de Royaumont. Un chouette site à visiter au passage.
Il y avait là trois amis qui fêtaient leurs 40 ans. Ce fut l’occasion de revoir des personnes que je n’avais pas vues depuis longtemps, genre depuis huit ou dix ans… La plupart de ceux qui étaient là n’étaient pas des proches. Pour autant, ce sont des personnes que j’apprécie et que je vois peu. Je me souviens m’être dit que pour certains d’entre eux, nous ne nous reverrions que quelques fois dans notre vie avant la fin. Vous n’avez jamais eu cette pensée ? Tant mieux, il ne vaut mieux pas. Je n’aurais même pas dû l’écrire, ce n’est pas très joyeux.
Le week-end fut vraiment chouette. En y repensant, il y a deux questions qui sont revenues souvent lors de cette soirée, notamment après quelques bières :
- Et les enfants ?
- C’est quoi l’amour en fait ?
On pourrait même en ajouter une troisième : « Ai-je fait les bons choix, suis-je à ma place professionnellement ? ».
À 40 ans, l’amour flou
Allez, prenons la question « C’est quoi l’amour en fait ? ». Que ce soit lors de cette soirée ou ici même, je n’ai pas la prétention d’y répondre. Des auteurs ont écrit des livres entiers sur la question, depuis la nuit des temps…
Si à 20 ans, l’amour est souvent fou, à 40 ans, il est surtout flou.
L’amour, chacun en a sa propre définition, selon ses besoins à combler, ses expériences passées et présentes, sa personnalité, ses blessures, etc. C’est un peu comme « C’est quoi le voyage pour toi ? ». Au final, l’homme a une façon de voyager qui lui est propre. Dans le voyage, chacun, selon sa sensibilité, recherche, est touché et en retire des choses différentes. C’est ce qui en fait une expérience unique, tout comme l’amour.
Et, tout comme le voyage, tout comme chaque expérience personnelle, il n’y a que vous qui savez ce qui est bon pour vous, ce qui vous correspond. Il n’y a que vous seul. Le reste n’a pas d’importance, les avis et conseils de vos amis ne comptent pas.
Pour certains, l’amour c’est la famille, c’est-à-dire l’accord de la famille, ou plutôt la soumission à la famille, à un milieu. Je pense notamment à ces milliers de femmes d’origine arabe qui font, en France, un mariage forcé ou arrangé chaque année. Oui, c’est énorme, même en 2018. Et il ne s’agit ici que de la France. Au final, dans le monde, la plupart des couples qui se forment ne le font pas par amour, mais a minima par raison. A minima…
Même en France, une femme indépendante financièrement et cultivée peut aussi tomber dedans, et au passage nul besoin d’être né au sein d’une communauté particulière. Je connais une amie, professeur des écoles, qui a dû se résoudre à un mariage arrangé avec un gars du bled en Algérie qu’elle ne connaissait pas. À 39 ans, elle a fini par mettre genou à terre face au diktat de sa famille. Une autre, une femme médecin de 40 ans, s’est résignée au même choix : ramener d’Algérie un gars inconnu qu’elle n’aimait pas. Dixit une amie commune, l’histoire la plus triste qu’elle connaisse.
Pour toutes ces femmes, au final, l’amour, c’est d’abord l’accord, ou plutôt la soumission à leur famille. Enfin, par amour, on se comprend.
Pour d’autres, l’amour, c’est avant tout l’amour que l’autre personne leur porte et l’image qu’elle leur renvoie. Pour certains, c’est le désir sexuel avant tout, pour d’autres, c’est le sentiment d’être utile, qu’une personne ait besoin d’eux. Pour certains, c’est le fait de contrôler une autre personne et pour d’autres, l’autre n’est là que pour combler un vide affectif, un besoin. Pour beaucoup, c’est un projet commun : une famille, un mode de vie, etc.
En tout cas, plus je prends de l’âge, et plus employer des mots comme « tomber amoureux », « je t’aime » (vous savez le vrai « je t’aime » romantique) me paraît incertain. Ce qui compte au final, ce sont les gestes, les sensations plus que des mots pour lesquels chacun a sa définition. Pour telle personne, employer « je t’aime » va paraître évident envers l’autre. Pour son partenaire, le dire signifiera toute autre chose, ou alors il ne l’utilisera que pour une relation plus « forte ». Vous voyez ce que je veux dire.
D’ailleurs, je ne sais plus où j’ai lu que c’est surtout la relation avec l’autre et ce qu’elle représente que l’on aime, plus en définitive que la personne elle-même. C’est pas moi qui l’ai dit hein !
Car au final, et c’est bien là le problème, combien de couples se disent, dans les premiers instants de leur vie à deux, ce qu’ils attendent d’une relation amoureuse ? Combien de couples se disent clairement, à eux-mêmes et à l’autre, ce qu’est l’amour pour eux, ce qu’est un couple, et quels sont leurs besoins ? Peu au final. Souvent, cela arrive bien plus tard. On éviterait beaucoup de non-dits, de malentendus, de souffrances si on était clair avec soi-même et avec l’autre dès le début. On éviterait surtout de perdre ce qui ne peut être rattrapé : le temps.
Eh oui, si vous regardez autour de vous, les gens qui sont ensemble pour de bonnes raisons, qui forment un couple un minimum équilibré, qui restent ensemble par amour (je ne parle même pas des premiers temps de la passion), eh bien, ce n’est pas la majorité des cas. Au passage, je vous conseille cet excellent article que j’ai trouvé sur le blog Waitbutwhy.
Pourquoi cette question est-elle revenue si souvent lors de ce week-end, me direz-vous ? Tout simplement, car beaucoup de couples présents étaient ensemble depuis une longue période, autour de dix ans pour beaucoup. Dix ans, c’est déjà long dans une vie à deux.
Il faut dire que mis à part le temps passé, certains s’étaient formés sur une base déséquilibrée dès le départ et/ou sans l’élan nécessaire pour durer et affronter les difficultés. C’est fou la capacité que l’on peut avoir à se raconter des histoires. Pour d’autres, il restait des questions personnelles qui n’étaient pas réglées. Pour d’autres encore, la question de l’enfant, ou du non-enfant, venait polluer leur relation.
La vie, c’est toujours des compromis avec les autres et avec soi-même. Oui, le but, c’est de devoir en faire le moins possible, on est d’accord, surtout avec soi-même. Car là, en amour ou dans d’autres domaines, il faudra apprendre à vivre avec. Le truc, c’est que si le compromis est trop important, il vous revient toujours dans le visage, comme un boomerang. C’est comme la gravité, c’est une loi universelle.
A lire : Lettre à moi-même quand j’avais 20 ans.
A 40 ans, l’heure du choix
Il se pose forcément, au moins pour les femmes. L’homme a un peu plus de temps, et encore ! D’un point de vue biologique et de fertilité oui, mais il subsiste la question du temps restant et surtout de l’énergie. Au final, la différence n’est pas si importante.
Durant ce week-end, il y avait des couples avec enfants, certains sans, mais qui essayent et d’autres sans qui ont essayé. Avec ou sans enfants, certains sont dans une période difficile, voire au bord de la rupture. Au final, combien de couples autour de vous seraient encore ensemble s’ils n’avaient pas d’enfants, par choix ou non ? Et le vôtre ? Passé un certain temps, peu de couples se suffisent à eux-mêmes. Mais cela, c’est difficile de se le raconter, à deux et à soi-même.Car au final, le but pour beaucoup derrière le fait de se se mettre en couple, c’est de fonder une famille. C’est en tout cas le but d’un point de vu biologique, nous sommes programmés pour cela.
Avoir un enfant est aussi égoïste que de ne pas en avoir. Avoir un enfant est aussi pathologique que de ne pas en avoir. Bref, pour faire simple, il y a autant de bonnes raisons de faire des enfants que de ne pas en faire. Chacun ses besoins. Ce qui est clair, c’est que ceux qui font le choix de ne pas en avoir doivent assumer la pression de la société et de leurs proches, surtout en tant que femme. Au moins, ont-ils eu une vraie réflexion sur cela, à la différence de beaucoup d’autres qui font des enfants car c’est une case cochée, ou parce que c’est comme ça.
Cette année, c’est la première fois que l’on m’a autant posé cette question. Je n’ai pas (encore) d’enfants. Plus le temps passe et plus la réalité d’en avoir s’éloigne, je le sais.
Demandez-vous, si vous êtes dans un dilemme face à cette question : en avoir ou pas avec votre partenaire, finalement, est-ce votre choix, est-ce un choix véritable ou un choix subi ?
À 40 ans, suis-je à ma place ?
Les cabinets de psy sont remplis de personnes qui se demandent si le choix de carrière qu’ils ont fait leur convient, si ce choix était le bon, si c’était vraiment le leur. Le gars qui choisit une carrière d’avocat pour faire plaisir à sa famille, même si c’est cliché, c’est une réalité. La dictature du sacro-saint trio maison-enfants-CDI aussi. L’homme est un animal, à la base c’est un suiveur, un mouton par bien des côtés. Et faire des choix qui nous conviennent mieux, surtout lorsqu’ils paraissent anticonformistes, cela demande de l’énergie, du courage et des ressources.
Durant ce week-end, j’ai revu un ami qui est en plein dans cette situation. À 40 ans, il se rend compte qu’il n’est pas à sa place professionnellement. Ce n’est pas la carrière qu’il aurait voulu suivre. Il a fait un choix de raison et non de cœur. Et ce compromis, qui lui convenait plus ou moins à ce moment-là, n’est plus acceptable. Il se rend compte qu’il est dans une impasse et qu’il doit faire un choix difficile : se résigner ou prendre le risque de suivre son désir. La dernière chance avant qu’il ne soit trop tard.
Dans son cas, ce qui est difficile je crois, c’est surtout de ne pas avoir essayé la voie du cœur, de ne pas avoir écouté son intuition. Et cela peut être terrible des années après, car les regrets restent et parfois on se demande « et si j’avais essayé, et si j’avais écouté mon intuition… Où en serais-je ? » Car au final, c’est cela le vrai échec, ne pas avoir essayé. Sur le thème de l’échec, je vous recommande vraiment de lire ce livre-là… rafraîchissant.
Lorsque vous partez en voyage en solo, avec votre sac à dos, pour une certaine période, sans avoir rien organisé, vous faites facilement des choix en suivant votre intuition, vos désirs. Vous avez envie de rester plus longtemps dans cette ville ? Pas de soucis, vous le faites. Vous avez envie de changer de plans et d’itinéraires ? Vous le faites. Tout cela semble alors si facile. C’est pour cela que le voyage peut paraître grisant pour beaucoup. Il l’a été pour moi, à un moment de ma vie.
Le voyage, c’est une école de la vie. La vie, c’est un voyage. Il ne devrait pas y avoir une telle différence entre les deux, pas vrai ? Pourquoi, dans notre vie de tous les jours, ne ferions-nous pas des choix comme en voyage ? Oui, c’est plus difficile, mais on peut s’approcher de cela. On le doit, on se le doit.
Vous sentez un appel ? Vous avez envie de faire un break et de partir découvrir le monde ? Qu’attendez-vous ? D’avoir un pied dans la tombe ? Que ce soit pour un changement de vie ou un tour du monde, le pire, c’est de ne pas écouter cette voix qui vous dit de le faire. Quelque part, vous n’avez pas le choix.
La vision des choses est-elle différente à 60 ans ? Au moins, l’une des trois questions ne peut plus être posée, cela simplifie les choses.
Je ne sais pas trop où je voulais en venir en écrivant cet article. Pas de conclusion, qui suis-je pour en apporter une, moi, à des questions aussi complexes ? C’est juste impossible. Il n’y a pas de mode d’emploi à suivre.
Pour autant, il y a une ligne directrice à garder, un chemin qui devrait traverser votre vie. Ce chemin, c’est de faire des choix qui vous sont propres, c’est de vivre une vie qui vous ressemble, sans pression aucune, inconsciente ou pas. La vraie liberté, c’est celle-ci, faire des choix qui nous sont propres et qui ne sont pas dictés par notre inconscient. C’est le travail de toute une vie.
Je termine par cette citation d’Hermann Hesse que j’aime beaucoup et qui fera office ici de conclusion :
« La vie de chaque homme est un chemin vers lui-même, l’essai d’un chemin, l’esquisse d’un sentier. Personne n’est jamais parvenu à être entièrement lui-même ; chacun, cependant, tend à le devenir, l’un dans l’obscurité, l’autre dans plus de lumière, chacun comme il peut. » Hermann Hesse
Bon, je peux pas m’empêcher de vous mettre le générique de la série :-).
Passionnant comme toujours ?
Merci pour ce partage de questionnement. Je suis une femme de 45 ans, sans enfant (par choix assumé) et célibataire en ce moment. Pas de boulot non plus. Je suis à nouveau à une étape particulière de ma vie (je crée mon job nomade). Le chemin n’est pas toujours facile mais j’essaie d’écouter et suivre mon intuition. L’important pour moi est de prendre soin de moi, de respecter mes choix de vie même si ils sont parfois compliqués à gérer. Le voyage aide à se connaitre et à savoir vivre seul(e). On est alors prêt pour une relation « saine », on attend moins de l’autre, juste partager des moments de vie et de l’attention.
N’importe quel choix n’est pas facile sur le long terme, il y a juste que certains sont plus facile que d’autres.
Effectivement, nous en avions parlé à Glasgow.
Eh oui, on éviterait beaucoup de non-dits, de malentendus, en étant clair et net avec l’autre dès le début. Mais ce n’est pas gagné…
Non, c’est pas gagné. Cela demande des ressources mine de rien pour faire cela, quelque chose de simple pourtant au final.
Merci Fabrice pour ces réflexions… Tout à fait d’accord avec toi dans cette définition de la liberté… « faire des choix qui nous sont propres et qui ne sont pas dictés par notre inconscient. C’est le travail de toute une vie. »
J’ai 35 ans et toujours pas l’intention d’avoir des enfants, même si en couple depuis plus de 3 ans… Et en train de créer une « carrière » nomade bien loin du métro boulot dodo…
Pour la carrière nomade, rien d’incompatible avec les enfants hein 🙂
Pour affiner ta reflexion sur l’amour, je conseille le livre « les 5 langages de l’amour » (the 5 love languages) de Gary Chapman
Merci, je connaissais de non, faut que je le lise en effet.
Salut F et merci pour un plus le mariage cet une unions qu’on peut pas prendre à la léger on est libre de choisir son partenaire et non nos parents ou nos oncles. .. Et pour les enfants j’aime bien les enfants je suis jeune de 22ans je conte avoir un enfant bientôt avant mes 25ans peu importe si je suis célibataire ou pas j’aime beaucoup les enfants ce pour ça que je lui aller faire la médicine (pédiatre ) j’aimerais en avoir 4 et adopté 3 lol oui c’est bien comme ça
Votre article m’a plu et je dirai même qu’il est teinté de beaucoup d’émotions
La vie est faite d’actions et pas seulement de réflexions. Trop de réflexions tue l action c’est bien connu
Alors il me semble que vous devriez ne pas considérer la vie comme une étape préparatoire mais comme devant être vécue aussi bien en mode création que rupture
Vouloir tenter de vivre en étant guider par soi même et pas par son inconscient relève de l’utopie. J’ai eu beaucoup de plaisir à vous lire et espère que vous trouverez votre chemin du bien être
Charles A
Bonjour
Intéressant. Toutefois, pourquoi se focaliser sur des exemples de femmes arabes forcées de se marier ?! Étrange discours.
C’est identique chez les Catholiques, nobles ou pas qui marient leurs enfants et les font parfois se rencontrer dès leur plus jeune âge lors de rallyes.
La femme catho avec ses 3-4 enfants finit par ne plus travailler et cantonnée à la maison à suivre le mari militaire et/ou expat. Tristesse.
Bref, la pression sociale s’applique à tous les individus et dans tous les milieux sans distinction.