Comme une brique dans un mur
27Faire un long voyage, c’est donner au temps le pouvoir de s’éloigner de la monotonie de sa vie et du conformisme ambiant. C’est quitter pendant un moment la place bien rangée que nous occupons dans la société. Comme une brique dans un mur.
C’est une image que j’ai toujours trouvé assez juste. Elle prend d’autant plus d’impact lors du retour d’un long voyage.
Des hommes et des briques
Dans notre vie, nous avons tous une place, plus ou moins définie, plus ou moins fixe. Certains, vous en connaissez surement, ont leur place bien délimitée depuis bien longtemps. Il est pour eux difficile de bouger. C’est même parfois inconcevable tant la brique est parfaitement ajustée dans le mur.
Pour d’autres, il y a un peu de jeu, un peu de place dans le mur. Soit, car c’est ainsi pour eux, soit qu’un espace s’est crée suite à des expériences et/ou des rencontres.
La brique peut alors bouger un peu. Certains font même le choix de sortir pendant un temps limité de ce mur. Ou pour la vie.
Un long voyage, c’est sortir de ce mur pendant le temps du voyage. Vous perdez vos repères, vos habitudes, il n’y a plus de monotonie. Vous avez la liberté, celle d’aller où vous souhaitez quand vous voulez. Et d’y rester le temps que vous voulez. Pour y faire ce que vous voulez. Pour y rencontrer qui vous voulez. Je continue ? 🙂
Cela est tout de même très proche de la liberté non ?
Nul compte à rendre tous les jours, que cela soit au boulot (dans la salle de réunion), auprès de votre famille ou de vos amis. Ceci est encore plus fort si vous voyagez seul.
De la facilité d’adaptation
Et lorsque vous revenez de voyage, vous devez, plus ou moins, réintégrer ce mu de brique. Par choix, mais surtout par nécessité.
Alors, bien sûr, c’est difficile au début. La place laissée à la brique est bien petite….Mais peu, à peu, avec le temps, la brique va reprendre sa place dans le mur. Peut-être aura-t-elle toujours un peu de jeu dans sa place. Comme un héritage de ce long voyage.
Peut-être sera-t-elle un peu spéciale et différente des autres. Tant mieux !
Après un an ou deux, il y a de bonnes chances pour que la brique soit à nouveau bien intégrée.
C’est cela la facilité d’adaptation. C’est une force de l’homme, une qualité. Du moins, je le pense.
Je me souviens d’une voyageuse qui m’avait dit qu’elle trouvait cela négatif. Alors, voilà, on revient après une année fabuleuse et hop, après un certain temps, on s’est déjà réhabitué à la routine et à une vie bien rangée. On s’est réintégré dans le mur. Comme une brique.
Est-ce un avantage ? Un inconvénient ? A chacun de voir les choses. C’est un peu comme le verre à moitié vide ou à moitié plein.
D’un autre côté, c’est cette même facilité d’adaptation qui fait que vous vous sentez parfois comme chez vous dans un lieu à l’autre bout du monde.
C’est cette qualité qui fait qu’après 3 jours, vous vous sentez comme un poisson dans l’eau.
Alors, une qualité ou non ? Que dit la brique qui est en vous ?
Intéressant comme comparaison. Dans le cas où tu partirais trop longtemps, en voyage ou dans le cas d’une expatriation, retourner dans le mur ça devient de plus en plus difficile non? Par exemple si ça fait des années que tu as quitté le mur, est-ce que tu as toujours une place dedans? Parce qu’au final, les autres briques elles s’habituent à vivre sans toi, du coup plus tu es partit longtemps plus c’est difficile de revenir et de se sentir « comme avant », non?
Oui, cela devient de plus en plus difficile. D’ailleurs, ne dit-on pas expat un jour, expat toujours? 🙂
Je pense que c’est normal de ne plus se sentir « comme avant ». Si cela n’était pas le cas, cela voudrait dire que cette expérience ne t’a rien apporté non?
Tu en penses quoi Lucie, tu as été expatriés aussi? 🙂
Oui, expat depuis 2008. 1 an en Roumanie, presque 2 ans a Londres. C’est pour ca qu’il m’a fait reflechir ton article. J’ai essaye de revenir en France, mais c’est dur de se rehabituer, Ca doit faire trop longtemps j’imagine.
Tu connais au fait l’autre Lucie blogueuse qui est à Londres? cf commentaire sur la page:-)
Ben oui on est copines 🙂 On s’est rencontree « en vrai » l’ete dernier a Londres. Non seulement on est dans la meme ville mais on habitait a 15 minutes l’une de l’autre, ca aurait ete dommage de se manquer!
Ah excellent:-) Si je passe à Londres, faudra qu’on se boive un verre tous les 3:-)
Carrement! 🙂
Hehe et oui, les deux Lucies blogueuses londoniennes se connaissent! Avec plaisir Fabrice!
oui et être à 15mn l’une de l’autre, c’est rare à Londres:-)
Bonjour, c’est dure de ce réhabituer oui, c’est mon cas aussi. Votre commentaire date de 2012… et aujourd’hui en 2017 ? Vous habitez ou ? Etes-vous de nouveau expat ou avez vous retrouver votre mur ?:)
Ayant voyagé pendant pratiquement un an en Asie, Europe de l’Est, amérique du nord et centrale, j’ai vécu plusieurs fois ces phases d’adaptation à des environnements différents. J’ai également vécu els retrouvailles avec villes « modernes », des environnement proches de ceux auquel j’ai l’habitude. A chaque fois, dans les deux sens, ca a été un source de plaisir très forte !
Adaptation facile pour toi donc?
Belle comparaison. Je suis partage pas mal ton avis sur nos capacités d’adaptation. Nous avons assez vite repris nos repères « moderne » à chacune de nos étapes dans un pays cher. Bien qu’à chaque fois on soit senti néanmoins toujours un petit différent d’avant. J’imagine que la brique une fois qu’elle a bougée n’est plus aussi bien cimentée et aura plus de facilité à bouger de nouveau !
A+
Oui, elle bougera plus facilement, elle sera un peu différente des autres. Et tant mieux!
Comme tu dis, l’être humain est une merveille d’adaptation. Il suffit de passer par exemple du stade de la pauvreté au stade de la richesse pour ensuite être incapable de revenir en arrière…
Concernant le voyage, c’est cela qui fait également son charme, la perte de ses repères les premiers jours et de « casser » la routine !
Le seul moyen qu’a la brique de se distinguer des autres briques, c’est justement de quitter le mur. Sinon, c’est une brique comme toutes les autres…
@ Yves c’est exactement cela. Ou un mouton dans un troupeau…
Très belle comparaison.
Personnellement je ne sais pas si j’arriverais à me refaire ma place dans le mur. Je veux dire par là que ça fait 2 ans et demi que je suis partis, chacun à fait sa vie de son côté (mariage, enfant …) et j’ai fais la mienne. Mon rythme à changé, ma vision des choses à évolué, je n’arrive plus à m’imaginer dans le mur dans lequel je vivais avant (attention je ne parle pas des amis ou de la famille mais bien de l’environnement en général). Quelque chose de totalement différent je pense. Je pense que je serais obligé de construire un nouveau mur pour le nouveau moi, sans totalement rejeté l’ancien. Peut-être faire du neuf avec de l’ancien.
2 ans et demi, c’est vrai que cela commence à faire.
Bon, je pense qu’après ce temps, c’est en effet dure de revenir à une vie plus conformiste: cdi dans un boulot qui nous passionne pas etc…
Après, rien n’est impossible avec le temps…
Beaucoup de voyageurs au long cours m’ont dit qu’il ne reviendrait pas dans leur vie d’avant, du moins pas à 100%. Certains ont complètement changé de domaine, d’autres ont continué à voyager, certains comme un ami à changer de boulot. Désormais, il un poste qui lui permet de se rendre souvent en Afrique.
Ce serait intéressant de faire une étude du genre « que sont-ils devenus 5 ans après »:-)
Très bel article et très belle comparaison je trouve. Je me sens comme une brique qui a tout le temps envie de sortir du mur… 😉
Je pense profondément que les voyages font évoluer, donc quoiqu’il arrive, même après un retour, on est toujours une personne différente de ce qu’on a pu être avant ce voyage.
On aborde la vie de tous les jours sous un angle différent, donc je suis d’accord avec ta comparaison de la brique qui bouge encore.
Très bel article sur la philosophie du voyage =)
Je pense que l’une fois que la brique a quitté le mur, il sera difficile de revenir et de reprendre sa vie d’avant. Une fois que l’on a goutté au plaisir de voyager dans le monde, on a qu’une envie, c’est de repartir. Le voyage fait grandir, ouvre l’esprit et rend beaucoup plus positif. Pour le moment, une seule chose me manque réellement : le FROMAGE 😉
Donc Delphine, vous êtes déjà conscient de cela au début de votre grand voyage? Cela ne vous fait pas peur un peu?
C’est le cas je sais pour certains.
Et oui déjà… comme on a pas mal voyagé chacun de notre côté avant ce grand voyage, on sait qu’il sera impossible de reprendre notre vie d’avant. Mais cela ne nous fait pas peur, au contraire, de nouvelles opportunités s’offriront certainement à nous en rentrant (si on rentre en France^^) =D
Je le dis toujours, je suis fascinée par la capacité d’adaptation de l’être humain. On voyage, et sans s’en rendre compte, le pays finit par faire partie de nous, il rentre lentement mais sûrement dans nos veines, et on ne s’en rend compte généralement qu’au retour où on voit bien qu’on a changé et le rapport avec notre « environnement » aussi.
Avec, au retour, des réflexions du genre « tiens, il manque cruellement de musique par ici, je vais mettre un peu de cumbia » alors que les premiers jours au Pérou, j’en pouvais plus de la musique partout! 🙂
Entre frapper un mur et bouger, je préfère encore bouger. On n’abîme pas une fleur. Elle viendra bien un jour que par se faner, aussi bien profiter de sa beauté. P.S. Beauté représente ici la santé 😉
Très bel article. De mon côté, après moins d’un an de voyage, je sens déjà ce décalage entre mes amis, qui sont souvent des « briques bien ancrés au mur » et nous dont les « briques ont toujours eu la bougeotte ». Le voyage nous change, nous fait évoluer, change notre manière de voir les choses. Alors je pense que c’est pas possible de revenir bien sagement dans le mur après. Ou alors d’une manière totalement différente, totalement changée.