Visiter la Comuna 13, c’est faire un retour dans le passé, dans l’une des périodes les plus sombres de Medellín et de la Colombie.
L’un des points forts de ce tour est qu’il vous permettra de comprendre une partie de l’histoire récente du pays et donc, de fait, de son histoire présente.
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Sur la gauche, la rue principale de la Comuna 13.
Au loin, le centre de Medellin
La Comuna 13 : symbole des années noires de la Colombie
Pendant longtemps, la Comuna 13 était l’un des quartiers les plus dangereux de Medellín. C’était même une ville dans la ville, une zone de non-droit où l’État colombien n’avait pas accès. Pour comprendre, il faut remonter aux origines de la violence en Colombie.
Nous sommes en 1948, le candidat de gauche à la présidentielle, Gaitán, vient d’être assassiné en plein meeting. C’est le début d’une vague de violence qui va s’installer dans le pays pour 70 ans.
Dans les jours qui suivent, des affrontements ont lieu partout dans le pays entre le peuple de gauche et les conservateurs qui le dirigent. Ces derniers sont accusés d’avoir commandité l’assassinat du leader populaire. L’agitation se déplace jusque dans les campagnes. Des groupes d’autodéfense se forment pour protéger les grands propriétaires. La violence devient endémique et le conflit et ses acteurs deviennent complexes.
À partir des années 50, dans l’idée de fuir cette violence, des vagues importantes de paysans migrent vers les grandes villes comme Medellín. Ils viennent vivre sur les collines surplombant les villes et se bâtissent des maisons de fortune. Il s’agit d’un exode soudain et les municipalités n’ont pas les ressources pour accueillir ces nouveaux arrivants.
Ces quartiers grandissent donc à côté des grandes villes dans l’anarchie la plus totale et sans y être intégré. Bien sûr, ce chaos et cette grande pauvreté favorisent la prise de contrôle de ces territoires par les bandes armées, les milices, les narcos, etc. La violence se développe inévitablement, surtout dans les années 90 où Medellín connaît jusqu’à 7 000 meurtres par an. À cette époque, Medellín devient l’une des villes les plus dangereuses au monde et la Comuna 13, le symbole d’un pays à la dérive.
De l’enfer à la renaissance
Dans les années 90 et au début des années 2000, la Comuna 13, comme les autres quartiers pauvres de Medellín, est rongée par la pauvreté et la violence. Ces quartiers sont sous le contrôle des FARCS, de l’ELN, de groupes paramilitaires et des narcos. Bref, un terrible mélange de pauvreté et de violences extrêmes.
L’armée et l’État font plusieurs tentatives pour reprendre le contrôle de la zone, sans succès. Enfin, en 2001, l’opération Orion est une réussite, mais à quel prix… Des centaines de morts et de disparus, victimes de tirs aveugles, d’assassinats et de règlements de compte. Et l’armée est loin d’être toute blanche dans cette histoire. À l’époque en effet, les groupes paramilitaires ont permis et entrainé l’armée dans certaines exactions. Dans les années qui suivent, la violence règne, toujours sous le joug des groupes paramilitaires
Sur cette photo, un paramilitaire indique à l’armée quelles maisons nettoyer…
Il faudra attendre la fin des années 2000 pour que les choses changent. La ville reprend peu à peu le contrôle du quartier.
Finalement, depuis quelques années, la Comuna 13 a misé sur le tourisme. Des initiatives se sont créées pour amener les voyageurs dans le quartier afin de leur faire visiter les lieux, notamment grâce à des Graffiti Tours.
La visite de la Comuna 13
À Medellín, vous trouverez beaucoup d’agences qui proposent ce Graffiti Tour. Quant à moi, j’ai choisi l’agence Tika Travel qui m’avait été conseillée. Son plus : elle travaille avec des associations sur place et une partie des revenus leur est reversée. Ainsi, ma guide a grandi dans la Comuna 13 et elle fait partie de la Casa Kolacho, un collectif d’artistes Hip-Hop.
Des escalators.
Pendant trois heures, nous avons donc marché dans les ruelles de la Comuna 13. Ruelles est un bien grand mot, il s’agit plutôt d’escaliers et d’espaces entre les maisons. La ruelle la plus large laisserait à peine la place à une voiture. D’ailleurs, elles ne peuvent pas y venir. Ici, c’est le royaume des motos.
Pour autant, une grande artère a été construite à flanc de collines. Elle offre une belle vue de Medellín et surtout, elle permet d’admirer quantité de fresques et de graffitis. Chacun raconte l’histoire du quartier. Certains sont vraiment sublimes, un véritable musée à l’air libre en somme.
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J’ai été étonné de voir l’affluence de touristes, le lieu est devenu à la mode. Quel changement ! Le tourisme est vraiment devenu un El Dorado pour sortir de la pauvreté, tout le monde s’y met. Des escalators ont même été construits sur des centaines de mètres par la mairie. Bref, le quartier a été reconquis par les services de l’État et la mairie.
Pour la sécurité, aucune crainte, vous pouvez sortir votre appareil photo, vous êtes entre de bonnes mains !
La Comuna 13 est une belle illustration de ce que peut donner une transformation urbaine grâce au développement d’initiatives locales et une politique de transport urbain audacieuse. La Comuna 13 s’est vue dotée d’escalators pour la désenclaver. Dans d’autres comunas, des télécabines ont été construites. En 2013, Medellín est nommée ville la plus innovante du monde, à juste titre.
La visite se termine par le local de l’ONG et ce qu’elle propose : T-shirt et autres goodies.
Vous l’aurez compris, la Comuna 13 est une visite incontournable lors d’un séjour à Medellín. Vous appréhenderez mieux l’histoire récente du pays.
Très instagramables les graffitis !
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Le Graffiti Tour avec Tika Travel
L’agence a été fondée par un couple franco-colombien. Carolina est née à Medellín, puis elle a vécu de longues années en France avec ses parents.
Revenue dans sa ville natale, elle a créé cette agence de tourisme responsable. Les tours servent à financer les actions de la Casa Kolacho.
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Carolina de Tika Travel
Le guide est local, et vous pouvez aussi être accompagné par un guide français.
Site : La Comuna 13
Durée : 3 heures
Prix : 80 000 pesos
Voir les détails sur le site de Tika Travel
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Pour y aller : Métro : Arrêt San Javier ou Metrocable : Ligne J, arrêt San Javier.
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