Confinés à l’étranger ! 6 Français en Asie et Océanie qui ont fait le choix de ne pas rentrer#3
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Après les Amériques et l’Europe, suite de cette série sur ces Français qui ont décidé de rester à l’étranger pour ce confinement. Voyageurs, expatriés ou nomades digitaux, ils nous racontent leur choix et leur vision du voyage pos-covid-19.
Aujourd’hui, nous partons en Asie et en Océanie, parfois loin de la métropole, au bout du monde.
Jeremy- Koh Samui – Thaïlande
Jeremy est finalement resté en Thaïlande. Il y pire comme lieu quand on vit sur Koh Samui. J’étais content d’avoir des nouvelles de cet ancien élève du Digital Nomad Starter.
-Quelques mots de présentation :
Je suis Jérémy français de 26 ans, je suis en Thaïlande depuis 7 mois, j’y suis venu car j’avais l’opportunité de reprendre en main une association de salsa. Actuellement je suis employé dans une entreprise de web marketing. Et je fais du freelancing.
-Pourquoi être resté ?
Je devais aller en Malaisie pour le mois d’avril, mon vol as été annulé, le temps de chercher une autre destination, tous les pays se sont fermés. J’ai donc décidé de rester, car ma seule autre solution était de rentrer en France. Ici j’ai un bon logement, des amis a contacté en cas de soucis, je me sens en sécurité.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Le nombre de malades est faible, 2 700 cas officiel. Les consignes sont de respecter la distanciation sociale. Tous les lieux publics non nécessaires (bars, boite de nuit, magasins non alimentaires), sont fermés. Le confinement est souple, il est possible de sortir, se balader, d’aller voir des amis. Prise de températures dans les lieux de passage. L’île où je suis est sous lockdown, actuellement seulement 7 cas recensés.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Des rumeurs comme quoi les chiffres officiels seraient faux, sinon les décisions prises conviennent au public.
-Comment la population réagit ?
Plutôt bien pour le moment, mais très difficile financièrement pour beaucoup d’entre eux, par manque de sécurité social.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
Un peu difficile, j’ai eu une mauvaise nouvelle, donc j’appelle ma mère pour l’aider moralement. Sinon mes inquiétudes se sont malheureusement déjà réalisée.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
En maison sur une île avec de l’espace autour de chez moi. Je vis seul, mais j’ai des voisins suisses avec qui discuter.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Rien de spécial, le confinement est mon quotidien, je m’abstiens juste d’aller voir des amis, sinon la danse me manque. Je suis régulièrement en call avec des amis en France.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Pas du tout. Je n’ai nul pas où aller, je ne peux pas aller chez ma famille car je serais un risque de contamination après avoir traversé le monde, si je devais retourner en France je ne me sentirais pas en sécurité.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ? Façon de voyager, impact, etc.
Pour 2020, je pense que l’industrie du voyage sera au point mort. Pour 2021, je m’attends à ce que les gens utilisent dès que possible leurs congés pour rattraper les voyagent qui n’ont pas eu lieu en 2020.
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Je fais déjà du slow travel, je reste environs 6 mois par endroits, je n’aime pas me déplacer, je prévois de continuer ainsi, mais de mieux gérer les visas, pour limiter les borders run le plus possible. Par contre ce qui va changer ce sera de garder les gestes barrières et d’utiliser des masques lors de mes trajets.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Mon visa étant finis, je vais devoir trouver un nouveau pays où aller, je pense au Vietnam, où j’ai des contacts dans le monde de la danse. Je vais donc retrouver mon rythme confinement boulot et sortit pour aller danser 1/2 fois par semaines.
Fleur – Istanbul -Turquie
Dans ce pays touché par le coronavirus, comment Fleur vit la situation à Istanbul ?
-Présentation :
Je m’appelle Fleur et suis expatriée avec mon mari et mes 2 enfants depuis presque 4 ans à Istanbul. Je tiens le blog Graine de Stambouliote.com pour aider les voyageurs à organiser leur séjour en Turquie. J’ai fêté mes 40 ans, juste avant le début du chaos….
-Pourquoi vous êtes resté ?
Nous vivons à Istanbul et mon mari, de par son travail se devait de rester ici. Nous ne nous sommes donc pas trop posé la question de rester ou partir, même si la fermeture des frontières a été un sentiment étrange et angoissant.
-La situation sur place ?
La difficulté avec la Turquie c’est d’avoir des chiffres fiables. Nous avons ici officiellement une épidémie sous contrôle, avec les meilleurs hôpitaux et les meilleurs équipements ! Nous n’aurions « que » 1500 morts quand la France en est déjà à 17 000. Des mesures similaires à la France ont été prises, avec la fermeture des écoles, des commerces, des musées, etc. Pour les actifs, le confinement est vivement conseillé, mais pas besoin d’attestation pour sortir. En revanche, pour les moins de 20 ans et les plus de 65 ans, il est totalement interdit de sortir depuis maintenant 5 semaines ! Et à présent, les week-end sont sous couvre-feux. Nous ne pouvons donc pas même sortir acheter une bouteille d’eau. Par ailleurs, il est interdit de quitter la ville. Mais un avantage par rapport à la France, est que le pays n’est pas en pénurie de masque car il en produit sur le territoire.
-Une bonne gestion sur place ?
Globalement, les choses ont été faites. Mais il y a eu certains cafouillages qui ont fait scandale. Notamment lorsque les autorités ont annoncé vendredi dernier à 22h30 qu’un couvre-feu de 48 heures commencerait à partir de minuit. Les gens paniqués sont sortis dans les rues pour acheter de quoi manger et boire. A certains endroits ça a été la foire d’empoigne. Il faut comprendre qu’à Istanbul les courses se font normalement au jour le jour dans des petits commerces. Il n’y a pas d’hypermarchés où remplir un caddie pour la semaine. Et l’eau du robinet n’est pas potable, il faut donc pouvoir anticiper ses achats !
-Comment la population prend la chose ?
Les Turcs sont des gens très chaleureux qui vivent dehors la majeure partie de la journée (et de la nuit!), au contact des autres. C’est donc un sacré changement pour eux, mais on peut dire qu’ils jouent le jeu. Aujourd’hui à Istanbul, les rues sont quasi-désertes, et chacun porte un masque à l’extérieur.
-Tes relations avec tes proches ?
Etant loin de la famille depuis 4 ans, cela ne nous change pas. Mais c’est vrai que l’on essaye de prendre un peu plus de nouvelles. Sachant tout le monde en bonne santé et bien confiné, on ne s’inquiète plus trop.
-Vous vivez comment ?
Nous vivons en appartement, au cœur d’Istanbul. Donc sans jardin, ni même balcon… Enfermés tous les 4 avec nos 2 chats, qui eux sont ravis de nous avoir auprès d’eux !
-Tu as envie de rentrer ?
La première semaine a été très stressante. J’en faisais des crises d’angoisse. Mais depuis ça va. On s’est imposé un rythme, avec le travail des enfants le matin qui nous occupe bien. Et puis, on a la chance d’avoir un petit traiteur français qui livre à domicile, donc on se fait plaisir avec de bons petits plats, comme au resto ! Honnêtement, non. Je pourrais rentrer en France avec les enfants, mais je ne me vois pas laisser mon mari seul ici. Et puis, nous n’avons plus de maison en France donc ça ne serait pas confortable du tout. On est mieux à Istanbul, chez nous, avec notre connexion wifi !
-Comment tu vois les choses après` ?
A Istanbul comme dans le reste du monde, il va falloir plusieurs mois avant que les choses redeviennent ce qu’elles étaient. En tous cas, les aéroports d’Istanbul ne prévoient pas de réouverture des vols internationaux avant mi-juillet, et avec quarantaine obligatoire à l’arrivée.
Je ne pense pas trop à l’après pour le moment. Mais nous avions déjà l’habitude de voyager en organisant nos voyages par nous-mêmes, en choisissant des hôtels à taille humaine, en prenant le temps d’explorer les sites touristiques en dehors des sentiers battus. Je pense que ce sera encore plus vrai demain.
-Tes projets ?
Malheureusement, la fin du confinement signifiera pour nous la fin de notre expatriation à Istanbul. Nous pensions profiter à fond de ces derniers mois pour encore découvrir des régions peu visitées de la Turquie, faire une super fête de départ avec les amis, acheter de derniers souvenirs à rapporter en France. Mais nous verrons bien…
Un épisode récent du podcast à écouter sur Istanbul :
Julien – Hanoi- Vietnam
Le Vietnam est un bon élève de cette crise du coronavirus. Il nous raconte la réalité sur place.
-Quelques mots de présentation :
Laure, 25 ans, psychomotricienne -et Julien, 33 ans, chef de projet en informatique. Nous sommes fiancés. Nous sommes partis en voyage en Janvier 2020, pour une durée d’environ un an et sommes arrivés au Vietnam le 06 Mars (après avoir voyagé en Russie et Mongolie).
A la base de notre projet, le Vietnam était une étape importante car le grand père de Laure y est né et y a grandi. Pendant notre étape en Mongolie, on a dû se décider rapidement sur la prochaine destination car le pays fermait ses frontières à cause du virus. Le Vietnam était accessible sans passer par la Chine, pour un prix correct.
-Pourquoi être resté ?
On s’est senti suffisamment en sécurité ici alors que l’épidémie prenait de l’ampleur en Europe. De plus, la perspective de devoir attendre un vol éventuel entassés dans un aéroport puis confinés dans un avion avec de nombreux touristes possiblement porteurs ainsi que l’absence de mesure d’hygiène et de contrôle du virus une fois en France nous a semblé plus dangereuse qu’autre chose.
De plus, on n’a plus rien en France donc rentrer impliquait de s’installer chez nos proches et leur faire courir un risque.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Ici, au 18 avril, il y a 268 cas déclarés en tout pour une population de 97 millions d’habitants. Parmi ces cas, seulement 67 sont toujours actifs alors que les autres sont tous guéris (aucun décès par covid au Vietnam). L’épidémie a repris ici début mars (par une vietnamienne rentrée d’Europe) alors que les 16 cas initiaux étaient pris en charge et l’épidémie maitrisée.
Dès le départ la population s’est adaptée avec port de masque, désinfection des mains dans les lieux publiques (magasins, supermarchés, restaurants, cafés). On trouve d’ailleurs du gel hydro alcoolique disponible dans presque chacun de ces lieux.
Le confinement a commencé au 1er avril pour 15 jours et a été entendu d’une semaine pour les provinces à risque. Les mesures de distanciation sociale sont toujours en vigueur dans tout le pays mais les commerces non essentiels ont pu reprendre dans les provinces à faible risque.
-Opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Nous sommes très impressionnés par la gestion de la crise ici. Les mesures ont été prises très rapidement et de manière logique et efficace. La stratégie ici c’est d’isoler immédiatement les cas positifs ainsi que toutes les personnes ayant été en contact direct avec (la personne malade est obligée de détailler ses déplacements et contacts). Les personnes en contact indirect sont isolées à domicile et ne peuvent pas sortir du tout. Si beaucoup de cas dans une même zone celle-ci est mise en quarantaine immédiatement et désinfectée.
En mars, quand l’épidémie a repris, le gouvernement a mis en place rapidement des réductions de délivrance de visa et une quarantaine obligatoire à l’arrivée.
La stratégie des tests ici c’est de tester les personnes susceptibles d’être infectées car contact avec un malade et de tester les malades confirmés de manière régulière pour repérer la guérison. Les patients sont considérés guéris après plusieurs tests négatifs et sont mis en confinement strict à domicile, sous surveillance médicale, pour 14 jours.
-Comment la population réagit ?
La population a très vite pris les mesures nécessaire (masque et hygiène) et a gardé ces bonnes habitudes même quand il n’y avait plus de cas. Ici l’intérêt général prime sur l’individualité et le gouvernement veille à renforcer cela grâce à la propagande (hauts parleurs dans les villages et messages diffusés dans les rues en ville). La population semble se plier aux décisions gouvernementales sans problème. La peur du virus est très présente chez les vietnamiens ce qui aide aux bons comportements pour éviter la propagation mais peut conduire à des comportements inhabituels envers les étrangers (refus dans les hôtels, commerces, restaurants par exemple).
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
On a la chance d’être deux donc ça aide à gérer la situation. Nos proches nous manquent mais comme on partait sur 1 an de voyage, le virus n’a pas changé la donne là-dessus. C’est plus difficile d’être loin en n’étant pas sûr de pouvoir rentrer rapidement si besoin. On s’inquiète aussi davantage pour nos grands-parents. On s’est arrangés pour pouvoir les appeler au téléphone directement sans devoir attendre que quelqu’un aille les voir pour des appels vidéo.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Nous sommes confinés à Hanoï dans un appartement que nous avons loué via airbnb. Ça nous permet d’être autonomes pour cuisiner et de réduire au maximum nos sorties.
-Que faites-vous pour mieux vivre le confinement ?
On prend le temps de faire tout ce qu’on ne pouvait pas faire quand on vadrouillait : du sport, on cuisine, on bouquine et on a beaucoup avancé sur notre site internet. Ici, c’est petit apéro quasi tous les soirs et de temps en temps un resto en livraison. Ce qui nous booste vraiment c’est de faire des projets pour la suite (que ce soit de voyage ou autre) même si elle très incertaine !
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
On se dit de plus en plus que rentrer serait une sage décision quand il y aura des vols disponibles et que notre visa ici ne sera plus valable. Pour l’instant on peut rester au Vietnam jusque début juin et on se sent vraiment plus en sécurité ici qu’en Europe.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Le voyage cette année nous semble très compromis. Les démarches d’entrée dans les différents pays sont devenues très compliquées (test covid, visas, transits par des pays fermés par exemple) et personne ne sait quand les vols reprendront de manière fiable.
On espère que cette crise permettra de prendre conscience que voyager peut se faire de manière différente et plus responsable. On espère que les gens ne vont pas partir à l’étranger dès que cela sera possible et sans prendre la mesure du risque que cela représente. Avant un vaccin distribué mondialement il nous semble que voyager loin et sans précautions n’est pas l’attitude la plus responsable.
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Il est très possible qu’on rentre au moins pour l’été et qu’on avise selon la situation en septembre. Nous sommes censés nous marier en Polynésie Française fin août donc si les vols reprennent c’est possible qu’on essaie de réaliser ce projet même si on doit le décaler. Surtout on a certains de nos proches qui avaient déjà leurs billets donc c’est compliqués d’annuler totalement le projet si leurs vols sont maintenus. Cela nous paraît quand même improbable qu’on puisse aller en Polynésie avant septembre voire bien plus tard donc c’est possible qu’on rentre en France et qu’on ne reparte de sitôt.
Si on rentre on va probablement se lancer dans l’aménagement d’un van avec le budget qu’on avait. Ça nous permettra de partir une fois la situation stable, de voyager doucement et pas trop loin de chez nous.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Nous allons essayer de descendre dans le sud du pays, en profitant au maximum selon ce qui est possible. Nous avons acheté deux motos donc on est assez autonomes mais on dépend quand même des logements et restaurants qui peuvent nous accueillir ou non. D’ici juin on prendra la décision de rentrer ou d’essayer de continuer.
Amélie- Bali – Indonésie
Bali, ses plages, sa douceur de vivre…Là aussi, une ancienne élève du Digital Nomad Starter…Le coronavirus change-t-il la perception de ce paradis ?
-Présentation :
Moi c’est Amélie, 36 ans, facilitatrice de joie nomade principalement basée à Ubud, Bali, Indonésie, depuis quelques mois… Mon intention, c’est, en étant moi et en suivant mon intuition, d’inspirer et d’aider les gens à pouvoir changer leur monde, en étant eux-mêmes… Mes outils : l’écriture, la danse libre, le kundalini yoga (mantras et médiations inside ;o), le kirtan (chants de mantras), l’Authentic Relating, la numérologie…
Bali n’était pas spécialement prévu dans ma liste… Au printemps dernier, j’ai une multitude de signes qui m’ont guidée vers ce pays. Je pensais passer 2 mois à Bali, et bouger dans l’île mais je n’ai pas réussi ! ?? Je suis restée presque les 2 mois à Ubud, et je suis rentrée 3 semaines en France à l’automne avant d’y repartir… et donc j’y suis encore !
-Pourquoi être restée ?
Parce que je n’avais pas de vraies raisons de rentrer. Mon plan était à l’origine de rentrer un peu en France puis de repartir à Malte, mais début mars j’ai bien compris que ça ne se ferait pas à ce moment-là. Vu la situation en France, je ne voyais pas l’intérêt de rentrer… et lors d’une méditation avec des bols de cristal, j’ai écouté mon cœur et son message était clairement « stay ». ?
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Bien moins importante qu’ailleurs, état d’urgence depuis le 13 avril et aucun touriste ne rentre dans le pays depuis le 31 mars. Les nouvelles consignes depuis le 15 avril (les règles générales sont édictées par le gouvernement, puis chaque village prend ses propres mesures), qui s’applique au village dont dépend notre incroyable villa : pas de rassemblement de plus de 5 personnes, pas de visiteurs, pas de nouveaux guests, couvre-feu à 20h, port du masque (plus ou moins ?) obligatoire en public et sprays de « désinfectant » sur les routes, manuels ou automatique…
-Opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Les choses se font doucement, au temps balinais… J’ai beaucoup aimé l’appel à la prière du gouverneur de Bali, interreligion (Bali est la seule île hindoue dans l’Indonésie majoritairement musulmane). Un visa d’urgence gratuit et automatique (pas besoin d’aller à l’immigration) a aussi été mis en place, et même si les infos étaient contradictoires à un moment donné et partaient dans tous les sens, c’est top. J’ai un peu de mal avec les sprays de « désinfectant », un truc avec du chlore qui donne un bon mal de tête mais si ça rassure les gens pourquoi pas…
-Comment la population réagit ?
Tout dépend des gens… La majorité des gens restent sympas et souriants, mais certains relèvent leurs t-shirts pour respirer (et se faire un masque « éclair ») quand ils voient passer des étrangers…
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ? appels souvent ? angoisse ?
A peu près pareil qu’avant… Ils n’étaient pas particulièrement enchantés de mon choix de rester, mais n’ont pas particulièrement d’autre choix que de l’accepter. On a fait un repas en Whatsapp pour l’anniversaire de mon père.
Je sais qu’ils sont en sécurité à la campagne et qu’ils n’ont pas vraiment de vie sociale avant le confinement, donc finalement peu de vrais changements pour eux.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Dans une magnifique villa au milieu des rizières, à une demi-heure de scooter d’Ubud, avec piscine salée, yoga shala, jardin en permaculture, avec plein d’endroits pour se poser à l’extérieur… A plusieurs, mon ancienne voisine danoise qui était dans la même guest house que moi, une coloc colombienne (oui oui colombienne, et cette aprèm on a dansé sur Sistema Solar) et mon partenaire autrichien… Et on a une voisine française, un voisin mauricien et les propriétaires anglais dans 2 autres villas et un bungalow… Une petite communauté calme en pleine nature…
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Prendre du temps pour moi et prendre soin de mon système immunitaire ! Conserver dans la mesure du possible ma routine de yoga et d’écriture (gratitude notamment !), passer du temps dehors et pas sur écran, danser, chanter… Bien manger : on a des fruits de la passion et des goyaves qui tombent de l’arbre en face de la maison, un buisson de lemongrass de l’autre côté, des aubergines et une tonne d’herbes aromatiques, pour compléter nos courses au marché local, et suivre les recommandations du frère de mon partenaire « One orgasm a day keeps the doctor away. »??
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Non, j’ai laissé intentionnellement passer les vols fin mars, pile au moment où je déménageais… J’ai énormément de gratitude pour l’endroit où je suis, les gens avec qui je suis…
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ? Façon de voyager, impact, etc.
Bonne question, je ne sais pas combien de compagnies aériennes vont s’en sortir… J’espère que les voyages loin et très courts vont diminuer, et en même temps, beaucoup de pays vivent du tourisme donc tout couper pour longtemps risque d’être très dur pour les populations.
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
A titre perso, je vais continuer sur ma lancée en mode « slow travel », avec Ubud en base.
–Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Reprendre la danse contact improvisation, l’ecstatic dance avec des gens en live et pas seulement online, aller à la cascade « secrète » d’Ubud, et retourner en France à un moment donné, pour quelques semaines…
Margaux et Julien, – El Nido – Philippines
Un couple confiné sur une île des Philippines. Des voyageurs au long cours nous racontent leur trop mis en pause.
-Présentation :
Bonjour ! Nous sommes Margaux et Julien, un couple de français dans la trentaine, anciens cadres dans l’industrie pharmaceutique, partis en Tour du Monde alternatif en stop depuis… Octobre 2016 ! Nous sommes arrivés aux Philippines après avoir traversé la mer de Chine en voilier-stop depuis Hong-Kong. Nous nous trouvons en ce moment à El Nido sur l’île de Palawan. Nous étions venus ici pour chercher un nouveau voilier direction Bornéo…
-Pourquoi être restés ?
Rentrer dans la précipitation aurait représenté un risque de contaminer nos proches et tous les gens croisés (or si l’heure est au confinement, c’est pour contenir cette épidémie). Palawan n’a (pour le moment) aucun cas officiel de covid19: nous sommes donc aussi plus en sécurité ici. Aussi, comme nous voyageons sans avion, nous aurions eu un pincement au cœur à en prendre un…
-Situation sur place :
Dès mi-mars, la municipalité d’El Nido a mis en place des barrages routiers pour contrôler toute entrée/sortie (prise de température corporelle, questionnaire). Le confinement s’est instauré assez rapidement : d’abord impossibilité de quitter le village, puis couvre-feu, masques obligatoires, détention obligatoire d’un pass pour sortir, interdiction d’acheter de l’alcool/se regrouper/participer à une activité loisir ou touristique.
-La gestion sur place ?
Même si c’est parfois un peu chaotique dans la mise en place des mesures, on a été globalement surpris – dans le bon sens ! – par la gestion : les autorités n’ont pas perdu de temps et ont pris très au sérieux cette épidémie, dès le début, avec des mesures strictes.
-Réaction de la population ?
La plupart ont respecté les règles du jeu. L’arrêt du tourisme ici a eu des répercussions dramatiques, plongeant des familles dans la pauvreté ; heureusement, la municipalité a mis en place une distribution de sac de riz pour chaque foyer. Au début du confinement, on a subi également quelques remarques désobligeantes : les Européens étaient devenus les nouveaux pestiférés.
-Comment vous gérez la distance ?
Très bien ! Il faut dire que ça fait longtemps que nous vivons sur la route (3 ans et demi), et ce confinement n’est qu’une nouvelle étape de notre aventure où l’on doit s’adapter. La bonne nouvelle c’est que ça nous donne l’occasion de s’appeler plus souvent sur Skype !
-En appartement ?
Nous avons eu la chance de trouver une mission de volontariat dans une auberge de jeunesse : nous sommes logés gratuitement dans un établissement vide, avec un jardin et quelques cocotiers. Hormis nous, il n’y a que le propriétaire de l’auberge sur place.
-Comment vous vivez ce confinement ?
On organise des appels réguliers avec nos familles/amis, on joue aux cartes (on commence à connaître pas mal de jeux à deux!), on regarde des films et séries, on lit, s’informe… Julien continue de donner des cours de français en ligne, tandis que je mets notre blog à jour avec nos récits/articles.
-Envie de rentrer ?
Non, pas du tout ! Ce n’est pas la première fois que nous nous retrouvons confinés/ bloqués dans ce voyage : nous avons déjà passé 2 semaines en pleine mer sans internet sur un petit voilier, nous sommes restés « bloqués » à Hong Kong 6 mois car la saison des typhons a débuté à notre arrivée et impossible de trouver un voilier pour en partir…
-Ton avis sur le voyage en 2020 ?
On pense que dans un avenir proche, les gens vont voyager localement (frontières étrangères toujours fermées, remise en question, budget, etc.) et ce n’est pas plus mal ! On a remarqué, dans ce contexte, un intérêt accru pour le voyage alternatif – et ce n’est pas sans nous déplaire puisque c’est un style de voyage que nous prônons depuis le début de notre aventure !
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Eh bien, cela ne changera rien pour nous au long terme ! Lorsqu’il redeviendra facile de traverser les frontières, nous continuerons à voyager sans avion, lentement, écologiquement, au fil des rencontres et des opportunités qui se dressent sur notre route 🙂
-Que penses-tu faire une fois tout cela terminé ?
Me baigner… et profiter pour explorer la baie des Bacuits, sans les touristes ! Mais surtout trouver un nouveau voilier sur lequel embarquer et continuer notre aventure, peut-être même partir direction l’Europe, vu que le voyage à l’international risque d’être paralysé pendant longtemps.
Moran – Wanganui sur l’île du nord – Nouvelle-Zélande
Le confinement aux Antipodes ! Cela ne manque pas de charme…
-Quelques mots de présentation
Salut c’est Moran, je suis en PVT avec ma copine en Nouvelle-Zélande depuis six mois. On est tous les deux enseignants et je tiens un blog de voyage (Rencontre le Monde) mais ici on a bossé dans l’hôtellerie, vendu des glaces, cueilli des cerises … Bref, on aime voyager et on fait ce qu’il faut pour.
-Pourquoi être resté ?
Alors la raison principale est que l’on souhaite continuer de découvrir ce pays où l’on peut encore rester six mois. Peut-être qu’en plus notre visa sera prolongé si les conditions restent comme maintenant. Ensuite on nous conseille de minimiser les déplacements donc l’avion n’est pas la solution, en Nouvelle-Zélande il y a beaucoup moins de cas qu’en Europe et enfin ma petite-amie est suisse, je suis français donc on ne pourrait pas rentrer ensemble ou ce serait très compliqué.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Comme je disais ça se passe plutôt bien ici. Bientôt quatre semaines de confinement, qui devrait être levé (même si cela restera très limité dans nos possibilités de se déplacer) et il y a une dizaine de nouveaux cas par jour maintenant. On espère donc pouvoir revenir à une vie plus normal d’ici un mois, à suivre.
-Opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, on en a entendu parlé au moment de l’attentat de Christchurch où elle avait très bien réagi. Aujourd’hui, encore une fois, elle semble être à la hauteur. Depuis début février interdiction de territoire aux chinois et aux personnes s’étant rendu ou ayant une correspondance en Chine. Ensuite, dès qu’un cas était déclaré il y avait un suivi de tout son cercle. Il n’y avait encore aucun mort quand elle a décidé d’un confinement total et la fermeture des frontières. Aujourd’hui beaucoup la remercie.
-Comment la population réagit ?
La population semble très bien recevoir ses décisions et les respecter. Après je ne vois que ce qu’il se passe dans la campagne où les gens ont l’espace pour nous pas se sentir enfermé. Mais en suivant les nouvelles ici il semble que ce soit le cas partout.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ? appels souvent ? angoisse ?
Inquiet pour ma maman qui a des problèmes respiratoires, même si elle respecte bien le confinement ce qui me rassure. C’est toujours compliqué de se sentir impuissant avec la distance même si au final avec ce confinement je ne serais sans doute pas plus utile sur place, ou pas beaucoup plus. En tout cas je suis bien content d’avoir internet pour rester en contact avec ma famille oui.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Nous sommes donc un couple en wwoofing dans une famille de 5 personnes. Nous sommes à la campagne et comme la ferme produit de la viande, ils peuvent continuer à travailler. Notre bulle de confinement compte donc également les employés de la ferme ce qui fait que nous sommes 14. On ne les voit pas tous les jours mais on a pu faire des barbecues ensemble par exemple.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Un peu plus de sport que d’habitude. Je travaille un peu plus sur mon blog aussi, mais vraiment je n’ai pas à me plaindre, le confinement est plutôt facile ici pour l’instant.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Oui j’y ai pensé, évidemment, mais clairement nous n’avons jamais hésité. Nous sommes bien ici et n’avons aucune raison de rentrer.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ? Façon de voyager, impact, etc.
Le voyage pour cette année, s’il peut se faire se fera uniquement en local, au maximum à l’échelle de son pays. Pour la suite plus compliquée de deviner… Jacinda Ardern a par exemple indiqué qu’elle pensait garder la frontière fermée jusqu’à la découverte d’un vaccin, ce qui veut dire au moins un an mais peut-être plus. Dans tous les cas, il y aura plus de contrôle sanitaire à l’arrivée dans un pays, il sera plus difficile et peut-être plus couteux de voyager … sauf si le besoin de faire de l’argent reste, comme presque toujours, le plus important et que l’on observe un retour au « business as usual ». Ce qui serait bien triste.
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
On prenait l’avion déjà de moins en moins. A une époque je le prenais comme le bus chaque mois. Avant de venir en Nouvelle-Zélande je ne l’avais pas pris pendant presque deux ans et j’vais ainsi voyagé en stop, en covoiturage, en vélo, en train, en voiture mais seulement en Europe. Mon objectif était de rentrer de Nouvelle-Zélande sans avion, on verra s’il sera possible de le faire dans six mois avec le coronavirus. Dans tous les cas on essaiera de voyager moins loin et plus lentement.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
On va continuer notre voyage ici en Nouvelle-Zélande même si ici c’est l’hiver qui arrive, peut-être trouver un petit job en attendant le printemps et on improvisera aussi avec l’évolution du virus.
Il reste encore un article dans cette série : l’Afrique !
Lire les deux précédents articles :
Merci pour l’article sur le confinement en Asie. Je travaille à Shenzhen, pas vraiment paradisiaque, mais pendant tout ce temps j’etais donc déconfiné en Chine, ce qui est un peu un paradoxe!
En effet ! Tu vis là donc ?
Oui, depuis quelques années déjà.