Confinés à l’étranger ! 6 Français en Europe qui ont fait le choix de ne pas rentrer #2
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Après le premier article de la série « confinés à l’étranger », voici la suite, et cette fois, nous partons en Europe. La situation est très contrastée sur notre continent avec des pays très touchés et des pays qui ont échappé à l’hécatombe. On retrouve beaucoup de pays du nord de l’Europe dans cette catégorie.
C’est parti pour un tour d’Europe des lecteurs de ce blog de voyage qui ont eu la gentillesse de répondre à mes questions.
Anais – Dundalk – Irlande
Ha la belle Irlande…Une de mes destinations préférées en Europe…Clairement, cela fait partie des destinations d’Europe où j’ai envie de revenir.
-Présentation :
Je m’appelle Anaïs, je suis française, je vis en Irlande depuis 2 ans (cette semaine je viens de fêter mes 2 ans), j’ai 32 (33 is coming, but chuuuut). Je suis arrivée en Irlande un peu par hasard, je venais de quitter mon ancien boulot dans lequel je n’étais pas loin du burn out, j’ai vu une annonce sur Facebook pour un poste en Irlande et une amie me l’a envoyé également, j’me suis « Hé pourquoi pas ?! » ça parlait d’un contrat de 6 mois, donc c’était parfait ! Je suis tombé amoureuse du pays, des gens, de l’ambiance, l’ambiance au boulot aussi, que j’ai décidé de ne pas rentrer. Le boulot ? Pas le plus passionnant : je travaille dans un call-center, mais le salaire est bien plus intéressant que ce que je pouvais avoir en France avec des diplômes & responsabilités et les à-côtés sont trop géniaux ! Quitter la région parisienne pour la 8 ème plus grosse ville d’Irlande où tout se fait à pieds en 30 min, ça change la vie !
-Pourquoi être resté ?
Je suis resté en Irlande malgré la crise du covid-19 car la situation ici a mis plus longtemps a décollé, étant sur une île je pense que ça nous a pas mal protégé, et du coup je me sentais beaucoup plus en sécurité. De plus, des mesures importantes ont été prise alors que nous avions moins de 100 cas dans le pays (et bien avant la France), par exemple les célébrations de la St Patrick (17 mars) ont toutes été annulée 2 à 3 semaines avant. La France a fermé ses écoles 4 jours plus tard que l’Irlande, les pubs & restaurants également.
-L’épidémie sur place ?
Aujourd’hui, le 19 avril nous avons 14.758 cas et 571 décès. Le County de Dublin est celui qui regroupe près de 50% des cas avec 6934 cas. Les consignes sont : ne sortir qu’en cas de nécessité (courses, travaille, etc), nous avons aussi le droit de sortir pour faire du sport dans un rayon de 2 km autour de chez nous. Nous n’avons pas besoin d’attestation, ici ça fonctionne sur la confiance et le dialogue, pas de contraventions ou autre…
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
De mon point de vue, et toujours en comparaison à la France, j’ai l’impression que le gouvernement a pris les choses en main beaucoup plus vite, des mesures importantes au plus tôt, bien que le lockdown ait été mis en place que depuis le 27 mars (fermeture des écoles le 12 mars au soir) et qu’il avait été demandé par le peuple (situation folle je trouve !). De plus j’ai l’impression que le gouvernement ne nous prend pas pour des idiots et ne nous ment pas comme en France & discours plutôt positif « Oui la situation est difficile, mais on va s’en sortir parce que vous êtes tous là et que vous faite tous des efforts » pas d’emploi des mots « guerre » ou autre.
-Comment la population réagit ?
La population est plutôt très disciplinée, comme déjà dit une partie de la population avait demandé la mise en place du lockdown avant qu’il soit officiellement annoncé.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ? appels souvent ? angoisse ?
Alors je gère plutôt bien la distance avec ma famille, je ne suis pas hyper « famille » (on est pas du genre à faire des grands repas régulièrement tous ensemble ou autre), juste le téléphone ça me suffit ! Et puis dans ma famille on est tous un peu éparpiller en France mais aussi dans le monde (Canada, Guyane, région parisienne, Amiens, Creuse, Bretagne, etc.) Cependant pour ma mère c’est difficile pour elle ne me savoir loin.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Je vis dans une maison en collocation avec 5 autres personnes, donc nous sommes 6, et nous avons un bébé jardin pas très ensoleillé mais il a le mérite d’être là. Je suis en ville, 8 ème plus grosse ville d’Irlande, ce qui est plutôt pas mal pour ici (30.000 habitants), tout se fait à pieds et dans mon rayon de 2km j’ai même la chance de pouvoir me balader en bord de mer, donc c’est agréable.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Je profite du jardin (& du chat qui vit dans mon jardin, cf photos), mais pour cela il faut être chanceux : être sûr qu’il n’y a pas trop de vents, un soleil pas caché derrière les nuages sinon il fait froid (en ce moment on a 15 degrés maxi), et puis être prêt à se déplacer pour toujours être au soleil et pas à l’ombre. Plus je fais mes balades dans mon rayon de 2km régulièrement, en évitant au maximum les gens quand on se croise (distance sociale très respectée). Et bien sûr j’en profite pour lire, regarder un peu plus Netflix que d’habitude, etc…
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Honnêtement non, la situation en France m’inquiète beaucoup plus que ce que je vis en Irlande. De plus, si j’étais en France j’aurais certainement fait mon confinement chez ma mère & mon beau père, et on ne se serait pas supporté à temps plein. J’y ait pensé quand un collègue à moi a eu son papa d’infecté par le covid-19 & hospitalisé, mais après réflexion si quelqu’un de ma famille était malade je n’aurais rien pu faire de plus en étant en France ou Irlande étant donné que les visites sont interdites.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Pour moi cela me parait vraiment compliqué et très flou… En 2020 cela me parait très compliqué & pas assez « safe ». En 2021 c’est encore beaucoup plus flou, ça va vraiment dépendre de ce qui se passe, est-ce qu’on va avoir une 2ème vague de covid-19 ? Est-ce que la maladie sera encore là dans 1 an et comment elle nous touchera (vaccin ? Immunité de groupe ? disparue ?)
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Personnellement je pense que je ne voyagerai pas dans d’autres pays que l’Irlande ou la France cette année. Pour plusieurs raisons : j’ai un peu peur évidemment, puis j’ai aussi envie de soutenir les entreprises locales qui ont été fortement touchées par la crise. Pour 2021 j’en ai vraiment aucune idée, trop flou. De plus, je prends de plus en plus conscience que les voyages en avion c’est pas éco-friendly et je sais que ça va de plus en plus rentré en compte dans ma manière de voyager.
-Que penses-tu faire une fois le confinement chez toi terminé ?
Honnêtement j’ai hyper hâte de retrouver tous mes amis dans n’importe quel pub de la ville, entendre le groupe de musique irlandaise, commander une bière et être contente de payer 5€ pour ça, me faire bousculer et renverser un peu de bière sur moi. Ce confinement m’a montré à quel point ce genre de soirée si simple et évidente faisant partie de mon quotidien pouvait me manquer ! Puis prendre la voiture et aller faire un tour dans les « montagnes » & la nature irlandaise pour profiter de l’air frais.
Sébastien – Norvège
La Norvège, comme les autres pays scandinaves (hormis la Suède) a été moins touchée par le coronavirus. Un pays peu peuplé, de grands espaces, Sébastien vit bien la situation.
-Présentation :
Je m’appelle Sébastien Lièvre, j’ai 25 ans, je suis originaire de La Ciotat, dans le sud de la France. Après avoir quitté la Faculté des Sciences du Sport (STAPS), à cause de problèmes de santé (Pneumothorax), je suis parti pour l’Amérique Latine peu avant mes 22 ans. Pris de passion pour l’exploration, un voyage de un an, est devenu un voyage de 3 ans. Rentré en France pour Noël 2019, je prévois un voyage d’un mois en Norvège, attiré par le challenge de dormir sans tente dans un climat difficile, et, rendre visite pour la première fois à ma famille y vivant.
-Pourquoi rester ?
Lors des annonces de fermeture des frontières imminentes, je me trouve entre Alta et Hammerfest, dans le grand nord, là où la neige est présente à perte de vue. Etant considéré comme personne à risque, je me dis qu’il est bien plus risqué de rentrer en France, et puis, pour quoi ? Rester enfermé entre quatre murs ? Je continue le voyage en stop jusqu’aux iles de Lofoten, avant de me rendre chez ma tante, observer les 14 jours de quarantaine. Pas de symptôme. La population Norvégienne est très étalée, sa densité de population était de 14,7 en 2018, contre 119 en France.
-Etat sur Place :
Le gouvernement a déclaré avoir la situation sous contrôle. Les consignes, respectées depuis le début par la population, sont les suivantes :
- Distance de 2 mètres entre chaque personne
- Limitation du nombre de personne dans les magasins (selon taille du commerce)
- Fermeture des lieux de rencontres (sportifs, écoles.
- Institution du télé travail
- Fermeture de certains aéroports et des ferrys transportant des passagers
- Ne pas quitter la zone dans laquelle on vit
La population en profite donc pour se balader en forêt, faire du sport dans le jardin, faire des travaux dans la maison, promener en ski de fond, des activités dans lesquelles il n’y a pas de contacts avec d’autres personnes. La population Norvégienne est très étalée, sa densité de population était de 14,7 en 2018, contre 119 en France.
-Ton opinion sur la gestion :
Contrairement à la France ou la Suède qui n’a pas réagi à temps, la Norvège a fermé ses connexions maritimes et aériennes rapidement. Au niveau des salaires, le gouvernement indemnisé à 100% le premier mois, puis à 60% les mois qui suivent pour ceux ayant perdus leur emploi. Quant à ceux qui ont vu leur heures réduites, 100% au premier mois, puis 40/50% les mois suivants. La Norvège a fait le choix de protéger sa population avant tout.
-Comment la population réagit ?
Je trouve que les Norvégiens sont très respectueux des consignes données, la quarantaine est respecté, et ceux qui désirent sortir le font en forêt, montagne. La population est compréhensive, elle ne se plaint pas de la situation, bien que difficile économiquement, ils comprennent les raisons de telles mesures. Eux-mêmes sont satisfait de la gestion de la crise par le gouvernement.
-Comment tu gères la distance avec la famille en France ?
En France, ma famille reste confinée, je ne suis donc pas tellement angoissé pour eux car je sais qu’ils ont la bonne attitude. On s’appelle régulièrement, sans pousser le bouchon trop loin car en confinement, les sujets de discussions s’épuisent vite. De plus, par WhatsApp, des membres de la famille ont créé un groupe qui se partage des astuces pour occuper les plus petits, des recettes de cuisine, ou bien l’apéro. Donc je suis plus inquiet pour leur foie que pour le covid-19.
-Ta situation : en maison, en campagne, ville, seul, a plusieurs ?
Pendant la quarantaine, j’étais dans la maison de ma tante, dans une petite ville entourée par les champs et la forêt. Maintenant, je planifie de petites expéditions en solitaire dans la montagne ou la forêt, la vie en sac de couchage et hamac, la belle vie !
-Que fais-tu pour mieux vivre le confinement ?
Après avoir terminé Netflix ? Je fais des plans post-covid19, je réfléchis à mes prochaines aventures, et j’avoue tricher un peu, une forêt de 60km se trouve à 300m de la maison… J’y vais camper parfois autour d’un petit feu de camp. De plus, j’ai une voiture à disposition depuis quelques jours, ce sera ma maison de confinement ambulante pour me rendre en montagne.
-Tu aurais envie de rentrer la s il y avait un vol ? tu y penses ?
J’y ai pensé très rapidement, mais ayant une liberté de mouvement en Norvège, je préfère profiter de l’occasion pour continuer de voyager, ce n’est pas tous les jours qu’on peut visiter la Norvège sans touristes ! Un sentiment d’être privilégié. Je tournerai vite en rond en France, les climats de tension, très peu pour moi.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Pour cette année, je pense qu’il faudra se contenter de voyager à l’intérieur de son propre pays que l’on ne connait parfois que trop peu. Je vois bien les agents du tourisme proposer des tours particuliers, dans des groupes réduits, sur fond d’agoraphobie. Pour 2021, j’y crois. Plus qu’à la résolution de tous les problèmes, je crois en nos dirigeants pour se soucier premièrement de l’économie avant la santé, et donc la possibilité de voyager. Je vois aussi des pays comme la Russie, les Etats Unis, ou bien les pays moins touchés, refuser l’accès aux personnes venant de pays fortement touchés.
-Toi perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Je continuerai de voyager comme je l’ai toujours fait, cela ne m’empêchera pas de faire du stop, ou de prendre le bus. Je suis à risque oui, mais j’ai plus peur d’arrêter de vivre que d’attraper un virus. J’éviterai certainement les grandes villes et les gens qui toussent, je serai peut-être plus regardant sur l’hygiène, comme se laver les mains en revenant du supermarché. A moins qu’un remaniement complet de la gestion des frontières ne se fasse, auquel cas, personne ne peut savoir.
-Que penses-tu faire une fois le confinement terminé ?
Si cela se débloque avant la fin de l’été, réunir mes amis et ma famille pour un barbecue bien mérité ! Ahah, plus sérieusement, retrouver un travail pour quelques mois en France ou ailleurs, car la Norvège, c’est beau, mais c’est cher !
Séverine- Les îles Canaries – Espagne
Il y a pire comme lieu de confinement…Là aussi, une belle destination en Europe. Une île, cela a des avantages en temps de pandémie.
-Présentation :
Je m’appelle Séverine Dégallaix, j’ai bientôt 35 ans, je suis journaliste freelance. Comme je suis à 100% en télétravail depuis presque 10 ans, je suis une serial expatriée. Je suis à Lanzarote depuis le 1er mars, j’étais en manque de soleil et je cherchais une destination abordable où je pourrais progresser en espagnol et faire de la plongée. J’ai prévu de rester jusqu’à fin juillet.
-Pourquoi être resté ?
Parce que me trouvant sur une île qui a rapidement décidé de bloquer les accès, j’ai pensé que, si les gens respectaient les consignes, la situation serait maîtrisée plus vite que sur le continent. Je me suis dit que j’étais plus en sécurité ici qu’en prenant un vol qui serait passé par l’Espagne, où la crise est particulièrement grave. Et honnêtement, les rapatriements, c’était le chaos, je n’avais pas envie de gérer ça.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Le confinement était très strict : on ne pouvait pas sortir pour marcher ou faire du sport, et même maintenant, il y a des heures autorisées ou non. C’est l’armée qui contrôle, c’est assez impressionnant ! Surtout quand il faut leur expliquer dans une langue qu’on ne maîtrise pas bien qu’on a une bonne raison d’être de sortie…Mais je pense que c’est ce qu’il faut faire et que c’est grâce à ça que la situation semble s’améliorer, ça me désespère de voir les pique-niques dans les parcs en France ou les départs en vacances.
-Comment la population réagit ?
Dans l’ensemble, les consignes sont respectées et les gens prennent leur mal en patience (ça aide que tout le monde ait un jardin et un barbecue et ne soit pas enfermé dans un studio). Il faut dire qu’à Playa Blanca, je suis dans une petite communauté, il y a plus de dérives à Arrecife, la ville principale de Lanzarote. Après, au niveau individuel, il y a parfois des aberrations, j’ai vu des gens porter leur masque autour du cou pour se faire la bise, s’éternuer dans les mains puis tripoter des objets au supermarché…
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
Avec mes proches, on a l’habitude de ne pas se voir pendant plusieurs mois, du coup honnêtement ça n’a pas changé grand-chose, à part que j’appelle plus souvent mes grands-mères car elles s’ennuient, l’une étant confinée en EHPAD, et l’autre ayant l’habitude d’être toujours de sortie ! Je WhatsApp pas mal avec mes parents et on joue à des quiz en ligne.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Je suis en maison dans un genre de lotissement de vacances, j’ai une chambre en sous-sol chez l’habitant, avec, heureusement, un jardin bien ensoleillé. Nous sommes cinq dans la maison : les propriétaires, leur fille, moi, et une autre locataire. Je les fréquente très peu car je suis un peu asociale !
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
J’ai encore un peu de travail, ça m’occupe un ou deux jours par semaine. Sinon, beaucoup de lecture sur le transat, quelques applis de sport (je n’ai jamais fait autant de cardio, moi qui déteste ça !) et d’espagnol, des soirées film synchronisées avec mes amies, de la cuisine, et Netflix mon ami ! J’ai aussi adopté Jigsaw, où je mets pour ma famille des photos de mes voyages en puzzle, ça occupe une bonne heure par jour et ça fait remonter de bons souvenirs.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Non, je suis bien où je suis, je ne regrette pas d’être restée. La seule chose qui me tracasse, c’est que j’avais des projets début août en Angleterre, qui ne vont sans doute pas se réaliser, mais quitte à être confinée, autant que ce soit dans ces conditions. Je ne suis vraiment pas à plaindre par rapport à certains.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
J’ai envie de croire que l’impact sera positif, qu’à partir de cet automne, il va y avoir un grand boom dans les voyages, car les gens qui ont l’habitude de voyager seront en manque, et ceux qui n’ont pas l’habitude auront envie par esprit de contradiction après avoir été forcés de rester chez eux… J’aimerais bien aussi que ça impacte le voyage local, qu’on se rende compte qu’il n’y a pas besoin de faire 6 000 kilomètres et de casser sa tirelire pour voir des choses, qu’on parte plus souvent en weekend dans la région voisine par exemple.
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Comme avant. Le plus possible, avec de longs séjours loin seuls et de petites vacances plus proches entre amies. J’étais déjà un peu parano sur la proximité et l’hygiène dans les aéroports et les gares, ça ne va pas s’arranger !
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Première chose : reprendre la plongée. D’abord parce que ça me manque, ensuite parce que je suis frustrée d’être bloquée à 2 sorties de ma 100ème, enfin parce que je me fais du souci pour le club très sympa qui aura manqué d’activité si longtemps. Cocktail les pieds dans le sable. Un peu de shopping (c’est important de soutenir l’économie locale !). Et louer une voiture pour faire le tour de l’île, conduire me manque.
Son site :
Lucile– Loutakri- Grèce
La Grèce est visiblement une bonne élève en Europe dans la gestion du coronavirus. Lucile témoigne.
-Présentation :
Je m’appelle Lucile, j’ai fêté mes 33 ans en confinement le mois dernier. J’ai quitté m’a bourgogne natale avec mon conjoint en 2013 et depuis ... nous traînons notre valise minimaliste à travers le monde. C’est en 2015, frustré de toujours faire escale dans les DOM TOM lorsque notre compte en banque était dans le rouge, que nous avons décidé de nous lancer sur le web. Mon conjoint est développeur web et expert en SEO. Quant à moi, j’ai exercé plusieurs métiers (blogueuse, voix off, traductrice …) avant de me passionner pour le marketing et la conversion. Nous avons fusionné nos compétences, pour accompagner les entrepreneurs à créer un site web à leur image.
Cette année a été compliquée, nous étions en Thaïlande en décembre et avions prévu de poursuivre au Vietnam, mais deux décès consécutifs dans ma famille nous ont contraint à rentrer en urgence en France. Après quelques semaines en famille, nous ressentions le besoin de repartir. Mon conjoint voulait partir pour l’Argentine, mais en deuil, je ne me sentais pas de partir aussi loin. Je rêve de visiter l’Argentine, mais pas dans ses conditions. Nous sommes donc partis pour la Sicile.
Après un mois à Palerme, nous avions du mal à accrocher à cette ambiance. Le début de l’épidémie qui touchait l’Italie nous a fait nous poser LA question : Qu’est-ce qu’on fait ?
-Pourquoi être resté ?
Nous avions 2 options, soit rentrer en France (il n’était pas encore question de confinement), soit partir ailleurs. Le choix s’est porté sur la Grèce, car c’est une destination coup de cœur, que nous connaissons bien. Nous recherchions un coin au calme et si possible loin des grosses villes comme Athènes.
-Ta situation ?
Nous sommes confinés, mon conjoint et moi, dans un appartement avec balcon réservé sur Airbnb à Loutraki. Loutraki est une petite ville balnéaire à 10 km de Corinthe où nous avions déjà séjourné par le passé. Nous avions adoré son authenticité et le fait qu’elle soit à taille humaine. Loutraki est bordée par la mer ionienne et protégée par les montagnes du Péloponnèse, ce qui en fait un endroit où il fait bon vivre. C’est quelques jours après notre arrivée, que la France est rentrée en confinement.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Le confinement ne nous perturbe pas trop, nous avons l’habitude de nous isoler pour travailler sur de gros projet. La vie de nomade est parfois faite de solitude. Nous essayons de conserver au mieux nos habitudes de travail. Nous allons aussi faire du sport dans le parc derrière notre appartement tous les deux jours, munis de notre attestation remplis en anglais et notre passeport.
-Comment la population réagit ?
Nous avons été surpris par la discipline des Grecs et leur self-control. Les gens sont patients, les magasins ont très vite mis en place un système de numérotation pour filtrer les entrées. Les distances sont bien respectées, le port du masque et des gants est très présent surtout chez les personnes âgées. Je ne ressens pas la moindre colère, panique dans leur manière de se comporter ou de consommer, ce qui est très rassurant.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
A l’heure où j’écris ce texte, la Grèce fait figure de bon élève de l’Europe, en ce qui concerne sa gestion de la crise. Avec seulement 102 décès et 2192 cas d’infection au 16 avril, on est très loin de ce qui se passe en France ou en Italie. Ces chiffres ont fini de rassurer notre famille qui nous sait en sécurité. Et pour une fois, le décalage horaire n’est pas un obstacle pour faire des visios.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Le déconfinement devrait commencer début mai, mais nous pensons rester encore un mois de plus sur place avant de rejoindre la France. Cette décision nous parait être plus sage, nous ne voulons pas faire partie de la première vague à rentrer en France. Nous préférons rester sur place, voire comment les premiers retours se passent et ne pas se retrouver au milieu de touristes paniqués et possiblement porteur du virus. Nous avons le temps, nous travaillons sur le web et n’avons pas d’impératifs.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Pour la suite, nous pensons passer l’été en famille. Si le confinement est levé, nous avons pas mal d’apéro et de barbecue à rattraper avec la famille et les copains ! Outre notre Bourgogne natale, nous avons aussi du monde à aller voir dans les Alpes et dans le Tarn, si la situation le permet.
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Quel sera notre prochaine destination ? Nous ne le savons pas encore. Je rêve toujours d’Argentine, mais le virus risque d’y être encore très présent, même dans quelques mois. J’avoue qu’après plus de 7 ans de nomadisme, c’est bien la première fois que l’on ne sait pas si on pourra repartir …Je ne suis pas inquiète pour autant, après tous les magnifiques pays dans lesquels nous avons vécu tels que l’Australie, le Brésil, le Pérou, la Guyane Française, La Réunion, la Grèce, le Portugal, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, Bali … etc Si nous sommes contraints de rester quelques mois de plus sur place, ça nous laissera le temps de trier nos photos … et d’avancer dans notre business.
Jennifer – Algarve – Portugal
Une des plus belles régions du Portugal. Jennifer installée au Portugal nous raconte son confinement.
– Présentation :
Bonjour, je suis Jennifer Lemaire, j’ai 39 ans, je suis mariée et j’ai un fils de 15 ans Donnovan. Je suis ancienne professionnelle de santé, devenu coach de vie et je suis également co-fondatrice dans le domaine de l’assistance virtuelle chez toobizz. Je suis installée en Algarve au Sud du Portugal depuis plus de 2 ans maintenant.
– Pourquoi être resté ?
Je suis restée en Algarve car désormais je suis installée ici depuis plus de 2 ans, de plus mon fils s’est bien intégré, il aime ce pays et suit sa scolarité ici, même si avec le confinement ses professeurs délivrent leurs cours en visioconférence. Et puis je pense sincèrement qu’ici nous sommes finalement plus en sécurité car la région est moins peuplée, et les Portugais sont plus disciplinés que les Français dans la mise en pratique des mesures liées au confinement.
– La situation sur place ?
En Algarve, l’épidémie est plutôt bien maitrisée, les consignes sont claires et le gouvernement a vraiment anticipé. Les hôpitaux étaient prêts à faire face à cette épidémie, des cellules de tests ont également été mise en place dans différentes villes en Algarve. Nous sommes invités à rester chez nous, de nombreux messages sont diffusés en ce sens via des voitures qui circulent et le rappel à la population, des affiches publicitaires également indique « Ficar em casa », qui signifie restez à la maison. Il n’existe pas d’autorisation spéciale pour sortir, chacun est responsable et ne sort que pour les besoins de première nécessité (courses, pharmacie, promener son chien est autorisé et l’exercice physique également).
– Opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
J’ai été vraiment surprise de la civilité des habitants et de la prise de conscience de la gravité de cette épidémie, des mesures ont été prises très rapidement, les gestes barrières sont respectées et les distances sociales également. Ici, les personnes ne se sont pas ruées dans les bars ou restaurants comme en France, non, nous nous sommes autos confinées et ce même avant que le gouvernement ne demande de rester chez nous.
– Comment la population réagit ?
Les habitants sont très pacifistes ici, ils respectent les consignes sans se fâcher, il y a une sorte d’autodiscipline qui fait vraiment plaisir à voir et devrait servir d’exemple à d’autres pays. Nous sommes une grande majorité à se déplacer pour effectuer nos courses munis de masques et gel hydroalcoolique. Le seul problème je dirais, ici la vie est difficile pour les Portugais le smic étant à 700 €, alors une grande inquiétude évidemment pour les restaurateurs, les artisans, les personnes qui ne peuvent plus travailler et qui malheureusement vivent déjà dans des conditions précaires, vont-ils s’en sortir à la suite de cette épidémie ?
– Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
Nous avons déjà été expatriés au Cambodge, l’éloignement familiale nous y sommes habitués. Mon grand frère et mes parents devaient d’ailleurs venir nous voir ici en avril pour mon frère et en mai pour mes parents, tout est annulé évidement. Je prends très régulièrement des nouvelles de ma famille en France, ils vivent dans le Loiret. Je suis inquiète évidemment parce que j’ai un frère en situation de handicap et ma crainte est qu’il attrape ce fichu virus mais tout va bien mes parents veillent bien sur lui et l’ont pris chez eux le temps qu’il faudra (il est accueilli en MAS habituellement et rentre les week-ends chez mes parents). Nous avons des contacts en visio via Messenger et Skype avec mon grand frère de 40 ans, mon autre frère de 32 ans et mes parents, ça a du bon la technologie ! Nous faisons même des apéritifs ensemble en visio 🙂
– Ta situation ?
Je vis avec mon mari, mon fils de 15 ans, une chatte de 11 ans, une chienne de 6 ans et 2 tortues :-). Je vis dans une maison de 105 m2, j’ai deux terrasses et une piscine privée, et je vois la mer depuis ma terrasse. Alors effectivement, je suis dans de bonnes conditions de confinement par rapport à d’autres personnes.
– Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Quelque part, cette situation ne me change pas beaucoup, je suis habituée à être chez moi puisque je suis en remote et donc je travaille à la maison et mon mari également, mon fils a fait le CNED avant d’entrer dans un collège international, donc nous sommes habitués à vivre ensemble et à travailler tous à la maison.
– Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Sincèrement, non. Je suis très bien ici au Portugal, je me sens en sécurité, le pays gère très bien cette crise. C’est mon pays de cœur, je reste ici et je continue à participer à son économie en consommant et travaillant ici.
– Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ? Façon de voyager, impact, etc.
Je pense que cette année sera difficile et compliqué pour le Portugal mais aussi pour tous les autres pays, cette crise mondiale aura et a déjà un impact dur le tourisme. Cette année, je pense que les pertes seront astronomiques, mais qu’il faut cependant éviter de voyager tant que ce virus n’est pas éradiqué pour que les situations que nous avons vues comme en Italie et en Espagne ne se reproduisent pas. Si les voyages reprennent, il faudra vivre comme en Chine avec des masques, nous devrons peut-être devoir vivre avec ce virus et donc changer nos habitudes et nos comportements.
– Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Je vais éviter pour le moment de voyager en dehors de l’Europe, et j’éviterai les transports comme l’avion pendant une certaine période. En fin d’année, j’ai prévu un voyage à Tanger, je vais prendre la voiture et le ferry, nous aurons des masques, du gel et nous veillerons à respecter les distances sociales. Il se peut aussi que si le virus persiste, afin d’éviter d’être infecté nous annulions notre voyage, nous aviserons selon l’évolution de cette épidémie.
– Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Je vais reprendre la natation mais aussi mon bateau en famille aller en mer et profiter des îles et des magnifiques plages de la région, des falaises, faire des piques-nique et surtout profiter du soleil et de la bonne humeur du pays, j’irais certainement aussi boire un verre au bord de mer en et retourner dans un de mes restaurants préférés en Algarve 😉
Pauline – Sheffield – Angleterre
Dans l’un des pays les plus touchés d’Europe, Pauline a décidé de rester. Comment vit-elle les choses ?
-Présentation :
Je m’appelle Pauline, j’ai 25 ans et j’habite à Sheffield (nord de l’Angleterre), depuis octobre 2019. Je suis une hôtelière passionnée du service à la clientèle. Suite à 2 ans de PVT à Montréal, nous avons choisi d’immigrer en Angleterre afin de retourner en Europe.
-Pourquoi être resté ?
Suite à la crise, nous sommes restés en Angleterre par crainte de propager le virus, parce que mon copain fait du télétravail et que je me voyais mal rentrer en France le laisser seul dans cette situation.
-État sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Le Royaume-Uni est en confinement depuis le 23 mars, et celui-ci a été prolongé jusqu’au 8 mai (minimum). Nous avons le droit de sortir uniquement par nécessité : courses, travail, exercice sportif, rendez-vous médicaux. Le pays compte plus de 16 000 décès au 20 avril, et le nombre de patients admis dans les hôpitaux commence lentement à réduire.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Le Premier Ministre Boris Johnson souhaitait d’abord que la population attrape le virus afin que nous nous immunisions tous ensemble. Mauvaise idée ! Au début de l’épidémie, le Royaume-Uni avait peu de cas comparé à ses confrères européens, il aurait dû agir à ce moment-là. Je pense que le gouvernement était trop préoccupé par les remaniements et le Brexit.
-Comment la population réagit ?
Au début, le confinement était rigoureusement respecté. Mais depuis quelques semaines, le relâchement se fait sentir. À vrai dire, ici on n’a pas de contravention si on sort, la police est peu présente dans les rues, donc le confinement c’est clairement au bon vouloir des gens.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
J’ai toujours bien géré la distance familiale, donc l’arrivée Covid-19 n’a rien changé pour moi. J’écris quotidiennement à mes parents sur WhatsApp, on s’appelle une à deux fois par semaine en vidéo. J’essaie cependant de contacter plus souvent mes grands-parents ou les personnes de mon entourage qui vivent seules.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Je vis avec mon copain dans un appartement avec une chambre séparée, en plein centre-ville de Sheffield. Le salon s’est transformé en bureau pour mon copain, mais nous vivons bien le fait d’être ensemble dans le même espace tous les jours.
-Que fais-tu pour mieux vivre le confinement ?
Je profite à fond de ce temps qui m’est « offert ». Je travaille sur des projets personnels, j’écris des articles pour mon blog, je m’inscris à de nouvelles formations. Bref, j’essaie de rentabiliser ce temps libre pour me réaliser personnellement, et ça me rend très heureuse !
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ? Tu y penses ?
Non, je n’ai pas envie de rentrer, je n’ai pas envie d’être en contact avec des gens que je pourrai potentiellement infecter, ou faire prendre des risques à mes parents. Au début je me suis posée des questions, mais maintenant, on gère mieux l’anxiété face au virus donc ça va mieux.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Les voyages à l’étranger semblent compromis pour cette fin d’année. Je pense que les gens vont rester chez eux et redécouvrir leur patrimoine national. Un tourisme plus responsable afin d’aider les entreprises touristiques à redémarrer. Ma vision est un peu utopique mais j’essaie d’y croire ! Les gens vont moins avoir besoin de voyager, mais surtout de se retrouver et partager ensemble, autour de choses simples.
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Si on peut, on profitera de la fin d’année pour découvrir le patrimoine de notre nouveau pays d’accueil. Mais j’ai repoussé mes plus gros projets voyages en 2021, en espérant qu’ils puissent se faire même si tout reste flou. Je n’ai pas du tout de visibilité sur l’avenir, moi qui aime pourtant tout prévoir et organiser !
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Aller marcher dehors, aller prendre des photos de la ville, faire de la randonnée au Peak District, retourner dans mes restaurants préférés. Je pense que tout ça va être progressif, ce n’est certainement pas le premier jour que je vais sortir et faire la fête. Ça va prendre du temps.
Prochaine série; nous partirons en Asie et en Océanie !