Confinés à l’étranger ! 9 Français des Amériques qui ont fait le choix de ne pas rentrer #1
1Si 150 000 voyageurs français ont été rapatriés depuis le mois de mars, beaucoup de Français ont décidé de rester à l’étranger et de passer le confinement là où ils étaient.
Qui sont ces voyageurs qui ont décidé de rester ?
Il y a tout d’abord des voyageurs de passage. Ceux qui ont décidé de rester sont avant tout des voyageurs au long cours. Ils étaient en train de réaliser un long voyage, voir un tour du monde. Plus facile de se projeter dans ce cas sur le long terme et de décider de rester. Ils ont du temps devant, ils n’ont pas à rentrer pour rejoindre leur entreprise.
Vous avez ensuite les résidents à l’année ou non. Ils vivent déjà là, le choix a été facile. Il y a aussi des nomades digitaux qui ne sont pas tributaires d’un retour dans leur entreprise. Là, aussi, le choix de rester, surtout s’ils sont bien installés peut se comprendre.
Pour certains, le choix était soit de rester là où ils sont à la campagne, sous le soleil, soit de rentrer pour rester avec leur parents ou seul dans un petit logement, sans parler de ceux qui n’avait pas où se loger s’ils rentraient. Il y a aussi le risque de contracter le virus en passant par plusieurs aéroports et vols. Rejoindre ses vieux parents isolés dans ce cas peut être un risque.
J’ai reçu beaucoup de réponses, aussi j’ai choisi de publier une série d’articles à ce sujet avec un article par continent, ou presque. Merci à ceux qui ont participé, j’apprécie !
Voici 9 témoignages de Français confinés à l’étranger. Ils ont répondu à quelques questions sur la façon dont ils vivaient la situation, sur les raisons pour lesquelles ils sont restés, sur l’état de l’épidémie sur place ou encore sur leur vision du voyage le jour d’après.
Débutons par les Amériques, et notamment par l’Amérique Latine, un continent que je connais bien.
Confinés à l’étranger : Amérique du Sud
Amélie –Medellin – Colombie
Commençons par le pays où je suis confiné moi-même : la Colombie. On commence avec Amélie que je connais depuis quelques années, on est presque voisin au final !
-Présentation :
Je m’appelle Amélie, j’ai 34 ans, je suis freelance dans le web design et j’habite en Colombie, à Medellín. Je suis venue ici par curiosité il y a presque 4 ans, et je n’ai pas vraiment vu le temps passer puisque j’y suis encore.
-Pourquoi être resté ?
C’est drôle parce qu’en fait, je ne voulais pas rester. J’avais organisé un roadtrip en Amérique du Sud et je devais commencer à prendre la route il y a 1 mois, deux jours exactement avant que les frontières ne soient fermées. Tout était ficelé, j’avais acheté mon van, donné mon préavis de départ pour l’appart, les vaccins pour mon chien étaient à jour, mon assurance voyage payée, j’avais même fait une fête de départ car le projet était de quitter la Colombie et d’arriver à Ushuaia en 2021. J’étais donc mentalement préparée à quitter la Colombie. On avait tout prévu sauf le Covid-19…
-Où en est l’épidémie ?
Les chiffres ont l’air étrangement bas ici en comparaison avec les pays voisins ; et rien à voir avec l’Europe pour le moment ! Les Colombiens sont plutôt disciplinés à ma grande surprise. Tout le monde respecte les règles mises en place par le gouvernement. Il y a même le pico y cédula (autorisation de sortir en fonction de ton numéro de pièce d’identité) pour éviter que trop de personnes ne soient à l’extérieur en même temps.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Je dois avouer que les autorités ont fait le nécessaire rapidement en Colombie. Je trouve quand même que tout ça est un peu marchandisé avec des #quedateencasa en veux-tu en-voilà, comme s’ils essayaient de nous vendre quelque chose, mais ça c’est mon esprit critique qui reprend le dessus. Le plus gros problème pour ce pays est le manque de sécurité sociale pour tous ceux qui ont des métiers informels, sans contrats de travail, et malheureusement ils sont nombreux. Le niveau de la vie est bas, ces personnes peuvent éventuellement s’en sortir sans travailler pendant un mois, mais pas deux. Sans parler de ceux qui vivent dans les bidonvilles… La situation est très difficile pour eux et ils n’ont pas vraiment de visibilité ni de droits à faire valoir pour obtenir des aides financières.
-Comment la population réagit ?
Très bien. De toute façon, les Colombiens ne sont pas alarmistes, ils en ont vu d’autres… Ils sont donc très patients, prennent les choses avec le sourire et essaye de s’en sortir tant bien que mal.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
Les deux premières semaines était un peu angoissante, comme pour beaucoup de personnes j’imagine. Mais maintenant que je sais qu’ils vont bien et qu’ils suivent les recommandations en matière de sécurité, nous nous sommes tous mis dans une bulle de confort avec tout un tas d’occupations et ça va.
-Ta situation de confiné :
Je vis dans un appartement avec mon copain et mon chien. Nous avons une terrasse et l’excuse de devoir sortir le chien dans le parc en bas de l’immeuble donc honnêtement ça va. Surtout qu’en ce moment c’est tellement calme, on peut entendre les oiseaux chanter au réveil et les grillons nous bercer au coucher. Un vrai plaisir !
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Je travaille de chez moi depuis des années donc finalement mon quotidien n’a pas trop changé à ce niveau-là, d’autant plus que je suis très occupée avec le travail en ce moment (et je croise les doigts pour que ça continue). Je prends le temps de ralentir la cadence quand même et ça fait tellement du bien. Je fais une séance de sport tous les jours, je cuisine plus, je prends des cours gratuits en ligne, je médite, je lis et j’essaye de diminuer au maximum le temps que je passe sur les réseaux sociaux.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Oui malheureusement. Cette crise ne va pas s’arrêter de suite et il faut que je sois raisonnable : j’abandonne mon roadtrip en Amérique du Sud. Le niveau de vie étant plus bas ici et sachant qu’il y a moins de sécurité sociale, c’est mathématique : si l’économie ne va pas bien, il va y avoir de plus en plus de violences dans les rues car les gens doivent continuer à gagner de l’argent pour manger. C’est triste mais ce serait vraiment égoïste de ma part de vouloir continuer à faire ce voyage.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Je pense que l’industrie du voyage va être différente par rapport à ce qu’on a connu jusqu’à présent et c’est sûrement pas une mauvaise chose. C’est devenu si peu cher de voyager qu’on surconsomme le voyage sans trop se poser des questions sur nos actions. Instagram n’a rien arrangé avec cette surenchère de décors parfaits aux filtres qui se ressemblent.
– Comment vas-tu voyager ensuite ?
Moins. Je vais tout simplement voyager moins. En tout cas c’est une raison de mon retour en Europe au plus vite, pour ne pas être dépendante des avions et essayer de limiter ma fréquence de vols au maximum. Ce n’est pas une décision facile à prendre, le voyage fait partie intégrante de mon style de vie car cela fait 9 ans que je vis à l’étranger, ça ne va probablement pas être très bon pour mon blog de voyage, mais je vais faire de mon mieux !
-Que penses-tu faire une fois le confinement terminé ?
J’adorerais commencer à jardiner pour de vrai, genre produire la majorité de mes fruits et légumes. Pour cela il faudrait que je m’installe quelques années quelque part, donc c’est un vrai changement de vie.
Son blog Ma Maison sur le dos.
Ecoutez Amélie sur le podcast :
Florence – Arequipa – Pérou
Florence passe ce confinement dans la très belle ville d’Arequipa, un de mes spots préférés au Pérou.
-Présentation :
Je m’appelle Florence, j’ai 35 ans, française, et cela fait maintenant quelques années que je parcours le monde en tant que digital nomad. Je suis actuellement confinée à Arequipa au Pérou.
Les circonstances ont fait que je suis allée en Floride avant de me rendre au Mexique. De ce fait limité par la durée de mon ESTA (le Mexique étant voisin des Etats-Unis), j’ai raccourci mon séjour au Mexique. J’ai décidé d’aller faire un petit circuit au Pérou à la place, attirée par la beauté des paysages et notamment la cordillère des Andes. Cela faisait seulement quelques jours que j’étais arrivée au Pérou quand le confinement a été décidé par le gouvernement, le 16 mars dernier.
-Pourquoi être restée ?
C’est un ensemble de raisons. Déjà au début, on pouvait s’attendre à une amélioration rapide de la situation : le confinement ayant été mis en place dès les premiers cas déclarés. Et puis tout étant à l’arrêt (pas de vol, pas de bus, interdiction de circuler), il n’y avait que les rapatriements organisés par l’ambassade qui pouvaient permettre de rentrer. Mais d’une part je n’ai pas été contactée par la compagnie pour les vols mis en place, d’autre part il y avait deux grosses difficultés : rejoindre Lima et rejoindre ma ville de province une fois en France. Et je ne parle pas du coût !
-La situation sur place ?
Les consignes se sont durcies petit à petit, avec l’interdiction de prendre la voiture pour aller faire ses courses, la mise en place d’un couvre-feu, l’obligation de porter un masque dans les rues, l’interdiction de sortir certains jours… chacun devant rester chez soi, et une seule personne par foyer pouvant sortir uniquement pour des achats nécessaires et le moins souvent possible. Le pays a mis trois semaines (de quarantaine) pour atteindre 500 cas, 5 jours après on était à 1000 cas. Quelques jours de plus et on dépassait les 10000. Chiffres faussés au début ? Moins de tests peut-être ?
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Le pays a agi rapidement, car il n’a pas les moyens sanitaires de faire face à une crise de grande ampleur. J’ai l’impression que les mesures sont plus strictes (en tout cas l’ont été plus rapidement) que dans d’autres pays comme la France par exemple. Il y a beaucoup de contrôles. Mais aussi beaucoup de contrevenants malheureusement.
-Comment la population réagit ?
Je n’ai pas ressenti de « racisme » envers moi comme j’ai pu lire que d’autres touristes ont rencontré. Soit j’ai de la chance soit c’est par rapport au lieu où je suis. Sinon je vois encore beaucoup de gens dehors, parfois en groupes. Les consignes ne semblent pas très bien respectées. Par ailleurs je pense que beaucoup ont peur pour leur situation financière, malgré l’aide versée par le gouvernement.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ? appels souvent ? Angoisse ?
Je ne suis pas du genre à paniquer ni à angoisser. Par contre je sais que mes parents s’inquiètent, alors j’essaie de donner régulièrement des nouvelles. Avec WhatsApp il est facile d’envoyer un petit message quotidien pour montrer que tout va bien. Mais au final j’appelle assez peu, surtout que la connexion n’est pas si bonne donc c’est un peu laborieux pour suivre une conversation téléphonique.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seule, à plusieurs ?
Par chance, à l’annonce de la quarantaine, j’ai pu quitter l’auberge de jeunesse de centre-ville où j’étais normalement juste pour une nuit, pour un Airbnb un peu à l’écart de la ville et au cadre bien plus agréable. Du coup je suis dans un grand appartement, avec mon hôte Airbnb, son beau Labrador, et un couple de suisses allemands coincés là eux aussi.
-Que fais-tu pour mieux vivre le confinement ?
Déjà j’essaie de rester positive, et de continuer à travailler sur mes projets comme si tout allait s’arranger. Et puis d’avoir choisi ce Airbnb pour mon confinement, cela me permet d’avoir une superbe vue sur les trois volcans et ainsi de me sentir un peu moins enfermée. Je peux également profiter du soleil depuis le petit jardin, ce qui pour moi est un élément fort pour garder le moral. Les avantages d’être digital nomad dans cette situation : choisir son logement et pouvoir continuer de travailler grâce à Internet !
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Si on me proposait un vol abordable, atterrissant à Genève, avec un vol Arequipa-Lima le même jour ? Oui j’y pense. Encore plus avec l’évolution fulgurante des derniers chiffres. Ce qui me ferait hésiter à prendre ce vol ? Le risque de contaminer mes parents. Non seulement je suis peut-être porteuse saine, mais tout ce voyage est un risque immense de contracter le virus. Et en France, vu que je ne rentre jamais pour très longtemps, je loge chez mes parents. Je m’en voudrais de leur apporter le virus ! Il faudrait que je puisse m’auto-isoler pour une durée suffisante.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Cette année semble difficile. J’essaie de reporter le voyage que j’avais de prévu en mai et juin en Namibie (via l’Afrique du Sud), mais je ne sais même pas si c’est suffisant de décaler à septembre/octobre. Il paraît évident que dans un premier temps, ce sera le voyage national qui sera privilégié et peut-être le seul possible. Et serai-je revenue du Pérou ? Quant à l’année prochaine, j’ose espérer qu’on pourra voyager comme avant ou presque, mais franchement ce n’est pas gagné ! Impossible de savoir… et impossible de planifier.
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Perso, mises à part les éventuelles contraintes qui s’imposeront à moi (fermetures de frontières par exemple), je ne pense pas que ça changera beaucoup ma façon de voyager. Je vais continuer le slow travel, continuer de grouper les destinations proches pour éviter des allers-retours inutiles en avion… et continuer de choisir mes destinations par rapport au climat et à mes envies. Si, une chose changera peut-être : je vais prévoir d’avoir avec moi ce dont j’ai besoin pour une longue durée, même si ne je pars que pour 2-3 mois ! 😉
–Que penses-tu faire une fois le confinement chez toi terminé ?
Il est clair que la situation ne va pas revenir à la normale de sitôt, et les frontières risquent de rester fermées un certain temps. Quand le confinement sera levé, seules certaines activités reprendront, celles qui ne rassemblent pas beaucoup de personnes. Est-ce que les déplacements en bus seront rétablis ? Est-ce que les parcs nationaux seront ouverts ? Je l’espère, que je puisse profiter un peu du pays. Car je n’ai aucune idée de quand je pourrai rentrer en France. Donc si je peux explorer et randonner en attendant, ce serait le top !
Morgane et Gilles – Cordoba –Argentine
Voici un couple qui fait partie de ces voyageurs au long cours dont je vous parlais au début de l’article.
-Présentation :
Morgane (38 ans) et Gilles (39 ans), couple de voyageurs, au long cours depuis septembre 2017. Nous voyageons en Amérique Latine uniquement : Mexique en stop, Amérique Centrale en bus et depuis la Colombie en 4×4 aménagé et acheté sur place (août 2018). Nous sommes en Argentine depuis le 14 février 2020 (mais nous avons déjà passé plusieurs mois dans ce pays depuis le début de notre voyage. Nous étions avocats en France.
-Pourquoi vous êtes restés ?
Nous étions en Argentine au moment du confinement obligatoire. Nous avons choisi d’y rester plutôt que de partir dans un pays frontalier parce que c’est un pays dans lequel nous nous sentons bien, en sécurité et parce que le niveau de vie nous est plus favorable (notamment en comparaison du Chili). Nous préférons rester ici plutôt qu’en France parce que nous n’avons plus d’appartement ni de travail. Nous ne voulions pas laisser notre véhicule sur place. Et nous ne voulions pas prendre le risque de rentrer en France chez nos parents et d’éventuellement les contaminer après plusieurs jours de voyage (bus, aéroports, avion, train).
-Etat de l’épidémie sur place ?
Confinement strict (sortie nourriture et médicale seulement) depuis 20 mars. Port du masque (artisanal ou pas) obligatoire dans l’agglomération de Cordoba depuis vendredi. Fermeture des frontières. Aujourd’hui entre 2500 et 3000 cas testés et entre 100 et 150 décès. Le gouvernement a pris des mesures strictes alors que moins de 200 cas étaient référencés. Même si le système de santé est certainement moins performant ici qu’en France, nous nous sentons plus en sécurité ici.
-Comment la population réagit ?
Nous sommes confinés donc notre perception des choses est limitée mais lors de nos sorties « nourriture », nous avons de très bons contacts (à distance) avec la population malgré notre nationalité française. La population semble respecter les consignes (du moins dans notre quartier).
-Comment vous gérez la distance avec ta famille en France ?
Quand nous voyagions dans notre véhicule aménagé, nous n’avions pas d’accès à internet régulier (pas de puce téléphonique française ou locale). Aujourd’hui, nous sommes redevenus « sédentaires » du fait du confinement. Le fait que nous puissions joindre nos familles régulièrement les rassurent beaucoup. Elles savent que nous sommes bien installés et sont rassurées. De notre côté, nous vivons très bien le confinement. C’est comme une nouvelle étape de notre voyage où nous avons tout le luxe occidental (wc, douche, frigo, internet), c’est agréable après 1 an et demi à vivre « dans notre voiture ».
-Votre situation sur place ?
Nous avons loué une maison de ville à Cordoba (2ème plus grande ville d’Argentine) juste quelques jours avant le confinement via airbnb avec un extérieur. Nous ne sommes que tous les deux.
-Que faites-vous pour mieux vivre le confinement ?
Nous cuisinons beaucoup (trop) et mangeons beaucoup (trop). C’est agréable de retrouver un frigo et un four. Et grâce à internet, nous faisons plusieurs apéritifs par skype avec les amis français. Au final, nous avons presque plus de vie sociale aujourd’hui que pendant notre voyage où les appels étaient plus rares.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Nous trouvons que la gestion de l’ambassade de France a été parfaite : négociation de vols et de prix raisonnables avec Air France, mise en place de bus gratuits depuis les principales villes argentines, appels WhatsApp pour savoir si tout se passe bien et si nous avons trouvé un logement. Nous aurions pu rentrer si nous l’avions voulu mais notre choix est de rester car nous n’avons ni appartement ni boulot en France alors qu’ici, nous pouvons nous loger et nous nourrir en respectant notre budget. De plus, il est compliqué pour nous d’abandonner notre véhicule.
-Votre opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Nous nous préparons à ce que la crise dure longtemps (voire très longtemps) et nous l’acceptons dans la mesure où nous ne sommes pas limités par le temps depuis que nous voyageons de manière indéterminée.
-Comment vous allez voyager par la suite ?
Nous sommes déjà des adeptes du « slow travel » donc nous ne pensons pas que ça changera notre manière de voyager (depuis plus de 2 ans et demi, nous aurions pu faire le choix du « tour du monde », nous préférons prendre notre temps pour découvrir une seule partie d’un continent).
-Que pensez-vous faire une fois le confinement terminé ?
Notre but est de pourvoir rejoindre la Colombie pour revendre notre véhicule avant de rentrer en France, mais nous acceptons le fait que cela prendra beaucoup de temps et que notre santé et celle des populations locales est primordiale.
Confinés à l’étranger : Amérique Centrale et Caraïbes
Nora – République Dominicaine
Nora a décidé de rester en République Dominicaine où elle poursuivait son projet Human Postcards. Je l’avais d’ailleurs interviewé à ce sujet dans un épisode du podcast.
-Présentation :
Je suis une jeune femme d’origine franco-polonaise ayant grandi dans un petit village du Luberon. Depuis 5 ans je voyage autour du monde en réalisant des portraits vidéos d’une minute pour ma série Human Postcards. Je suis actuellement en Dominique Républicaine car je suis venue sur l’invitation d’amis. Je suis venue ici le 8 février et je devais rester un mois pour éventuellement réaliser des portraits ici.
-Pourquoi être resté ?
Je suis ici avec mon compagnon et nous avons pris la décision de rester car nous n’avions pas de réelles urgences à rentrer : nous ne sommes pas malades, nous n’avons pas d’enfants, etc . Nous préférions nous immobiliser qu’ajouter à la panique dans les aéroports. De plus nous ne pouvions rentrer sans mettre en danger potentiellement notre famille.
-Etat de l’épidémie sur place :
Depuis deux semaines les plages sont fermées et depuis trois semaines nous avons un couvre-feu entre 17h et 6h du matin. Uniquement les pharmacies et supermarchés sont ouverts. Les gens prennent la situation sérieusement et portent tous partout des gants et des masques depuis le premier jour.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Le pays a réagi à la suite des USA. C’est une situation très compliquée pour un pays où la plupart des gens vivent financièrement au jour le jour. Mais le gouvernement a mis en place des aides financières.
-Comment la population réagit ?
Ils prennent la situation au sérieux mais ne semblent pas bien informés sur le virus, ils portent des masques sur leurs scooters, dans la voiture, se touchent beaucoup le visage avec des gants en plastique comme s’ils étaient protégés par le plastique. Je suis dans une toute petite ville et donc je suis éloigné des centres de l’épidémie. Ici règne l’inquiétude mais la maladie n’est pas encore vraiment là. Seulement 3 cas.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
Grâce à internet je ne souffre pas de la distance. J’appelle ma famille tous les deux jours. Nous n’avons pas d’angoisse et nous tenons tous en isolation. Nous parlons beaucoup de la marche du monde et du futur.
-Ta situation de confiné :
Je suis avec mon compagnon dans une maison dans la campagne.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Je passe mon temps à monter de nouvelles Human Postcards que j’avais filmée les années précédentes. Je fais du sport chaque matin et je cuisine des bonnes choses.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Je n’aimerais pas rentrer tout de suite : je préfère que la situation s’éclaircisse.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Je pense que nous allons tous changer notre façon de voyager, je l’espère d’ailleurs. Je suis pour un voyage plus responsable et motivé par un projet, un besoin.
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Je pense que je vais moins voyager et sur de plus longues périodes dans un endroit pour vraiment maximiser le voyage, et surtout je vais enfin me créer un refuge je pense, un chez soi, chose que je n’ai pas depuis 9 ans.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement terminé ?
Je pense visiter la France et l’Italie pour trouver une région où m’installer.
Ecoutez l’histoire de Nora sur le podcast :
Alexandra – Playa Potrero, Guanacaste – Costa Rica
Le Costa Rica est sans doute le pays le plus agréable pour vivre en Amérique Centrale. Beaucoup ont décidé de rester là, à l’image d’Alexandra.
-Présentation :
Alexandra Copélia 42 ans prof des écoles depuis 15 ans actuellement en dispo je vis au Costa Rica depuis la mi-octobre.
-Pourquoi tu es resté ?
Je suis restée parce que je n’ai plus de « chez moi » en France, ici on peut sortir un peu et il y a le soleil et la piscine. La nature est luxuriante…Et puis je suis chez ma maman donc je n’allais pas la laisser seule.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Ils ont fermé les écoles dès mi-mars avec moins de 100 malades puis les restaurants tournaient à 50% et rapidement tout a été fermé y compris les plages et les lieux de cultes dès le 24 mars (158 cas à l’époque). Nous sommes priés de rester chez nous mais aucun contrôle sur nos déplacements si ce n’est une alternance de plaques avec sorties autorisées : jours pairs et jours impairs. Ils ont empêché l’afflux des personnes de la capitale dans les parties plus touristiques pendant la semaine sainte (Pâques), avec des contrôles routiers.
-Comment la population réagit ?
Si j’ai bien compris ils utilisent le traitement proposé par Didier Raoult. C’est vraiment un peuple qui aime encore la « famille » et donc ils s’entraident si l’un continue à travailler il prend sous son aile tous les autres. Certains voisins ont déménagé pour retourner vivre avec les plus anciens, les aider et économiser le loyer. Disons que sanitairement parlant ça va bien.
-Comment tu gères la distance avec tes proches en France ?
J’appelle ma famille oui mais comme d’habitude...j’étais angoissée au début quand ils étaient dans le déni mais plus du tout désormais...J’analyse beaucoup les chiffres et je suis beaucoup de scientifiques…et comme j’ai « la foi » je suis en paix.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Je suis bien occupée car maman solo je fais la classe tous les matins … Puis il faut encore jouer…ou aller à la piscine…et quand je trouve le temps je me forme en ligne…enfin on finit la journée avec une ballade -course à pied jusqu’à la plage. On reste derrière le ruban jaune qui en interdit l’accès et on regarde le coucher du soleil…
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Nous sommes en village « vacances » où 70 % des voisins comme nous vivent à temps plein. Donc jardin et piscine partagés. On respecte les distanciations mais on se parle un peu…c’est sympa…
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Je pense que nous prenons conscience que nous aimons la planète que c’est notre priorité…donc peut-être moins voyager…rester plus longtemps au même endroit…J’aime beaucoup le workaway…c’est une magnifique expérience humaine…qui est le voyage le plus important…Privilégier le voyage intérieur… Cela fait longtemps que je veux apprendre la permaculture…c’est sûrement la bonne occasion ? et aussi continuer une formation de community manager…pour être libre de vivre où mon coeur me porte…
-Que vas-tu faire une fois le confinement terminé ?
Fin du confinement et déjà maintenant = écouter son coeur pour moi… s’écouter…. rester en paix et en confiance « optimiste » pour l’avenir…aider les autres quand c’est possible et vibrer la joie car c’est la seule chose importante…
Christine – San Miguel de Allende – Mexique
Christine est un cas un peu à part. En effet, elle était en train de faire un tour du monde en paddle lorsque le coronavirus est arrivé. Elle est restée en attendre de pouvoir reprendre son voyage.
-Présentation :
Christine, Française, 53 ans. Je suis partie le 31 janvier 2020 de Paris, direction, Hawaii pour un Tour du Monde. Mon projet SUP Spirit – Stand Up Paddle around the world.
Mon but est de naviguer avec ma planche de paddle sur des plans d’eau mythiques : Bora Bora, Lac Titicaca, baie d’Along, le Nil… de rencontrer et partager cette expérience avec les passionnés du monde entier. Cela fait plus d’un an et demi que je travaille sur ce projet (conception du site, création du réseau dans le domaine des sports de glisse, recherche partenariat, cours de pilotage de drone…)
-Pourquoi être resté ?
Je suis parti pour donner un nouveau sens à ma vie, cela n’aurait eu aucun sens de rentrer à Paris. Mon appartement est en location, toutes mes affaires perso en garde meuble. De plus, j’ai acheté un billet d’avion Tour du Monde avec mes destinations prévues jusqu’à fin janvier 2021 (solution la plus avantageuse au moment de la préparation de mon tour du monde….) Je suis au Mexique, 2ème étape de mon tour du monde, depuis le 5 mars. J’ai pris la décision de rester à San Miguel de Allende (même si ce n’est pas au bord de l’eau et que je ne peux pas faire de SUP), car j’ai la chance d’être dans une maison (voir réponse plus bas / situation). Je m’y sens bien et en sécurité.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Le nombre de cas de Covid-19 monte doucement dans l’état de Guanajuato mais reste très faible : au 19 avril 2020, pour une population de 6 millions, 164 cas de confirmés. A San Miguel, 70 000 habitants et 7 cas de confirmés. Depuis la semaine du 23 mars, tous les restaurants et la plupart des magasins sont fermés. Le marché reste ouvert. Aucune pénurie, ni restriction dans les magasins d’alimentation. Les parcs et espaces publics sont interdits depuis le 6 avril. Il n’y a pas de confinement obligatoire mais seulement une recommandation de rester chez soi. Il s’agit d’une sorte d’auto confinement. Les rues de la ville sont désertes et les gens ne sortent que pour l’essentiel.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
A San Miguel de Allende, l’épidémie a très tôt été prise au sérieux : nettoyage et désinfection quotidienne des rues, port des masques pour les personnes en contact avec le public, dans les magasins d’alimentation installation de protection vitrée pour les personnes à la caisse. Du gel hydro alcoolique disponible dans tous les magasins… Pour la petite histoire, j’habitais à Hong Kong en 2003 pendant l’épidémie de SRAS. En janvier 2003, j’étais allée à Guangzhou et je l’ai attrapé, je suis tombée malade : fièvre de cheval et toux genre pneumonie pendant plus de 15 jours. A l’époque, la Chine avait caché l’importance de cette épidémie… Hong Kong a été impacté très fort au niveau contagion et mortalité. La ville s’est arrêtée pendant un mois, école et espace publics fermés, port de masque, désinfection… Puis la vie a repris son cours… Aujourd’hui Hong Kong a su tiré les leçons de 2003 et a très tot pris les mesures contre ce nouveau Coronavirus (Test, masques…)
-Comment la population réagit ?
Une grosse partie des expatriés (majoritairement retraités US ou canadiens) sont retournés dans leur pays la semaine suivant l’annonce de la pandémie par l’OMS. Sinon, la vie continue, en prenant les précautions nécessaires : distance, nettoyage des mains… Je n’ai ressenti aucune animosité du fait que je ne sois pas mexicaine, mais toujours des chaleureux Buenos Dias !
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
J’ai un contact journalier via Messenger avec mes enfants, mes amis. Au début de la crise, de la fermeture progressives des frontières, de la suppression des liaisons aériennes, certains de mes amies étaient angoissées de me savoir si loin et seule, insistant pour que je revienne mais aujourd’hui ils ont compris mon choix.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Je suis seule dans une belle maison que m’a prêtée une de mes amies. J’ai un patio et un grand rooftop dominant toute la ville, très inspirant pour écrire.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
Dès le départ, j’ai mis en place une petite routine journalière avec yoga, écriture, marche… J’apprends à cuisiner les produits locaux (comme le cactus). J’en profite pour regarder des tutos afin de me perfectionner sur Photoshop, avec la Gopro, sur Imovie…
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Non
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ? Façon de voyager, impact, etc.
J’attends l’ouverture des frontières pour reprendre mon tour du monde. Je vais devoir ajuster certaines étapes, reporter certaines destinations….
-Comment vas-tu voyager ensuite ?
Je compte poursuivre mon projet de voyage au long cours, qui est également un projet de vie pour les prochaines années.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement terminé ?
Continuer mon voyage.
Ces français confinés en Amérique du Nord
Héloïse – Miami – Etats-Unis
Nous voici aux Etats-Unis, le pays le plus touché par le coronavirus. Héloïse, expatrié, nous raconte son confinement made in USA.
-Présentation :
Je m’appelle Héloïse, j’ai 35 ans, et je suis à Miami depuis 4 ans. J’y ai suivi mon mari suite à une mutation. On cherchait depuis plusieurs années à tenter l’aventure de l’expatriation dans un pays anglophone, et on ne le regrette pas. Après un an à la maison avec mon fils qui avait 8 mois à l’époque, j’ai été contactée par Elise, fondatrice de New York Off Road, pour lancer Miami Off Road. Nous sommes une agence de visites guidées en français dans les villes de New York, Miami et Los Angeles.
-Pourquoi être resté ?
Parce qu’on ne voit pas notre vie ailleurs pour l’instant. Je pourrais travailler de n’importe quel pays en ce moment puisqu’il n’y a bien sur aucune visite guidée, mais mon mari doit rester en contact avec son équipe en permanence, notre fils a deux leçons en ligne par semaine avec sa maîtresse, et du travail à la maison. La question ne s’est même pas posée.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Miami a été une des premières villes à annuler les événements majeurs, puis à confiner. Dès le moment où le maire a été testé positif, les mesures ont été mises en place pour Miami, mais il fallut des décisions du maire du comté pour que les choses changent vraiment. Entre autres, la fermeture des plages, marinas, et hôtels. Depuis l’autorisation d’ouverture des plages a été donnée, mais pas pour le Sud-Est de la Floride (les zones accueillant des touristes internationaux).
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Malheureusement, le maire du comté de Miami-Dade et le gouverneur ont mis du temps à agir contre les spring breakers qui ne respectaient aucune distance. La Floride n’a reçu l’ordre de confiner que 2 semaines après Miami, et après la fin du Spring Break, surement pour des raisons économiques. Le maire de Miami est très réaliste, et efficace, le maire du comté beaucoup plus naïf à mon sens. Il découvre via les réseaux sociaux des comportements que tout le monde peut voir au quotidien et qui sont évidents. Quant au gouverneur… Sans commentaire, c’est une catastrophe ! Il suffit de voir l’annonce concernant les plages (celles de Miami Beach restent fermées d’ailleurs).
-Comment la population réagit ?
Plutôt bien. Il y a bien sûr la panique pour le papier toilette, et les lingettes de chlore, mais rester à l’intérieur n’est pas spécialement choquant ici. On a des ouragans régulièrement, et des températures élevées en été, on a donc l’habitude de confiner, et de limiter nos sorties pour rester au frais. Bien sûr, puisque le confinement n’est pas aussi strict qu’en France, beaucoup prennent des libertés. Il y a un couvre-feu, mais en journée on peut aller où on veut, quand on veut. Dans ma rue je vois moins de voitures, certes, mais plus de coureurs, toujours autant de vélos et de familles avec des poussettes…
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
On a un groupe Whatsapp pour communiquer sur notre quotidien, s’échanger des photos… On appelle une fois par semaine pour prendre des nouvelles et papoter. Il y a eu des moments d’inquiétude au début, parce qu’il fallait s’adapter, parce qu’on s’inquiétait pour ma soeur, infirmière en EHPAD, et qui n’avait pas assez de matériel. Mais tout est en rentré dans l’ordre et, on croise les doigts, jusque-là tout va bien.
-Ta situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Je suis en appartement à Brickell, dans le centre de Miami, en famille. Heureusement, on a un balcon et vue sur la Baie.
-Que fait-tout pour mieux vivre le confinement ?
On garde une routine, surtout pour notre fils. Ecole le matin, jeux l’après-midi. On a gardé la tradition du plateau télé en famille le vendredi, et de la balade du dimanche, qu’on fait en voiture. Ça nous permet de rythmer la semaine. On a relâché un peu certaines règles, il y a plus souvent de la glace en dessert, et des gâteaux fait en famille. Pour le film du soir, que des sujets légers pour se changer les idées.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Je devais rentrer pour des vacances en juin, finalement, ce sera reporté à septembre, en dehors de ça, non. On est plus libres ici, notre fils a ses jouets, ses copains sur Facetime. Quitte à être enfermés, on est aussi bien chez nous.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Même en tant que professionnel du tourisme, c’est une question difficile. Je pense qu’il y aura des comportements différents jusqu’à l’arrivée d’un vaccin, ou d’un traitement efficace. Un tourisme plus local peut-être, ou privilégiant les destinations dans lesquelles le système de santé semble plus fiable. Il y aura peut-être moins de voyage en grands groupes, afin de limiter le contact avec des inconnus. Même les experts ne sont pas d’accord… On se prépare à tout, mais faisant des visites en petits groupes et en extérieur, pour notre part, il ne devrait pas y avoir trop de changements. Quoi qu’il arrive, on accueillera toujours nos visiteurs avec le sourire dès que la reprise sera possible !
– Comment vas-tu voyager ensuite ?
En grande partie comme je le faisais déjà. Je préfère les grands espaces, la nature, et les lieux peu ou moins fréquentés. Je pense par contre être un peu plus regardante sur la propreté des logements/restaurants, mais il y aura certainement de nouvelles normes d’hygiène imposées pour ces lieux.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Mon resto préféré dans les Keys, Alabama Jack’s, pour aller me faire des conch fritters (sorte d’accras à la conche, le coquillage local), après-midi dans les Everglades, et un bon repas avec les amis, chacun de son côté de la table, distanciation oblige… Reprendre la course aussi. Les trottoirs sont trop petits dans Brickell, et les parcs sont fermés, j’ai préféré arrêter plutôt que de prendre des risques, mais j’ai hâte de rechausser mes baskets. Et reprendre les visites guidées le plus vite possible ! Le contact avec nos visiteurs me manque, j’espère retrouver ces moments le plus tôt possible.
Emily – Hawaï – Etats-Unis
Emily a décidé de rester sur son île lorsque la crise a éclaté. Comme elle le dit, c’est sans doute un des meilleurs endroits pour passer le confinement.
-Présentation :
Emily, française, 40 ans, globetrotteuse à temps plein depuis plus de 10 ans, digital nomade et blogueuse voyage depuis 2012 sur TravelAndFilm.Com. Je suis à Hawaï sur la grande île depuis le 6 mars 2020. Je suis arrivée comme je l’avais prévu dans le cours de mon tour du Monde commencé au Mexique fin octobre 2019.
-Pourquoi être resté ?
Je suis restée ici parce que c’est ici que j’avais prévu d’être d’une part et d’autre part, je ne vois pas où aller d’autre à vrai dire, tous les pays ferment leurs frontières, imposent des quarantaines de 14 jours alors qu’ici on était et on est toujours assez épargnés. Le « stay at home order » ou confinement a été imposé pour tout l’état le 25 mars. À vrai dire, je pense que je suis même dans un des meilleurs endroits sur terre pendant cette crise, non pas juste Hawaï l’état mais la grande île, car c’est l’île la plus grande, la plus nature la moins densément peuplée et avec le moins de cas de coronavirus.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Les conditions de confinement sont très relax en tout cas sur mon île et surtout à l’Est où je suis qui est le coin moins touristique. On est censés rester à la maison, mais on a le droit d’aller travailler, d’aller faire les courses, d’aller faire du sport comme marcher, courir, nager dans l’océan et faire du surf. Bref, en gros on peut aller où on veut. Sauf que tout est fermé et même la plupart des plages. On va donc plutôt aux accès à la mer par la roche volcanique qui créé des piscines naturelles.
-Ton opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
Je trouve que l’épidémie est plutôt bien gérée en tout cas sur mon île mais il y a tellement peu de cas que les mesures semblent presqu’exagérées. Moi, je trouve que les autorités auraient dû fermer Hawaï dès le début aux vols extérieurs. Comme ce sont des îles, ça aurait été très facile d’empêcher que même le virus n’arrive. Quand je suis arrivée sur la grande île, il y avait 0 cas. Donc on aurait pu empêcher le virus d’arriver en fermant l’île tout simplement et en laissant les habitants vivre normalement comme avant. Bon évidemment, le tourisme est très affecté puisqu’il est devenu inexistant.
Ce qui est bien, c’est que les commerces gèrent très bien les distances sociales. Il y a une croix par terre ou un signe genre un caddie, où chaque personne doit attendre et qui établit un espace de deux mètres entre chaque personne. Puis quelqu’un vous fait signe de rentrer.
-Comment la population réagit ?
Il y a beaucoup de gens qui font comme si le virus n’existait pas, je suis assez étonnée quand je vois des gens se serrer la main comme si de rien n’était. Mais la population réagit bien en public, tout le monde porte un masque dans les magasins et garde ses distances, je crois même que certains magasins ne vous laissent pas rentrer si vous n’en avez pas.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
Avec ma famille, pas d’angoisse, mes parents sont tranquillement à la maison. Disons que je voyage toute l’année donc on communique toujours par WhatsApp. Mais c’est vrai que maintenant on cause beaucoup plus souvent comme on est tous confinés à la maison, malgré le décalage horaire, on a le temps, donc on trouve facilement un créneau.
-Ta situation ?
Je suis confinée en maison avec jardin sur un grand terrain à la campagne on pourrait dire. Je suis hébergée chez un Mexicain qui habite ici depuis 4 ans. Il y a aussi un chien et un chat. Donc je trouve que j’ai beaucoup de chance d’être ici, de pouvoir sortir en voiture, profiter de la mer, du jardin, etc. On prend des bains dans le jardin en buvant des cocktails, on cuisine, on boit des coups avec les voisins, on sort se balader et se baigner dans la mer.
-Que fait-tu pour mieux vivre le confinement ?
Je regarde beaucoup de films, j’en profite pour travailler sur mon blog et publier des articles sur mon dernier voyage au Mexique. Je viens de m’acheter une paire de tennis pour aller courir car je me trouve trop inactive physiquement alors que je l’étais beaucoup plus en voyageant constamment.
-Tu aurais envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Non pas du tout. Pour plusieurs raisons. Ma vie, c’est le voyage, je suis digital nomade, je n’ai donc pas de logement à moi en France. Donc si je rentrais, je serais obligée d’être confinée chez mes parents dans le 93. Et même si mes parents sont sympas, je pense qu’on aurait du mal à se supporter en confinement pendant des semaines 24h/24. Et surtout pour rentrer, je devrais prendre plusieurs avions et transports et donc risquer de contracter le coronavirus et de les contaminer, alors qu’ils ont plus de 60 ans et vivent dans le département le plus saturé de France niveau hospitalisation. Et puis comme décrit plus haut, le confinement à Hawaï est bien plus agréable qu’en France.
-Ton opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Je suis plutôt d’un tempérament optimiste, mais j’ai l’impression que pour 2020, ça va être difficile. Je pense que les gens voyageront moins à l’étranger et plus dans leur propre pays. De plus, le virus entraine une crise économique et beaucoup de gens n’auront plus les moyens de voyager. Mais je pense aussi que les voyagistes vont sûrement faire des super promos quand on pourra repartir et que certaines personnes vont sauter sur l’occasion. J’espère que les choses reprendront pour les vacances d’été de juillet-août mais j’en doute, septembre peut-être. Quant à 2021, j’espère que tout cela sera oublié depuis longtemps et que les choses reprendront normalement.
-Toi, perso, comment vas-tu voyager ensuite ?
Je voyage depuis très longtemps toute l’année en mode slow travel et local, et je fais toujours attention à avoir un impact minimal sur l’environnement. J’ai donc l’intention de continuer de voyager exactement comme avant, si les conditions extérieures me le permettent.
-Que penses-tu faire une fois sur le confinement chez toi terminé ?
Moi mon plan, c’est de continuer mon voyage comme prévu mais en plus lent, c’est-à-dire d’aller visiter les îles de Maui et Oahu en mai, puis d’aller en Australie et en Asie, etc. À voir où je peux aller. Je devais rentrer en juin pour l’Euro 2o2o en Europe, mais comme il a été annulé, je n’ai pas vraiment de plan précis. Mais j’ai l’intention de continuer de voyager lentement et continuer ma vie de digitale nomade.
Jeff et Lilie – Vancouver – Canada
Terminons avec le Canada où beaucoup de Français vivent. Après un long voyage, ils se sont posés au Canada pour un PVT.
-Présentation :
Hello, nous c’est Jeff et Lilie alias » Les Heureux Voyageurs « , un couple de trentenaires ensemble depuis 12 ans. Il y a 2 ans, nous avons décidé de quitté nos jobs (Educatrice Spécialisée pour Lilie et Digital Marqueteur pour moi) pour vivre notre rêve : voyager ! Après 8 mois en Asie et un PVT de 7 mois en Nouvelle-Zélande, nous avons décidé de créer notre propre business autour de la photographie, du blogging et de l’influence. Actuellement, nous sommes en PVT au Canada. Nous sommes chanceux car nous sommes arrivés à Vancouver, juste avant que les frontières ne se ferment en Mars dernier !
-Pourquoi être resté ?
Nous avions le choix entre revenir en urgence en France, faire une croix sur nos PVT, et retourner vivre chez nos familles pour qui nous aurions été un risque ; ou rester sur place, expérimenter une nouvelle culture, et espérer que la situation se débloque avant la fin de nos PVT pour avoir la chance de découvrir le Canada. Nous avons choisi la deuxième option et nous composons donc avec la situation, tout en croisant les doigts pour la suite des événements.
-Etat sur place : importante de l’épidémie, consignes, confinement ?
Ici, à Vancouver, il n’y a pas de confinement décrété par les autorités. Des mesures de distanciation sociale et de télétravail ont été mises en place rapidement, ce qui a permis de contenir la propagation du virus. De plus, l’ensemble des activités et commerces, sont limitées au strict minimum. Résultat, la province de Colombie Britannique est l’une des moins touchées du Canada, proportionnellement au nombre de sa population.
-Votre opinion sur la gestion de l’épidémie sur place ?
En Mars, nous étions très inquiets de voir que la population n’était pas confinée et nous pensions que la situation de la France allait se répéter ici à Vancouver. Néanmoins, nous constatons que le nombre de cas de contamination évolue très faiblement (une centaine de cas supplémentaires par semaine) et semble « contenue ». Bien que nous étions dubitatifs au début, les mesures prises en Colombie Britannique semblent suffisantes pour le moment.
-Comment la population réagit ?
La prise de conscience de la situation a été, comme partout, un peu longue. Mais avec l’exemple des autres pays touchés, les citoyens de Vancouver ont fini par prendre les choses au sérieux. Les gens ici, continuent à sortir et à se balader mais sont très attentifs à garder leurs distances. Dans les magasins, beaucoup de personnes portent des masques et des gants pour limiter les risques. Les gens sont donc très vigilants, mais ils gardent le sourire et sont toujours chaleureux.
-Comment tu gères la distance avec ta famille en France ?
On ne va pas se mentir, c’est difficile de ne pas être auprès de nos proches. Ils nous manquent ! Nos parents ne sont plus tout jeunes, ce qui les rend plus vulnérables. Nous nous donnons des nouvelles quotidiennement et faisons des visios via Whatsapp tous les 3 jours. C’est un moyen de nous rassurer les uns les autres mais aussi de passer du temps ensemble. Nous relativisons en nous disant que même si nous étions en France, nous ne pourrions pas forcément à être leurs côtés non plus. Cette situation rend tout le monde impuissant.
-Votre situation : en maison, campagne, ville, seul, à plusieurs ?
Nous faisions du House Sitting (nous gardions le chien et la maison d’un couple parti en vacances), lorsque le virus a commencé à prendre de l’ampleur. Les propriétaires ont dû rentrer en urgence, 1 mois plus tôt que prévu. Nous avons alors cherché une solution de repli et avons trouvé une colocation à North Vancouver avec 3 Canadiens. Faute de pouvoir voyager, nous allons au moins améliorer notre Anglais !
-Que fait-vous pour mieux vivre le confinement ?
Nous devons avouer que nous mangeons beaucoup plus de gâteaux et sucreries qu’en temps normal ! Pour éviter de sortir du « confinement » avec 10kg de plus, nous faisons quelques balades dans le quartier et sortons régulièrement dans notre jardin pour jouer avec le chien de nos colloc’, Rio. Ce dernier, est toujours de bonne humeur et plein d’énergie, ce qui nous fait beaucoup de bien et nous change les idées !
-Vous auriez envie de rentrer là, s’il y avait un vol ?
Pour être honnêtes, non. Nous avons quitté nos jobs et notre logement il y a quelques temps maintenant donc, mis à part pour être auprès de nos proches, rien ne nous attend en France. Nous attendons donc patiemment une amélioration de la situation et espérons que nous pourrons voyager et découvrir le Canada, comme initialement prévu.
-Votre opinion sur l’avenir du voyage cette année et en 2021 ?
Il y aura clairement un avant et un après cette crise… Nous pensons que les gens vont privilégier les voyages courte et moyenne distance, et qu’ils favoriseront des destinations qui leur semble plus familières et rassurantes (Europe, USA, Canada..). Tout le monde constate, que cette crise a malgré tout un impact positif sur notre planète qui peut enfin souffler. Nous espérons que cela incitera les entreprises et les voyageurs à aller vers un tourisme plus engagé et respectueux de l’environnement.
-Comment vous allez voyager ensuite ?
Si les choses se débloquent, nous avons comme projet d’acheter un van pour traverser le Canada d’Ouest en Est, jusqu’à Montréal. Nous souhaitons lors de ce voyage, travailler avec des marques, des hôtels, et des activités qui ont une démarche engagée dans l’écologie ou le tourisme responsable. Nous travaillons donc actuellement sur ce projet, en espérant le mener à bien, un fois le confinement terminé !
Hésitez pas à partager si vous avez aimé. Pour le prochain article de la série, rendez-vous en Asie et en Océanie ! Prenez soin de vous !
C’est aussi mon cas ! J’ai choisi de rester au Mexique et je le vis bien. Actuellement, c’est effectivement la crise avec le coronavirus mais ça va se dissiper d’ici quelques mois du coup le temps pourra reprendre son cours!