Dark tourisme : une tendance voyage qui dérange
2Qu’est-ce que le « dark tourisme » ou tourisme noir ?
Le dark tourisme est une pratique touristique qui a commencé à voir le jour dans les années 1990. Il s’agit de voyager en fonction des lieux liés à la mort, à la souffrance et au macabre. Si au début, c’était une pratique de niche, elle est de plus en plus développée depuis ces dernières années.
Si certains voient cette pratique comme dérangeante et malsaine, pour d’autres, le tourisme macabre est une manière d’appréhender l’histoire d’une autre manière, et de faire face au réel de façon plus « brutale ».
Bien entendu, à l’ère du tourisme de masse, le tourisme noir amène énormément de visiteurs. Cela fait fonctionner l’économie de certaines régions oubliées, on compte plus de 3 millions de visiteurs chaque année pour Pompéi, plus de 2 millions pour Auschwitz et près de 300 000 visiteurs pour la ville de Medellin.
17 lieux à visiter si vous aimez le tourisme macabre
Si vous aimez le tourisme noir ou que vous avez envie de découvrir quelques lieux emblématiques, voici 17 sites importants pour l’histoire où la tragédie est venue sonner le glas.
#1 L’Ossuaire de Sedlec, République Tchèque
L’Ossuaire de Sedlec est se trouve dans une petite église funéraire de Tous-les-Saints, en République Tchèque. En 1348, la peste frappe la région de la Bohême où plusieurs milliers de personnes succombent. Enterrés dans le cimetière du monastère cistercien, ce dernier se voit détruit et brûlé après les croisades contre les Hussites.
Les os encore intacts sont alors entreposés dans la chapelle funéraire et y resteront pendant près de trois siècles. C’est dans les années 1700 que le sculpteur Matthias Braun va décider d’utiliser tous ces os en guise de décoration. Un message en faveur de la vie éternelle.
Un lieu chargé d’histoire avec une ambiance quelque peu macabre. Aujourd’hui, près de 40 000 personnes, sont entreposées dans l’ossuaire.
#2 Le lac Chagan, Kazakhstan
Qui aurait cru qu’un « simple » lac allait devenir un lieu apprécié par le dark tourisme ? C’est le cas pour le lac Chagan, au Kazakhstan. Il s’est formé après plusieurs essais nucléaires de l’Union Soviétique en 1965 sur le site de Semipalatinsk. Ces essais étaient annoncés dans le cadre d’un programme pacifique d’explosions nucléaires pour l’économie nationale.
L’eau du lac vient de la rivière Chagan, mais il est surtout connu pour s’appeler le « lac atomique ». En effet, le lac reste très radioactif, bien plus au-dessus que la norme admise. Mais, cela ne semble pas décourager les visiteurs qui s’y baignent chaque année.
#3 La prison des Khmers, Cambodge
La prison des Khmers, aussi appelée la prison S-21, était un lieu d’atrocité et la plus connue des 196 prisons dans les années 1970. En effet, cette dernière a vu le jour lorsque les forces de Pol Pot décidèrent de transformer l’école de Tuol Sleng en prison, avant de devenir finalement un véritable centre de torture.
Près de 18 000 personnes étaient détenues dans cette abominable prison. Et, toute personne envoyée là-bas était un coupable obligé dont l’objectif était d’obtenir des confessions sous le moyen de la torture avant une exécution pratiquement systématique.
Aujourd’hui Tuol Sleng est un musée de Phnom Penh qui retrace tous les crimes émis lors du régime Khmer rouge, mais aussi du génocide entre 1975 et 1979 lors de la période du Kampuchéa démocratique.
Si certains parlent de dark tourisme, c’est pour beaucoup un musée de mémoire important dans la culture cambodgienne.
Autre lieu de tourisme noir, dans le même genre dans la capitale du Cambodge : les killing fields, un lieu de massacre de masse. On peut encore voir les vêtements et les os des victimes sortir du sol…
#4 Fukushima, Japon
Le 11 mars 2011, nous regardions à la télévision le tsunami puis l’incident de la centrale nucléaire de Fukushima. Un drame pour le pays du soleil levant, mais aussi pour le reste du monde. En effet, le nuage radioactif qui émanait de la centrale s’est étendu à travers le globe, et est même venu au-dessus de la France. Nous étions pourtant à plus de 15 000 kilomètres du Japon !
Si aujourd’hui le pays tend à renaître de ses cendres, la zone d’exclusion s’étend encore à 370 km². Des quartiers entiers sont abandonnés ainsi que des commerces. Le tourisme noir qui s’y présente est surtout en quête de s’imaginer ce qui a pu se passer ce jour-là, mais aussi de faire de l’Urbex, une pratique qui vise à ne visiter que des lieux abandonnés.
Fort heureusement, aujourd’hui, de nombreux aménagements ont pu voir le jour, de nouveaux quartiers et commerces ont émergé et permettent de faire revivre cette région du pays.
#5 Pompéi, Italie
Tout le monde connaît Pompéi, et c’est sans doute l’un des lieux les plus fréquentés par le dark tourisme. Une ville italienne qui a été enfouie par une éruption du Vésuve en 79 avant J.C. laissant les habitants de la ville face à leur sort. L’éruption aurait été tellement soudaine et forte qu’ils n’auraient pas eu le temps de quitter la ville.
C’est donc plusieurs centaines de personnes et des habitations qui sont entièrement recouvertes de lave et que l’on peut observer aujourd’hui grâce au travail d’orfèvre des archéologues et chercheurs.
#6 Dallas, États-Unis
Dallas est une ville qui se trouve dans le Texas, aux États-Unis. Non seulement, elle doit son succès à la série télévisée Dallas des années 1980, mais elle est surtout connue des adeptes du tourisme noir. En effet, le 22 novembre 1963, le président américain JFK était assassiné.
Depuis ce jour, la ville a pris une tout autre ampleur et a vu un tourisme atypique s’y développer. Sur place, vous pouvez y retrouver une croix blanche qui marque l’emplacement exact où Kennedy fut tué. Il est même possible de « revivre la scène » via une reproduction de son assassinat.
Le bâtiment qui se trouve juste à côté est le Texas School Book Depository. C’est dans ce bâtiment que le tueur présumé aurait tiré. Le musée Six Floor Museum a d’ailleurs été fondé avec une plaque commémorative à l’intérieur en l’hommage au président américain.
Si vous avez prévu de venir visiter Dallas, rien ne vous oblige à venir sur le lieu du drame. C’est une ville magnifique qui regorge de petites merveilles. Il y a notamment la Reunion Tower, le Pionner Plaza ou encore l’Union Station qui sont des lieux incontournables.
#7 Les catacombes de Paris, France
Les catacombes de Paris sont très populaires dans le tourisme macabre. Servant d’ossuaire municipal, elles trouvent leur origine à la fin du XVIIIème siècle puisqu’avant de devenir des catacombes, elles étaient d’anciennes carrières souterraines du 14ème arrondissement de Paris.
C’est en 1809 qu’elles sont transformées en ossuaire municipal et deviennent donc le lieu de plus de 6 millions de restes d’individus. Tous venant de différents cimetières parisiens. Cette pratique se termine en 1861 pour des raisons de salubrité publique.
Longues de 1,7 kilomètre, elles sont aujourd’hui ouvertes au public et attirent près de 500 000 visiteurs chaque année. On peut s’y rendre depuis la place Denfert-Rochereau, mais la partie visitable n’est finalement qu’une infime partie des carrières souterraines de Paris. En effet, d’autres ossuaires sont toujours présents sous la capitale, mais sont inaccessibles au public.
#8 La forêt d’Aokigahara, Japon
Impossible de parler de tourisme noir, sans mentionner la forêt d’Aokigahara, au Japon. Située au pied du mont Fuji, elle est tristement connue pour être le lieu le plus hanté du pays. Elle tient le terrible surnom de « forêt du suicide » puisque chaque année, depuis 1950, de nombreuses personnes viennent s’y donner la mort, loin des regards.
C’est d’ailleurs le site dans lequel il y a le plus fort taux de suicide au monde, avec le Golden Gate Bridge de San Francisco. On estime d’ailleurs que 1 % des personnes qui se suicident au Japon, le font dans cette forêt.
Sans grande surprise, c’est un lieu qui attire beaucoup de visiteurs chaque année. Non pas pour venir rendre hommage aux personnes décédées, mais plutôt pour satisfaire leur curiosité.
#9 Pripyat, Ukraine
Comparée à Tchernobyl et à son terrible incident en 1986, la petite ville de Pripyat reste assez méconnue. Et, pourtant, elle se trouvait jute à côté de la centrale nucléaire et a donc été aux premières loges lors de l’explosion.
À l’époque, elle abritait près de 50 000 habitants. Aujourd’hui, elle est une véritable ville fantôme. Entièrement abandonnée, elle est le lieu privilégié des adeptes d’urbex, mais aussi des producteurs de documentaires et de séries télévisées.
En effet, son taux de radioactivité est encore trop élevé pour être ouvert aisément au public. Mais, cela ne semble pas empêcher les curieux de s’y aventurer.
#10 Le polygone nucléaire de Semipalatinsk, Kazakhstan
Le polygone nucléaire de Semipalatinsk est l’un des premiers sites d’essais nucléaires soviétiques. Situé au Kazakhstan, il a une superficie de 18 000 km2 et est considéré comme l’une des zones les plus radioactives du monde.
Il possède, en effet, 456 bombes écrasées sur le terrain, lâchées entre 1949 et 1989 par l’URSS. On estime d’ailleurs que la somme totale des charges atomiques de ces bombes dépasse 2 500 fois celle de la bombe d’Hiroshima.
Sans surprise, toute cette radioactivité a causé énormément de problèmes de santé à la population kazakh. Même 30 ans après, les radiations libérées seraient supérieures à celles de la catastrophe de Tchernobyl. C’est donc un des sites privilégiés des adeptes du tourisme noir. Pour y accéder, il faut être accompagné d’un guide et porter une tenue protectrice.
#11 Auschwitz, Pologne
Le camp de concentration d’Auschwitz est le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich. Il était, à la fois, un camp de concentration et un centre d’extermination. En seulement 5 ans d’existence, 1 100 000 d’hommes, de femmes et d’enfants meurent dans ce camp. 90 % des victimes étaient juives, et 900 000 ont été tuées dès leur arrivée dans des chambres à gaz.
On le connaît tous dans nos livres d’histoire, mais c’est aujourd’hui un lieu très visité par les adeptes du tourisme noir, mais aussi du tourisme de mémoire. C’est, en effet, un lieu chargé d’histoire et d’atrocité qui permet à un bon nombre de personnes de venir s’y recueillir ou bien, simplement faire face à la réalité.
#12 Le goulag de Karlag, Kazakhstan
Le goulag de Karlag était un camp de travail pénitentiaire, construit à l’époque de l’URSS, sous Staline. Considéré comme l’un des plus grands camps de travail du Goulag, 800 000 personnes y étaient détenues, dont la majorité était des enfants et des femmes. Toutes, vivaient dans des conditions abominables, à tel point que bon nombre d’entre elles n’ont pu survivre.
Aujourd’hui, les bâtiments du goulag ont été transformés en musée. Le but étant de rendre hommage aux personnes victimes, mais aussi de rappeler le passé angoissant et terrible des camps soviétiques.
#13 Alcatraz, États-Unis
L’Île d’Alcatraz est finalement un lieu incontournable pour le tourisme noir. Située dans la baie de San Francisco, elle servait autrefois de refuge pour les pélicans bruns, avant de devenir une prison militaire et une prison fédérale de haute sécurité.
Elle a accueilli de célèbres prisonniers, dont Al Capone, Machine Gun Kelly, ou encore Birdman. Le célèbre espion allemand Erich Gimpel y a aussi été enfermé en 1945 après avoir été arrêté par le FBI de New York, à la suite d’une mission d’espionnage en 1944.
Fermée en 1963, elle est aujourd’hui un site historique géré par le service des parcs nationaux des États-Unis. Sans conteste, la prison la plus connue des États-Unis, mais aussi la plus visitée. On compte près de 2 millions de visiteurs chaque année !
#14 Medellín, Colombie
Medellín est une ville de la Colombie qui abrite plus de 2 millions d’habitants. Elle est d’ailleurs considérée comme la deuxième ville la plus peuplée du pays après Bogota. Bien qu’elle soit une ville riche culturellement parlant, les adeptes du tourisme noir l’apprécient surtout pour avoir été le centre du « cartel de Medellin » dirigé par Pablo Escobar de 1970 à 1990.
Durant cette période, la ville a donc été le théâtre de nombreux conflits et de déplacements de population. Les crimes de sang y étaient très répandus, tout comme les règlements de comptes. Pablo Escobar est considéré comme le baron de la drogue, et plus précisément du trafic de cocaïne.
Aujourd’hui, la ville voit fleurir un bon nombre d’agences de voyage. Ces dernières promeuvent la ville via des visites guidées des lieux retraçant où vivait Escobar. Le tourisme macabre y est donc très développé, mais ce n’est pas pour déplaire aux autorités. En effet, le tourisme semble apaiser les tensions dans les rues de Medellin, permettant de faire baisser radicalement les violences de rues.
#15 One World Trade Center, États-Unis
Bien sûr, parmi les lieux incontournables, je ne pouvais pas oublier de mentionner la tour One World Trade Center. Si certains voient cela comme un tourisme macabre, d’autres la verront comme un monument aux morts à la mémoire des victimes du 11 septembre 2001.
Elle a été construite là où se trouvaient autrefois fois les deux tours du World Trade Center. Aussi surnommée la « Freedom Tower« , elle possède un mémorial pour le 11 septembre où sont inscrits tous les noms des victimes de l’attentat.
La tour fait partie d’un complexe comprenant d’autres immeubles, dont le Seven World Trade Center, le Three World Trade Center et le Four World Trade Center. Depuis la fin de sa construction, la tour est la plus haute des États-Unis et représente un emblème de résilience pour les New-Yorkais.
#16 Oradour-sur-Glane, France
En France, plus précisément à Oradour-sur-Glane, près de Limoges, se trouve un lieu de massacre. Un petit village qui a vu arriver le 10 juin 1944 des troupes de la Waffen SS et décimer toute la population. Au total, 642 morts dans d’atroces souffrances. Présents au mauvais moment, les habitants ont été victimes de la stratégie SS : semer la terreur et dissuader qui que ce soit de se rebeller.
Aujourd’hui, un Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane a été fondé, permettant depuis 1999 de se souvenir des victimes et de leur rendre hommage. C’est aussi un lieu chargé d’histoire qui permet de mieux comprendre cette époque de notre histoire.
De nombreuses ruines ont été conservées dans le village, laissant naître une atmosphère lugubre et terrifiante. On pourrait presque sentir la peur des habitants de l’époque.
#17 Hiroshima, Japon
Enfin, parmi les lieux incontournables du dark tourisme, Hiroshima est sans nul doute dans les plus célèbres. Avant la catastrophe, Hiroshima était un centre urbain très important pendant l’ère Meiji. Mais, c’est lors de la première guerre sino-japonaise, que la ville devient une des principales bases de l’armée impériale japonaise. Puis, elle devient un centre stratégique et industriel lors de la Seconde Guerre mondiale.
C’est le 6 août 1945 que la ville est bombardée par un bombardier, avec à bord une bombe atomique d’une puissance de 15 kilotonnes. Cette bombe tenait notamment le surnom de Little Boy. Lorsqu’elle est lâchée et qu’elle explose, elle rase instantanément toute la ville, 62 000 bâtiments sont entièrement détruits et aucune trace de vie humaine ne sera repérée dans les 500 mètres du lieu de l’explosion.
Aujourd’hui, la ville a été reconstruite entièrement et a intégré plusieurs monuments, dont un musée de la Paix, un parc Mémorial de la Paix et un monument funéraire avec tous les noms des victimes de la bombe. Pour l’anecdote, une flamme de la paix brûle continuellement et restera allumée tant que les armes nucléaires existeront.
L'avis de Fabrice
Perso, j’aime beaucoup visiter ce genre de site. C’est peut-être mon côté historien de formation, je ne sais pas. J’ai toujours eu une attirance particulière pour les lieux chargés d’histoire, les ruines, l’urbex aussi.
Je comprends parfois le débat sur la visite de ces lieux. Mais je pense que le plus important, c’est l’état d’esprit que l’on a lors de la visite. S’il y a vraiment une démarche de recherche, de curiosité, etc, oui, la démarche est légitime. La visite de ces lieux aide aussi à ne pas oublier.
Certes, il y a aura toujours des gens avec d’autres motivations, voir des abrutis. Je me souviens au Vietnam et au Cambodge de certains touristes qui par exemple s’entraînaient à tirer au M16 sur certains sites, tout sourire.
La visite enfant d’Oradour-sur-Glane m’a marqué. Je m’en souviens encore comme si c »était hier. Les rues, la poussette calcinée devant une maison, et surtout, le silence de mort. Pas un oiseau, pas un bruit.
Vous savez désormais quels sites découvrir si vous aimez le tourisme noir. Bien que ce soit un type de tourisme très controversé, le dark tourisme reste un moteur économique pour certaines régions touchées par des tragédies. C’est une manière différente d’aborder l’histoire et de se confronter au réel.
Si vous avez d’autres recommandations de lieux pour le tourisme macabre, n’hésitez pas à les partager en commentaires.
RER B station saint Michel, Bataclan, aéroport de Bruxelles, gare de Londres ou de Madrid, Verdun, Perone, toutes les plages du débarquement, , …. Des lieux où pour certains c’est un lieu de passage quotidien contraint ou la seule plage à laquelle ils ont accès. Que ce soit ceux qui exploitent les sites macabres pour en faire du fric sale ou ceux qui s’y rendent, sont dans tous les cas à bannir. Les récents visiteurs du Titanic l’ont payé cher et c’est bien mérité !!!
« Les récents visiteurs du Titanic l’ont payé cher et c’est bien mérité !!! »
Non, leurs morts ne sont pas mérité, quelle idée. Pourriez-vous le dire en face de leur famille?