Être d’ici et d’ailleurs? Une contradiction du voyageur?
38Le voyage occupe une grande place dans ma vie. Et cela depuis plus de 10 ans. Si l’ailleurs m’attire depuis longtemps, je suis malgré tout une personne qui reste très attachée à ses racines et à son petit coin de France. Un coin de campagne qui a parfois des allures de paradis.
Bref, les deux ne sont pas du tout incompatibles, vous en doutez ?
Une vie normale
Mes racines se situent dans un petit village de l’Ardèche verte, à 15 min au sud d’Annonay. Un paysage de vertes collines sur le plateau ardéchois, à 2O min de la vallée du Rhône.
Préaux est un village de 600 habitants juché sur une colline au pied des montagnes ardéchoises. La nuit, les lumières de la « ville » d’Annonay occupent l’horizon. Ici, la Voie Lactée s’admire. Tout autour, c’est un paysage de moyenne montagne, de champs et de forêts. Un sommet surplombant le village cache un vieux château en ruines. Parfois, par temps claire, il est possible de voir les Alpes.
C’est là que j’ai grandi et que j’ai passé le plus clair de mon temps jusqu’à 18 ans. Durant mes études à Grenoble, je revenais très souvent les week-ends durant les premières années. Je me souviens d’un prof d’histoire en fac qui disait, un brin moqueur « ah ces Ardéchois, il faut toujours qu’ils rentrent le week-end dans leur village ! ».
Quand je reviens, après un long moment comme ce fut le cas dernièrement, l’impression de retrouver mes racines est toujours forte. Elle le fut encore plus cette fois-ci après un an ailleurs. Plus je prends des années et plus cette impression est forte en vérité.
En mai, lors de mon retour sur mes terres, ce fut même un moment plutôt émouvant. Une impression d’être chez soi. Ce sont des souvenirs qui reviennent à chaque coin de rue, ici devant cette croix, j’attendais le bus, là, j’ai fait une chute en vélo, ici, ce fut la première fois où je me suis pris une cuite, etc…
C’est aussi des sons. Le bruit si particulier que fait la porte du garage qui se referme. Ou encore le bruit des coucous qui vous réveille les matins d’été lorsque votre fenêtre est restée ouverte. C’est aussi les cloches de l’église, un bruit qui disparait dans nos sociétés urbanisées.
C’était aussi parfois, le week-end, le réveil rapide pour aller admirer des montgolfières, qui parties d’Annonay, berceau de l’aérostation, se dirigeaient souvent vers le village. Parfois, elles le survolaient ! Avec ma voisine, nous prenions alors nos vélos pour découvrir dans quel champ le ballon allait atterrir !
J’ai eu une enfance heureuse. Mes parents, ouvriers très modestes, ont fait le choix de rester à la campagne. Heureusement, car sinon j n’aurais pas eu cette qualité de vie. Grandir à la campagne a beaucoup d’avantages. C’est la nature omniprésente, les parties de luges l’hiver dans les champs, les balades en vélo sur les chemins du canton, les cabanes dans les arbres, les amis d’enfance etc.
Ma grand-mère, décédée durant mon voyage, habitait juste à côté. Ah ces chocolats chauds pris devant les Mystérieuses Cités d’Or et autres.
Mes voisines, de vieilles filles, tenaient une épicerie juste à côté. Je passais souvent les voir et je repartais avec, dans les poches, quelques bonbons. Fan de lecture, je dévorais leur stock de livres. A tel point qu’elles m’abonnaient toujours à un magazine de chez Bayard Presse. Je guettais alors le facteur, espérant le dernier numéro !
La vie à la campagne, c’est aussi une certaine simplicité de vie. Peu de crainte au niveau de la sécurité pour les enfants, des jeux et des occupations gratuites dans la nature. Et puis, peu de comparaison et de jalousies, tout le monde est à peu près égal dans ce monde-là. La société de consommation y est moins féroce.
C’était ma vie. Et cela reste une partie de moi. Grandir dans ce milieu m’a appris une certaine simplicité (que j’ai ensuite poussé vers un certain minimalisme), et un certain recule.
Il est vrai que l’expression « Ardéchois, cœur fidèle » a sans doute un fond de vérité:-) .
Et pourtant, depuis 10 ans, je ne cesse de bouger. J’ai toujours cette envie de voir le monde et de découvrir.
Des racines et des ailes.
Je ne vais pas poursuivre ici dans une apologie de la vie au vert. Je voulais dans cet article mettre l’accent sur ce sentiment que peuvent ressentir certains grand voyageurs lorsqu’ils reviennent chez eux.
Un premier degré, c’est bien sûr lorsque vous revenez dans votre pays, en France. Cela concerne beaucoup de monde, hormis peut-être ceux qui ne sont jamais restés très longtemps dans un pays. Mais ceux-là sont rares !
Lorsque vous passez une grande partie de votre vie dans un même lieu, une ville ou un village, c’est encore un degré supérieur. Un attachement à ce territoire s’est créé. Un lien s’est formé. C’est ce qui s’appelle avoir des racines.
Attention, avoir des racines et prendre racines sont deux choses différentes bien sûr !:-).
Or, je suis attiré par l’ailleurs comme vous le savez. J’aime voyager, découvrir d’autres cultures. Quand je reviens dans mon village natal, je me sens un peu écartelé entre ces deux extrêmes. Pour autant, ces deux extrêmes sont compatibles. C’est d’ailleurs, peut-être, grâce au fait que j’ai des racines, que je peux voyager autant. Cela a un côté rassurant.
Je sais que certains n’ont pas vraiment de racines, dans le sens où ils ont toujours beaucoup bougé pour suivre leurs parents. Quand j’en rencontre, je les interroge sur leurs impressions. Ils me disent que non, ils n’ont pas ce sentiment d’avoir des racines. Cela n’a pas l’air de leur manquer. Et, bien sûr, ce sont des personnes équilibrées.
C’est donc quelque chose qui n’est pas nécessaire à nous humains. Pourtant, c’est un sentiment, agréable, qu’ils ne peuvent ressentir. Et ce que nous ne connaissons pas ne nous manque pas en fait.
Qu’en pensez-vous ? Vous sentez-vous aussi à la fois très attaché à un lieu tout en rêvant d’ailleurs ? Comment gérez-vous cela ?
J’aimerais vraiment avoir votre sentiment sur cette question !
J’ai aussi un souvenir similaire concernant les montgolfières 🙂
Pendant mon enfance, mes parents ont beaucoup bougé et ce n’est que lorsque j’ai eu 9 ou 10 ans qu’ils ont fini par se fixer entre Narbonne et Perpignan, dans un village appelé Port-la-Nouvelle… Alors certes, aux yeux des vrais Nouvellois, nous avons mis du temps à être considérés comme tels, mais aujourd’hui, j’ai beau avoir choisi la ville de Montpellier pour y vivre, je suis toujours un peu Nouvelloise dans le coeur…
Je connais bien cela, pas évident de débarquer à cet âge dans un village:-) Tu es considérés pour longtemps comme un étranger!
Donc, malgré le fait que tu t’es « posés » sur le tard, c’est tes racines à toi alors ce village?
Je fais parti de ces personnes dont tu parles qui ont déménagées durant leur enfance : je suis à Tulle, j’ai été à la maternelle à Limoges, j’ai été dans deux écoles primaires à Marseille puis au collège, j’ai été au lycée à Paris. J’ai ensuite pour mes études été à Embrun, Dijon, Hossegor, re-Paris et enfin Grenoble. J’ai passé beaucoup de mes vacances dans les Hautes Alpes et j’ai une grande partie de ma famille qui originaire de là bas (et qui eux pour le coup n’ont pas bougé).
Je n’ai pas de racines c’est vrai mais je ressens quand même ce sentiment si agréable de retrouver quelque chose que tu appelles racines et ce qui est magique c’est que je le retrouve dès que je vais dans les Hautes Alpes et que j’aperçois mes montagnes si familières, je le retrouve dès que j’arrive dans mon quartier à Paris ou à Marseille, il m’arrive même de suivre l’actualité de l’équipe de hand de Dijon et je suis abonné à la fan page de la ville de Hossegor hihi Ne pas avoir de racines ne veut pas dire ne pas avoir d’attachement.
Comme tu le dis tu as grandi dans un petit village mais tu voyages quand même, il n’y a pas d’incompatibilité, en fait il faudrait faire une grande enquête pour confirmer ou non cette hypothèse qui est dans ton texte : l’envie de voyager est liée à notre degré d’attachement à un lieu (qu’on y est vécu 18 ans ou moins).
En effet Ann, tu as beaucoup bougé!
En fait, tes racines se situent dans plusieurs lieux différents si je comprends bien. On a Grenoble en commune d’ailleurs:-).
Pour l’hypothèse « l’envie de voyager est liée à notre degré d’attachement à un lieu », je ne sais pas.
Regardes, beaucoup de gens qui ont bougé comme toi aiment ensuite faire de même.
D’un autre côté, d’autres personnes qui sont bien attachés, comme moi, à leur « pays » ont cette envie de bouger aussi. D’ailleurs, c’est le cas de beaucoup de petits pays souvent en Europe. Ou les Bretons par exemple.
Une étude sur le sujet serait vraiment intéressante!
Très bon article, merci.
Je suis passionné par les voyages mais j’imagine difficilement quitter ma région …
Après chacun réagit de manière différente par rapport à ses attaches, ses amis et sa famille.
Aurélien, merci de juste mettre ton prénom dans le commentaire, pas de mots-cléfs
L’un des articles que j’ai le plus aimé jusque là. Si authentique, si toi… j’en demanderai encore;)
Je n’ai pas ce réel attachement à mon petit village. Sans doute parce que je n’avais pas ces magnifiques paysages aux alentours… il me reste cependant un petit pincement au coeur lorsque j’y reviens !
Je ne savais pas que tu avais grandi dans un village:-) C’est comment chez toi? Moins montagneux?
plat, Thimory, région centre ^^
J’ai vécu 20 ans en région parisienne puis j’ai beaucoup bougé (une dizaine de déménagements). Mes racines sont plutôt dans le sud-ouest où mes parents sont nés, où j’ai passé mes vacances enfants, où se trouve encore une partie de ma famille. Je me suis d’ailleurs installée avec ma famille dans cette région (tout en déménageant régulièrement, mais toujours en Midi-Pyrénées !)
Mes racines sont plus un attachement à des gens, à ma famille et à celle que j’ai créé, qu’à un lieu précis. D’ailleurs, mes parents qui ont eux-aussi pas mal bougé, ont fini par s’installer dans une autre région (Languedoc-Roussillon).
Qui voyage le plus ? Ceux sécurisés par une appartenance forte à un lieu, qui ont des racines ancrées, ou bien ceux qui au contraire n’ont pas d’attache ? Difficile à dire. Y-a-t-il réellement un lien ?
Ce qui est sûr, c’est qu’en voyage, j’ai rencontré un nombre incroyable de bretons ! Ils sont partout !
Oui en effet! Dans l’histoire, les Bretons ont été les français les plus voyageurs, à cause de la proximité de la mer.
C’est aussi ceux qui ont le plus immigré à l’étranger!
Je pense tout de même que si tu adores ton « coin », tu es peut-être moins tenté de voyager. Bon, je sais, je suis pas un exemple:-)
Et 20 ans dans la région parisienne, cela ne donne pas un attachement à ce coin?
J’ai beaucoup aimé Grenoble ! J’ai d’ailleurs toujours en fond d’écran sur mon mobile les quais de l’Isère et les oeufs 😉
En effet je pense qu’il nous faut un thésard en socio qui nous fassent une belle recherche sur tout ça 🙂
en tout cas merci pour cette article qui nous parle à tous je pense 🙂
Hey moi aussi j’ai grandi dans un tout petit village où il y a plus de poules et de cochons que d’habitants ^^
Mais il est très important de ne jamais oublier d’où l’on vient et revenir à ses racines fait souvent du bien 🙂
Je pense que cette histoire de racines, c’est une conn… :p
Une culture, un ADN: oui. Je suis moi-aussi d’un petit village. Ca m’a toujours pesé: d’une part d’être éloigné de la ville, de mes amis, du « buzz », et plus tard cela s’est accentué: de la petite ville vers la grosse métropole puis de la métropole vers la capitale et enfin de Paris vers le monde, vers toutes ces grosses capitales ailleurs.
Ce n’est que maintenant que le soufflet retombe et que je découvre des coins moins denses, et où finalement un retour au vert me fait plaisir, et je me verrais même y poser mes valises (bon, pas tout de suite, faut pas déconner non plus! lol).
Je n’ai pas de nostalgie ni de chauvinisme: actuellement je vis à Bordeaux et je me sens bordelais, point. Cela a toujours été le cas partout où j’ai vécu. Quand vraiment je ne me sentais pas bien à un endroit, je le quittais. Avec le recul, il y a un seul lieu que j’ai détesté et où je n’ai pas pu jamais pu me résoudre à me sentir du coin (une de mes rares expériences salariées, ce qui renforce mon aversion de ce mode de subside…).
En revanche, je suis en totale contradiction avec: « La vie à la campagne, c’est aussi une certaine simplicité de vie (…) peu de comparaison et de jalousies, tout le monde est à peu près égal dans ce monde-là. La société de consommation y est moins féroce. » C’est archi-faux, je pense au contraire qu’une part importante de gens ont l’oeil derrière le rideau à épier son voisin, j’en ai beaucoup souffert durant mon enfance, de part l’activité et le style de vie de mes parents.
Pour vivre heureux vivons cachés, et le paradoxe est que plus la ville est grande, plus on caché car « noyé » dans le flot!
Pour résumer, je préfère ne pas me retourner. C’est une quête de trouver un lieu qui nous corresponde. Et c’est permanent parce que temporaire (en tout cas c’est mon leitmotiv, c’est comme ça que je gère ma vie, et mes voyages en tant que partie intégrante de cela).
Éloigné du « buzz », c’est à dire? Avec l’âge, on se rapproche souvent plus de la campagne:-)
C’est vrai qu’à la campagne, c’est plus difficile si tu es différents des autres. En effet, la multitude de la ville permet de te fondre plus dans le décor.
Quand je parlais de simplicité, c’était par rapport comme je le dis à la société de consommation, il y a moins de différences au niveau sociale. En tout cas, c’est mon vécu.
Je vois que tu as eu une mauvaise expérience de ce monde là (et du monde salarié?). En fait, que recherches-tu? Un endroit où te poser vraiment?
Par buzz, j’entends l’endroit où ça se passe, où sont les fêtes, où est le shopping, où bouge le monde…etc.
Un peu con comme raisonnement mais c’est Jean Yanne qui disait: « la campagne, on s’y fait chier le jour, on y a peur la nuit! »
Je ne pense pas qu’un campagnard ait moins envie d’un iPad: il n’a peut-être pas d’AppleStore en face de chez lui, mais il a la TV!
Parfois aussi les mentalités sont rustres: je n’en fais pas une généralité, je dis juste que ce n’est pas uniquement une image d’Epinal 😉
Expérience plutôt bonne de ce mode de vie en tant qu’enfant, puis effectivement moins enrichissante ensuite. Quant au salariat, c’est pour moi une prostitution de son temps, libre à chacun de s’y adonner, je ne juge pas (mais ne peut pas cautionner).
Je cherche surtout à me faire plaisir, à découvrir, à m’ouvrir aux autres. Il y a certains endroits quand on les traverse ou qu’on s’y attarde un peu qui nous font dire « c’est là que j’aimerais vivre dans l’idéal ». Contrairement à la meute qui s’extasie 3 semaines par an dans « leur petit coin de paradis », si je caresse cet endroit, j’y reste, point (pas de retour dans une banlieue parisienne pour un job et une vie de merde).
Comme je me lasse et que rien d’idéal n’est éternel, je mets les voiles quand j’estime avoir fait le tour ou quand j’ai le souhait de découvrir autre chose 😉
Me poser vraiment, la question se posera le jour où j’aurai rencontré mon âme soeur, c’est je pense d’ailleurs plus les personnes que les lieux en eux-mêmes qui nous fait apprécier un endroit et nous donne envie d’y vivre, non?
Pour les mentalités, je comprends…
Pour le salariat, c’est une vision plutôt extrême. Même si je suis indépendant, je sais qu’il y a de bonnes choses dans la salariat, le principal étant d’aimer ce qu’on fait!
Bon, si je comprends bien, tu es pas basés en banlieue parisienne:-) Tu es où en ce moment?
Pour ma part, j’ai vu beaucoup de bel endroits, souvent je me suis dis, « tiens voilà un endroit où je me poserais bien un moment! ».
Mais, jamais, je me suis dit « voilà, c’est là que je veux vivre »! Et, je ne suis pas sûr que cela m’arrive un jour, après tout ce temps.
Enfin, on sait jamais:-)
Bonjour,
Tu as eu la chance de grandir dans un chouette endroit! Moi j’ai grandi à Lyon, donc quand je reviens la-bas, je suis contente mais sans plus, ce sont les gens en fait qui me manquent et que je suis contente de retrouver, pas forcément le lieu, une grande ville grises c’est assez bof quand même…
Cela dépend des villes tout de même, Lyon, ca va:-)
De toute manière, ce qui fait en grande partie l’attachement à un lieu, ce sont les gens non?
J’ai bossé avec une ardéchoise y’a quelques années (d’Annonay elle aussi), et tout comme toi elle portait sa région dans son coeur !
Perso, je viens de Cherbourg, au fin fond de la Normandie, dans la presqu’île du Cotentin. Je me reconnais bien dans ton article, avec les paysages de toute beauté autour d’une petite ville paisible. C’est une ville que j’aime et que je déteste, mais j’y reviens toujours car c’est la mienne. J’en connais chaque coin de rue, j’y ai des souvenirs tous les 15 mètres, et quand j’en suis loin, elle me manque. J’y suis né, et bizarrement, je sais que c’est là que je veux finir mes jours. Mais entre temps, j’ai décidé de parcours le monde 🙂
Bel article, sincère et touchant. Keep going !
Je connais aussi beaucoup d’Ardéchoises comme elle aiment leur région:-)
Cotentin, cela sonne très bucolique:-) Tu dis que tu aimes, mais que tu détestes ta ville? Pour quelles raisons?
Bonjour Fabrice,
Merci de partager ces souvenirs personnels avec nous.
Comme tu le dis, tu as eu une enfance heureuse et j’ai tendance à penser que tu es aussi doué pour le bonheur.
Pour ma part, j’ai vécu dans une minuscule banlieue de Montréal (qui a beaucoup grandi depuis). Les commères sur leur balcon étaient odieuses, leurs ragots corrosifs. Elles surveillaient les allées et venues des voisins derrière leurs rideaux. Personne n’échappait à leur regard inquisiteur.
À l’âge de 5 ans je savais déjà que, quand je serais « grande », je m’en irais loin-loin. J’ai commencé a enseigné très jeune et je suis tout de suite partie en appartement puis, loin de Montréal.
Peu importe la région ou le pays où je vis, j’adore l’anonymat de la vie en appartement car je déteste qu’on surveille et commente mes allées et venues. Ce qui ne m’empêche pas de rendre service à des voisins quand ils ont des problèmes.
Oui, devant ta description du climat dans lequel tu as grandi (et en lisant les autres commentaires) on prend conscience que l’environnement où on a passé notre enfance peut colorer notre vie future de bien des manières.
J’ai bien aimé le passage sur les mémés commères aux balcons:-)
Il y a beaucoup de choses qui se mettent en place enfant en effet. D’ailleurs, on ne dit pas que l’on garde avec soit ses rêves d’enfants?
Quels étaient les tiens Marie?
Salut Fabrice!
Je suis tout à fait d’accord avec toi, il y a une différence entre »avoir des racines » et »prendre racine ».
Pour moi, j’ai pris racine à Montréal, où je vis depuis toujours, mais je vis avec des racines un peu partout à traver le monde, ces racines représentent des souvenirs et des influences. Un arbre en santé a plusieurs racines 😉
Fabrice, tu nous ouvre ton coeur, là! ;D
Beaucoup de similarités (mais aussi de différences) entre ton histoire l mienne. Comme toi, j’ai grandi « à la campagne » (un gros village). Pas plus tard qu’hier, avec mon frère, qui n’a jamais quitté la région, et un ami d’enfance qui habite aussi à Bruxelles, on a pas pu s’empĉher d’évoquer avec nostalgie notre vie de gosses, passée à l’école du village ou à jouer dans la rue ou dans les champs. Pourtant, j’ai toujours su que je n’étais pas « vraiment là ». Mes parents sont enfants d »immigrés. J’ai de la famille en Italie, en France, en Allemagne…Impossible d’ignorer mon nom de famille, différent de la plupart de mes camarades de classe. J’étais d’ici, mais aussi d’ailleurs en je me suis longtemps sentie le cul entre deux chaises. Je pense que c’est pour çà que j’ai toujours envie d’aller voir ailleurs. Finalement, après être restée très longtemps hots de Belgique, moi qui me sentait « ni-ni », je suis devenue « delà, mais aussi d’ici ». Et j’attribue aussi cet état d’esprit au fait que je m’adapte très facilement! Quand je parle d’une ville ou d’un pays dans lequel j’ai vécu assez longtemps, je me surprends à dire « nous », très vite. Je serai donc un drôle d’arbre avec des racines, plus ou moins longues qui s’enfoncent dans différents terreaux, pour mon plus grand bien.
Fabrice, cet article m’a énormément plu. Vraiment authentique et personnel. En plus je me retrouve complètement dans ton témoignage.
Je n’ai pas grandi à la campagne comme toi, mais dans une ville de taille moyenne. C’était à Vannes, en Bretagne, juste à côté du Golfe du Morbihan. C’est un coin fantastique : la mer à 2min, Belle Île, Houat, la culture…
Mes racines sont bretonnes (on les retrouve jusque dans mon nom de famille), 100 % pur beurre salé, j’ai mon port d’attache à Vannes. Et tout ça me rassure énormément. Je n’y habite plus depuis plusieurs années. Je peux partir n’importe où dans le monde, ne pas donner de news pendant des mois à mes amis, et je sais qu’en y retournant, je retrouverai mon chez moi.
Je trouve que c’est une chance incroyable d’avoir des racines fortes quelque part.
En effet, chouette région que la tienne Alexis:-)
Je connais un peu pour y avoir fait une colonie dans les environs il y a longtemps.
La distance et le fait que tu n’habites plus là n’a pas crée une distance avec tes amis d’enfance?
Je trouve aussi que c’est plutôt une chance d’avoir des racines quelque part, tant que cela ne te bride pas pour voir le monde:-)
L’idéal en somme pour moi: avoir la chance de voir le monde et d’avoir des racines, je trouve que c’est un bon équilibre!
Pas de distance avec mes amis d’enfance ! C’est une chance !! On se connait depuis l’âge de 4 ans et on approche des 28. Certes on se voit moins qu’avant et nos vies ont pris des chemins parfois différents mais l’amitié est toujours là et forte. Et on est beaucoup à avoir beaucoup voyager !
Ah cela doit aider que tes amis aient beaucoup voyager! Ce n’est pas le cas des miens..
Ces Bretons, ils voyagent:-)
Bonjour,
Merci pour l’article.
C’est très intéressant.
Moi aussi, j’ai un souvenir similaire concernant les montgolfières !!
C’est sympathique !
Bonjour Fabrice,
cela fait bien 30 ans que je voyage seul et sans cesse. Mes racines françaises ne sont plus guère que ma langue et un certain art de vivre. Auxquels s’ajoutent des éléments persans, chiliens, russes etc… glanés sur le chemin. Je ne reste jamais nulle part plus d’un an et souvent à peine 6 mois, selon l’humeur. Je n’ai aucun sorte de mal du pays ni aucun mal-être lié à mon nomadisme, je suis à l’aise partout et c’est finalement à Moscou que je me sens le plus (un peu) « chez moi ». Je compte bien mourir sur le chemin, à poil et libre, chargé de racines, de branches et de feuilles.
En tout cas, bravo pour ce blog qui recoupe beaucoup de mes réflexions sur le voyage.
Bonjour Serendir,
Et bien quel parcoure! Tu n’as donc jamais ressenti le besoin de te poser?
Au niveau financier, tu travailles ici et là?
J’ai un moment rêvé de faire des enfants mais ça exigeait un minimum de sédentarité dont je suis incapable. Difficile aussi de trouver LA femme qui accepterait de voyager comme moi sur le long terme.
J’ai bossé un peu partout, Liban, Russie, Japon, Equateur, Uzbekistan, Namibie… en faisant un peu tout (boulanger par ex) journaliste aussi et depuis quelques années, c’est le boulot de prof qui me nourrit le mieux.
Là je viens de parcourir l’Amérique du nord ces 9 derniers mois et je suis actuellement au Guatemala. En route pour Atitlan théoriquement mais un job possible dans le Hunan (Chine) ou au Kurdistan irakien et je vais peut-être devoir prendre le prochain avion.
C’est cool, non, de ne jamais savoir ce qu’on va faire demain ?
Ce qu’on va faire et où l’on va être. Si, je suis d’accord!
Pour les enfants, c’est une question que je me pose, même si je bouge moins que toi…
Mais, comme tu dis, trouver la femme qui te suit, c’est cela le plus gros challenge….Cela existe, mais c’est rare!
Le titre est vraiment très accrocheur ! C’est un paradoxe que j’ai rencontré chez beaucoup de voyageur ! Peut être est ce un paradoxe entre rêve et réalité ?! 😉
Chez moi il y a un poète qui a dit:
« Quand on est là, ce n’est rien qu’un habitat. Mais quand on voyage, il devient une part de notre âme pour nous accompagner. » (désolé de mauvaise traduction)
Pour moi, la vie actuelle doit avoir une relation avec celle dans le passé, et dans la plupart de cas c’est à travers le pays natal. C’est l’endroit où l’on habite assez longtemps (et depuis l’enfance) pour trouver la sécurité (oui chez nous on préfère « vivre en paix »). Même pour les touristes, ils se profitent bien de leurs voyages, c’est partiellement parce que, je pense, ils savent bien qu’ils ont un lieu à retourner dans ce monde tellement immense.
Très intéressant votre partage.
Bonne journée.