Étudier à l’étranger : chronique d’un étudiant français parti au Danemark
0On entend beaucoup parler, ces derniers temps, du Danemark. Il y a pas si longtemps, au Journal de 20 heures, France 2 a consacré un dossier de 6 minutes intitulé « Danemark : Le Royaume de la Confiance ».
Les Danois sont très souvent pris comme exemple, pour leur manière de vivre, de s’éduquer, de sociabiliser, ainsi qu’en matière d’environnement.
Moi, Paul Vignes, 20 ans, qui ai vécu toute ma vie à Paris, j’ai décidé de quitter le cocon familial et de voler de mes propres ailes en partant vivre et étudier à l’étranger – en allant, vous l’avez compris, au Danemark. Dans cet article j’évoquerai les différences des deux systèmes d’éducation et les différences culturelles en me basant sur ma propre expérience et sur les témoignages de quelques unes des personnes que j’ai pu rencontrer durant ces quatre derniers mois.
Après un BTS Commerce international, j’ai postulé pour un Bachelor (équivalent de la licence française) International Sales and Marketing Management et j’ai eu l’agréable surprise d’être accepté. L’école s’appelle VIA University College et se trouve à Horsens, à une cinquantaine de kilomètres d’Aarhus, deuxième plus grande ville du Danemark, où je réside à présent.
Ma formation danoise
Pour le moment, tout se passe NI-CKEL. Je suis très satisfait de la qualité de l’enseignement et de l’implication des professeurs. En parlant des enseignants, tous ont au moins quinze à vingt ans d’expérience dans la matière qu’ils enseignent. La théorie, ça va cinq minutes. La pratique, la vie réelle, c’est ce que nous, étudiants en commerce et marketing, demandons. Tous les cours sont, bien évidemment, en anglais. Ma classe est composée d’environ 25 étudiants représentant différent pays : Inde, Chine, Espagne, Allemagne, Slovaquie, Roumanie, sans oublier le Danemark !
Dans cet enseignement, j’étudie cinq matières, toutes plus ou moins reliées les unes aux autres. L’avantage de cette formation, c’est qu’elle dure un an et demi et qu’au terme d’une année de cours, je vais devoir réaliser un stage de six mois dans le pays de mon choix, me permettant d’acquérir de l’expérience professionnelle et de plonger directement dans le grand bassin. Après ce Bachelor, je pourrai continuer vers un Master, j’ai encore du temps pour y réfléchir à la spécialité. Le côté positif, c’est que je n’aurai quasiment pas de contrainte géographique si je désire travailler dans un autre pays.
Ah oui, j’allais oublier un détail : ma formation est gratuite. Je n’ai absolument rien payé, pas de frais d’inscription ou quoique ce soit ! Ça change des 8 000€ par an qu’exigent les écoles de commerce françaises.
Vous rêvez de pouvoir terminer les cours à 14 h, avoir du temps chez vous pour vous relaxer, pouvoir pratiquer un loisir à côté des cours sans avoir à compter les minutes ? Croyez-moi, ce rêve est en fait une réalité, ici, au Danemark.
Qui dit temps hors des cours, dit aussi possibilité de travailler pour gagner un peu d’argent…
Travailler à l’étranger en tant qu’étudiant, mission impossible ?!
Travailler en étudiant au Danemark est effectivement possible. Et c’est mon cas. J’ai eu la chance de trouver un poste dans une entreprise d’e-commerce nommée Trendhim, en tant que Country Marketing Manager et je m’occupe de tout le pôle marketing France. Je n’avais auparavant aucune expérience professionnelle, mais cette entreprise m’a fait confiance et m’a laissé l’opportunité d’y travailler. Cela m’a permis d’acquérir de nombreuses connaissances et d’élargir mes compétences.
Parlons peu, parlons argent. Faire des études dans un autre pays ne signifie pas obligatoirement grosses dépenses. Au Danemark, l’État offre une bourse à tout étudiant travaillant entre 10 et 12 heures par semaine, en gros 43 – 44 heures par mois. Pour que vous ayez une petite idée des salaires, une heure de travail est généralement rémunérée entre 100 et 130 couronnes, donc entre 13€ et 17€. La valeur de la bourse offerte par l’État, aussi appelée « SU », tourne autour de 5500 couronnes, l’équivalent de 740€ après taxe. En parlant de taxe, l‘impôt sur le revenu au Danemark est très élevé, probablement le plus élevé du monde.
Pour ma part, je suis imposé à 45% sur mon salaire. Ce taux peut grimper jusqu’à 55% pour les plus hauts salaires. Ici, contrairement en France, les gens sont contents de payer des impôts, bien que très élevés. Pourquoi ? Ils savent exactement où leur argent va et à quoi il sert. Ce haut taux permet la gratuité de l’enseignement, des soins médicaux et permet aux étudiants de pouvoir vivre indépendamment financièrement vis-à-vis de leurs parents.
Vous l’aurez compris, être étudiant tout en travaillant au Danemark est tout à fait possible et permet de vivre assez confortablement. Bien entendu, il faudra se contenter d’un appartement relativement petit ou d’une colocation.
Et le logement dans tout ça ?
Déménager pour étudier à l’étranger implique forcément de trouver un logement. En ce qui me concerne, où je vis, à Aarhus, les prix des loyers sont globalement élevés. Bien sûr, les prix sont loin de ceux de Paris, mais ils restent élevés pour des étudiants. Comptez entre 500 et 600€ pour une chambre en collocation et 850€/900€ pour un appartement de 40/45 m2 en centre-ville. Vous avez, ceci dit, la possibilité de vous excentrer en proche banlieue, très bien desservie par les transports en commun et où les loyers sont plus raisonnables.
Quelques points noirs au tableau
Après tous ces jolis mots sur le système danois, il est temps de nuancer un peu mes propos.
Moi qui adore sociabiliser, rencontrer de nouvelles personnes, discuter avec des inconnus, je suis mal tombé. En effet, les Danois ne sont pas connus pour être très extravertis, bien au contraire. L’espace personnel des Danois est très important.
Je m’explique : imaginez une bulle invisible entourant chaque Danois. Bien qu’invisible, elle se fait bien ressentir, si vous désirez entrer en communication avec eux. Ils sont très discrets et très privés. En tant qu’étranger, se faire des amis proches reste très compliqué. Cela demande beaucoup de temps et d’efforts. Je ne suis pas le seul à le ressentir : de nombreux étudiants étrangers de ma classe l’ont aussi remarqué. Une autre preuve est que les étudiants danois de ma classe restent uniquement entre eux et parlent donc danois. Cette barrière est donc bien réelle mais ne s’applique heureusement pas à tous les Danois que j’ai rencontrés !
Une autre chose, beaucoup plus subjective cette fois, est la manière dont les Danois s’habillent. J’ai vraiment pu remarquer ce « problème » lors du Black Friday : 80% (si ce n’est pas plus) s’habillent en noir et énormément de personnes portent les mêmes vêtements. Jeans noirs, t-shirts/pulls noirs, manteaux noirs, chaussures noires. C’est vrai que le noir est une couleur neutre et sobre. Mais à ce niveau, je trouve ça assez triste, c’est la raison pour laquelle, personnellement, j’essaye de m’habiller le plus en couleurs possibles !
Enfin, il y a la météo. Je sais, on ne peut rien y faire, mais le temps au Danemark, c’est pas la folie. Mais, après tout, je le savais avant de partir que l’hiver serait très froid, qu’il pleuvrait assez souvent et que le soleil se coucherait très tôt en cette fin d’année.
Je pense avoir fait le tour des aspects négatifs, passons à quelque chose de plus… joyeux.
Le bonheur à la danoise
Le saviez-vous ? Le Danemark est le pays le plus heureux du monde, oui, du monde, ! Et cela depuis plusieurs années ! Au classement du BNB (« bonheur national brut »), la France se trouve loin derrière, à la 25ème place.
Un autre trait qui caractérise le pays c’est aussi le niveau de confiance que les Danois portent à chacun. Voir des poussettes (avec des bébés endormis) en dehors des cafés ou des restaurants est chose très courante. Laisser ses affaires au vestiaire non surveillées lors de la visite d’un musée ou à l’opéra (comme le montre le dossier de France 2 dont je vous parlais plus haut) prouve le niveau de confiance du pays.
En France, pensez-vous vraiment cela possible ? Seriez-vous prêt à laisser votre veste et vos affaires personnelles à l’entrée d’un musée dans un vestiaire ouvert à tous, sans surveillance ? Personnellement, je ne pourrais pas, et j’ai encore un peu de mal à franchir le pas au Danemark.
Bref, vous l’aurez compris, le Danemark est un pays heureux où il fait très bon vivre. Et les quelques points négatifs que j’ai relevés pèsent, somme toute, assez peu, comparés à tous les aspects positifs du pays. Comme tout pays, le Danemark a ses (très) bons côtés et des moins bons.
J’ai franchi le pas de partir étudier à l’étranger au Danemark, et je ne regrette absolument pas le moins du monde. Et vous, ça vous tente ?