Faire de l’éco-volontariat pendant son tour du monde: l’interview d’Audrey!
14Audrey fait un tour du monde en multipliant les expériences d’éco volontaire. Si vous avez toujours voulu faire cela, vous êtes au bon endroit ! Vous allez apprendre beaucoup de choses sur cette façon de voyager utile. Audrey nous parle aussi de la réalité des zoos et de la condition animale.
J’ai rencontré Audrey en Equateur en novembre dernier. Comme nous nous suivions sur Facebook, nous nous sommes donnez rendez-vous dans le même hôtel qu’une petite ville. Chouette rencontre. Passionnée par son sujet, une interview sur ce thème était une évidence!
Bonjour, pourrais-tu te présenter ?
Audrey, 25 ans, originaire de Limoges mais vivant depuis quelques années à Bordeaux. Je parcours le monde pendant un an à la rencontre d’associations qui oeuvrent sur le terrain en faveur de la protection animale. Ce sont essentiellement des centres de soin qui ouvrent leurs portes à des éco-volontaires comme moi. J’ai décidé de partager mon voyage à travers le site internet « My Bubbles World » afin d’aider ceux qui le souhaitent à devenir éco-volontaires à leur tour.
Où es-tu en ce moment ?
Je suis en Indonésie, mais je pars dans quelques jours pour la Thaïlande !
Pourquoi ce projet de tour du monde sur le thème de l’éco-volontariat?
La protection animale est une cause qui me tient à coeur depuis toute petite. J’ai consacré mes études de manière plus généraliste à la protection de l’environnement, mais je souhaitais affiner mes connaissances dans des centres de soin afin de travailler auprès de vétérinaires.
Quoi qu’il en soit, la défense des animaux est un thème sensible, empli de souffrance et je crois qu’il est urgent de s’impliquer.
Qu’est ce que l’éco-volontariat exactement et en quoi consiste-t-il ? Quelles différences avec l’éco-tourisme ?
L’éco-volontariat correspond à du bénévolat dans le domaine de l’écologie, mais pour une période continue d’une semaine à plusieurs mois où la personne peut être logée et nourrie (au cas par cas selon les structures). Cela correspond à un travail parfois physique, difficile et salissant, car les volontaires sont la plupart du temps sur le terrain.
L’éco-tourisme correspond à une ou deux journées au sein d’un organisme (village écologique, centre de conservation animale …) où la personne vient vivre une expérience mais n’a pas le temps d’être productive. Le prix est souvent élevé car la personne est sans cesse encadrée, et chaque tache est organisée. Ce tourisme écologique a le vent en poupe et est souvent confondu avec de l’éco-volontariat.
Quelques détails supplémentaires ici : http://my-bubbles-world.fr/devenir-eco-volontaire/
Comment faire de l’éco-volontariat. Est-ce gratuit ? Je crois savoir que l’on trouve un peu de tout….
Effectivement, c’est la jungle. Pour organiser ma dizaine de missions, j’ai effectué des recherches pendant des semaines, si ce n’est des mois !
L’éco-volontariat gratuit existe, mais si l’on vous offre le gîte et le couvert, on vous demandera certainement une somme afin de couvrir les frais. Les petits centres sont ravis d’accueillir les volontaires mais ne peuvent pas toujours assumer ce genre de charges.
Cela dépend aussi du niveau de vie des pays dans lesquels vous vous rendez.
Le tri est long et fastidieux, et il est aussi important de contacter les anciens volontaires et la structure afin de savoir où l’on va mettre les pieds. Il faut attendre les réponses, et affiner son choix en fonction de ses propres critères …
Au passage, quelle est ta position sur ces « ONG » ou structures qui offrent de partir à l’autre bout du monde faire de l’éco-volontariat moyennant parfois de grosses sommes (2000 euros la semaine par exemple) ?
Pour ma part, je refuse de payer une somme disproportionnée pour un éco-volontariat. Je viens pour aider, je peux offrir mes bras et mes jambes, mais mon porte-monnaie est limité ! Plus les espèces animales sont populaires (lions, ours, éléphants …), plus le business est grand.
Ma tactique a été de refuser de passer par des organismes « clé en main » qui propose des éco-volontariat en ligne partout dans le monde. Leurs prix sont exorbitants (autant faire directement un don depuis chez soi à ce moment-là !). Ils sont rassurants car ils organisent vraiment tout, mais au final, vous déboursez une somme énorme pour des services dont vous n’avez pas besoin. Rien n’est compliqué, même à l’autre bout du monde. En plus, vous prenez le risque de vous retrouver dans un centre où le besoin de volontaires n’est pas réel, avec une ambiance colonie de vacances.
Trouvez directement les adresses des centres de soins, contactez-les si possible par mail, vous réduirez les coûts et l’expérience a de grandes chances d’être plus authentique.
Deux semaines, n’est-ce pas trop court ?
Si, c’est vraiment court ! C’est le minimum recommandé, mais c’est toujours mieux que rien. Pour une personne qui s’adapte vite et qui a l’habitude, il est possible d’être efficace en quelques jours.
Quelles furent tes plus belles expériences ?
Je viens de vivre une superbe expérience à Bali, dans un centre qui s’occupe des chiens et des chats victimes d’accident de la route, d’abandons, de maladies … Toutes mes autres expériences concernent des animaux issus de la faune sauvage, et il est difficile de les comparer : elles sont toutes uniques !
Un mauvais souvenir ?
Un centre de soin en Equateur qui néglige ses pensionnaires, compte sur les dons des visites quotidiennes et pour cela, ne relâche plus les animaux. Sans parler du manque de connaissances et de la mauvaise foi des gérants … J’ai discuté avec eux mais ils n’ont pas voulu reconnaître leurs torts, c’est bien dommage.
Que t’a apporté ce voyage pour l’heure ?
Très bonne question à laquelle j’ai encore du mal à répondre. Je pense que j’en saurais davantage après mon retour.
Pour le moment, je dirais que ce voyage n’a fait que confirmer ce que je savais déjà de moi, mes qualités et mes défauts, ce dont je suis capable ou pas. Je n’écoute que moi et je suis mon instinct quoi qu’il en soit.
Grâce à ce voyage, je parle enfin anglais (pas encore bilingue mais je baragouine pas trop mal !) et je me fais comprendre en espagnol 🙂
J’ai adoré les découvertes culinaires, musicales et bien entendu les paysages incroyables.
En revanche, je reste frustrée par mon impuissance envers toute la souffrance animale que j’ai rencontré sur mon chemin. Je voudrais toujours faire plus, mais comment ? C’est la grande question qui s’imposera à mon retour en France …
Quelqu’un te dit « je veux faire un éco-volontariat », quels conseils lui donnes-tu ? Comment bien choisir son projet ?
En rejoignant ce que je disais plus haut, je lui dirai également de venir lire mon blog où je donne tous les conseils pratiques aux personnes cherchant des missions éco-volontaires : comment choisir, conseils pratiques, logistiques …
Que penses-tu des zoos d’une manière générale ?
Question vaste sur laquelle je pourrais m’attarder des heures. Pour faire bref, je suis contre les zoos, quels que soient les arguments avancés. Je suis contre tout business fait à partir d’un être vivant, contre toute exploitation animale quelle qu’en soit la nature.
Les zoos ne servent ni à la conservation des espèces en danger (argument marketing créé pour endormir et déculpabiliser le public) ni à l’éducation de nos enfants. On n’éduque pas les enfants à la nature en les emmenant voir des animaux derrière des cages ou du plexiglas. La nature se mérite, et il est tellement plus valorisant de marcher des heures pour enfin avoir la chance d’apercevoir l’animal dans son vrai cadre de vie.
Quant aux animaux exotiques, je pense que l’on peut se passer de les voir en vrai : est-ce vraiment nécessaire de les extraire de leur milieu naturel pour les montrer aux badauds occidentaux ? Si vous avez la chance de partir les observer à l’étranger, il est très important d’avoir le moins d’impact possible et de ne pas les déranger.
Lors de certains volontariats, j’ai rencontré des ex-soigneurs de zoos français pourtant réputés : les coulisses sont déplorables, les animaux détenus en captivités sont victimes de troubles du comportement, et dans certains delphinariums, les dauphins se laissent même mourir.
Extrait du site de l’organisation ONE VOICE qui connaît bien le sujet
« Intérêt commercial
Pour rentabiliser leur activité, les zoos pratiquent également des échanges. Déjà traumatisés par la captivité, ces animaux sont à nouveau séparés du groupe dans lequel ils tentaient de se reconstruire. Les animaux nés en captivité n’échappent pas non plus à ces transferts qui bien souvent permettent de répondre aux besoins de reproduction. Une activité qui participe aussi de l’intérêt commercial des zoos.
Rôles controversés
La mission d’éducation et de conservation que s’arrogent les zoos, pour justifier la détention en captivité, est très controversée. Dans une étude publiée par la World Society for the Protection of Animals et la Born Free Fondation, THE ZOO INQUIRY, il ressort que « l’élevage d’animaux sauvages en captivité dans le cadre de la conservation d’espèces ne joue, au mieux, qu’un rôle marginal. Et que la plupart des zoos ont une contribution insignifiante dans l’éducation du public à l’enjeu de la conservation des espèces. » En effet, nombre de zoos préfèrent investir dans les activités annexes –restaurants, boutiques, animations, etc.- plutôt que dans l’information. Par ailleurs, l’élevage en captivité entraine des modifications, parfois irréversibles, chez certaines espèces qui finissent par s’habituer au contact humain, perdent une partie de leurs instincts, de peur ou de survie, les rendant à terme vulnérables dans un milieu sauvage. »
En savoir plus http://www.one-voice.fr/loisirs-et-compagnie-sans-violence/animaux-sauvages-et-captivite/
Quelle différence le zoo fait-il avec une prison si ce n’est que les captifs n’ont commis aucun crime ?
Je suis d’accord avec toi. Avec une réserve au sujet de la conservation des espèces. N’y a t-il pas eu des cas où cela a vraiment permis de sauver une espèce ? Tu vas me dire, la meilleure solution, c’est de la protéger sur place…
Si les gens ont en tête que le zoo a une utilité dans la conservation animale, sans savoir quelle espèce, combien et comment, c’est que le message marketing a fait son effet.
L’homme détruit, mais prétend également conserver, comme si nous pouvions gérer notre impact sur la nature. En effet, la collection de quelques individus d’une espèce, distillés dans quelques zoos, ne peut pas suffire à la protéger. Un milieu aussi artificiel qu’un zoo, où l’animal est coupé de son écosystème, n’amène que de rares reproductions, et dont les petits sont trop imprégnés de l’homme pour être réintroduits.
Au mieux, ils sont revendus à d’autres zoos, et au pire, à des cirques.
Je ne parle même pas des dérives génétiques, des troubles du comportement et de la séparation rapide entre mère et petits.
Quelques chiffres:
Selon le International Zoo Year Book, on trouve dans les zoos seulement 120 espèces sur les 5926 espèces inscrites sur la liste des espèces en liste rouge, soit environ 2% des espèces menacées ! Parmi ces 120 espèces, seules 16 ont été remises en liberté (avec plus ou moins de succès). Ce qui représente donc 0,27% des espèces inscrites en liste rouge par l’IUCN !
En revanche, de véritables centres de soin et de conservation, loin des yeux du grand public, participent à des programmes de réintroduction. Ce travail très délicat est géré par des scientifiques avec un protocole qui minimise tout contact avec l’homme. Quoi qu’il en soit, le taux de mortalité reste élevé chez bon nombre d’espèces réintroduites. Il arrive que les zoos s’associent à ces programmes et se vantent d’agir pour la conservation. On voudrait croire en leur bon cœur, même s’il est évident que c’est une manière hypocrite de travailler son image.
Deux choses à ne pas oublier:
– Les zoos, comme les cirques (ainsi que les Marineland), ont très largement contribué à la chasse et à l’éradication d’animaux de par le monde.
– Les zoos sont des établissements qui enferment des animaux à des fins mercantiles et de divertissement, qui utilisent l’animal, qui n’est dès lors plus qu’un objet de distraction. Ce n’est pas l’animal qui tire profit du zoo, mais le zoo qui tire profit de l’animal.
– Les captures d’animaux sont toujours d’actualité
– 2007 : Capture d’une centaine de dauphins…
– 1998 : Captures de 30 éléphanteaux au Botswana pour les zoos européens.
– 1996 : captures de 38 orangs-outangs sauvages.
– Entre 1984 et 1991 : 32 rhinocéros de Sumatra ont été capturés pour les USA (9 sont morts après capture)
En visitant un zoo, en allant au cirque, vous cautionnez ces pratiques et encouragez le trafic et la souffrance animale. Les animaux ne souffrent pas seulement à cause de ceux qui les maltraitent, mais aussi à cause de ceux qui ferment les yeux …
En savoir plus:
http://www.code-animal.com/zoo/role/role.htm
Quels sont tes projets au retour ?
Beaucoup de projets différents, il faudra faire un choix, mais je ne m’inquiète pas. Les deux premiers mois seront consacrés à mon fiancé, mes amis, la famille, la réflexion.
D’autres voyages, des idées d’éco-volontariat, et quelques secrets …
Un dernier mot ?
Merci à tous ceux qui me soutiennent, j’ai presque quotidiennement des petits mots et ça fait plaisir 😉 !!
Merci à Audrey qui a pris de sont temps en voyage pour répondre à ces questions. Pour l’avoir rencontré, je peux vous qu’on sent vraiment sa passion et son engagement (vocation ?) pour la cause animale. C’est chouette de rencontrer des personnes comme cela.
J’avoue qu’elle m’a fait évolué sur ma visions des zoos, pas vous?
Très belle interview de Audrey et merci de nous révéler l’envers du décor des zoos même si je pense que chacun d’entre eux a des pratiques et un respect vis-à-vis des animaux bien différent…
Il y a des différences, c’est certain. Mais Audrey parlait aussi de l’intérêt de ce genre d’institution.
Très chouette interview sur un segment méconnu du voyage! On sent qu’Audrey est passionnée et qu’elle connait bien son sujet. Et je comprend son sentiment d’impuissance face au mal que les hommes peuvent faire à d’autres êtres vivants. Si je devais faire de l’éco-volontoriat, ce serait surement aussi avec les animaux
En tout cas, c’est vraiment une expérience que j’aimerais faire. Diantre, toutes ces expériences et le temps qui court:-)
Allier voyage et convictions!!!!Felicitations
Je trouve que ton interview est vraiment bien et je te félicite pour toutes les choses que tu as entrepris lors de ton voyage ça tout le monde ne pourrait pas le faire et tu as du voir des choses magnifiques rien qu’a voir tes photos.
Merci beaucoup pour vos petits mots 😉
Afin d’éviter de payer les frais d’organisation de certaines agence d’éco-volontariat, je vous conseille d’aller faire un tour sur les sites Workaway et Helpx. Ce sont des plateformes qui mettent en relation les voyageurs et les associations. Il faut s’inscrire pour une vingtaine d’euros et ensuite, on a accès aux coordonénes des responsables. Ensuite, il faut les contacter, définir les modalités, les dates, les missions… En effet, il y a toujours quelques coûts correspondant aux frais d’hébergemetn et de nourriture, mais en général, c’est dérisoire (j’avais payé 100$ pour un mois passé dans la famille du Directeur de Lynsi Love, orphelinat de la banlieue de Nairobi).
En effet, ces sites sont une mine d’or:-) Merci de le rappeler Kalagan!
Une très belle initiative et des conseils très précieux. Un grand merci pour cette interview ! En espérant que l’humanité saura réagir avant qu’il ne soit trop tard. Heureusement que des passionnés comme Audrey ne lâche pas l’affaire !
Et toi, que fais-tu? Et nous que faisons-nous?
Superbe interview !
J’aimerais aussi un jour participer à des missions éco-volontaires, en particulier des projets autour de la protection animale.
Je suis en train de parcourir son blog, on y trouve vraiment de précieux conseils.
Félicitations !
Une interview très intéressante !
Superbe article ! Perso, je suis à la recherche de mission d’éco volontariat pour la vie sous-marine… On en trouve à la pelle mais seulement à des prix exorbitants à la semaine. Si jamais l’un d’entre vous à de bonnes adresses, je suis preneuse ! Merci à bientôt