Le voyage est accessible à tout le monde, la preuve avec Audrey qui voyage en fauteuil roulant autour du monde ! Une interview rafraîchissante qui donne la pêche ! Après cela, vous n’aurez plus d’excuses pour ne pas franchir le pas !
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A propos de cet épisode :
J’ai découvert le blog de voyage d’Audrey il y a peu de temps. Il m’a tout de suite interpellé.
Audrey y parle de ses voyages en fauteuil roulant. Elle montre qu’il est possible de concilier voyage et handicap. Et en plus, elle voyage seule la plupart du temps !
Comment fait-elle pour voyager au quotidien ? Comment vit-elle le voyage ? Elle nous raconte tout.
Interview avec une voyageuse qui a la pêche et qui montre bien que tout est histoire de motivation !
Mots clefs du podcast:
Réflexions sur le voyage – Voyager en fauteuil roulant – Voyager avec un handicap
Ce que vous allez découvrir dans cet épisode
– Comment Audrey fait pour prendre l’avion.
– Pourquoi voyager avec le fauteuil roulant d’Audrey pose tant de problèmes.
– Et les bagages ? Comment fait-elle ?
– Les difficultés réelles qu’Audrey rencontre en voyage
– Comment Audrey prépare ses voyages
– Les destinations handi friendly dans le monde
– Pourquoi Audrey n’est pas une grande fan de Paris
– Les villes handi friendly en France
– Son prochain voyage : l’Asie du Sud-Est en solo !
– Les conseils d’Audrey pour préparer son premier voyage en fauteuil roulant.
– La passion d’Audrey pour la voile ! Et elle pratique oui !
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Liens et ressources mentionnées dans l’épisode :
– Le blog d’Audrey : Roulettes et sac à dos.
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Transcription :
Fabrice :
Alors Audrey, je suis super content de t’avoir là au micro parce que je trouve que ton histoire est très inspirante et franchement, ça donne la pêche, et je trouve aussi que c’est assez formidable ce que tu fais. Enfin, le fait que tu voyages malgré ton handicap. Alors, justement, est ce que tu pourrais tout d’abord te présenter un petit peu, ton blog, etc.
Audrey :
Bien sûr. Donc, j’ai 25 ans, ça fait maintenant trois ans que je voyage en solo. Et donc, j’écris mon blogue « remets tes sacs à dos pour partager justement mes expériences de handi-voyageuse ». Et donc, j’utilise un fauteuil roulant électrique parce que j’ai la maladie de Charcot-Marie-Tooth. C’est une maladie génétique. Ce qui fait qu’en fait, je marche pour les courtes distances, mais sinon, c’est fauteuil obligatoire.
Fabrice :
D’accord, c’est une maladie qui paralyse les jambes en fait ? Enfin, en gros pour résumer en deux ou trois mots ?
Audrey :
Non, en fait si tu veux, ça atrophie les muscles. Ce qui fait que c’est l’une des raisons pour lesquelles je peux marcher un petit peu mais pas beaucoup. Je n’ai pas beaucoup de forces et je me fatigue assez rapidement.
Fabrice :
Ah d’accord c’est musculaire.
Audrey :
Voilà, c’est ça. Enfin, c’est neurologique pour être exacte.
Fabrice :
D’accord. Donc, tu peux parfois quand même marcher un petit peu sur de petites distances ?
Audrey :
C’est ça. Pour te donner un exemple, chez moi dans mon appart, quand je rentre chez moi, je laisse le fauteuil dans un coin et après je marche parce que c’est plat, parce que je peux m’appuyer, parce que c’est des courtes distances justement. Mais, une fois que je veux aller dehors, je prends le fauteuil.
Fabrice :
D’accord. Et donc, quand est ce que tu as fait ton premier vrai voyage ? On va dire solo plutôt, ton premier voyage solo ?
Audrey :
Du coup, il y a bientôt trois ans, c’était au Royaume-Unis et on va dire, c’était plutôt confortable comme première expérience de voyage en solo parce que je connaissais déjà un petit peu Londres. J’y étais auparavant avec un ami.
Et du coup, je savais que c’était plutôt accessible en fauteuil et que je ne rencontrais pas trop de difficultés. J’avais quelques marques qui sont rassurantes on va dire. Bon, ce qui ne m’a pas empêché d’aller ailleurs et découvrir de nouveaux endroits.
Mais, voilà c’était vraiment une belle expérience. En fait, j’ai adoré ça quoi, de me retrouver là bas, que ce soit des découvertes tout le temps, de super rencontres et j’y ai pris goût. Voilà !
Fabrice :
D’accord, donc, cette première expérience n’était pas trop difficile au niveau du fait de se déplacer, au niveau des aménagements, enfin Londres – je pense de ce côté – c’est assez « handi friendly ».
Audrey :
Oui en fait, les voieries sont bien adaptées, si on veut prendre les bus, ils sont bien adaptés aussi. Le métro, c’est un peu plus compliqué. Mais, non non ! C’est assez simple, j’ai envie de dire que même prendre le train, c’est – parce que du coup, j’y étais jusqu’à Brighton avec ce train-là et c’est vrai que c’était un jeu d’enfant quoi !
Fabrice :
Ah oui ? À ce point là un jeu d’enfant.
Audrey :
En fait, pour donner un petit élément de comparaison, quand tu veux voyager en train quand tu es en France, il y a un service avec SNCF qui s’appelle « Accès Plus » et en fait, tu dois réserver minimum 48h à l’avance le service de l’assistance, en plus, justement d’amener jusqu’au train en fait, il faut une plateforme et les batteries pour que tu puisses accéder aux trains tout ça.
Et donc quand j’étais au Royaume-Unis, voilà, j’étais au guichet quelques jours en avance et j’explique ma demande « Voilà, je veux faire tel trajet tout ça, comment ça se passe au fauteuil, justement est ce qu’il y a des démarches à faire ? ». Et le type, il m’a regardé avec de gros yeux, il me fait : « Et bien non, il faut que vous arriviez 10 minutes à l’avance et puis, on vous accompagnera jusqu’au train.
Fabrice :
Ah oui donc plus efficace.
Audrey :
Alors, là d’une simplicité, tu n’imagines même pas à quel point ça peut être agréable. Et donc, au final, j’étais comme tout le monde, tu vois ? Tu arrives un peu en avance pour prendre ton train et puis on t’aide à monter dedans et puis c’est tout.
Fabrice :
D’accord, donc, c’est une bonne leçon, la SNCF devrait s’inspirer de ce qui se fait en Angleterre alors.
Audrey :
Oui, ça ne serait pas une mauvaise idée.
Fabrice :
Oui, parce qu’en fait – je ne sais pas – il y aura pas grand-chose à faire. Il faudra juste qu’il y ait des agents plus disponibles à la SNCF.
Audrey :
Oui si tu veux, ce n’est pas que ça parce que…. Je pense par exemple les TGV, tu as un seul emplacement pour fauteuil roulant à chaque fois dans chaque trame. Ce qui est très compliqué, tu te dis, il suffit que quelqu’un ait déjà pris le bus en voyage pour que tu doives tout décaler parce que tu ne peux pas prendre le train que tu veux prendre. Donc, il y a aussi l’histoire d’emplacement quoi ! Maintenant, dans les nouveaux duplex, tu as deux emplacements, et c’est tout quoi !
Fabrice :
Oui en effet, ce n’est pas beaucoup. Alors, justement puisqu’on est dans les transports, là on a parlé train, pour les avions, est ce que c’est plus difficile ?
Audrey :
Niveau avion, ça demande un peu d’organisation aussi puisque pareil, tu dois réserver le service d’assistance minimum 48h à l’avance si tu veux être sûr qu’on t’embarque. Et en fait, moi le problème d’avion, c’est toujours un petit moment de stress non pas parce que j’ai peur de l’avion, ça fait plus rire qu’autre chose, parce que justement c’est connu, il y a régulièrement des soucis de casse de fauteuils roulants dans les soutes.
Et du coup tu as toujours enfin, moi je n’attends qu’une chose c’est qu’une fois que j’arrive c’est d’être sûr que mon fauteuil soit entier et qu’il fonctionne.
Et ça m’est arrivé notamment à Barcelone à l’arrivée mon fauteuil ne fonctionnait plus. Donc, là tu te sens très bête et très seul parce que t’es là tout seul, tu es là pour un long voyage et tu ne connais personne et tu ne parles pas un mot d’espagnol ou de catalan.
Fabrice :
Il ne faut pas compter sur la compagnie aérienne pour t’aider.
Audrey :
C’est compliqué et puis ils ne sont pas spécialistes non plus du matériel médical.
Fabrice :
Alors, comment ça se fait concrètement tu fais ton check-in, tu prends ton billet, et là il y a quelqu’un qui vient vers toi.
Audrey :
Oui, ensuite, il m’accompagne au niveau du passage de sécurité tout ça. Des fois, on laisse le fauteuil en fait à un endroit en soute au niveau des bagages hors format, de là ils vérifient aussi qu’il n y a rien de…
Fabrice :
De suspect quoi !
Audrey :
De suspect sur le fauteuil exactement, ce qui m’a fallu quelques déconvenues aussi pour mon premier vol en avion où en fait on a trouvé des traces d’explosifs sur le fauteuil, donc, là aussi c’était très drôle.
Fabrice :
Donc, dis-moi tu as des activités annexes, un peu spéciales…
Audrey :
Je t’en parlerai en off tout à l’heure(rire). Mais non en fait par trace d’explosifs, mais des traces de détergents. Je roule, je ne sais pas où il y a des produits par terre, tu vois ?
Bon, bref, maintenant j’en rigole sur le moment un petit peu moins parce que j’ai cru louper mon avion. Mais voilà sinon après je laisse le fauteuil en fait dans un endroit où ils vont après le mettre en soute et puis moi on m’amène dans un autre fauteuil manuel de l’aéroport jusqu’à la porte d’embarquement et puis voilà.
Fabrice :
D’accord, mais le fauteuil ils l’empaquettent ou ils le mettent comme ça dans les soutes.
Audrey :
Ça dépend des compagnies.
Fabrice :
C’est là le problème s’il n’est pas empaqueté vraiment, il y a plus de chance qu’il y ait de la casse en sortie.
Audrey :
Moi j’essaie en tous cas à chaque fois j’emballe la manette, le joystick avec du papier bulle et puis aussi je fais des petites pancartes dans le fauteuil dans différentes langues suivant le pays où je vais pour indiquer justement comment pouvoir pousser le fauteuil.
Donc, voilà emballer et mettre une petite notice d’informations pour être sûre de pouvoir éviter les dégâts.
Fabrice :
D’accord, donc globalement prendre l’avion, c’est globalement assez facile, enfin, ce n’est pas la plus grosse difficulté.
Audrey :
Non, après « moi je le vis bien » mais par exemple pour les longs courriers, je sais pour les personnes qui ne peuvent plus du tout marcher, ne serait ce qu’aller aux toilettes c’est compliqué.
Fabrice :
Ah oui, c’est vrai parce que toi tu peux aller aux toilettes dans l’avion.
Audrey :
Moi je marche tu vois ? Donc, ça va je m’occupe toujours de prendre mon siège pas trop loin des toilettes et je me débrouille. C’est vrai qu’après ils ont en général des petits fauteuils de transfert pour pouvoir circuler dans l’allée de l’avion des compagnies. Mais, je ne sais pas si tu te souviens de la taille des toilettes dans un avion, ce n’est pas génial quoi !
Fabrice :
C’est petit oui !
Audrey :
Donc, voilà après je sais que ça peut être plus compliqué pour d’autres personnes quoi.
Fabrice :
Alors toujours dans le domaine des transports, ça t’arrive de louer une voiture si tu as le permis ?
Audrey : Oui, j’ai le permis, alors louer une voiture…
Fabrice :
Alors ça il n y a pas de soucis majeurs j’imagine.
Audrey :
Ah si tu savais.
Fabrice :
Zut ! Je pensais avoir trouvé un truc.
Audrey :
C’est compliqué parce qu’il n’y a pas tant que ça en fait, des voitures de location qui soient adaptées. Et en fait, pour te donner un exemple, tu vois, je voulais louer une voiture pour relier San-Francisco à Los Angeles. Donc, je m’étais calculée 3 ou 4 jours tu vois ? Et donc, oui j’avais trouvé facilement une entreprise qui louait des voitures adaptées par contre, ça me coutait 1000$ pour trois jours.
Fabrice :
Waouh c’est super cher.
Audrey :
C’est super cher ! Donc, au final, j’ai pris le bus et voilà. Donc, non c’est « l’un des autres inconvénients » de voyager en fauteuil roulant c’est qu’en général tout ce qui est accessible que ce soit d’un point de vue hébergement ou transport, je pense en tous cas aux voitures de location, c’est généralement plus cher.
Fabrice :
Et du coup, le bus c’est finalement un moyen de transport assez facile, tu as juste à mettre le fauteuil dans la soute et tu montes non ?
Audrey :
Alors, oui et non ! (rire)
Fabrice :
Je savais que ça serait trop simple, il y avait un truc.
Audrey :
Il y a toujours un truc. C’est variable encore une fois. En général, les bus de ville, il n y a pas de soucis, souvent, il y a une rampe sur le côté, on peut grimper devant, dans les grandes villes en tous cas. Mais, après pour faire des longues distances, oui il faut réserver encore une fois à l’avance, il ne faut pas que le fauteuil pèse beaucoup, enfin qu’il ne soit pas trop lourd, sinon leur élévateur ne le prend pas en charge. Tout est calculé quoi.
Par exemple, pour aller de Londres à Brighton j’y suis allée en bus justement. Et donc ils ont mis le fauteuil dans la soute et le problème c’est qu’à l’arrivée à Brighton, le chauffeur était tout seul pour descendre du fauteuil. Sauf, qu’ils ne se souvenaient plus que le fauteuil pesait 130 kilos et donc, du coup, moi j’étais encore dans le bus, je n’ai pas vu ce qui se passait. Mais le chauffeur a retiré le fauteuil du bus, et il se l’est pris dessus et il est tombé par terre avec le fauteuil sur lui.
Fabrice :
Ah le pauvre.
Audrey :
Donc, non seulement lui il s’est fait mal mais en plus moi je me suis dit bon est ce que le fauteuil encore une fois il est entier ou pas, puisque prendre ce genre de chocs, ils n’aiment pas trop tu vois ? Donc, non ce n’est pas si simple que ça.
Fabrice :
Oui parce que pour les auditeurs qui se posaient la question sur le poids du fauteuil, le poids s’explique par le poids des batteries parce que c’est un fauteuil électrique et c’est pour ça qu’il est quand même assez lourd 130 kilos.
Audrey :
Oui c’est ça.
Fabrice :
Et c’est vrai que c’est une difficulté de plus quand tu te déplaces.
Audrey :
Tu vois après… ne serait ce qu’une marche, ça peut vraiment être un frein quoi parce que passer un fauteuil roulant de 130 kilos par-dessus une marche, ce n’est pas simple. Bon après ça peut se faire tu vois si tu fais de grands sourires et tu choppes deux ou trois grands gars, ils te filent un coup de main tu vois, mais voilà.
Fabrice :
Et justement, là je pensais à quelque chose. Là, on parle du fauteuil et du poids du fauteuil, alors comment tu te débrouilles, comment tu manages au niveau de ton sac. Tu as un sac et une valise. Mais, j’imagine que c’est un petit sac, comment tu t’organises quand tu pars en voyage.
Audrey :
En fait, j’ai mis un peu de temps à trouver justement le bon compromis si je puis dire au niveau des bagages et du coup, j’ai trouvé une valise également avec des anses ce qui fait que je pouvais l’accrocher au dos du fauteuil. Et en fait, pourquoi une valise au lieu de sac à dos, c’est parce que tu vois par exemple pour recharger les batteries en fauteuil, j’ai un chargeur qui est assez grand, ça prend en gros la taille d’une petite boite à chaussures quand même et ce qui fait que ça prend déjà beaucoup de place quoi.
Et puis par exemple, aux Etats Unis, le voltage n’est pas le même, il fallait en plus que je me balade avec un transformateur électrique. Ce qui fait que tu as deux boites à chaussures dans ta valise et qu’au final tu ne pars pas avec beaucoup de fringues. Donc, voilà. La valise en plus elle a des roulettes ce qui fait que c’est plus simple pour moi après une fois que je suis venue dans ma chambre de me débrouiller toute seule au maximum.
Fabrice :
Donc c’est une valise que tu accroches derrière ?
Audrey :
C’est ça.
Fabrice :
Mais oui, en effet, elle doit être assez petite du coup. Tu peux jamais emmener beaucoup de…Remarque c’est bien, au moins tu voyages léger.
Audrey :
Je voyage léger. Elle n’est pas si petite que ça. Elle n’est pas énorme non plus.
Fabrice :
Donc tu mets vraiment le strict nécessaire dans ta valise.
Audrey :
Je te dis, je mets le chargeur du fauteuil, le transformateur, les vêtements, et puis après deux, trois fringues et c’est tout.
Fabrice :
J’imagine qu’à côté, tu as aussi un petit sac dans lequel tu mets ton matos, ton appareil photo.
Audrey :
Oui exactement, j’ai un genre de sac à dos que je pose sur mes genoux et là il y a mon ordi, je sais pas l’appareil photo, la Gopro, un carnet, des trucs facilement accessibles, des trucs de tous les jours quoi.
Fabrice :
Justement, puisqu’on en est à la préparation d’un voyage, qu’est-ce que tu fais d’autre de particulier les quelques jours avant de prendre l’avion et de partir ? Mis à part ta valise ?
Audrey :
Quelques jours avant de partir ? Je ne fais rien de spécial, il me semble. Jusque-là ça m’a pris tellement de temps en fait en amont. Pour te donner un ordre d’idée, mon voyage de trois semaines sur la côte Ouest américaine, j’ai dû le préparer, ça m’a peut être pris pas loin d’un mois. Du coup, tout est bouclé en avance, que ce soit le transport, l’hébergement. Tu vois, je savais à peu près où j’allais.
Fabrice :
Oui, parce que tu as besoin d’un gros temps de préparation, et bon pas forcément que tout soit planifié, mais quand même que ce soit suffisamment planifié pour que tu saches à peu près où tu vas atterrir chaque fois, chaque nuit j’imagine.
Audrey :
Ça dépend encore une fois, ça dépend de la manière de voyager, ce qu’on veut et ce qu’on attend et tout ça. Mais si tu veux, là en tous cas, pour l’exemple des États-Unis, je voulais le vivre vraiment ce voyage, et je savais que les États Unis c’était bien adapté mais que ce ne serait pas parfait non plus. C’est compliqué. Par exemple d’arriver dans une ville et d’aller sonner à toutes les auberges de jeunesse et demander « hey, est-ce que vous aurez une chambre accessible pour ce soir? » Ce n’est pas encore assez répandu. Donc j’avais fait le choix de réserver pas mal de choses à l’avance, mais c’est vrai que du coup, tu perds en flexibilité évidemment. Je sais que ce manque de flexibilité m’avait un peu pesé et j’aimerais trouver – on va dire – une autre solution pour les prochains voyages.
Fabrice :
Et tu voyages toujours seule? Ou ça dépend?
Audrey :
Principalement oui. Ça m’est arrivé de voyager avec des amis. Là dernièrement j’étais en Corse, on a fait un trip avec Corine, notre copine bloggeuse, mais sinon je suis majoritairement toute seule, on va dire. Je pars toute seule, et puis comme tu le sais, tu rencontres toujours plein de gens sur la route.
Fabrice :
Oui, toujours, toujours. Quelles sont les destinations les plus aisées pour voyager en fauteuil roulant? J’imagine que c’est la plupart des pays occidentaux, les États Unis, l’Ouest de l’Europe.
Audrey :
Mon expérience perso, au Royaume Uni, Barcelone, États Unis c’est vraiment chouette. États-Unis c’est vraiment le mieux des trois parce que c’est d’une simplicité…C’est un peu hallucinant. Après, le Canada, le Québec a une très bonne réputation, le Japon également, je sais que tout ce qui est Europe du Nord, c’est très bien. C’est connu qu’ils sont en avance.
Fabrice :
Les pays latins ça ne doit pas être trop ça ?
Audrey :
Je sais que moi, il y a des endroits où je n’ai pas encore osé m’y aventurer, où c’est très joli, genre carte postale, un village perché, mais il y a des escaliers partout, il y a des pavés partout, tu ne sais pas. Mais un jour j’irai, peut-être, surement. Mais du coup, peut-être pas comme je voyage actuellement. Peut être accompagnée, peut être avec un fauteuil manuel, ou justement, c’est pliable, c’est plus facile. C’est d’autres projets on va dire.
Fabrice :
En gros, il y a les pays développés et il y a tout le reste, les trois quarts de la planète, où ce n’est pas du tout handi-friendly
Audrey :
Ça l’est moins.
Fabrice :
Justement, en off, tu me disais que tu préparais un voyage en Asie du Sud Est.
Audrey :
Oui.
Fabrice :
Et là, ce n’est pas handi-friendly. Moi de ce que je me souviens, je ne me rappelle pas d’avoir vu beaucoup de choses adaptées. Alors, comment tu l’envisages ce voyage ?
Audrey :
Justement, jusqu’à présent j’ai pas mal vadrouillé dans des destinations plutôt accessibles, et en même temps l’Asie ça m’attire depuis moult temps, et j’en avais marre de mettre une croix dessus rien que pour ça, et du coup, concrètement, je ne sais pas comment cela va se passer. Je pense que pour le coup, ce sera beaucoup de la débrouillardise sur place. J’en ai parlé un peu autour de moi et on m’a dit l’Asie tu risques d’avoir de sérieux problèmes mais l’Asie, tout est possible, donc tu demanderas un coup de main et puis voilà.
Fabrice :
Là ça va être plus de l’impro?
Audrey :
Oui. Je pense que ça sera un peu plus de l’aventure, mais je vais quand même me renseigner en avance et essayer quand même de tâter le terrain, ne serait-ce que par rapport au transport, si je veux bouger c’est toujours mieux.
À la limite, je préfère « perdre du temps ici » pendant des heures, à chercher des choses sur internet, à passer des coups de fil, tout ça, que sur place, d’être bloquée. Le temps que tu perds sur place à t’organiser, tu ne peux pas aller faire de la plongée ou te balader.
Fabrice :
Tu as raison, il vaut mieux avoir plus de temps disponible pour le voyage. Mais pour bien visualiser, pour que les gens visualisent bien la difficulté que ça peut être au quotidien, voilà ce que ça peut demander comme organisation. Voilà, par exemple l’aéroport de Phnom Penh, c’est un petit aéroport, tu sors de l’avion, tu récupères ton fauteuil roulant, là, tu peux arriver directement, je crois, à l’entrée de l’aéroport. Si tu veux te rendre à l’hôtel il faut prendre un taxi, mais encore faut-il que tu puisses mettre ton fauteuil dans le taxi.
Audrey :
C’est ça. Et ça c’est le premier challenge
Si j’y vais au feeling, je risque de perdre du temps à trouver une voiture plutôt grande, ou un gars qui veut bien m’aider à démonter le fauteuil. Enfin voilà, c’est vrai que le fauteuil n’est pas facilement démontable, c’est imposant, tu ne le mets pas dans n’importe quelle voiture. Donc impro, mais –on va dire – une petite impro et « les risques qui vont avec ».
Fabrice :
Et après, si tu veux te rendre dans un hôtel à Phnom Penh, il vaut mieux que cet hôtel ait des chambres au rez-de-chaussée. Mais en général tu essaies de choisir un hôtel qui a des chambres au rez-de-chaussée, c’est plus simple?
Audrey :
C’est plus simple. Après, si l’hôtel a un ascenseur, très bien, je n’ai rien contre les ascenseurs. Mais c’est vrai qu’au moins au rez-de-chaussée, tu es sûr que l’ascenseur ne tombe pas en panne. Après ça dépend comment est fichu l’hôtel.
Fabrice :
D’accord, j’essaie d’imaginer.
Audrey :
Mais il faudrait qu’on voyage ensemble un de ces quatre !
Fabrice :
Ce serait vraiment intéressant. C’est difficile je pense pour la plupart des gens de visualiser. Là j’essaie parce que je trouve que c’est intéressant d’essayer de visualiser les difficultés et la volonté aussi que ça demande de voyager comme tu le fais. Je trouve ça impressionnant, c’est chouette, et voilà ça demande beaucoup d’efforts.
Audrey :
Si tu veux, la première fois que je suis partie, je ne me suis pas dit : tiens, je vais réaliser un exploit, tu vois ce que je veux dire ? Non, j’ai dit : « j’ai envie de partir, comme tout le monde ». C’est juste ça. Enfin, si tu veux, moi, mon handicap, je vis avec tout le temps, depuis toujours, donc je le connais et j’y suis habituée.
Après, c’est vrai que suivant les infrastructures c’est plus ou moins facile ou difficile à vivre au quotidien, parce que quand tes déplacements sont entravés par des voitures qui se garent n’importe où ou des trottoirs inaccessibles, ou ce genre de choses, voilà. Mais, je veux dire, le handicap en lui-même tu l’as, donc quand tu voyages, tu vas l’avoir, comme tu l’as. Pour moi ce n’est pas exceptionnel. Je comprends que ça puisse paraitre justement un peu extraordinaire dans le sens premier du terme, que ça sorte du commun, mais je ne le fais pas pour qu’on me dise Waouh !
Fabrice :
Mais dis-moi, tes parents ils ne flippent pas trop ? Parce que déjà une jeune fille qui parte toute seule …
Audrey :
La petite dame qui part avec son fauteuil, attention ! Bien sûr qu’ils sont flippés. Mais en même temps, je trouve que c’est assez cool parce que j’y suis allée progressivement d’un point de vue éloignement. Je suis allée un petit peu en Angleterre, un petit peu machin, donc du coup, ça les a un peu habitués je pense et puis je pense qu’ils voient qu’à chaque fois je me débrouille et même quand je me retrouve dans des galères je m’en sors toujours, et tout se passe toujours bien. Et puis, surtout ils voient que je m’éclate à chaque fois, que je suis heureuse quand justement je vadrouille et je pense que c’est ce qui leur rapporte le plus. Après on est bien d’accord, il faut que je leur donne des nouvelles régulièrement sinon ils pètent un peu des plombs.
Fabrice :
Du coup tu leur donnes des nouvelles tous les deux jours, tous les quatre jours ?
Audrey :
Non, en plus c’est l’avantage du blog, Facebook tout ça, c’est que du coup, je dis non je ne t’envoie pas un email tout le temps, va un peu sur la page Facebook, tu verras un peu ce qui s’y passe et tu auras des nouvelles par ce biais-là.
Fabrice :
Je faisais pareil avec ma mère, et c’est comme ça que je l’ai habituée petit à petit. Mais c’est vrai qu’internet pour ça, c’est quand même plus simple, cette proximité pour rassurer les parents, c’est quand même plus simple qu’avant où il fallait trouver un téléphone, faire un appel longue distance, qui coutait de l’argent, des fois ça ne marchait pas. Je me rappelle des voyages oui c’était toujours le moment pénible.
Audrey :
À ce moment-là, ils étaient peut-être plus habitués a avoir des nouvelles régulièrement. Alors que là, tu as internet facilement
Fabrice :
Voilà du coup, tu t’habitues. Après si tu n’as pas de nouvelles, c’est une question d’habitude. Si tu ne donnes pas de nouvelles, si tu les as habitués à donner des nouvelles tous les deux jours sur Facebook ou je ne sais pas quoi, et si une semaine tu ne donnes pas de nouvelles…
Audrey :
Ahahah
Fabrice :
Ah, il y a des parents, ils vont déclencher le plan ORSEC. C’est une question d’habitude en fait, comme de tout. Et dis-moi, pour revenir un peu à la France, comment tu trouves la France? Tu trouves que c’est un pays où c’est facile de se déplacer quand on a un handicap, quand on est en fauteuil roulant ?
Audrey :
C’est variable.
Fabrice :
Selon les régions en fait?
Audrey :
Même suivant les villes d’une même région, tu peux avoir des grandes disparités quand même. En général c’est surtout de petites initiatives de particuliers ou bien alors tu as des villes qui jouent le jeu à fond de l’accessibilité, et elles font des efforts en ce sens-là et du coup c’est génial. Je pense à Strasbourg par exemple, ou à Nantes. C’est vrai que c’est facile de circuler dans ces deux villes, même les transports en commun sont plutôt chouettes. Après, ça peut très vite être plus compliqué. Par exemple Paris en fauteuil, il faut être patient. Il faut être patient !
Fabrice :
Ah? Au contraire je pensais que Paris c’était beaucoup plus aménagé de ce point de vue. Ou du moins on pourrait penser ça.
Audrey :
Moi par exemple, le métro, je n’essaie plus de le prendre à Paris, parce que je sais que je vais être en bonne, grosse galère. Tu as quelques stations sur la ligne 14 qui sont accessibles, le problème c’est que les ascenseurs pour descendre dans le métro sont souvent en panne, tu peux pas le prendre toute seule parce que il faut passer par un guichet, tu n’es pas autonome, il faut que la personne en question vienne avec toi jusqu’au quai pour installer une petite rampe, et encore une fois, si l’ascenseur de l’autre côté, il est en panne, ce qui arrive quand même très souvent, t’es bloqué quoi.
Fabrice :
Donc Paris ville mondiale, mais ce n’est pas la ville idéale.
Audrey :
Oui, moi du coup, à Paris je ne bouge qu’en bus et après, il y a souvent des trucs bêtes, genre des poubelles sur le trottoir, ou des voitures qui se garent justement sur les trottoirs abaissés. Si une voiture est garée dessus, moi je ne peux pas descendre. Il n’y a pas que Paris.
Fabrice :
Non. Après, il y a un problème d’incivilité chronique par rapport aux places.
Audrey :
C’est juste…C’est comme les gens qui se garent 5 minutes sur les places réservées tu vois. Mais, si pendant ces 5 minutes, moi…enfin je dis-moi parce que voilà, si quelqu’un veut se garer dessus, elle peut pas, donc elle tourne en rond et elle va peut-être se mettre à trois kilomètres sur une place lambda et ça va être… par exemple imagine un parking de grande surface, si une personne en fauteuil se gare à l’opposé de l’entrée, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire, tu longes le parking, et comme tu es assis, les voitures, elles ne te voient pas, ce qui fait, qu’elles peuvent reculer et te shooter.
C’est ce genre de choses que les gens ne se rendent pas compte. Après, ce n’est pas qu’une histoire de confort, c’est une histoire de sécurité aussi. Il y a des gens qui se font renverser à cause de ça.
Ce n’est pas forcément de la méchanceté, c’est de la non-communication
Fabrice :
De la non-communication, sans doute. Bilan, voilà, vous ne vous arrêtez-pas, même quelques secondes, sur une place…
Audrey :
Merci de faire passer le message.
Fabrice :
…sur une place réservée. Alors en France est-ce qu’il y a deux, trois villes où tu trouves qu’il est agréable de se déplacer en fauteuil roulant.
Audrey :
Oui, je te disais, Nantes, Strasbourg. Moi je sais que c’est plutôt chouette. Je trouve que Dijon, pour moi, c’est mieux adapté qu’avant. Notamment avec le tram qui est complètement accessible. En fait les moyens de transports jouent quand même pas mal sur l’accessibilité des villes- je trouve. Il y a du progrès. Ce n’est pas encore parfait.
Mais après c’est sûr, moi quand je vois le recul de la loi sur l’accessibilité qui était prévue pour cette année, je vois qu’elle est encore repoussée. J’ai envie de poser des bombes concrètement. En France, la première loi sur l’accessibilité, elle date de 1975. Je ne sais pas si tu te rends compte à quel point on est à la ramasse, et décalé encore une fois, au secours.
Fabrice :
C’est super tard! C’est étonnant!
Audrey :
Oui. Les personnes en situation de handicap sont la plus grande minorité au monde. Ça représente quand même, même si c’est une minorité, un certain nombre de personnes. Je pourrais te parler longuement de l’accessibilité. Enfin de l’inaccessibilité surtout.
Fabrice :
C’est un peu là, l’inaccessibilité
Audrey :
C’est un peu rageant.
Fabrice :
Et j’imagine que tu as beaucoup de personnes qui t’écrivent parfois sur ton blog, qui ont un handicap, il y en a beaucoup qui sont en fauteuil roulant. Enfin je ne sais pas s’il y en a vraiment beaucoup. J’imagine que tu en as pas mal. Du coup j’imagine qu’ils aimeraient voyager mais ils hésitent à cause de leur handicap, ils pensent que c’est difficile, c’est impossible. Qu’est ce tu leur dis ? Est-ce que c’est le cas, est-ce qu’il y en a qui n’osent pas voyager en fonction de ça ?
Audrey :
Oui Il y en a certains qui n’osent pas franchir le pas justement parce qu’ils voient bien au quotidien que c’est compliqué. C’est compliqué alors qu’il y a des habitudes, alors que justement aller vers l’inconnu, tu ne veux pas aller au-delà des ennuis donc c’est plus confortable de rester chez toi. Sauf qu’on peut avoir de très belles surprises à l’étranger et puis le voyage moi c’est vraiment quelque chose qui m’épanouit. C’est vrai que c’est l’un « des buts premiers » de mon blog, c’est de montrer que c’est possible, et qu’on peut faire plein de chose. En général, c’est juste une histoire, comme tout le monde, de premier pas.
Fabrice :
Mais les personnes tout à fait valides qui te disent : non, je n’ose pas voyager, t’as pas envie de leur mettre un coup de pied au derrière des fois non ?
Audrey :
Non, parce qu’en fait, sur mon blog aussi il y a aussi pas mal de personnes qui n’ont aucun souci de santé qui m’écrivent et qui me racontent que justement, ça leur a mis un peu un coup de pied aux fesses, de voir que moi je voyageais toute seule en fauteuil, que je m’éclatais, que ça ne posait pas plus de soucis que ça, et que du coup, ça les remets un peu en question apparemment.
Fabrice :
Ouais j’imagine.
Audrey :
C’est chouette!
Fabrice :
Tu possèdes un pouvoir de remise en question assez grand.
Audrey :
Je n’irais pas jusque-là. Un petit, c’est bien déjà. Mais après, il y a quelque chose aussi que j’aime beaucoup, en lien avec le blog et tous les échanges qu’on peut avoir avec les lecteurs. Parmi eux, en fait, il y a quelque chose qui me touche énormément à chaque fois, c’est les parents d’enfants en situation de handicap qui m’écrivent, même des fois des enfants tu vois, de 8, 10 ans, et qui me disent en gros, merci de montrer qu’en effet, malgré le handicap il y a des choses de possibles.
En gros, ça nous donne espoir pour notre enfant. Et moi je lis ça et je fonds. Je me dis super, ça sert à quelque chose, vraiment. Faut pas avoir peur, les enfants, ils trouveront toujours quelque chose, ils se débrouilleront toujours. Je sais que mes parents m’ont beaucoup soutenue, quand j’étais petite, dans les moments pas drôles, tout ça et c’est grâce aussi à eux qu’aujourd’hui, on va dire, j’ai le courage et l’envie de me bouger autant.
Fabrice :
Oui c’est très important le soutien des parents et j’imagine que ça doit les rendre heureux aussi de voir ce que tu fais, que tu ne te limites pas, ça doit être chouette à voir j’imagine.
Audrey :
Oui, ils sont heureux pour moi en tous cas.
Fabrice :
Alors tes prochaines destinations ? Tu m’as dit l’Asie du Sud Est donc ?
Audrey :
Oui l’Asie du Sud Est. J’ai pas tout programmé encore, pas du tout à part mon billet d’avion. Je sais que j’atterris à Bangkok. J’aimerais bien vraiment rester en Thaïlande bourlinguer un peu. Après je me dis, t’as Singapour qui n’est pas loin. Après tu as l’ile de Taiwan, j’ai une copine qui me l’as bien vendue. Après en fait, à Taiwan, tu n’es pas très loin du Japon et de la Corée…On n’en finit pas ! Je ne sais pas !
Fabrice :
Tu penses partir plusieurs mois ?
Audrey :
Là, minimum deux mois mais c’est possible que je reste plus longtemps. Ça va dépendre du budget surtout je pense.
Fabrice :
Et tu pars à l’automne ?
Audrey :
Oui, je pars mi-octobre.
Fabrice :
Tu vas peux être aller au salon TBX à Bangkok.
Audrey :
C’est fort probable que j’ai déjà mon billet.
Fabrice :
Je suis fort, je suis fort, j’ai deviné.
Audrey :
Absolument!
Fabrice :
Ce sera la première étape et après la Thaïlande. Le Cambodge, si tu peux y aller, c’est vraiment chouette.
Audrey :
Tout à l’air génial. Chaque pays… Il y a des choses à voir et à découvrir partout. Après il faut juste se décider et voir ce qu’on fait.
Fabrice :
En tous cas, les temples d’Angkor. J’y suis resté quelques semaines au Cambodge, mais ça pourrait être tout pays d’Asie. L’idéal, je pense, enfin je ne sais pas si c’est vraiment l’idéal pour toi, mais c’est d’essayer de trouver un tuk-tuk de confiance par quelqu’un, par des expats sur place. Souvent les expats sur place, ils ont un ou deux conducteurs de tuk-tuk à qui ils font souvent appel et je peux imaginer, je dis peut être des bêtises, mais ça peut être plus simple pour toi si tu as toujours le même conducteur de tuk-tuk qui vient te prendre à ton hôtel, etc…j’imagine…
Audrey :
Mais tu vois dans ce cas-là, le problème c’est le fauteuil dans le tuk-tuk.
Fabrice :
Dans ce cas-là, il faut que tu laisses le fauteuil à l’hôtel.
Audrey :
Du coup, moi mon fauteuil, il faut que je sois sure et certaine à 3000% à peu près qu’il soit en sécurité là ou je le laisse, que je sois sure de le retrouver. Et ça veut dire aussi que si je pars en tuk-tuk, une fois que je suis arrivée à destination, je ne peux pas bouger très longtemps, je ne peux pas marcher très longtemps.
Fabrice :
Ouais….
Audrey :
Ah ce n’est pas simple !
Fabrice :
Non, j’essayais de m’imaginer si sur le tuk-tuk il y a moyen de mettre un fauteuil de 130 kg. C’est vrai que c’est un peu chaud. Il faudrait qu’il ait une remorque ou quelque chose.
Audrey :
Ah ça pourrait être drôle.
Fabrice :
Ca doit se trouver. Encore une fois, c’est une question de temps. Si tu as du temps, ça s’organise tout ce genre de chose.
Audrey :
Oui, moi je pense que sur place il y a moyen de trouver une voiture.
Fabrice :
Dis-moi, je suis en train d’y penser. Il n’y a pas un réseau de personnes avec un handicap à l’étranger? Parce que là, ça serait top, si tu avais un site, où tu pourrais rencontrer des gens dans ton cas qui habitent un peu partout, ça serait super pour avoir des conseils, etc. ça n’existe pas ?
Audrey :
Pas à ma connaissance. Je ne sais pas, déjà rien que dans le milieu du blogging, on n’est pas si nombreux que ça. Non, je n’ai pas connaissance de ce genre de plateforme. Ce n’est pas une mauvaise idée. À fouiner.
Fabrice :
Ça existe. Je sais qu’il y a pas mal d’associations et de réseaux. Des fois c’est vraiment. T’as des réseaux, par exemple pour les fans de vélo, tu as une espèce de coachsurfing seulement dédié aux fans de vélos par exemple.
Audrey :
D’accord.
Fabrice :
Comme quoi, il y a pas mal de choses qui existent.
Audrey :
Oui des fois, il faut juste arriver à mettre la main dessus. Pourquoi pas.
Fabrice :
Alors pour finir ce podcast, peut-être quelques conseils. Quels conseils tu donnerais à des personnes en fauteuil roulant, pour leur premier voyage ?
Audrey :
Pour leur premier voyage, déjà une destination justement handy-friendly quelque chose qu’ils connaissent déjà un petit peu ou qu’on leur a conseillé, ou ça va peut être pas être tout de suite la galère. Moi je sais que j’y suis allée progressivement, du coup, je ne me suis pas dégoutée – si je puis dire – par manque d’accessibilité ou je ne sais quoi.
Fabrice :
Ça je pense c’est important d’y aller progressif.
Audrey :
Je pense aussi. Du coup tu peux trouver ton rythme et voir jusqu’où ça te convient ou pas. Je sais que mon premier voyage à Londres, où j’avais déjà des repères, mon premier voyage en solo, je sais que c’était plutôt confortable. Une destination qui leur plaise et qui est plutôt adaptée et après, pour ne pas perdre de temps sur place, essayer de s’organiser, de repérer au maximum à l’avance où ils veulent aller, ce qu’ils veulent faire, les moyens de transport, les hébergements surtout.
C’est vrai qu’en général c’est vraiment les deux choses que je regarde, c’est hébergement et transport. Pour moi c’est la base entre guillemets.
Fabrice :
J’ajouterai un dernier conseil, ce serait qu’ils consultent ton blog : roulettes et sac à dos.
Audrey :
C’est gentil !
Fabrice :
C’est vrai, il y a plein de conseils pratiques. C’est une mine d’or. Alors l’adresse c’est roulettes-et-sac-a-dos.com. Écoute, je mettrais le lien sur l’article.
Est-ce que tu as un petit dernier mot à ajouter ?
Audrey :
Déjà je te remercie pour cette petite interview.
Fabrice :
Avec plaisir.
Audrey :
Après. Que dire d’autre ? Juste qu’il faut oser voyager, qu’on s’éclate, que ce soit fauteuil roulant ou pas.
Fabrice :
Voilà, une manière, le voyage, j’allais dire quelque soient les conditions, on y trouve forcément son compte.
Audrey :
Il y a toujours de l’intérêt à voyager.
Fabrice :
Ça c’est clair et il ne faut pas hésiter, tout est possible. Il y a beaucoup de choses sont possibles
Audrey :
Oui carrément!
Fabrice :
En tous cas, merci Audrey. Je te souhaite un bon…c’est en octobre ton voyage, là il y a encore le temps, tu es en Bretagne, tu vas passer l’été en Bretagne j’imagine ?
Audrey :
C’est ça. Je vais aller faire un petit coup de voile tout à l’heure.
Fabrice :
Oui, parce qu’Audrey fait de la voile en plus, elle est partout, sur tous les fronts.
Audrey :
Sur tous les fronts non, mais sur quelques-uns. J’ai déménagé en Bretagne pour faire de la voile.
Fabrice :
Et justement la voile c’est une activité qui t’est vraiment accessible? Tu peux laisser ton fauteuil roulant à quai et partir pour une après midi.
Audrey :
C’est ça;
Fabrice :
De voile…Il n’y a vraiment aucun souci ?
Audrey :
Aucun. Après il faut le bateau qui convient le mieux et c’est tout à fait possible. La voile ça m’a toujours attirée. Ça fait un an, un an et demi que j’ai découvert que je pouvais en faire et c’est vrai que ça a été une grosse révélation, comme le voyage, et puis j’adore ça. Oui, on peut faire de la voile.
Fabrice :
Mais ça demande quoi comme type de voilier ? Avec des aménagements spéciaux, non pas forcément ?
Audrey :
Ça dépend du type de voilier, ça dépend de la personne, du type de handicap. Tu peux avoir certains bateaux où tu peux accéder directement dedans avec un fauteuil, ou après si on peut marcher un peu ou si les transferts sont possibles, il y a plein de bateaux vraiment où on peut accéder et également de manière à être actif sur le bateau.
Je pense à certains bateaux où on est tout seul dedans, où on gère toutes les commandes et en même temps niveau sécurité c’est génial, il n’y a aucun risque de chavirage, c’est un insubmersible. Même si tu fais plein d’erreurs, tu ne peux pas te mettre à l’eau. Donc il y a vraiment plein de choses de possibles. Encore une fois, il faut juste le savoir.
Fabrice :
La voile c’est un chouette domaine, on en a déjà parlé dans un podcast précédent. C’est un univers que je ne connais pas trop. Mon premier petit trip en voilier c’était en juillet en Australie sur la côte ouest et c’est vrai que c’était chouette.
Audrey :
J’adorerai voyager sur un voilier, trouver un bateau où je puisse monter avec mon fauteuil dessus et partir comme ça. J’adorerais ça !
Fabrice :
Ça doit se trouver, la bourse de coéquipier…
Audrey :
Oui, mais c’est le paramètre : embarquer un fauteuil de 130 kilos qui est encombrant qui est plus dur.
Fabrice :
Il faut un voilier ou un bateau assez gros.
Audrey :
Oui, c’est exactement ça. C’est dans mes projets. J’ai une bonne liste, là aussi. T’inquiètes pas, ça va se trouver un jour. Je n’en doute pas, je n’en doute pas. Vus ta motivation et ton entrain, je n’en doute pas. Merci Audrey, et puis tout le meilleur pour toi ! A bientôt peut être qu’on se croisera sur la route un de ces quatre ou dans un salon.
Moi-même, j’ai de grosse difficultés pour marcher, atteints d’un maladie génétique que je pourrais appeler ici » sclérose en plaques light ». Après 7 ans d’immobilisme en France suite à un divorce, je viens de redécoller et suis à Phnom Penh pour un mois ou deux. J’ai pas tout lu Audrey par feignantises. Juste quelques petites choses. Ayant longtemps travaillé à la SNCF, je peux dire que le personnel doit normalement avoir les moyens et la formation pour venir en aide aux personnes handicapés. Je me rappelle d’une gare avec un lève chariot roulant pas facile à manœuvrer. La plus part du temps l’on préférait porter directement fauteuil et personne. Il y des gares ou il n’y a pas de personnel et des gares ou le personnel n’est pas motivé, c’est tout.
Deuxième et dernier point pour aujourd’hui, Je me suis rendu compte qu’il vaut mieux avoir un fauteuil roulant que de marcher un peu. Sinon, malgré la bonne volonté du personnel des aéroport tu te trouve parfois abandonné sur un banc en bout de terminal et loin des toilettes par exemple.
Un petite troisième et sur dernière cette fois, j’ai vu dans un article du Phnom Penh Post (journal en anglais et je pense que le mien est plutôt mauvais) une femme en fauteuil roulant se faire taxer de 240 $ en plus du billet d’avion par la compagnie aérienne, sans préavis et exigible de suite pour transport de la personne et du fauteuil.Alors que le prix du billet Siem Reap – Phnom Penh et peut être de 40 ou 50 $. Motif invoqué, prix demander par les aéroports pour cette « manipulation ». Et l’actionnaire principale des aéroports est la société française VINCI. Pour 240 $, je pense que tu peux faire le Cambodge dans les deux sens en taxi.
Merci pour ton témoignage.
C’est dingue le prix demandé pour cette course !
Choquant !