IVCAST 54 : En moto sur la route de la soie !
0Mathieu et Sylvain ont fait la route de la soie en moto, sur une Royal Enfield Bullet. L’occasion de réaliser aussi un voyage musicale avec la réalisation d’un album.
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A propos de cet épisode
J’ai rencontré Sylvain au Festival Partir Autrement d’ABM en juin dernier. Je l’ai donc interviewé sur son trip en moto à travers l’Asie et l’Inde. J’étais particulièrement intéressé par ce voyage ayant moi-même fait un voyage en moto à travers l’Afrique. Et remettre cela en Inde reste dans un coin de mon esprit.
Et en plus, le faire sur une moto indienne, une Royal Enfield Bullet, cela a de la gueule.
Ce voyage, c’est aussi un projet autour de la musique. Ils capteront des échantillons musicaux de groupes d’enfants issus de milieux défavorisés accompagnés d’artistes locaux, cela a fin de réaliser un documentaire et un album.
Liens cités
Vous y trouverez des infos pour un voyage en moto en Inde.
Bande-annonce du voyage :
Merci d’avoir écouté !
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Transcription
Fabrice : Bonjour à tous et bienvenue pour ce nouvel épisode du Podcast Instinct Voyageur. Je suis toujours au festival « Partir Autrement » organisé par ABM à Paris et cette foi-ci, je suis avec Sylvain qui est le cofondateur de l’association Indian Bullet. C’est bien ça Sylvain ?
Sylvain : Oui, India on Bullet.
Fabrice : India on Bullet, voilà.
Sylvain : Oui.
Fabrice : C’est marrant sinon, une signification ?
Sylvain : Oui en fait, donc le nom de l’association est né à la suite de, pour la création de ce projet-là, Voyage musical sur la route de la soie, mais c’était le titre. Pendant qu’on était en Inde, avec Mathieu, on a fait plein de petites vidéos tout au long du voyage et en fait, qu’on avait appelé, c’était une série qu’on avait appelé India on Bullet parce qu’on a fait le tour de l’Inde sur des Bullet. Le Bullet est le modèle de la moto qu’on conduisait en fait.
Fabrice : Ah d’accord, Ok. Tu nous expliqueras ça après.
Voyage à moto sur la route de la soie
Fabrice : Pour restituer le projet, donc vous êtes partis sur la route de la soie, vous avez traversé 15 pays pendant…
Sylvain : 17 pays pendant cinq mois.
Fabrice : Cinq mois, voilà. À deux ? Chacun sur une moto ?
Sylvain : Oui.
Fabrice : C’est une moto indienne, une Royal Enfield.
Sylvain : Royal Enfield.
Fabrice : Voilà. Et le but de ce voyage donc, au-delà de découvrir la route de la soie, c’était d’enregistrer des enfants, de faire un disque et d’enregistrer des enfants issus des milieux défavorisés, voilà, chanter et jouer de la musique traditionnelle, c’est ça, et en faire un disque.
Sylvain : Exactement, c’est ça. La mission était de créer cet album de musique traditionnelle, avec des enfants issus de milieux moins chanceux que le nôtre. Et voilà, cet album représente neuf pays, il y a neuf titres dessus, neuf groupes d’enfants différents et le but est de vendre cet album aujourd’hui depuis qu’il est produit pour récolter des fonds pour les instituts qui aident ces enfants tous les jours.
Fabrice : Et pourquoi vous êtes partis avec un projet ? Pourquoi ne pas juste être parti comme ça, faire votre trip, kiffer, profiter, sans tous les paramètres…
Sylvain : Les contraintes…
Fabrice : Voilà, les contraintes.
Sylvain : Bah parce qu’en fait, c’est ce qu’on était en train de faire déjà depuis pendant presque un an et demi, entre un an et un an et demi en Inde et on voyageait au gré du temps sans réel… En fait, ce n’est pas parce qu’on était sans projet, c’est juste que ton projet, c’était plus d’être libre, le matin, tu te réveilles et tu décides de ce que tu vas faire de ta journée. Et là, le but était plus d’évoluer sur un autre type de voyage. Et puis, même sans ça, en fait, c’est le projet qui est venu dans notre tête quoi, d’enregistrer un album… C’est la suite de notre histoire en Inde et du mélange de toutes les expériences qu’on a vues en Inde avec les enfants, dans la musique, le tour de l’Inde à moto. C’est toutes nos différentes expériences qu’on a vécues en Inde qu’on a recentrées sur un seul projet sur la route du retour en France.
Fabrice : Ah ok, oui. Pour restituer, vous étiez en Inde depuis un an et vous avez monté ce projet-là et vous êtes partis dans ce sens-là. Inde, en commençant la route la soie en Asie.
Sylvain : Exactement. Quand on est parti de France, on n’avait aucune idée de ce projet. On a voyagé pendant plus d’un an avant d’avoir l’idée de ce projet. Il s’est créé en Inde.
Fabrice : L’Inde, c’est le voyage avec un grand D, hein.
Sylvain : Avec un grand D, oui, c’est ça.
Fabrice : Vous êtes allés un peu partout en Inde ?
Sylvain : Oui. On a fait 25 000 kilomètres entre… du Ladakh, donc de l’Himalaya jusqu’au sud et puis, du Rajasthan complètement à l’ouest jusqu’au Nagaland qui est l’Etat frontalier avec la Birmanie. On a fait un bon tour dans le losange.
Fabrice : D’accord. Donc à deux toujours ?
Sylvain : Oui.
Fabrice : Et là, vous avez décidé donc du coup de rentrer en France en moto et de monter ce projet « Sur la route de la soie ». Donc, vous avez traversé 15 pays : Inde, Népal, Chine, c’est ça, Kirghizstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Iran, Turquie, Bulgarie, Serbie, Bosnie, Croatie, Slovénie, Italie et France. Ça fait combien de kilomètres ça ?
Sylvain : Alors ça, c’est l’itinéraire de base, ce n’est pas l’itinéraire qu’on a fait en fait. Ça faisait à peu près 13 000 kilomètres. On n’a pas pu passer la Chine, il y a deux pays qu’on n’a pas pu passer en un mois, il y a eu deux modifications d’itinéraire, le premier, c’est la Chine. Suite au tremblement de terre qui a eu lieu au Népal, le poste-frontière entre le Népal et le Tibet est fermé, donc on ne pouvait plus rentrer par la route. On a dû exporter nos motos au Kirghizstan et donc, on a rejoint nos motos au Kirghizstan, donc on est passé au-dessus de la Chine. Ensuite, on a été refusé deux fois du visa Turkménistan, donc on a dû passer par le Kazakhstan et traverser la mer Caspienne et rejoindre l’Azerbaïdjan et puis, la Géorgie. Donc, on n’a pas fait le Turkménistan et on n’a pas fait l’Iran, mais on est passé par au-dessus de l’Azerbaïdjan, Géorgie, Turquie.
Fabrice : D’accord. Ça, c’était une Royal Enfield, donc c’est une marque de moto très répandue en Inde. À la base, c’est un constructeur britannique, ça a été racheté par le Indiens, c’est ça, je ne sais pas dans les années 60 ou 70 et bon, on en trouve pleins en Inde. J’ai voyagé aussi en Inde, on en croise facilement. Là, c’était une combien ?
Sylvain : C’est une 350 cm3, c’est le modèle de base en fait, le modèle mythique de Royal Enfield.
Fabrice : Oui et ça suffit largement pour voyager. On peut charger, 350 ça va quoi !
Sylvain : Pour voyager en Inde, ça suffit. Quand on s’approche de la France et qu’il y a des routes un peu plus belles et que les gens roulent plus vite, et chargés comme on était aussi, on ne roule pas vite.
Fabrice : Oui, ça rame un petit peu alors sur une autoroute.
Sylvain : Ah oui, on ne prend pas l’autoroute avec les motos, non, non.
Fabrice : Ah oui ?
Sylvain : Ah non.
Fabrice : Tu n’arrives pas à 100 ?
Sylvain : Si, on arrive à 100, mais 100 sur une autoroute, c’est dangereux. Et puis…
Fabrice : Ça va 100 quand même ?
Sylvain : Oui, on est quand même, tout le monde te double, surtout que les gens voient une moto comme rapide, donc c’est un peu perturbant pour les autres quand tu as une moto qui ne roule pas vite. Même si on arrive à 100, 110, déjà on n’a pas les freins qu’il faut, c’est des freins à tambour, ce n’est pas fait pour rouler à cette vitesse-là et on n’a pas de puissance pour pouvoir partir et s’échapper d’une situation dangereuse, donc ce n’est pas fait pour, quoi.
Fabrice : D’accord, Ok. Par contre, en Inde, c’est bien adapté sur les routes indiennes.
Sylvain : Complètement.
Fabrice : Comment c’est la conduite en Inde, dangereux hein, il faut faire gaffe aux Tata ?
Sylvain : Oui, on fait gaffe aux Tata. Nous en plus, c’est que la particularité, c’est qu’on n’avait jamais fait de moto avant, on a appris en Inde. Donc, on a commencé dans le vif du sujet, dans le trafic complètement fou.
Fabrice : Ah oui, vous avez appris à piloter, à conduire une moto en Inde.
Sylvain : Oui. On a appris à surtout bien serrer les fesses et de bien croiser les doigts et puis, de rentrer dans le trafic et c’est parti, il fallait y aller, quoi.
Fabrice : Oui. Tu vois je connais ça, j’ai appris la moto à Lagos au Nigéria. C’est un peu un truc de ouf, c’est Lagos. Une grande ville, 15 millions d’habitants et ce n’était pas facile, hein. Je faisais juste le tour de la maison et après du quartier, quoi.
Sylvain : J’imagine que ça doit être une galère assez similaire, oui.
Fabrice : Oui. Moi j’avais une 125 cm3, c’est plus difficile, mais bon.
Sylvain : Ça peut être plus… il y a des 125 qui sont plus puissants que nos motos. Nous, c’est vraiment des veaux, ça fait beaucoup de bruits mais ça n’avance pas bien vite.
Fabrice : Ça, c’est une moto que vous avez acheté neuf là-bas ?
Sylvain : Non, la mienne est de 79, celle de Mathieu de 80. C’est des vieilles motos mais qu’on a rénové là-bas.
Fabrice : Ok. Ça s’achète combien, enfin, ça s’achète combien une occase, une bonne occase ?
Sylvain : Il y en a à tous les prix. Moi, ce que je peux comparer, c’est plus le prix qu’elle coûtait en France et là-bas. La classique 500 qui existe en France, elle coûte 6 000 € et là-bas, ça représente 2 000 €, 2 000, 2 500.
Fabrice : D’accord.
Sylvain : Et d’occasion, il y en a bien, c’est comme, il y en a à tous les prix.
Fabrice : Et au niveau administratif, il te faut quoi, un permis…
Sylvain : Pour rouler en Inde, il ne faut rien du tout et pour tout le reste, oui, bien sûr, il faut des papiers à nos noms, un permis de conduire, etcetera.
Fabrice : D’accord. Et au niveau de l’assurance ?
Sylvain : Assurance, ça se prend dans tous les pays. Dans chaque pays qu’on passe, on prend une assurance pour une semaine, 15 jours, un mois, selon le temps qu’on y passe.
Fabrice : D’accord. Vous n’avez pas pris de l’assurance spécifique internationale ou une assurance française pour ce voyage ?
Sylvain : Bah si, l’assurance personnelle. Mais pour la moto, c’est l’assurance du véhicule, et c’est fait dans chaque pays.
Fabrice : Ok. Pas de frayeur sur la route ?
Sylvain : Quelques-unes… Si, il y a eu quelques frayeurs quand même.
Fabrice : Genre… À cause d’un camion ou de personnes sur la route ?
Sylvain : Oui, du trafic. Bon, il y a eu quelques petites gamelles quand même, un fossé pour ma part, un autre pour Mathieu, mais Mathieu c’était plus à l’arrêt. Il n’y a rien eu de grave, on n’a pas eu vraiment d’accident, quoi.
Fabrice : D’accord. Heureusement. Qu’est-ce qui a été le plus dur pendant ce voyage à moto ?
Sylvain : Le plus dur, il y a eu…. Je ne sais pas, je ne sais pas ce qui a été le plus dur, peut-être la fatigue, la fatigue. Moi, je dirais la fatigue et la… Il y a eu deux parties, la partie Asie centrale où on se faisait refuser les visas et administrativement, c’était hyper lourd ; et on était bloqué au Kirghizstan, on ne pouvait pas avancer dans le trajet et c’était dur moralement. Et après, plus on avançait et plus la fatigue prenait le dessus, jusqu’on arrive en France, c’était éprouvant.
Fabrice : Vous vous organisez comment, vous faisiez un ou deux jours de moto et vous vous reposez après, ou vous faisiez trois heures de moto chaque jour, comment ça se passait ?
Sylvain : Non, c’était bien plus de deux trois heures. En gros, on s’organisait par rapport aux enregistrements, l’enregistrement suivant et donc, ça nous donnait le deadline pour arriver sur le lieu. Selon le nombre de kilomètres, on faisait tant de jours de route. Mais en général, chaque journée de route, c’était au minimum, en tout, grand minimum, huit heures de route, mais ça allait jusqu’à 12 heures de route.
Fabrice : Oui. Tu devais être bien fatigué mais les suspensions sont comment sur cette moto, ça va ?
Sylvain : Les suspensions ne sont pas pourries, elles ne sont pas énormes mais vu que c’est une moto avec une selle avec des ressorts en dessous. Donc, c’est génial, là, ça aide.
Fabrice : Tu n’as pas une douleur énorme au postérieur quand tu descends de la moto ?
Sylvain : Si, il y a quand même, voilà il y a une petite corne qui se crée et puis, il y a aussi le fait d’avoir la même position en fait. Puis, autant Mathieu et moi, on n’est pas bien gros, donc on n’a pas un gros derrière qui…
Fabrice : De rembourrage.
Sylvain : … protège, voilà. Les os touchent facilement la selle.
Fabrice : D’accord. Et au niveau des mains, ça allait, puisque les vibrations… Quand je conduisais en Afrique, c’était terrible. Enfin, c’était des pistes de terre surtout ; en plus, les vibrations sur les mains, c’était terrible.
Sylvain : Oui. Surtout que ces motos-là vibrent pas mal. Et oui, en effet les poignets, les bras, oui, on était fatigué de partout, on avait des douleurs un peu partout à la fin de la journée. Quand on est arrivé en France, on n’a pas roulé pendant… on n’a fait que des petits tours pendant un mois et moi après, je suis parti au Portugal et j’ai eu super mal parce que mon corps n’était plus du tout…. Il avait perdu l’habitude. Ça faisait super mal de faire des longues journées à moto.
Fabrice : Et là, tu continues la moto ?
Sylvain : Oui, complètement. Je suis tombé dedans là.
Fabrice : Tu t’es acheté une moto là, ou tu as passé le permis ou…
Sylvain : J’ai ma moto que j’ai ramenée de l’Inde et puis, j’ai passé le permis là, il y a un mois.
Fabrice : Ah d’accord. Donc tu as pu la ramener de l’Inde, tu n’es pas passé aux Mines, tu n’as pas dû la passer aux Mines ou en contrôle, etcetera.
Sylvain : Non parce qu’elle est collection, elle a plus de 30 ans donc là, on est dans les démarches pour l’immatriculer, mais il n’y a pas besoin de passage aux Mines.
Fabrice : D’accord. Quand une moto ou une voiture est de collection, tu n’as pas besoin de la passer aux Mines ?
Sylvain : Quand elle a plus de 30 ans.
Fabrice : Quand elle a plus de 30 ans uniquement.
Sylvain : Oui.
Fabrice : D’accord. Je ne savais pas ça, c’est intéressant.
Sylvain : Oui.
Fabrice : Ça, c’est cool parce que c’est un coût supplémentaire si tu la passes aux Mines, si tu dois changer des trucs, si tu as des modifications en plus à faire.
Sylvain : Surtout pour cette moto-là qui n’est pas du tout dans les normes, c’est très, très loin des normes européennes donc ce serait inutile, ça coûte. Je pense que les modifications qu’il y aurait à faire coûteraient le prix d’acheter une autre moto.
Fabrice : C’est génial d’avoir ramené sa moto, moi j’avais vendu à Dakar, puisque c’était trop galère à la fin. Pour le coup, ce n’était pas une moto de collection, c’était trop galère de la passer, mais bon.
Fabrice : Le trajet le plus gros que tu aies fait pendant ce voyage en moto ? La portion de route où tu as laissé les plus beaux souvenirs ?
Sylvain : Je pense que la portion de route qui m’a laissé les plus beaux souvenirs, il y en a je dirai deux endroits et c’est en Inde : une dans l’Himalaya dans le Ladakh et l’autre dans le Meghalaya, c’est la route de Cherrapunji, c’est juste à côté du Bangladesh en Inde qui longe un canyon incroyable. L’effet coucher de soleil, c’était complètement incroyable.
Fabrice : Donc, c’est très montagneux dans ce coin-là ?
Sylvain : Oui, c’est montagneux, oui.
Fabrice : Parce que le Bangladesh, on est dans ce pays tout plat.
Sylvain : Ce n’est pas le plus montagneux, ce n’est pas l’Himalaya, mais oui il y a un bon canyon à cet endroit-là. En fait, au bout de ce canyon-là, on arrive au Bangladesh et c’est une espèce de falaise et là, il y a la plaine en fait de Bangladesh.
Fabrice : Et l’Asie centrale, j’imagine, ce n’est pas mal, ce nouveau paysage route ?
Sylvain : L’Asie centrale, c’est aussi incroyable. Moi, là, je parle de mes plus grands souvenirs. Après, au Kirghizstan, on a roulé dans la neige, dans des endroits complètement fous. La Turquie, la Turquie, il y avait de très, très beaux endroits dans l’est de la Turquie, on a préféré bien sûr à chaque fois les paysages montagnards. En moto, c’est rigolo.
Fabrice : En général, c’est ce que préfèrent les motards.
Sylvain : Oui.
Fabrice : Dès qu’il y a du relief et tout ça. Au niveau du budget, c’était quoi le budget de ce voyage ?
Sylvain : C’était un budget de… on avait le budget utilisé sur ce projet-là à 20 000 € si on comptait l’achat des motos.
Fabrice : Donc à deux ?
Sylvain : À deux. Et puis, on est revenu avec un petit peu de je ne sais plus combien, on n’avait pas tout utilisé en retour.
Fabrice : Ça va quoi, moins de 10 000 € chacun.
Sylvain : Oui et ça nous a permis de pouvoir investir un peu sur du coup la production du CD, du film, etcetera. On fait des expos photos, ça nous a permis de payer les tirages pour les expos photos.
Fabrice : Donc, moins de 10 000 € chacun pour cinq mois avec la moto ?
Sylvain : Et avec une exportation de la moto d’Inde au Kirghizstan qui représente un quart du budget.
Fabrice : C’est-à-dire exportation là, pour passer la frontière ?
Sylvain : De l’envoyer, vu qu’on n’a pas pu traverser la Chine, on a dû l’envoyer par avion d’Inde au Kirghizstan, ça coûtait 5 000 € pour les deux motos.
Fabrice : Oui. Vous n’aviez pas le choix de toute manière.
Sylvain : Non.
Voyage musical sur la route de la soie
Fabrice : Revenons un peu à votre projet. Donc enregistrer des enfants, chantant et dansant sur des musiques traditionnelles, comment vous vous y êtes pris pour organiser ces rendez-vous le long votre étape. Vous avez pris tout un tas de contacts avant pour baliser votre itinéraire ou c’était un peu au fur et à mesure suivant les opportunités du moment ?
Sylvain : Ça a été fait… chaque enregistrement a été prévu d’une façon différente. Pour en citer quelques-uns, le premier qui est le plus simple, c’était en Inde, on était dans le sud de l’Inde, on a entendu parler de cette école, donc on a été les voir et cette école-là nous a mis en contact avec celle du Népal. Au Kirghizstan, on a trouvé, je ne sais plus comment, sur les réseaux sociaux une Kirghize qui habitait Paris. Et donc, sa tante qui vivait au Kirghizstan avait un orphelinat où on a enregistré en Slovaquie avec des Tziganes. C’est via un journaliste français qu’on a rencontré en Asie centrale aussi qui nous a parlé de cette école. Donc, on a été le voir lui, et lui nous a mis en contact avec Fredo des Ogres de Barback qui est Arménien, qui lui nous a mis en contact avec des réfugiés arméniens à Istanbul et vice versa, et etcetera. C’était à chaque fois différent.
Fabrice : D’accord. Et j’imagine l’accueil des enfants, c’était sympa et tout ça, ils étaient à fond dans le jeu.
Sylvain : Complètement. Et puis surtout que bon, il y a des instituts où les enfants ne faisaient pas spécialement de la musique tous les jours, ce n’était pas une école de musique, il y en a certains, c’était des écoles de musique. Et en fait, ils adoraient, ils étaient super-contents de nous recevoir. Bien sûr, l’accueil était vraiment chaleureux. Et surtout, on sentait certains une espèce de reconnaissance en fait, c’est des enfants qui peuvent avoir entre plus ou moins 10 ans et qui jouent de la musique, qui sont fans de musique, et là, il y a des étrangers qui viennent les filmer et enregistrer jouer de la musique. Donc, en effet, pour eux, c’était waouh, c’était incroyable, le rêve de n’importe quel gamin qui joue de la musique.
Fabrice : C’est clair, ils vous prenaient un peu pour des stars.
Sylvain : Oui, ils se disaient que… Après, je ne sais pas s’ils comprenaient vraiment qu’on allait faire un album et que du coup, en France, on allait vendre cet album et que les gens allaient écouter l’album. Mais ceux qui l’ont compris, ils n’y croyaient pas trop.
Fabrice : Toi, tu es musicien de formation ?
Sylvain : De formation autodidacte, oui.
Fabrice : D’accord, tu joues de…
Sylvain : Je joue de la batterie et de la guitare, et depuis peu de la cithare, depuis mon retour.
Fabrice : Oui, donc la musique occupe une grande place dans ta vie, voilà c’est quelque chose depuis longtemps.
Sylvain : Depuis très longtemps, oui. Aujourd’hui, avec ce projet-là moins, mais j’essaie de dégager un peu de temps pour m’y remettre.
Fabrice : D’accord. Et ton acolyte, ton partenaire lui, c’est pareil ?
Sylvain : Il joue moins aujourd’hui, mais il est saxophoniste. On a joué dans le même groupe quand on était gamins.
Fabrice : Ok. Vous aviez des instruments sur vous lorsque vous êtes partis sur votre moto, vous avez pris…
Sylvain : Non, on n’avait aucune place pour ça.
Fabrice : Même pas une petite guitare, rien.
Sylvain : Non, on avait les bagages remplis de pièces de mécaniques, de pièces détachées, c’était impossible de trainer des instruments.
Fabrice : Une harmonica, ça aurait pu être possible
Sylvain : J’avais un harmonica sur moi.
Fabrice : C’est sympa l’harmonica.
Sylvain : Oui.
Fabrice : C’est vraiment l’instrument de musique pour nomade par excellence.
Sylvain : Exactement, c’est ça.
Fabrice : Et en plus, c’est super sympa. J’en ai un, j’en avais acheté un en Malaisie, mais ça fait longtemps que je voulais… j’ai toujours voulu m’y mettre mais j’ai toujours… Il faut prendre des cours quasiment. Enfin, il y a des méthodes, etcetera, mais c’est quand même assez technique. Enfin, la musique est technique d’une façon générale.
Sylvain : Oui.
Fabrice : Là, le disque, l’album que vous avez édité, vous avez sorti un album, vous l’avez édité, dressé, enfin je ne sais pas comment dit, vous-mêmes ?
Sylvain : Avec des amis. En fait, on a des amis à Gaillac qui ont monté leur boîte de production, donc qui ont produit le film, ils ont un label aussi dans cette production et donc, ils ont édité l’album. Il est édité chez eux chez No Diggidy Records. Voilà, c’est des amis qui montent leur boîte, donc c’est le début de notre aventure, c’est le début de la leur, on s’est mis ensemble.
Fabrice : Et le disque s’appelle ?
Sylvain : A musical journey on the silk route, Un voyage musical sur la route de la soie.
Fabrice : Donc c’est un enchainement de morceaux, dans chaque pays, c’est ça, ou plusieurs morceaux dans chaque pays ?
Sylvain : On a enregistré dans neuf pays et il y a un titre par pays.
Fabrice : Et on peut le trouver comment cet album ?
Sylvain : On le retrouve sur tous les évènements où on est présent, où on projette le film et sur notre site internet qui s’appelle la même chose www.amusicaljourneyonthesilkroute – et pas road – .com
Fabrice : D’accord. Donc, vous avez également fait un documentaire et vous allez le projeter. Vous l’avez monté vous-mêmes, vous l’avez tourné vous-mêmes, c’est ça ?
Sylvain : C’est ça, ça a été tourné et monté par nos propres soins.
Fabrice : Ok. Et il y a une date prévue bientôt dans un prochain festival déjà ?
Sylvain : Là, c’est l’été, du coup, là, c’est le break on va dire. Et à partir de septembre, ça recommence oui. On a des dates dans la grande partie sud de la France, d’ouest en est, et une bonne partie dans l’ouest et puis ensuite, il y a plein de choses qui arrivent.
Fabrice : Tu as une date fixée là déjà ou ?
Sylvain : Oui, il y a en pleins. Sur le site internet, certaines sont répertoriées mais elles vont l’être dans l’été en tout cas. La première, c’est le weekend du 8, 9 10 septembre à Barcelonnette dans les Alpes, ça s’appelle le « Alpes Aventure Motofestival », c’est le premier festival de film de voyage à moto.
Fabrice : Enfin, le premier qui existe…
Sylvain : En France.
Fabrice : C’est la première édition.
Sylvain : Oui, la première édition et c’est le premier qui existe en France, oui.
Fabrice : D’accord.
Sylvain : Oui, c’est un gars qui bossait dans la presse moto et qui a toujours eu cette frustration-là de voir qu’il y avait plein de festivals de films de voyage mais pas quelque chose qui ramenait spécialement les voyageurs à moto. Donc là, il y a cinq films qui sont présentés et le festival donc parle des voyageurs à moto et il est parrainé par Anne-France Dautheville qui a été la première femme à faire le tour du monde à moto en 71.
Fabrice : D’accord.
Sylvain : Voilà.
Fabrice : Très bien. Je mettrais le lien du site sur l’article. Tiens, je voulais te poser une question, sur Samarcande, vous y êtes passés ?
Sylvain : Oui.
Fabrice : C’est aussi mythique qu’on le dit ?
Sylvain : Oui, c’est quand même incroyable, c’est d’une beauté phénoménale. On est arrivé, autour de Samarcande, on ne s’en rend pas vraiment compte et au loin, on commence à voir un peu les mosquées et quand on arrive là en face, waouh. Là, on s’assoit et on contemple un bon petit moment, oui.
Fabrice : Vous êtes passés en Iran, c’est ça ?
Sylvain : Non, on n’est pas passé en Iran.
Fabrice : Puisque justement… puisque je connais une Ispahan et c’est super joli et je voulais savoir…
Sylvain : Pour comparer.
Fabrice : Voilà pour comparer, oui.
Sylvain : Non, on ne peut pas comparer, on n’a pas pu passer en Iran. On a dû contourner par le Turkménistan.
Fabrice : D’accord. C’était peut-être la ville la plus belle, la plus intéressante par laquelle vous êtes passés ?
Sylvain : La plus intéressante, je ne sais pas, mais c’était une des villes les plus belles oui. Il y a eu d’autres choses très belles mais en effet oui, c’est une ville magnifique.
Fabrice : D’accord. Et là, la suite des projets alors, c’est quoi ? Peut-être dans les prochaines années, un autre voyage à moto ?
Sylvain : Autre voyage à moto, c’est sûr. De la musique, c’est sûr. Un autre voyage musical, ailleurs. On ne sait pas encore mais y on pense. Voilà, ça cogite bien sûr.
Fabrice : Toujours associer le voyage en moto avec la musique.
Sylvain : Le même concept, l’enregistrement d’un album de musique traditionnelle avec des enfants issus de milieux défavorisés mais pas sur la route de la soie, on explorera une autre partie du monde. Ce n’est pas encore confirmé, on ne sait pas encore où. On y réfléchit mais on veut d’abord finir ce projet-là, prendre le temps de bien diffuser ce premier volet, ce premier chapitre on va dire, avant de se mettre la tête dans le guidon dans un prochain, quoi.
Fabrice : D’accord. Bah, merci Sylvain pour avoir pris ton temps pour répondre à ces questions. Je te souhaite bonne route et bonne continuation pour ce documentaire, pour la diffusion du documentaire et pour tes futurs projets.
Sylvain : Merci à toi Fabrice de m’avoir accueilli et puis à une prochaine et bonne continuation à toi aussi. Ciao !
Fabrice : Merci. Ciao, ciao !