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– Digital Nomad Starter 2, le 15 sept à Paris : https://www.facebook.com/events/1279055405559815/
– Le blog de Romain : https://www.thailande-et-asie.com/
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Transcription
Fabrice : Bonjour à tous. Bienvenus pour ce nouvel épisode du podcast Instinct Voyageur. Aujourd’hui, on est en direct avec Romain. Romain qui vit depuis 10 ans à Bangkok. Salut Romain.
Romain : Bonjour !
Fabrice : Alors Romain qui tient un blog également forcément sur la Thaïlande qui s’appelle https://www.thailande-et-asie.com/. Je mettrai le lien comme d’habitude dans la description. Alors, Romain, bon déjà, ce n’est pas forcément facile de mettre la main sur quelqu’un qui vit en Thaïlande quand même depuis 10 ans! Raconte-nous un peu ton histoire ! Comment t’es arrivé en Thaïlande ?
Romain : Alors mon parcours c’est que on va dire à peu près par hasard, j’ai rencontré une thaïlandaise sur internet et le courant s’est bien passé. Donc, au fur et à mesure, on a commencé à avoir des sentiments. Et donc, un jour, j’ai décidé tout simplement d’aller la voir là-bas en Thaïlande. Je me suis dit ce serait l’occasion de voyager ça m’attirait. Le voyage en général m’attirait. L’Asie encore plus en particulier m’attirait. Donc, j’ai fait mon premier séjour là-bas. Donc, ça remonte à 2006.
Fabrice : D’accord. Donc, c’est ton premier voyage en Asie du coup ?
Romain : C’était non seulement mon premier voyage en Asie, je dirai que c’est mon premier voyage tout court. Si on fait abstraction d’un court séjour à Amsterdam, c’était vraiment mon premier voyage en solo en plus.
Fabrice : D’accord. Donc, là c’est l’amour qui t’a fait franchir le pas vers le bout du monde.
Romain : C’est ce qui m’a aidé. Oui !
Fabrice : Donc, tu as commencé au début tu m’as dit à faire des voyages, à faire des allers-retours entre la Thaïlande et la France, c’est ça ?
Romain : Voilà. Comme le courant est bien passé, que le premier contact a confirmé nos sentiments, j’ai commencé à venir la voir et elle de son côté a pu aussi venir me voir. On a fait comme ça en gros pendant 2 ans et arrivés au bout de 2 ans, on se posait quand même la question de se dire « Bon, et quoi ». C’était 2008, donc le début de la crise économique. Et une partie de moi me disait, allez lance-toi, c’est peut-être l’occasion de changer de vie parce que c’est vrai que moi en France, j’avais un CDI, on va dire que ma vie était un peu toute tracée. Donc, quelque part, j’ai eu envie de me lancer un défi et je me suis dit : « Allez ! Va voir ce que ça peut donner la vie en Thaïlande ».
Fabrice : D’accord. Mais, tu ne t’es pas fait viré par la crise, tu avais toujours ton CDI quand tu étais parti ?
Romain : Non. C’est vrai que c’était la crise. Au final c’était anecdotique parce que moi je n’étais pas concerné. Mais bon, je me disais le vent tourne, allons voir qu’est ce qui se passe de l’autre côté de la planète.
S’expatrier à Bangkok
Fabrice : Et puis, bon tu avais une bonne motivation pour le coup !
Romain : Et bien là oui, c’était la meilleure motivation.
Fabrice : Là, quand tu es arrivé après quelques allers-retours, tu as décidé de t’installer, de vraiment franchir le pas et t’installer à Bangkok. Alors Bangkok parce que ta femme vivait là j’imagine ?
Romain : Voilà, ma future femme, enfin celle qui allait devenir ma femme vivait à Bangkok. Donc, voilà, c’était comme ça. Et effectivement depuis, on n’a jamais cherché non plus à bouger ailleurs. Puisque bon, ça reste la capitale. C’est une ville dynamique. C’est là que se trouve le travail. Pour moi, c’est resté naturel en fait que je sois dans cette ville et pas ailleurs.
Fabrice : D’accord. Et donc, tu n’as pas eu trop de doute, de peur, de changer de pays, etc. Comment ça s’est passé ? Tu as eu une période comme ça de latence j’imagine ?
Romain : Oui, on va dire qu’au tout début, il y avait une telle motivation que je suis allé un peu avec plein d’émerveillement ! C’était une nouvelle aventure ! Tout allait bien dans le meilleur des mondes, j’ai trouvé l’amour. Moi, déjà, c’était quelque chose de très fort. Et après au bout de quelques mois, j’ai envie de dire il y a un petit retour à la réalité à savoir c’est bien d’être là en Thaïlande, mais il faut travailler, il faut vivre. C’est là qu’effectivement, oui il y a eu une période où ça n’a pas été évident parce que je me suis dit, oui il fallait que je trouve un emploi. Il faut que je fasse des démarches et là tout se passait du coup en anglais. Enfin je redécouvrais un peu le monde du travail mais de façon brute.
Fabrice : Alors, justement toi qui cherchais du travail, c’est difficile quand tu es étranger de chercher du travail, j’imagine qu’il faut un visa, une carte de séjour. J’imagine que parce que tu es étranger, ce n’est pas forcément plus facile non plus !
Romain : Non, c’est très compliqué parce que il y a des métiers qui sont interdits aux étrangers en Thaïlande. Et typiquement, ils privilégient les locaux aux étrangers. C’est-à-dire qu’en fait si l’entreprise veut embaucher un étranger, elle doit justifier pourquoi elle prend un étranger.
Fabrice : Comme en France.
Romain : Oui. Mais en fait, normalement il faut des qualifications particulières qui sont recherchées en Thaïlande.
Fabrice : L’entreprise va payer quelque chose peut-être au gouvernement parce que c’est un étranger ? Une taxe par exemple !
Romain : En fait, disons que ça coûte cher par rapport déjà au salaire minimum, parce que quand tu es étranger, on a le droit à un salaire minimum pour bénéficier d’un permis de travail. Et ça, effectivement ça coûte forcément cher à l’entreprise puisque le salaire thaïlandais moyen est beaucoup moins élevé. Donc, de manière générale, ils auront une tendance à évidemment embaucher un thaïlandais plutôt qu’un étranger. Je trouve vraiment que l’étranger a des compétences particulières qui sont recherchées et qui justifie d’un salaire beaucoup plus élevé.
Le budget pour vivre en Thaïlande
Fabrice : D’accord. Tu connais le salaire minimum en Thaïlande ?
Romain : A ce jour, il est à peu près entre 400€ et 500€.
Fabrice : Ah quand même d’accord !
Romain : ça a beaucoup augmenté ces dernières années !
Fabrice : Tu vois par exemple en Colombie, c’est à peu près 300€, le salaire minimum !
Romain : Ah oui ?
Fabrice : C’est plus élevé qu’en Colombie.
Romain : Je parlais d’un salaire moyen en fait !
Fabrice : Ah oui d’accord. C’est différent. Parce que le salaire minimum c’est beaucoup plus bas. Parce qu’à Cambodge, moi je me rappelle il y a 8 ans, il y avait des serveuses, c’était à Cambodge, mais c’était 50$ je crois le mois.
Romain : En Thaïlande, le salaire minimum aujourd’hui a été fixé à 350 bat par jour. C’est-à-dire entre 8 et 9€ par jour.
Fabrice : Ok, donc ça fait 200€ on va dire ! Effectivement, c’est plus qu’en Colombie, ça me semblait beaucoup en effet, 400 ou 500€ au minimum. Et donc, un étranger il faut qu’il soit payé à peu près le double ? Un peu plus en tous cas ?
Romain : Normalement, un étranger c’est 50000 bat en salaire obligatoire.
Fabrice : Ce qui fait ?
Romain : Ce qui fait à peu près 1200€.
Fabrice : Ce qui est bien pour vivre à Bangkok.
Romain : C’est très bien pour vivre en Thaïlande, oui !
Fabrice : D’accord donc le gars qui veut chercher un boulot en Thaïlande, il sait au moins s’il est embauché qu’il aura 1200€ en fait !
Romain : S’il est embauché dans les bonnes conditions oui !
Fabrice : D’accord. Et tu me disais qu’il y a des boulots interdits comme guide justement, comme chauffeur de taxi.
Romain : Il y a beaucoup de métiers de l’artisanat, des métiers comme architectes, coiffeurs. Du coup, je ne sais plus combien de métiers en tout, mais tous les métiers qui sont liés à l’artisanat Thaïlandais ou les arts thaïlandais sont interdits. Ils sont très protecteurs de l’emploi.
Fabrice : D’accord. Alors, toi au début, avant tu travaillais dans l’audio visuel. Donc, quand tu es arrivée, j’imagine que tu as cherché un petit peu là-dedans ou bien dans d’autres secteurs, mais finalement tu n’as pas trouvé. Je crois que tu n’as jamais travaillé comme ça ?
Romain : Si justement. Au début, j’ai trouvé une petite boite qui m’a embauché, une boite de prod. Et je faisais un petit peu tout, parce que justement, c’était une société qui démarrait et moi j’avais déjà des compétences, j’avais donc déjà travaillé en France. J’ai un diplôme reconnu. Donc, ça m’a aidé à trouver mon premier emploi comme ça.
Fabrice : Et ensuite ?
Romain : Et ensuite, avec cette entreprise là, j’ai fini par arrêter parce que je ne m’entendais plus avec mon patron. Donc, j’ai fini par trouver une autre boite par le biais de relations. Et cette autre boite j’ai fini par arrêter parce que les conditions n’étaient pas superbes. Déjà, c’était très loin de chez moi. J’avais entre 3 et 4 sortes de voiture par jour quand il y a des bouchons notament et le salaire n’était pas intéressant et le boulot n’était pas intéressant.
Fabrice : Ok. Et là, c’est quoi ton activité ?
Romain : Je vis surtout du blogging. En fait, quand j’ai senti que j’allais quitter mon entreprise, mon blog existait déjà, puisque je l’ai créé dès lors que je suis venu en Thaïlande.
Fabrice : C’était surtout pour partager.
Romain : Oui, voilà. Typiquement, je me disais bon voilà je pars à l’autre bout du monde. Je me doute que mes parents selon mes amis voudraient un peu voir ce qui se passe, ce que je fais. Donc, j’ai commencé comme ça. Mais, au début, je bossais beaucoup, je n’étais pas très assidu. C’était un peu comme ça de temps en temps et pas très sérieusement on va dire. Et quand j’ai senti que j’allais quitter l’entreprise avec qui j’étais, je me suis dit il y a peut-être un moyen quand même de faire quelque chose parce que le blogging se développait d’un point de vue professionnel. Et ça, c’était en 2013. Donc, tu vois c’était déjà une époque où on commençait à avoir des blogs émergents de voyage.
Fabrice : C’était déjà une autre époque.
Romain : Oui, c’était déjà une autre époque. Et je me suis dit voilà, il faut quand même que je fasse quelque chose, je bouge beaucoup en Asie. Depuis que je suis ici, j’ai toujours tenu à visiter les pays d’Asie. Donc, j’avais beaucoup de matière en fait en terme de lieux visités. J’ai beaucoup de choses à écrire, à dire, à prendre en photo. Donc, en 2013, je me suis mis à écrire beaucoup et à professionnaliser on va dire le site.
Fabrice : D’accord. Il faut dire que Bangkok, c’est un super hub, une superbe position géographique pour découvrir l’Asie du Sud Est avec les compagnies low-cost, c’est central, c’est génial.
Romain : Oui.
Fabrice : Et alors Bangkok, qu’est-ce que tu aimes dans Bangkok ? Il y a 20 millions d’habitions je crois et alors en général Bangkok comme dans toutes les grandes villes en général, comme dans toutes les grandes capitales, il y en a qui détestent, il y en a qui aiment, et il y en a qui adorent. C’est souvent des opinions bipolarisées comme ça. Alors, toi, tu aimes, tu détestes ou tu adores.
Romain : Je pense que la réponse est assez évidente, ça fait 10 ans que j’y vis, donc je l’aime. La réponse est assez simple c’est que c’est une ville où on se sent vivant tout simplement.
Fabrice : Comment ?
Romain : Ben on a l’impression que tout est possible. En fait, il faut voir mon background à moi. C’est-à-dire que moi je viens d’une petite ville. Mes parents sont d’une petite ville de 20000 habitants et j’ai grandi là-bas et je m’ennuyais, j’étais adolescent et il n y avait pas grand-chose à faire. Alors, voilà. Ce n’était pas terrible. Et arrivé à Bangkok, c’est une ville qui ne dort jamais en fait. On peut sortir tard le soir, il y a plein de choses à faire, il y a des théâtres, il y a des cinémas, il y a des bars, il y a des restaurants de pleines de variétés. Donc, oui c’est ça, c’est une ville où tout est possible à toute heure. Moi, j’aime bien le sentiment de se dire, j’ai faim à 4H du matin je sais que je peux manger. A Bangkok, c’est possible.
Fabrice : Tu n’es pas devenu fatigué par le bruit, la pollution, le trafic, etc. ?
Romain : Non, mais ça j’ai envie de dire c’est lié à mon état d’esprit. C’est-à-dire que moi je suis quelqu’un d’assez posé, d’assez calme. Moi, par exemple, les bouchons, on ne va pas le nier, ça existe, ce n’est pas une légende. Mais, voilà, ça me passe par-dessus, j’ai envie de dire ! La vie avec les bouchons, bon on fait avec ! Et je dirai, je vis avec un état d’esprit qui fait que ça me correspond. La pollution je tiens en général à préciser que contrairement à ce qu’on pense Bangkok n’est pas si pollué que ça. Si on regarde le site officiel qui indique le taux de particules, c’est évident que comme dans toutes les grandes villes, des fois il y a plus des pics de pollution et globalement je trouve que pour une ville de cette taille, c’est vraiment pas mal.
Fabrice : Peut-être parce qu’il y a des pentes. Ça dépend de la position géographique peut-être.
Romain : C’est lié à sa position proche du bord de mer, c’est lié au fait quand même qu’il y ait des restrictions. Déjà, il y a très peu de diesels en Thaïlande. Déjà, les taxis et les bus, ça rend au gaz. Il y a aussi des parcs aménagés exprès pour jouer sur la pollution. Ça ne sera pas trop mal et ça dépend aussi des saisons en fait ! Parce qu’en hiver, typiquement, il y aura en général, la pollution sera plus stagnante, le climat de l’atmosphère.
Fabrice : Justement la saison où il pleut le max c’est quand ?
Romain : Le max là en septembre et en Octobre.
Fabrice : D’accord. Mais bon c’est genre l’après-midi, ce n’est pas toute la journée ?
Romain : Alors, je suis obligé d’évoquer le changement climatique, mais oui, typiquement normalement c’est le soir tu as un gros orage, ça dure – allez on va dire une heure – ça lâche tout d’un coup. Et après, c’est fini. Oui, c’est que maintenant, ça devient de moins en moins comme ça. Maintenant, il y a même des pluies le matin. On va avoir une petite bruine comme en Bretagne. Il n y a même pas d’orages dernièrement. Ça fait plus d’un mois qu’il n y a pas eu d’orages.
Fabrice : Donc, depuis que tu es là, tu as vu le climat un petit peu changer ?
Romain : Ah clairement !
Fabrice : Ah d’accord. En moins bien quoi !
Romain : C’est moins prévisible on va dire maintenant. Oui. Il pleut en journée à des horaires où normalement il ne pleut pas spécialement. Pareil, il y a des pluies plus intenses. Ils ont eu beaucoup de problèmes d’inondation.
Fabrice : Et quel autre grand changement tu as vu depuis ton premier voyage il y a 10 ans. Bon, j’imagine la ville s’est agrandi bien sûr, il y a de nouvelles constructions, de nouveaux centres commerciaux, etc. Est-ce que la ville a beaucoup changé ?
Vivre en Thaïlande
Romain : Oui, c’est ce que j’allais dire. La ville se modernise beaucoup. Et le pays aussi en général, je trouve qu’il a beaucoup évolué en 10 ans parce que l’économie se porte bien. Le visage a complètement changé. Il y a des constructions en permanence. Même encore aujourd’hui, il y a des immeubles qui se construisent. Il y a le transport en commun qui se développe. Et pour moi globalement, c’est quand même un changement en mieux parce que ça reste l’Asie. Mais ça reste aussi moderne et j’aime bien ce mélange un peu du côté asiatique et tout ça. Mais en même temps, il y a cet aspect moderne de la ville qui se développe. Déjà, c’est une ville globalement assez propre. Ça en général, les gens font toujours la remarque. C’est vrai qu’ils s’attendent à ce que la vie soit crado parce que c’est l’Asie et voilà. Mais, ce n’est pas le cas.
Fabrice : Et est-ce que tu vois plus de touristes, de Backpakers ? Ça s’est développé en quantité ou pas forcément ?
Romain : Alors il y a beaucoup plus de touristes qu’il y a 10 ans. Ça c’est indéniable, parce que les chiffres je les connais quand je suis arrivé il y a 10 ans, on était à peu près 10 millions de touristes par an. Et aujourd’hui, ils sont à plus de 35 millions.
Fabrice : Ah oui quand même ! Ça s’est quadruplé.
Romain : Oui. Ça s’est quadruplé. Mais c’est en grande partie du fait que les chinois maintenant peuvent voyager, parce qu’avant ils n’avaient pas de passeport. Et il y a quelques années, la chine a décidé de donner un passeport à tout le monde. Du coup, il y a énormément de chinois qui viennent visiter la Thaïlande, ils sont plus de 10 millions.
Fabrice : Ah oui en effet oui ! D’accord. Moi, je me rappelle toujours ce quartier routard bien connu de Bangkok, avec tout ce qu’il y a de positif et négatif. Mais, c’est vrai que c’est un quartier j’imagine qui a dû un peu s’agrandir. Moi la dernière fois que je suis passé là, ça remonte à 2009, je ne sais plus… Je me dis…
Romain : Ah ça a changé quand même !
Fabrice : J’imagine ça a grandi.
Romain : Mais pas vraiment agrandi. Ils ne peuvent pas agrandir… Disons que c’est oui et non.
Fabrice : Il s’est élargi plutôt ? Parce que c’était un peu n’importe quoi des fois.
Romain : Non, ça pour le coup. Ce n’est pas qu’un nom. C’est toujours le bordel. Mais il y a quand même des hôtels qui se sont développés dans les rues adjacentes. Et le coin s’est quand même pas mal développé. Par contre, je trouve que Kho San Road reste échangé. C’est-à-dire, je pense qu’en 10 ans, ça n’a pas changé.
Fabrice : C’est la rue où tu peux croiser des prostitués, des lady-boy, des australiens bourrés, des mecs complètement perdus, déracinés, des… [Rire]. Il y a un peu cette faune que j’aimais bien observer, que j’aimais bien voir.
Romain : Et bien ça, c’est toujours pareil.
Fabrice : Et donc, il n y a pas un autre quartier qui s’est développé à côté. C’est devenu toujours un peu le point central pour les touristes. Il n ya pas … C’est une façon de parler….
Romain : Non pas vraiment, parce que oui comme je disais, il y a des rues adjacentes qui se sont développés. Mais elles existaient en fait déjà. On va dire il y a juste plus d’hôtels, il y a des rénovations qui se sont faites clairement. Mais, ce n’est pas vraiment étalé.
Fabrice : Je serai curieux de voir comment c’est maintenant Bangkok parce qu’en effet comme tu dis ça a dû pas mal changer. Moi dans mon souvenir j’aimais assez Bangkok, je suis passé pas mal de fois et je fais partie plutôt des personnes qui aimaient bien la vie parce que comme tu dis il y a ce mélange que tu retrouves d’ailleurs pas mal dans beaucoup de capitales d’Asie. Ce contraste entre le modernisme et le traditionnel que tu retrouves aussi à Tokyo au Japon. C’est un peu ce contraste, tu vois ?
Romain : Oui.
Fabrice : Bon, c’est un peu différent mais voilà. Et c’était une ville je me disais ça devait être sympa, ça doit être sympa d’y habiter quelques mois. Et comme j’imagine ils font pas mal de digitales nomades, ils font pas mal de gens alors justement c’est facile de trouver une location d’appartement quand tu es étranger ?
Romain : Oui, parce qu’il y a énormément d’appartements à Bangkok. Il y a tellement de choix qu’en une journée, tu peux trouver un appartement, c’est hyper facile.
Fabrice : En une journée vraiment ?
Romain : Ah oui ! Il y a eu un jour où j’ai dû déménager de chez moi parce que c’était urgent, on faisait un plan dans notre quartier, on a pris la voiture, on s’est baladé et le soir même on avait trouvé quoi !
Fabrice : Tu n’as pas de dossiers à faire, des garants, des fiches de paie à montrer, etc.
Romain : Non. Alors là, c’est hyper simple.
Fabrice : Ah ça, c’est génial comparé à Paris.
Romain : Ah oui non ! C’est très basique.
Fabrice : Ok. Et en général c’est des locations meublées ?
Romain : Ça dépend. Là, pour le coup, il y a tout. Il y a du meublé ou du non meublé. Il y a des fois tu as des locations qui te demandent une durée minimum. Ça va peut-être 6 mois ou un an souvent. Mais il y a moyen de trouver pour quelques mois parce qu’il y a aussi ce qu’on appelle des services-appartements où c’est à mi-chemin. C’est entra un appartement et un hôtel. Mais il y a moyen de faire des locations et tout ça sur plusieurs mois.
Fabrice : Et quel est le quartier que tu conseillerais pour vivre 2 ou 3 mois ?
Romain : Ça dépend ce qu’on cherche en fait. Qu’est ce qu’on veut faire exactement à Bangkok ? Un des quartiers où il y a beaucoup d’expatriés, ça bouge beaucoup et que les gens aiment bien rester c’est Sukhumvit et après si on veut peut-être plus un quartier on va dire local, on va dire que c’est devenu la visée des étrangers puisque c’est un quartier qui est sympa aussi, j’y ai habité plusieurs années, c’est Harry. Il n’est pas très connu parce qu’il est plus vers le nord de la ville. Mais, il suffit de prendre le métro, il y a un arrêt, et ce n’est pas mal. Ce n’est pas très loin d’ailleurs du marché du weekend.
Fabrice : D’accord. Oui, parce que les transports en plus ne sont pas mal à Bangkok. Tu as le métro aérien, non selon mon souvenir ?
Romain : Il y a un métro aérien. Tu as un métro sous-terrain. Mais il n y a pas assez de lignes par rapport à la taille de la ville.
Fabrice : Mais le métro sous-terrain est assez récent. Il me semble dans mon souvenir qu’en 2009, il n y en avait pas.
Romain : Si, il est de 2004.
Fabrice : Ah oui d’accord. Je crois que je ne l’avais jamais pris. Je n’ai pris que le métro aérien. Bon, tu as les bus, tu as les fameux tuk tuk évidemment qui sont- il y en a qui aiment ou qui n’aiment pas mais bon – ce n’est pas très cher en tous cas pour se déplacer. C’est toujours dans l’image de la fresh fish, le mec qui débarque, tu sais ! Il y a plein de touristes qui connaissent le grand truc là de Bangkok, tu débarques tu prends ton tuk tuk, et pour pas cher, il t’emmène faire la visite des boutiques de tailleurs.
Romain : Les tailleurs ou les bijoux !
Fabrice : ça existe toujours ça ?
Romain : Ah oui. C’est un classique.
Fabrice : Il y a toujours des touristes chaque année, qui s’énervent au bout d’un moment.
Romain : Ah oui justement. Il faut savoir rester zen. C’est les vacances.
Fabrice : Voilà mais bon je crois que ça continue toujours. Mais oui. Et les Tuk tuk, ça occupe toujours une part importante dans la ville. Ça n’a pas changé ?
Romain : Et bien je pense que ça a quand même réduit en 10 ans. On va dire que je n’ai pas énormément fait gaffe. Mais, je pense qu’il y en a beaucoup moins. Parce que ça a ses inconvénients et comme il fait chaud, c’est quand même mieux un taxi avec de la clim. Mais en tous cas pour les touristes ça marche toujours mais si tu sors des zones touristiques, il y en a beaucoup moins.
Fabrice : Il y a Uber aussi en Thaïlande.
Romain : Non, ils y étaient, mais ils ont arrêté et en fait, ils ont revendu leur part de marché à une application locale, qui s’appelle Grab-Taxi. Et c’est très bien d’ailleurs.
Fabrice : D’accord. Ils sont partis. C’est étonnant !
Romain : Oui.
Se loger à Bangkok
Fabrice : Alors, on parlait du logement. Est-ce que tu as des idées prix ?
Romain : Alors c’est très variable en fonction du type d’appartement parce que tu vas avoir des appartements, ce que j’appelle à la taille, c’est-à-dire très basique. Tu auras juste un appartement on va dire. Et après, tu auras les Condominiums où tu auras une piscine, une salle de gym et après il y a- en fonction que si tu es loin ou pas – des transports en commun. Ça peut littéralement varier du simple au quadruple. Pour citer des exemples, oui par exemple, j’ai habité un moment dans un appartement thaï qui n’était pas trop loin du métro. Et à l’époque je payais 150€.
Fabrice : Et ça faisait combien de m2.
Romain : C’était petit, ça faisait 30m2, je n’avais qu’une pièce d’ailleurs.
Fabrice : D’accord. 30m2 pour 150€ ?
Romain : Oui.
Fabrice : Oui. Ce n’est pas cher.
Romain : Et après, il y a eu un autre appartement qui lui était un petit peu plus éloigné du métro. Mais par contre, c’était grand, j’avais 900m2, et là je payais 350€.
Fabrice : Ah la la ! C’est royal. 90m2 pour 350€.
Romain : Celui là, c’était quand même un bon plan quand même. Franchement ce n’était pas mal.
Fabrice : Ah oui, c’est royal. 90m2 pour 350€. A paris, tu n’as même pas une chambre de bonne. Enfin bon ! Il ne faut pas comparer sinon ça fait mal.
Romain : En moyenne, je dirai une chambre, un appartement avec une chambre, c’est pareil d’environ 30m2, tu prends de l’ordre de 400 ou 500€. Je parle là pour des bons appartements à côté du métro.
Fabrice : D’accord. Donc, disons que pour 1000€, tu vis à Bangkok.
Romain : C’est faisable si on n’est pas dépensier clairement.
Fabrice : Si tu ne prends pas l’avion tous les weekends, si tu ne fais pas des grosses sorties jusqu’à pas d’heure, c’est faisable.
Romain : Oui, c’est faisable.
Fabrice : Voilà. Et il y en a qui vivent avec moins en Thaïlande d’ailleurs. Parce que là on parle de Bangkok qui est la ville la plus chère évidemment. Mais il y a Chiang Rai, il y a des îles au Sud, etc.
Romain : Il y a la compagne aussi. Les îles en général, ça coûte plus cher parce que la vie sur les îles coûte plus cher.
Fabrice : Parce qu’on parle souvent que de Chiang Rai et de Bangkok, mais il y a d’autres villes où c’est agréable de vivre, il y a d’autres coins où ….
Romain : Si on prend par exemple le nord, il y a Chiang Rai qui est beaucoup plus petite, beaucoup plus calme, plus au nord là en Thaïlande. Je n’ai pas spécialement cette connaissance qu’il y a beaucoup de gens qui y vivent, en tous cas des digitales nomades. Mais, après moi des villes que j’aime bien et que je trouve sympas, parce qu’il y a un cadre plus à taille humaine. C’est des villes moins connues comme Lampang, qui est sur la route du nord. Alors moi, c’est vrai que je connais beaucoup le nord en fait, toute la partie centrale et nord du pays et un petit peu le nord-est, le sud j’ai moins souvent l’occasion d’y aller, je pourrais moins dire s’il y a une bonne ville du sud.
Fabrice : Tu es plus montagne que plage quoi.
Romain : Et bien oui et non en fait. Moi, j’aime bien les deux et si j’ai moins d’occasions d’aller dans le sud, déjà parce que c’est plus cher et souvent je suis plus souvent dans le nord effectivement.
Fabrice : D’accord. Et alors, une autre question que j’avais envie de te poser. Comment ça se passe au niveau du visa ? Le fameux visa. Comment il s’appelait déjà… où il fallait que tu sortes de la frontière pour avoir à nouveau un visa touriste, ça a changé non ? Il y a des règles qui ont changé ?
Romain : Ça, ça n’existe plus parce qu’il y a eu trop d’abus. En fait, on appelait ça un visa run, ce n’est pas un terme officiel c’est que les gens techniquement, ils utilisaient l’exemption de visa, donc ça, ça existe toujours et qui donne droit à 30 jours de visite sur le territoire thaïlandais et typiquement les gens avant, ils sortaient au bout de 30 jours, et puis op, ils re-rentraient. Avant, c’était automatique de faire ça, tu pouvais faire ça à l’infini.
Fabrice : Tu pouvais rester 12 mois sur l’année ?
Romain : Tu pouvais rester indéfiniment. Et comme il y a eu des abus, ils en avaient marre. Donc, maintenant, c’est limité en fait, tu ne peux plus faire ça.
Fabrice : Il y a un nombre de fois du coup. Tu peux rester combien de mois alors en Thaïlande sur une année avec un visa touriste ?
Romain : Alors à la limite, il faut faire la distinction parce que là je parlais de l’exemption de visa. Ce qui n’est pas vraiment un visa. C’est une autorisation gratuite de 30 jours, parce qu’après, tu as un visa tourisme qui lui est de 2 mois, que tu dois obtenir à l’avance via l’ambassade alors que l’exemption tu l’as directement à l’arrivée sur le territoire.
Fabrice : D’accord. Donc, si tu demandes 2 mois, tu arrives en Thaïlande, tu peux les renouveler les 2 mois ?
Romain : Tu peux les prolonger de 30 jours, tu peux avoir 3 mois.
Fabrice : Ok. Et ensuite, tu restes encore plus ?
Romain : Alors, si tu veux rester encore plus. D’ailleurs, c’est ce que j’ai fait au tout début du mois. C’est-à-dire, j’avais demandé un visa touriste à double entrée. C’est-à-dire que j’ai eu mes 2 mois. Ensuite, j’ai prolongé de 30 jours. Ensuite, je suis sorti du territoire. Et quand je suis re-rentré et bien j’ai eu de nouveau 2 mois et j’ai re-prolongé de 30 jours. Donc, j’ai eu 6 mois.
Fabrice : D’accord. Donc, tu peux rester 6 mois avec un visa touriste ?
Romain : C’est possible de rester jusqu’à 6 mois.
Fabrice : D’accord. Sinon, après, on passe sur d’autres visas. Bon, toi tu n’es plus concerné du coup ?
Romain : Non, moi j’ai le visa. Je suis marié à un conjoint thaïlandais, donc j’ai un visa adéquat.
Fabrice : D’accord. Et j’ai vu il y a 2 ans. Ils ont voulu mettre en place… Alors, il y a des gens qui parlaient d’un visa digitale nomade, ce n’est pas exactement ça, mais un visa pour ce genre de personnes en fait. Je ne sais pas si tu en as entendu parler.
Romain : Si. En fait, ce n’est pas tout à fait ça. Mais c’est qu’ils cherchent en fait à simplifier la venue pour des entrepreneurs en Thaïlande. Et en fait, parmi les catégories, c’est vrai qu’il y avait le terme digitale-nomade – je ne sais pas s’ils ont employé le terme de digitale nomade – Mais en gros, ils cherchent des gens qui ont des compétences dans les nouvelles technologies surtout. Mais pas forcément dans le sens blogueur. C’est plus dans le sens des peut-être pas des programmateurs, mais en tous cas des gens calés au niveau technique et programmation.
Fabrice : Ah parce que j’avais il y a 3 ou 4 ans un pote qui avait fait un séjour en Thaïlande et à Chiang Rai, il y a pas mal d’espace de co-working là-bas.
Romain : Oui, c’est vrai.
Fabrice : Et il y avait les mecs de l’immigration qui avaient débarqué. Ils avaient embarqué presque tout le monde parce qu’ils pensaient que c’était du travail au noir, un truc louche quoi, parce qu’ils avaient du mal à saisir le concept en fait si tu veux. Et mon pote s’était retrouvé à la poste de police. Il a dû justifier. Et apparemment l’administration thaïlandaise, parce qu’il y a quand même beaucoup de digitales nomades en Thaïlande. Du coup, ils ne savent pas trop. Ils ne rentrent dans aucune case niveau visa. Et ils ne savaient pas trop quoi en faire visiblement.
Romain : Le problème effectivement, c’est qu’il n y a pas de statut. Le statut d’auto-entrepreneur n’existe pas en Thaïlande encore moins pour un étranger. C’est vrai tous ces gens là qui travaillent en Thaïlande mais n’ont pas d’entreprise, ils n’ont pas dans l’absolu à payer de taxe, puisqu’ils sont rémunérés par rapport au Thaïlande. Donc, il n y a pas de statuts effectivement pour ça et je sais qu’ils cherchent effectivement à mettre en place un genre de visa ou un statut qui permettrait à ces gens là de travailler légalement ici.
Fabrice : Oui, ils y pensent quoi. Ils savent…
Romain : Oui, ils y pensent oui.
Fabrice : D’accord. Et alors c’est facile de créer une boite en Thaïlande ?
Romain : Si on a toutes les clefs en main, oui !
Fabrice : L’imposition est élevée ? Est-ce que c’est avantageux ?
Romain : Pour les entreprises, non ce n’est pas très élevé. Alors, la TVA ici est à 7%, ce n’est pas très élevé.
Fabrice : Et l’impôt sur les sociétés ?
Romain : Alors l’impôt sur les sociétés, je ne suis pas sûr.
Fabrice : Il y a des chances que ce soit moins élevé qu’en France.
Romain : Je pense aussi oui. Mais par contre, tu as un capital de départ minimum qui est élevé.
Fabrice : D’accord.
Romain : De base en fait, le capital demandé est de 50000€. Et typiquement, il faut pour un permis de travail. Donc, si toi, tu es étranger, tu fonds ton entreprise, pour avoir ton permis de travail, il faut que tu emplois 4 employés thaï.
Fabrice : Ah oui 4 ?
Romain : Oui.
Fabrice : Mais tu ne peux pas avoir qu’un employé ou être tout seul ?
Romain : Non, normalement de base c’est comme ça.
Fabrice : D’accord. C’est un peu curieux.
Romain : Et bien ils veulent qu’on fasse bosser les locaux. En gros, l’idée c’est ok c’est bien tu investis de l’argent et bien fais bosser nos gars. Ce n’est pas juste toi tu crées ton entreprise dans ton coin et… Non non !
Travailler à Bangkok
Fabrice : Et justement, quelle est la vision un peu des thaïs ? Ils ont quoi comme image les thaïlandais par rapport aux étrangers parce que je vais dire la Thaïlande fait partie finalement des rares pays qui n’a jamais été colonisés. Du coup, quelle image ont les thaïlandais ? Quels rapports ils ont avec les étrangers ?
Romain : Et bien globalement, ils sont d’accord – j’ai envie de dire qu’il n y a pas de mauvais rapports. Mais effectivement ils ont un côté nationaliste comme ils n’ont jamais été colonisés, ils ont cette fierté de dire ça au monde. On n’a jamais dépendu des étrangers, donc quelque part avec les règles qu’ils ont dans le milieu de l’entreprise, etc., c’est une manière de dire : « Nous n’avons pas besoin de vous. Nous pouvons travailler par nous-mêmes et on sait tout faire. »
Fabrice : Donc, il y a plus un rapport d’égal !
Romain : Oui, en gros ils ne veulent pas se sentir inférieurs d’un point de vue professionnel.
Fabrice : Ils ont raison !
Romain : Donc, l’emploi est effectivement très protégé et alors après, voilà, les étrangers s’ils investissent de l’argent, ils sont très contents évidemment, on reste les bienvenus quand même dans l’absolu.
Fabrice : Et plus un niveau quotidien dans tes relations amicales – je ne sais pas – c’est difficile d’avoir des relations profondes avec un thaïlandais, il faut du temps ? Ils ne se confient pas facilement ? Il y a forcément par rapport à la culture une approche différente.
Romain : Il y a ça et je dirais il y a aussi déjà la barrière de la langue dès le départ.
Fabrice : Oui, parce que peu de monde parle anglais.
Romain : Peu de monde parle anglais. En tous cas, on va dire un bon niveau d’anglais et à l’inverse, parler le thaïlandais ce n’est pas gagné non plus. C’est quand même difficile. Même moi, au bout de 10 ans, je suis loin d’être bilingue. Donc, déjà, ça pose un problème dès le départ. Et après, c’est vrai que les relations sociales ici sont nettement différentes parce qu’un thaïlandais ne va pas sortir, ne va pas discuter comme on le ferait nous. Il n’a pas le même niveau de relations qu’on pourrait avoir en France.
Fabrice : D’accord. Et toi, tu me disais en off, tu as peu d’amis thaïlandais.
Romain : Oui, et en général, ça sera souvent le cas de tous les expatriés parce que je dirais on s’y retrouve pas… ça peut arriver en fait que tu aies des contacts avec des thaïlandais si justement eux ils sont relativement baignés dans une autre culture. Ce sera par exemple le cas des thaïlandais qui sont mixtes, qui ont un parent étranger et l’autre thaïlandais ou des thaïlandais qui ont séjourné longuement à l’étranger. Il y a des amis, j’ai des connaissances thaïlandaises mais qui en fait, sont parfaitement bilingues, ils parlent français comme toi et moi. Donc, ça dépend pour moi c’est « de faux thaïlandais », ils sont presque français.
Fabrice : Quels sont les côtés que tu aimes le moins Romain en Thaïlande ?
Romain : Alors ce que je déteste par-dessus tout, c’est la conduite. Enfin, c’est l’anarchisme qu’il y a dans la conduite et cette espèce de « je m’en fou » en général de la vie d’autrui parce qu’ils conduisent dangereusement. Et oui, ça m’exaspère parce que comme je conduis beaucoup, je le vois en fait tous les jours et des fois j’ai du mal avec ça.
Fabrice : Autre chose ?
Romain : Et bien l’aspect protectionniste du pays. C’est vrai que des fois c’est usant de ne pas se sentir toujours les bienvenus en fait. De manière générale à Thaïlande, ils ne s’en cachent pas trop, ils aiment les gens s’ils investissent. Donc, ils aiment qu’on apporte de la richesse typiquement le côté backpaker : Le mec qui n’a pas de moyens, qui vit en Thaïlande et qui espère éventuellement rester ça, ils n’en veulent pas quoi !
Fabrice : Et encore à plus forte raison les backpakers, qui parfois m’ont dit dans la rue, ils ne doivent pas comprendre quoi !
Romain : Ah non ça les dépasse ! Et tu prends même d’un point de vue tourisme, ils ciblent de plus en plus vers la clientèle plus haute gamme parce que c’est vrai qu’ils aiment les gens qui vont effectivement acheter une chose et qui vont participer à l’économie du pays. C’est vrai que les gens qui voyagent à un petit budget pour eux, ce n’est pas intéressant.
Fabrice : Mais la différence culturelle tu la ressens où vraiment ?
Romain : ça peut être sur des petites choses. Tiens un exemple concret c’est le second degré. Quand on fait de l’humour typiquement, bon le second degré, ça fait partie du quotidien, je dirais, en France tu fais une blague, en général on comprend l’ironie derrière. Alors Thaïlande ça n’existe pas. Ça m’est arrivé de me prendre la tête plusieurs fois avec ma femme parce que je disais des blagues mais elle le prenait au premier degré, elle le prenait mal. Et ça, ce n’est pas évident par exemple de dealer avec ça.
Fabrice : Oui, j’imagine. Du coup, il faut faire son deuil d’un certain humour. Il faut faire son deuil des jeux de mots, de l’ironie.
Romain : Et bien il faut faire attention à ce qu’on dit oui.
Fabrice : Et ça ne te prend pas la tête des fois ce quelque chose qu’on retrouve partout en Asie ? Comment dire, cette façon qu’ont les gens d’avoir du mal à avouer leurs faiblesses. Ils ont du mal à avouer qu’ils ne savent pas surtout devant un étranger, tu vois, garder la face, le sourire.
Romain : Disons pour moi, dans mon quotidien, je ne le subis pas trop, je ne le ressens pas trop. Après, oui, c’est clair que c’est une caractéristique qui n’est pas évidente pour nous parce que c’est tellement ancréé dans leur façon de penser qu’effectivement, ils sont capables en fait de dire oui oui, alors qu’ils ne savent pas du tout. C’est vrai que ça mène à des situations qui peuvent être facilement évitées pour juste une question de préservation de la face comme ils le disent…
Fabrice : et au quotidien, tu sens ce poids de la religion de la spiritualité.
Romain : Et bien disons que la religion, elle est tellement omniprésente qu’au bout d’un moment, on ne fait plus trop gaffe. C’est vrai qu’avec la profusion des temples qu’il y a partout, je dirai les gens ici c’est naturel pour eux d’aller effectivement dans un temple, faire une petite prière ou une petite donation, c’est quotidien et voilà. Donc, finalement, on ne fait plus gaffe. Mais l’avantage c’est que c’est bouddhiste donc, ce n’est pas une religion qui est exigeante, ce n’est pas une religion qui impose en fait. C’est une religion assez libre. Et bien pareil, pour citer un exemple, quand je me suis marié, il n y a pas de conversion ça n’existe pas. Je me marie selon la tradition bouddhiste mais on ne m’a pas dit « Tiens, il faut que tu fasses… »
Fabrice : Mais, il doit y avoir des familles qui le demandaient non ?
Romain : Non, il n y a pas de conversion dans le bouddhiste ça n’existe pas. Je suis juste le protocole des cérémonies, mais on ne te dit pas « Tiens, il faut que tu deviennes bouddhiste. »
Fabrice : D’accord. C’est forcément une religion plus ouverte. Enfin, il parait que ce n’est pas vraiment une religion d’ailleurs, c’est plus une spiritualité.
Romain : Oui voilà. En général, on dit que c’est un peu plus comme une philosophie de vie plutôt qu’une religion, parce qu’il n y a pas de visibilité en tant que telle. Les gens ont oublié souvent comme je dis Boudha, ce n’est pas un dieu, c’est une personne et c’est quelqu’un qui a suivi une certaine voix jusqu’à atteindre le Nirvana. Nirvana, c’est le paradis. Mais, au final, c’est juste être une bonne personne.
Fabrice : Et toi, c’est une philosophie qui t’a attirée ?
Romain : Pas particulièrement. Mais, ça me correspond bien aussi. Je trouve que c’est agréable à vivre puisque ce n’est pas imposant. A l’inverse, bon surtout le dernier mois, je ne sais avec le problème qu’il y a. Mais, un pays musulman en général, le poids de la religion est beaucoup plus visible au quotidien que dans le bouddhiste.
Fabrice : Ah oui, c’est clair ! Des fois même c’est très contraignant. Et ce n’est même pas la peine de le voir. Enfin, ce n’est pas la peine de partir dans des pays musulmans pour le voir, en France, je l’ai vu, j’ai des amis dont les parents sont musulmans et tu vois déjà la contrainte en fait et le poids de cette religion sur leurs enfants en fait. Et oui, c’est lourd pour certains c’est même un problème. Mais bon ! Du coup, tu es bien installé à Bangkok, en Thaïlande depuis 10 ans. Pour l’instant, tu vas rester au moins 10 ans au moins ! Toute ta vie peut-être ?
Romain : Non, on ne peut pas dire, parce que moi je suis ouvert éventuellement à aller ailleurs et ma femme aussi. Donc, je ne sais pas. On va dire tant que je suis bien et que ma vie roule, que tout roule, je ne vois pas vraiment de raisons de partir. Mais peut-être qu’un jour, j’aurais envie de changer d‘horizon, comme on dit qui ira verra !
Fabrice : Dernière question pratique, le système de santé tu le trouves comment en Thaïlande ? Les dentistes, les médecins ?
Romain : Globalement, c’est très bon.
Fabrice : Parce que je crois qu’il y en a qui vont vouloir refaire leurs dents en Thaïlande il me semble !
Romain : Il n y a pas que refaire les dents, même se faire opérer parce qu’il y a un système de soins qui est très bon. Je parle vraiment surtout pour les hôpitaux privés. Mais c’est très bon et ça coûte moins cher potentiellement qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Donc, non c’est bien. Après, il vaut mieux avoir une bonne assurance santé aussi pour couvrir s’il y a des frais élevés…
Fabrice : Toi, tu as une assurance santé sur place ?
Romain : Non, moi je n’ai rien du tout.
Fabrice : Tu es encore affilié à la France ?
Romain : Non.
Fabrice : Et tu n’as rien du tout là, pas d’assurance, pas de mutuelle ?
Romain : Non, rien !
Fabrice : Et bien Romain, il faut rectifier. On ne sait jamais !
Romain : Ça coute cher. Pour l’instant je profite que je sois jeune et j’y pense parce que je sais qu’il le faudrait à un moment donné. Mais, c’est quand même un coût non négligeable. En gros, tous les sites que j’ai pu tester c’est de l’ordre de 100€/mois.
Fabrice : Ça c’est quoi ? C’est l’assurance santé ?
Romain : Oui, c’est une assurance santé pour les expatriés.
Fabrice : Et encore 100€/mois, c’est bien. J’ai vu beaucoup plus cher.
Romain : Oui, maintenant, je pourrais peut-être me le permettre. Mais il fut un temps, c’était clairement hors de mes moyens.
Fabrice : D’accord. Bon, écoute, je crois qu’on a fait le tour. Là, on a dépassé 45 minutes, c’est souvent la limite fatidique sur ce podcast. Donc, on ne va pas tarder à conclure. Alors, c’est quoi tes projets ? Tu as des projets de voyage, des projets professionnels dans les mois à venir ?
Romain : Un projet de voyage oui. Ce qui me fait envie en ce moment, c’est le Ladakh en Inde.
Fabrice : Ah oui, génial !
Romain : Puisque là cette année en fait, je suis allé au Japon. Ça faisait aussi longtemps qu’on voulait y aller. Ça nous a coûté très cher.
Fabrice : Et ben tu m’étonnes !
Romain : Mais le Ladakh oui, pour moi ça me dirait bien. On est déjà allé en Inde, mais on n’était pas restés très longtemps. On avait fait un petit bout du Nord-est de l’Inde.
Fabrice : Ecoute, c’est super tout ça. De toutes manières, l’Inde c’est tellement immense. Ladakh je ne connais pas j’étais allé jusqu’à Dharamsala. Mais oui, je regrette de ne pas avoir poussé plus haut à l’époque. Mais, oui l’Inde, c’est magnifique. Et la Birmanie, tu es déjà allé au Birmanie ?
Romain : Oui, je suis déjà allé. Par contre, je n’ai pas encore fait bagan et les classiques. J’avais fait le sud de la Birmanie qui est moins connu.
Fabrice : Oui, je connais moins. Je crois que je n’y étais pas allé d’ailleurs.
Romain : Non. Mais il y a peu de gens qui y vont.
Fabrice : Il doit y avoir des plages désertes magnifiques, pas de touristes.
Romain : Oui, c’est ça. J’ai un magnifique souvenir de cette plage que j’ai chevauchée en moto. Ça c’était un souvenir génial.
Fabrice : Ah oui, ça me donne grave envie de revenir en Birmanie. Bon, on va se quitter sur cette belle image de plages désertes en Birmanie. Ecoute, merci Romain. Plein de bonnes choses pour toi.
Romain : Merci à toi.
Fabrice : Je mets encore une fois le lien de ton blog où on trouve pas mal j’imagine d’informations pratiques, etc. si on veut visiter la Thaïlande et Bangkok en particulier. Et puis, écoute on se croisera peut-être à Bangkok. Si un de ces jours je vais repasser par Bangkok, je te ferai signe.
Romain : Et bien tu es la bienvenue.
Fabrice : Ecoute merci. Ça sera cool de se boire une petit tiger.
Romain : Singha
Fabrice : C’est comment ?
Romain : Singha. Oui, la principale. Oui, tu as Singha, tu as la tiger et tu en as une autre. La tiger est moins répondue, tu as la chaang et la Leo.
Fabrice : Ah oui je m’en rappelle la Leo. Enfin, je me rappelle surtout des hôtesses de la bière Tiger. Enfin bref, souvenirs souvenis ! Bon, allez, on va se quitter, je te souhaite plein de bonnes choses Romain. Et puis, à bientôt.
Romain : A bientôt !
Fabrice : Salut Romain.