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IVCAST 81 : L’Inde : le choc d’un voyage sans retour, avec Christine Sagnier

Christine Sagnier est l’auteur d’un roman « La Lettre de réclamation » ou l’histoire d’un voyage en solitaire en Inde, d’un choc culturel. De retour en France, le rescapé entreprend d’écrire une lettre de réclamation à l’éditeur de son guide de voyage, avec lequel il est parti en Inde. Vous allez voir que ce n’est pas triste !

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Christine lors de son voyage en Inde

 

A propos

Un roman, donc, mais un roman basé sur le vécu de Christine. On y parle de choc culturel, de ce qui fait l’Inde, de l’Inde comme Voyage avec un grand V.

 

Les liens :

– Le roman : La Lettre de réclamation.

– Loin de Chandigarh. 

 

 

Merci d’avoir écouté !

 

Transcription

Fabrice Dubesset : Bonjour à tous. Aujourd’hui, on va parler de l’Inde et je suis avec Christine Sagnier, auteur qui a publié le livre « La lettre de réclamation » aux éditions inédites. Bonjour Christine.

Christine Sagnier : Bonjour Fabrice.

Fabrice : Je voulais t’inviter parce que, d’abord, j’ai bien aimé ton livre. C’est un roman qui raconte le voyage d’un breton de 65 ans qui vient de divorcer et qui décide de se payer un voyage, une aventure, un périple en Inde. C’est sa première fois en Inde et peut-être même sa première fois en Asie, ce qui le rend complètement déboussolé par ce voyage et par l’Inde. Ce qui rend ton livre assez original, c’est que c’est une longue lettre de réclamation qu’il écrit à un éditeur de guide pour raconter son voyage et pour se plaindre des erreurs qu’il a trouvées dans le guide. Donc, c’est une longue lettre de réclamation qui est assez drôle. Pour celui qui connaît l’Inde et qui a voyagé, forcément il y retrouve beaucoup de choses, beaucoup de situations, beaucoup d’émotions qu’il a vécues ainsi que beaucoup d’expériences.

 

Une inspiration venue d’une histoire vécue

Fabrice : Alors, comment t’es venue l’idée d’écrire ce livre et sous cette forme-là ?

Christine : Au départ, ça a commencé par un voyage en famille. On a pris du temps pour se décider à partir en Inde parce que beaucoup de gens hésitent et se disent : « est-ce que je vais pouvoir survivre en Inde ? ». Et donc, c’est un voyage en famille d’un mois, le sac au dos, avec deux pré-adolescents, dont j’ai vu les réactions, et les nôtres, face à un pays qui bouillonne et qui est parfois aux antipodes de notre culture. Et à voir le comportement d’autres touristes, je trouvais que c’était très troublant. C’est un pays qui marque : certains détestent et certains adorent. Je pense qu’on ne peut pas être dans l’entre deux. Il y a une sorte de tumulte permanent : les odeurs, les couleurs, les gens qui se pressent et nous y étions pendant la mousson en plus donc s’ajoutent à tout cela des trombes d’eau. Tout cela fait que l’on a toujours les émotions qui tourbillonnent.

Fabrice : Donc, on peut dire que c’est le voyage avec un grand V puisque là, il y a la différence et ça nous impact.

Christine : Oui, là ça a été vraiment mon premier voyage. Jusqu’à ce moment-là, nous étions déjà partis à droite et à gauche, dans le même contexte et la même manière de voyager, mais là, c’est un voyage qui a marqué. Au bout d’un mois, on était content de repartir, en ce qui nous concerne. A quatre, ce n’était pas si simple, mais de retour, c’était vraiment un voyage qui fait réfléchir à la condition de vie, à plein de choses, à sa propre condition de vie. C’est un voyage qui est là pour un long moment.

L’Inde, un pays bouleversant

Fabrice : L’Inde ça marque tellement, ça impacte tellement que certains « pètent un câble ». Ce syndrome est connu d’ailleurs. Régis Airault avait écrit un livre qui s’appelle « Fou de l’Inde ». C’était un psychiatre qui a écrit un livre sur tous ces occidentaux qui, parfois, sont obligés d’être rapatriés car ils déconnectent complètement. Vous, vous n’avez pas sentis ça ?

Christine : Non. Nous n’avons pas eu besoin d’être rapatriés, mais j’ai lu le livre « Fou de l’Inde », qui était d’un psychiatre qui travaillait à l’ambassade de France en Inde. Ils rapatriaient effectivement les français en déroute. Et c’est vrai que c’est frappant de voir des gens complètement perdus. J’ai vu des adolescents en crise dans la rue, ils étaient très agressés. Je pense qu’il y avait une tension, du coup, on passe d’une émotion à une autre, du beau au laid, du pauvre au riche… Enfin, on est tendu en permanence. Il y a quelque chose qui bouleverse vraiment une sorte d’équilibre intérieur. Pour peu qu’on soit fragile, certains peuvent justement déconnecter. Et justement, mon personnage, qui est dans la soixantaine passée et qui vient de divorcer, un peu mis sur la paille par sa femme et qui a perdu son emploi, part en Inde avec son sac sur le dos alors qu’il a l’habitude de voyages organisés. Donc là, c’est le grand chambardement et il va complètement disjoncter. Il y a quelque chose qui explose.

Fabrice : Tu m’as dit que tu avais croisé des voyageurs de tout âge, de toute condition sociale et de toute provenance, qui s’étaient enfermés dans leur chambre. N’y avait-il pas de profil particulier ? Peut-être fallait-il une certaine sensibilité ou peut-être une certaine fragilité ? Peut-être aussi, si c’est le premier grand voyage qu’on fait et qu’on commence par l’Inde, c’est un peu plus difficile sans doute ?

Christine : Je ne conseillerai pas l’Inde comme premier grand voyage effectivement. Et moi, j’ai vu deux femmes, que je n’ai pas rencontrées car elles étaient cloitrées dans leur chambre, mais elles avaient entre la cinquantaine et soixantaine. Elles ne sortaient plus, elles étaient à peu près terrorisées par l’environnement. Il y avait une sorte de violence un peu sourde. Je trouve qu’il y avait des relations un peu tendues entre les gens, comme s’il fallait tellement faire sa place qu’on bouscule l’autre.

La femme, le genre malmené en Inde

Christine : Les femmes n’ont pas de considération et il est vrai que les hommes ont des comportements souvent déplacés. Déjà, je pense qu’il est clair et certain que la vie des indiennes est très compliquée et que les européennes ainsi que toutes les occidentales sont considérées comme des moins que rien, étant trop libres. Elles sont considérées comme des filles et des femmes faciles. Moi, en tant que femme dans la quarantaine entourée de mes fils et de mon mari, ça n’empêchait personne d’arriver et de me frotter la fesse ou les seins. Et c’est comme ça même avec l’anneau du mariage et le mari à côté.

Fabrice : Donc, même ce fait ne retient pas ce qu’ils peuvent penser alors que dans certains pays, le fait de porter l’anneau de mariage retient beaucoup.

Christine : Non. Je pense que là, il y a une vision très négative de la femme occidentale, donc il n’y a pas de retenue. J’ai l’impression que c’est quand même un pays dans lequel il y a beaucoup de choses contenues et qui après se libèrent. A l’occasion de fêtes et autres, les hommes boivent beaucoup et deviennent vraiment intenables.

Fabrice : En tout cas, moi, j’ai aussi constaté ça lorsque j’ai fait un voyage en Inde en 2008 avec ma copine. Il y avait quand même des indiens qui étaient entreprenants et qui avaient des gestes déplacés. Ce qui est intéressant, c’est que quand tu es un homme seul, plusieurs indiens viennent te parler. Un de leur premier thème était sur le sexe. Ils demandaient : « est-ce que c’est le free sex en Europe ? ». Alors, je disais : « Non, on galère aussi dès fois et ce n’est pas si free sex ». C’est vraiment l’image qu’ils ont à cause de la pornographie sur internet, à cause des films, etc… La différence est telle que pour eux, la fille occidentale est facile. Justement, tu me disais que tu ne conseillerais à personne, à aucune femme, d’y aller seule.

Christine : En tout cas, moi je n’y irai pas seule, c’est sûr. Et même pour un second voyage, je n’y irai pas seule parce que je n’ai pas envie d’être dans une relation tendue comme cela à chaque fois et de me sentir mal à l’aise. D’autant que quand on sort, on va dans des cafés où il n’y a pas de femmes. Donc, c’est sûr qu’aller dans un pays toujours un peu retenu ou toujours avoir l’impression de braver les situations ne m’intéresse pas.

 

Voyage en Inde : quelques précautions s’imposent !

Fabrice : Pourtant, il y a beaucoup de filles qui y voyagent toutes seules et qui se couvrent ou qui voyagent en groupe parfois parce que c’est quand même mieux. Il y a aussi beaucoup de voyages où heureusement il ne se passe rien. Personnellement, il y a beaucoup de lectrices qui m’ont demandé s’il est dangereux d’aller en Inde toute seule. Je réponds que non, mais qu’il faut prendre beaucoup de précautions, essayer de voyager à plusieurs et surtout, essayer d’être dur.

Christine : Certainement oui, c’est ça. Pour moi, le voyage, c’est la rencontre. Du coup, s’il faut avoir une carapace, ça n’a pas vraiment d’intérêt pour moi, je n’ai pas envie de ça. Dans un autre domaine, être noir en Inde est aussi compliqué. On retrouve les regards intrusifs en tant que femme, mais en tant que personne noire de peau, c’est très compliqué aussi. On parle là des africains, parce que les indiens sont aussi très noirs de peau, il y a même ceux qui sont plus noirs que certains africains. Moi, j’ai pu le constater puisque l’un de mes fils est d’origine éthiopienne. Pendant tout ce mois, il avait l’impression d’avoir les pupilles comme des têtes d’épingles sur lui. Au début, on s’en faisait une petite fierté, mais très vite, ça l’a beaucoup gêné et il voyait que ce n’était pas si bien intentionné. Je pense qu’en Inde, il n’y a plus d’intimité. C’est un pays dans lequel, je ne sais pas pourquoi ni à quoi ça tient (au nombre, à la culture, …), les gens sont très curieux, très directs et ont des regards très insistants. J’ai l’impression qu’au fond, on ne peut pas avoir d’intimité. Dans notre pays, on évite de regarder les gens de manière soutenue alors que là-bas, c’est normal et ça peut être quelque chose qui finit par peser.

Fabrice : Toi par contre, en tant que femme, tu avais accès à la moitié de la population et moi je n’avais pas accès à cette moitié de population parce que tu ne peux quasiment pas regarder une femme. J’exagère peut-être un peu mais dès fois tu peux échanger et dès fois non. Toi, en revanche, tu as pu discuter avec des indiennes.

Christine : C’est vrai. On a été reçus chez des gens parce qu’il pleuvait des cordes. Ils ont ouvert leur porte, on a discuté et on a été reçus chez plusieurs femmes avec lesquelles on a discuté. D’ailleurs, on a pu constater aussi la difficulté de vie pour certaines : abandonnées ou celles qui ont la vie dure. Je pense qu’il est vraiment difficile d’être femme en Inde.

Fabrice : J’imagine donc que pour voyager en famille, ce n’est pas la première destination que tu recommanderais ?

Christine : C’était vraiment un choix mais aussi parce qu’on avait déjà voyagé avec nos enfants et que le but était d’ouvrir leurs yeux sur le monde. Sortir de sa bulle est important parce qu’après, il est vrai qu’on réfléchit beaucoup. Pour mes deux pré-adolescents, l’un devait avoir 13 ans et l’autre 11 ans, ils ont vécu très violemment la misère, la maladie et la saleté parce qu’il y avait vraiment une saleté environnante à laquelle on n’échappait pas. Et tout cela a vraiment été difficile à vivre pour eux.

Fabrice : Justement pour en revenir au livre et à notre breton, il débarque à Mumbai. Je me rappelle d’un passage où il prend un taxi à un moment et ne se rend pas compte que le taxi l’arnaque : ils font deux heures pour dix kilomètres, le compteur est évidemment cassé et toutes les grandes classiques que l’on ne voit pas qu’en Inde, ils font un grand détour… Et ce que l’on trouve un peu partout mais spécialement en Inde aussi, ce sont les rabatteurs, c’est-à-dire ceux à qui tu dis : « je veux aller dans ce bar » mais qui te répondent « non, il est fermé, il n’existe plus, il a brûlé… » ou n’importe quoi. J’ai même entendu « il a brûlé » une fois. Tout cela pour qu’ils t’emmènent dans un autre hôtel avec qui ils ont un accord et sur lequel ils vont toucher une commission. Evidemment, ils te mentent et c’est énervant parce que toi, tu veux aller dans cet endroit précis. Des fois, tu parlemente pendant dix minutes pour insister, tu es obligé de parler méchamment et de t’en aller pour voir un autre. Et tout cela c’est énervant et te fais perdre du temps. Tu fais dix heures de bus mais tu n’as même pas envie de ça. Là, notre breton tombe sur un rabatteur et arrive dans un restaurant de luxe.

Christine : Oui, il arrive dans un restaurant de luxe et se rend compte de l’arnaque, surtout des prix. Il se dit que ce n’est pas possible. Du coup, il profite d’un moment pour s’en aller et ça le fait jubiler parce qu’il est dans un tel état de nerf, qu’au fond, ça le rend un peu dingue. Il jubile alors que le but du voyage, c’est plutôt d’être dans une relation détendue avec l’autre. Là, tous ses nerfs sont à vifs et il se met à détester les gens et à vouloir se trouver un restaurant avec uniquement des occidentaux pour se sentir rassuré.

Fabrice : Ce que tu dis me fais penser que l’Inde est tellement fatiguant que parfois, ça te fait ressortir des mauvais côtés que tu n’aimes pas en toi, c’est-à-dire de parler méchamment. Moi, dès fois, je n’aimais pas mais j’étais tellement énervé que je parlais mal aux gens parce qu’au bout d’un moment tu n’en peux plus.

Christine : Cela, je pense que c’est valable dans plusieurs pays quand on se fait harceler ou quand des gens veulent à tout prix vous vendre des choses ou justement pour cette histoire de compteur. A un moment, il faut être ferme. Les gens n’entendent pas et si on parle gentiment, on peut parlementer pendant des heures et des heures.

Fabrice : En fait, pour avoir du respect, il faut parler durement ?

Christine : Oui, tout à fait, mais c’est compliqué. On n’a pas toujours envie d’être dans cette relation. A la fin de notre voyage, c’était quelque chose qui nous pesait vraiment parce qu’on avait l’impression d’être dans une lutte perpétuelle, une lutte pour faire la queue et ne pas se faire griller la place. Ouvertement, c’était incroyable qu’après, on finit par faire la même chose parce qu’il faut se battre pour faire sa place. C’est cette impression que l’on a.

Fabrice : Pour les rabatteurs, ce que je faisais, c’est que quand j’arrivais en bus, j’attendais que tout le monde sorte. Je sortais en dernier du bus et dès que j’y sortais, je me mettais à l’écart. Les groupes de rabatteurs fondaient sur les touristes donc j’avais plus de chance qu’ils me laissent en paix parce que sinon, je n’en pouvais plus.

Christine : C’est vrai qu’on élabore des stratégies pour tous les voyages. C’est pareil, on attend ou on s’éloigne du lieu de la gare ou de l’aéroport. On s’en éloigne pour trouver un taxi ou autre qui justement pratiquera des prix plus corrects et qui ne sont pas comme les abeilles sur le miel.

 

Se préparer pour un voyage en Inde

Fabrice : Christine, comment se préparer pour un voyage en Inde spécialement si pour la personne c’est la première fois, surtout pour la personne pour laquelle l’Inde est la première destination dans ce type de pays ? Comment se préparer un peu avant afin d’éviter d’en prendre trop ?

Christine : Je pense qu’il faut quand même prendre beaucoup de distance avec les choses. Quand on voyage comme ça, il faut être très ouvert et se dire aussi que chacun a sa manière de vivre et de faire. Il faut l’accepter parce qu’autrement, on ne peut pas partir. On ne peut pas rester camper sur ses habitudes. Cela ne peut pas fonctionner pour tout voyage et encore moins en Inde. Il faut essayer d’aller vers l’autre et essayer d’être toujours souriant mais savoir très vite mettre un frein si les choses dérapent.

Fabrice : Oui tout à fait. En tout cas, il arrive beaucoup de choses et d’arnaques au personnage du livre. Il n’y a pas seulement le rabatteur, ni les taxis mais il y en a beaucoup. Est-ce que tu t’es fait arnaquer ?

Christine : Non. Ce n’était pas notre premier voyage donc on était assez aguerri, on faisait attention et on avait du flair aussi donc on n’a pas eu ce genre de souci. Bien sûr, certaines choses étaient trop chères, mais à part cela rien tandis que le personnage du livre oui. Il y avait le problème de drogue et pas mal de choses. Ils droguaient les touristes pour leur voler à peu près tout donc, il lui arrivait de drôles de péripéties. Cela le conduit quand même à beaucoup réfléchir, ça l’allège. Moins il a de biens personnels, plus il est léger dans sa tête aussi et plus le voyage porte ses fruits.

Fabrice : Il y a aussi un passage sur la tourista. Moi, j’ai eu une tourista en Inde, et c’était même pire :  une amibiase. Le médecin m’avait dit que 90% des occidentaux qui arrivaient en Inde attrapaient quelque chose : une tourista ou quelque chose comme cela. Et ça arrive au personnage du livre. Est-ce que ça vous est arrivé ?

Christine : Non. Pas en Inde. On se lavait les mains tout le temps. Tous, à quatre, on passait notre temps à nous laver les mains.

Fabrice : Donc, pas de lassi ? Parce que je pense que c’était vraiment ma faiblesse.

Christine : Non. Sauf, quand on allait dans des coins vraiment sûrs. Et puis avec des enfants, on n’en voulait pas en fait. D’ailleurs, mon mari est très fragile de ce point de vue. C’est pour cela que je connais bien la tourista, j’ai l’estomac beaucoup plus solide. C’est vrai que c’est un peu le propre des voyageurs, pour la plupart, on sait tous ce que c’est. Au Maroc, j’ai eu une chose très violente que je pense être une sorte d’empoisonnement comme une nourriture malsaine ou quelque chose de toxique. C’est vrai qu’on a l’impression de mourir et même mon personnage donne l’impression de mourir sur sa noix de coco, il fait un peu naufragé, sur sa plage à Goa et sous l’eau en plus. Je pense que beaucoup de voyageurs se retrouveront dans cette situation où c’est un peu la fin du monde.

Fabrice : Une amibiase ou une tourista qui dure est vraiment terrible.

 

L’Inde, une destination à trajets magnifiques

Fabrice : Quels ont été tes coins préférés en Inde pendant ce voyage ? Quel trajet ?

Christine : On a atterri à Mumbai, puis, on est descendu dans des grottes dont je ne me souviens plus des noms. Ensuite, on est allé à Hampi, Cochin et puis un peu plus bas encore. Ce que j’ai trouvé absolument extraordinaire, et où on a fait des rencontres, c’est à Hampi. C’était un lieu magique. Je suis sensible à l’art et se promener dans ce lieu, qui finalement n’est pas protégé, où on est dans un site archéologique avec des temples à foison, on se promène en liberté, il n’y a pas tout ce que l’on trouve maintenant un peu partout, les circuits organisés pour les touristes, on se balade en vélo… C’était vraiment magique. Il y avait un village en plus qui fait partie du site. Nous étions hors saison, si bien qu’on a discuté avec les gens et c’étaient vraiment de bons moments. Il est arrivé une aventure avec l’un de mes fils : une jeune femme l’a aidé, on l’a rencontré après et on est allé chez elle. Ce sont des moments qui touchent et le voyage c’est ça. Ce sont des rencontres, essayer de comprendre comment vivent les gens.

Fabrice : Pour le coup quand même, il y a des rencontres qui sont faciles. Les gens aiment qu’on les prenne en photo, ils sourient facilement, ils t’invitent facilement pour un thé et c’est vrai que c’est quelque chose de plaisant. Cela ne m’était pas arrivé de dormir chez l’habitant mais j’imagine que cela se fait aussi.

Christine : Je ne sais pas. On a dormi (si on peut le dire) dans des pensions, donc, presque chez l’habitant, mais c’est organisé en l’occurrence pour les touristes. Dans d’autres pays, j’ai dormi chez l’habitant et c’est vrai que c’est quand même une expérience assez magique. C’était un aparté sur la Birmanie mais on a vraiment eu de très bons moments.

 

Une aventure, un changement

Fabrice : Est-ce que l’Inde t’a changé comme ça a changé le personnage de ton livre ?

Christine : Je pense que tous les voyages transforment mais l’Inde particulièrement parce qu’ils incitent à la réflexion : nos conditions de vie, la manière dont vivent les autres. Cela aide à comprendre le monde. On a beau s’intéresser à l’actualité et on se forge sa propre idée, qui n’est pas toujours ce que l’on nous raconte dans les journaux ou alors qui coïncident. En l’occurrence pour l’Inde, je trouvais qu’il y avait pas mal de choses qui essayent de coïncider. Ce qui m’a beaucoup étonné, ce n’est pas non plus un voyage très récent, c’est qu’on parle beaucoup de l’Inde comme un pays fort en développement mais il y a tellement de pauvreté. Et avant que ces gens dans la pauvreté progressent et arrivent à avoir une vie à peu près décente, je pense qu’il faudrait vraiment une volonté qui n’est certainement pas là.

 

Une histoire, un message

Fabrice : Lorsque tu as écrit ton livre « La lettre de réclamation », finalement, quel est le message que tu as voulu faire passer dans cette histoire ?

Christine : Le message, c’est qu’il faut aller vers l’autre et que voyager aide à faire tomber des préjugés. On a beaucoup d’idées sur le monde mais il faut s’y frotter vraiment parce que mon personnage s’y frotte. Cela permet de regarder la vie différemment, d’être ouvert et de s’ouvrir à l’autre. Cela permet également de se voir soi-même et de voir ce que l’on est parce que quand on voyage, on est beaucoup plus au naturel, on est ce que l’on est. On laisse tomber tout ce qui est social et on est tel que l’on est avec parfois des colères et des choses qu’on voudrait maitriser mais que l’on ne maitrise pas. Il y a beaucoup plus de liberté dans la relation avec les autres et c’est quelque chose qui nous aide à être plus sincère envers les autres et envers nous-même.

Fabrice : Pour terminer, est-ce qu’il y aurait des livres que tu nous recommanderais au sujet de l’Inde ? Des romans, des livres ? Il y en a beaucoup mais comme tu es auteur, je te pose la question étant donné que tu écris et que tu lis aussi.

Christine : Les « Parias » de Pascal Bruckner pour moi, a été une révélation. J’ai commencé à le lire avant de partir et je me disais : « Non ! Ce n’est pas possible, ça ne peut pas être ça l’Inde, il exagère ». Ensuite, je suis partie en Inde, je ne sais pas si je l’ai emporté avec moi, mais je l’ai fini. C’est un livre magnifique et vrai.

Fabrice : En tout cas, ce que j’essaye de faire parfois, c’est que lors d’un voyage j’essayais de lire et surtout d’emporter un ou deux livres avec moi qui parlent du pays parce que c’est très intéressant. Lire un livre permet de découvrir plus en profondeur la société et ce que tu vois. Je l’ai beaucoup fait avec l’Inde parce que l’Inde est complexe. Donc, je me rappelle que j’étais parti comme ça avec plusieurs livres dont l’un est titré « Loin de Chandigarh » de Tarun Tejpal. C’est un roman que j’ai beaucoup aimé et que j’avais lu sur la route en Inde. Il raconte une histoire qui se passe en Inde dans la région de Chandigarh qui était en proie à des attaques terroristes à l’époque. C’était un peu violent mais c’était aussi une histoire d’amour. J’aimais beaucoup ce livre qui parlait de l’Inde en profondeur et qui parlait beaucoup aussi des paysages du Nord de l’Inde, plus au Nord de Chandigarh. C’est un livre que je te conseille.

Christine : Je le lirai alors et je te conseille également celui de Pascal Buckner parce que c’est aussi un très bon livre. Ce que j’aime dans la littérature, c’est que les choses soient dites. Et dans ce roman, tout est dit, surtout sur l’Inde où on peut éviter de parler de plein de choses parce que ça pourrait heurter les consciences. C’est justement ce qui est intéressant dans la littérature : le regard et l’analyse profonde des choses.

Fabrice : Dans la littérature anglo-saxonne, il y a aussi beaucoup de livres et de romans sur l’Inde. En tout cas, merci Christine d’avoir consacré du temps pour parler de ton livre et de l’Inde. Le livre s’appelle « La lettre de réclamation » aux éditions inédits. C’est un livre qui se lit bien, facilement et dans lequel il y a de l’humour. Pour ceux qui sont allés en Inde, cela va leur parler forcément, ils vont s’y retrouver, et pour ceux qui n’y sont pas encore allé, cela va aussi les interpeller et les intriguer.

Christine : Cela va leur donner envie ou pas. Envie, j’espère, parce que finalement le personnage y gagne beaucoup à la fin.

Fabrice : Je ne comprends pas pourquoi ne pas avoir envie d’aller en Inde. Il faut quand même se faire son opinion.

Christine : Oui effectivement, c’est un pays très intéressant, donc il faut se faire une opinion de tous les pays. L’intérêt, c’est d’aller voir si effectivement on aime ou on n’aime pas.

Fabrice : Il ne faut pas rester sur ses préjugés et aller voir soi-même. Je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite Christine et à bientôt.

Christine : Je souhaite de beaux voyages en perspective.

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