Jaisalmer is magic !
12Une cité fortifiée au milieu d’un désert. Nous sommes bien en Inde pourtant. Portrait de Jaisalmer, une destination magique.
Jaisalmer est une destination à part en Inde en raison de sa situation géographique : la ville se situe dans le désert du Tarh, à l’ouest du Rajasthan.
En 2008, j’ai début mon voyage de plusieurs mois en Inde par le Rajasthan. Cette région possède un nombre incroyable de sites grandioses. Jaisalmer en fait partie.
Voyager en bus en Inde
Je reprends le bus pour Jaisalmer plantée au milieu du désert du Tarh. Il y a deux sortes de bus en Inde, les gouvernementaux, plus lents mais moins chers, et les privés, plus confortables. Ils sont affublés du nom de Deluxe. Un grand mot en fait pour des bus disposant d’un peu plus d’espace et de couchettes disposées au dessus de la rangée de sièges. Prendre le bus en Inde, c’est une expérience.
Depuis le début du blog, en 2010, je publie régulièrement la série « Flash Back ». Ces texte et photos sont tirés de mes anciens carnets de voyage. Il y a peu, je vous racontais les manifestations tibétaines à Dharamsala. Les routes minées de trous sont surchargées d’un trafic hétéroclite : des passants, des vaches, des chameaux traînant des carrioles, une pléthore de motos, certaines chargées de lourds bidons métalliques (c’est le lait qu’amènent à la ville les paysans), des voitures et de lourds camions poussifs. On va les surnommer Tata du nom du gros trust industriel indien. Tata est présent partout : médias, téléphonie et bien sûr l’automobile. Sur ces routes, la règle du jeu est d’aller le plus vite possible avec un maximum de passagers et en évitant tous les obstacles. D’où une utilisation sans commune mesure du klaxon. Ce bus en possède deux. Le premier, très fort, dispose de quelques tonalités aigües. Quant au deuxième, sa « mélodie » est plus stressante et le chauffeur l’utilise pour prévenir par exemple une vieille femme qui traverse qu’il vaut mieux qu’elle hâte le pas…Ou encore pour prévenir une moto qui arrive à un carrefour que le bus Tata va passer malgré la priorité. Ici, c’est la loi du plus fort. Cela a le mérite d’être simple…normalement. Le problème se pose quand deux Tata arrivent à un croisement… A chaque agglomération, le préposé au contrôle des billets crie la destination du bus par la porte entrouverte au milieu du vacarme extérieur. A l’intérieur, c’est un havre de paix si l’on ne tient pas compte des cris aux téléphones, des disputes pour une place ou de la musique indienne. Il est aussi aisé de lire un bon bouquin si on a la chance d’avoir des yeux qui ont la faculté de retomber sur la bonne ligne après une secousse qui vous a projeté un mètre au dessus de votre siège. Ah le bus j’adore… Par la fenêtre, la couleur verte fait peu à peu place à la couleur sable. Au soleil couchant, Jaisalmer apparaît. Son fort construit sur un rocher surplombe la nouvelle ville. A l’intérieur des remparts, c’est un entrelacement de petites rues où même deux rickshaw ne peuvent se croiser. Ambiance médiévale, mais déjà le pied a peine posée, les marchands du temple accourent. Jaisalmer est, malgré son aspect très touristique, ma ville préférée au Rajasthan. C’est certainement l’une des villes indiennes qui se rapproche le plus d’une vieille cité médiévale. Ses rues étroites la protègent d’une circulation dense et bruyante et la vue des remparts permet d’admirer le désert. Avec son palais, voilà un décor parfait pour un conte des mille et une nuits ! Le fort de Jaisalmer abrite en son sein un ensemble de temples jaïns de toute beauté. Tout en marbre, ces temples sont tapissés de fines sculptures d’une grande finesse. Les Jaïns représentent 1% de la population indienne, mais leur influence est bien plus importante dans la société. C’est une branche de l’hindouisme dont la philosophie prône la non-violence et ce sont des végétariens convaincus. Je passe un bout de temps à discuter avec un des brahmanes qui officient là. Les brahmanes sont une des premières castes en Inde mais ce ne sont pas toujours les plus riches à l’image de ceux qui se dédient à un culte. La ville de Jaisalmer compte également quelques belles havelis de jadis. Ces demeures en pierre appartenaient à de riches familles locales et ont la particularité d’être somptueusement sculptées de motifs divers. La précision du travail est vraiment surprenante, de loin il ne vous viendrait pas à l’idée qu’il s’agit de bâtiments en pierre. Le paysage autour de Jaisalmer est fait de sable, de maigres arbustes ici et là…et de dizaines et de dizaines d’éoliennes. Elles constituent l’arrière plan sur lequel ce découpent les mausolées des maharadjas de Jaisalmer à quelques kilomètres de la ville. La lumière déclinante du jour fait rougeoyer ce cimetière de pierres et de temples. Les militaires sont très présents dans la région, nous ne sommes ici qu’à quelques kilomètres du Pakistan, l’ennemi héréditaire. Avec Evie, une Suissesse, nous jouons au carrom, un des jeux indiens les plus populaires. Je connaissais déjà ce jeu et j’adore. Ce billard indien se présente sous la forme d’un plateau de bois de près de 88×88 cm avec 4 orifices aux extrémités. On fait glisser des palets en bois de deux couleurs différentes à l’aide d’un palet rouge appelé reine Evie et son coéquipier indien, un Indien bien portant à la moustache fournie, gagnent la partie. Pour la photo officielle prise par mes soins, il enserre Evie dans ses bras, le bougre en profite. Au pied du fort, bien en vue, un “Government Authorised” sur l’enseigne (un titre bidon bien sûr), voici un commerce au nom évocateur : Bhang shop. Magic Lassi, bhang fruit juice, bhang cookies, vous en avez pour tous les goûts. Mentionnée dans plusieurs guides, la petite entreprise ne doit pas connaître la crise ! Eh oui, l’Inde c’est aussi la drogue bon marché comme on veut, où et quand on veut. C’est illégal mais cela n’empêche pas que vous soyez sollicité tout le temps discrètement dans la rue. Stéphane, c’est un peu l’illustration de l’homme en rupture complète. Une rupture sentimentale d’abord qui entraîne une rupture professionnelle et qui débouche sur un désir de rupture de milieu. Un grand classique. D’ou son retour en Inde pour quelques mois. Je ne peut que l’approuver, car faire un long voyage, il n’y a rien de telle après une rupture pour chasser l’autre de son esprit tout en se faisant plaisir. Nous échangeons quelques vues sur l’Inde, notamment sur l’image de la femme occidentale ici. Déplorable. Les Indiens pensent vraiment que ce sont des filles faciles. Pour eux en Europe, c’est « free sex », une expression idiote que j’ai du mal a supporter. Comme je voyage seul, ils se confient plus facilement à moi à propos de ce sujet. C’est vraiment un thème qui revient toujours dans la conversation de la part d’Indiens, mariés ou non. Bref, de gros frustrés. D’une manière générale, ils n’ont pas une vision très positive, c’est le moins qu’on puisse dire, de ces routards se baladent plusieurs mois dans leur pays. Ils ne comprennent pas, cela les dépasse. Déjà qu’en France, un certain nombre pensent pareil… A la limite, ils respectent d’avantage les Occidentaux qui font du tourisme (à ce propos, il devrait y avoir un verbe pour cela) en groupe organisé, enchaînant les monuments au pas. Les vendeurs s’adaptent. Ainsi, dernièrement, un vendeur me propose 80 roupies pour une écharpe, je l’emporte au final à 50. Juste après, deux vieilles dames d’un groupe de touristes débarquent intéressées par la même écharpe. Le vendeur, malin, leur en propose 200 ! Les dames sont en retard, leur groupe est devant « Dépêche-toi Yvette, on va les perdre, allez demandes-en 150, c’est une affaire ! » Adjugé ! En outre, je crois me souvenir que je n’ai jamais discuté avec une Indienne. Allez peut-être quelques mots avec une vieille dame au marché. De prime abord, c’est étonnant, je n’arrive pas à entrer en communication avec la moitié du milliard d’Indiens ! Fichtre ! Pourtant, rien de plus normal, cela ne se fait pas de parler à des hommes étrangers. En ce qui concerne les classes aisées, difficiles aussi car pour cela il faudrait fréquenter endroits chics et hôtels 5 Etoiles. Ce qui me tente moyen. –Louer une voiture pour un road trip de fou ! Depuis 2008, voyager en bus en Inde a peut-être un peu évolué. Pour le reste, ce n’est pas sûr du tout ! Certains d’entre vous y sont peut-être allés récemment ? Jaisalmer, vous y êtes passé ? Pour en savoir plus :
Jaisalmer, ville du désert
Magic lassi et free sexe
Pour en savoir plus :
Conseils pratiques
Bel article sur cette ville de Jaisalmer. Lors de mon voyage en Inde je n’avais pu y aller. Mais les façades font vraiment envie.
Ce que tu dis sur les femmes indiennes et la difficultés d’entrer en contact avec elles est tout à fait vrai. C’est très dur. Je n’ai réussi qu’une fois, lors de la fête d’un dieu indien. A cette occasion, elles étaient toutes sorties dehors avec des sourires
Oui, cela change dés que tu voyages avec une femme. Une bonne raison de voyager accompagner en Inde 🙂
On partage ton coup de coeur pour Jaisalmer ! On a découvert la cité dorée lors d’un trip au Rajasthan l’année dernière. La ville fortifiée est vraiment unique et on retient aussi le trek à dromadaires dans le désert du Thar qu’il est facile d’organiser depuis Jaisalmer. Dormir, à la belle étoile en plein désert est vraiment un souvenir inoubliable.
Au fait Richard, ils ont fait des travaux de restaurations ? Car à l’époque, les remparts tombaient un peu en ruine…
« Trafic hétéroclite », j’aime bien l’expression ! Ah, Jaisalmer, c’était mon premier voyage en Inde, et je dois bien avouer que la quiétude et la beauté du lieu offraient un repos fort à propos. L’Inde, je suis un peu un inconditionnel, mais c’est clair que ça n’est pas toujours de tout repos !
« Free sexe », mouais, c’est malheureusement le truc qui ressort assez souvent dans les pays où la frustration sexuelle est énorme. J’ai souvenir qu’on me l’ait sorti plusieurs fois en Iran, au Pakistan et en Inde. Ils amalgament en fait le fait qu’il soit en effet 1000 fois plus simple de sortir avec une fille en France que dans leur pays tout en gardant leur concept que c’est tout de même l’homme qui décide de tout. Bref, en France, tu sors dans la rue, tu claques des doigts et c’est dans la poche. Pas évident de convaincre que ça n’est pas comme ça non plus !
Très sympa ce reportage. En regardant les photos, j’ai l’impression de me trouver au Maghreb. ça y ressemble tellement 🙂
C’est vrai Olivier bien vu !
Les remparts et les alentours pourraient faire penser à une ville du Maroc, j’y avais pas pensé.
Le Rajasthan c’est vraiment magique, il faut assister aux trois jours de fête religieuse et profane à Pushkar, dans le désert et voir les campements de nomades aux alentours, les courses de chameaux et de chevaux, avec un peu de chance on peut croiser les Kalbari, ethnie d’origine des Tziganes, les femmes portent une tenue unique dans ce pays, avec un décolleté sur la poitrine et dans le dos, elles parlent fort en agitant leurs poignets ornés de dizaines de bracelets…
Wow, je connaissais pas, et ca a l’air juste terrible! Tu conseillerais d’y partir combien de temps? Je pense y faire un petit tour dès mon arrivée en Inde, normalement en 2015 🙂
Disons 4, 5 jours dans cette ville. Sachant que tu y passes lors d’un voyage au Rajasthan. Et là, il faut bien au moins 2 semaines !
Jaisalmer est top! J’ai vraiment beaucoup aimé cette ville qui mérite de s’y poser pour son calme, plutôt contrastant avec les autres villes du nord de l’Inde!
Par contre, déçu par le désert du Thar hyper-touristique 🙁
C’est vrai, c’est une ville assez calme, c’est même étonnant en Inde:-)