Lili: de Chine et d’ailleurs!

Cela fait un bon moment que je suis Lili sur son blog Vues de Chine. Lili a en effet vécu en Chine jusqu’il y a peu. Depuis, elle a laissé la Chine derrière elle et a changé le nom de son blog pour Curieuse voyageuse. C’est ici que vous la trouverez !

Expatriation en Chine

– Bonjour Aurélie, pourrais-tu te présenter ?

Bonjour Fabrice, et bonjour à tes lecteurs ! Je m’appelle Aurélie, et mon nom de plume est Ye Lili,  c’est aussi mon nom chinois. Je suis toulousaine d’origine, j’ai vécu dans le Nord de la France, en Allemagne, à Paris et en Chine. J’ai 28 ans et je suis passionnée de voyages et d’études de langue depuis ma plus tendre enfance. Deux mots pourraient bien me définir : curieuse et voyageuse !

– D’où le nouveau nom de ton blog:-) Comment est né ton blog ? Pourquoi ce blog ?

Mon blog est né en 2009 quand j’ai décidé de partir vivre en Chine. J’avais déjà voyagé là-bas et, de manière très classique, j’avais écrit de longs emails racontant mes aventures à mes proches. J’aimais bien ce recul et je voulais garder cette distance sur mon expérience à venir, même si je devenais une voyageuse sédentaire. J’ai commencé Vues de Chine en adaptant ces premiers emails (les plus vieux dataient de 2005) et mon blog est ainsi né !

– Tu t’es installée en Chine en 2009, pourquoi ce choix ?

Je travaillais avec la Chine depuis la France depuis quatre ans. Et début 2009, la crise est passée par là, je me suis fait licencier. Ce fut un mal pour un bien, ça m’a décidé à tenter ma chance là-bas pour de bon ! Je voulais comprendre un peu mieux ce vaste pays où j’avais déjà été quelques fois, et je voulais aussi améliorer mon niveau de langue.

– Les crises, cela a parfois du bon ! Est-il facile de s’intégrer en Chine pour un Français ? Quelles sont les principales difficultés auxquelles ont doit s’attendre ?

Hm, hm, question pas évidente… Pour un Français comme pour tout Occidental, je pense que ce n’est vraiment pas simple. La Chine est pour moi le pays de l’altérité absolue : ici aucun point de repère culturel, linguistique, visuel ou quel que ce soit – une quasi exception dans notre monde mondialisé. Du coup, on ne comprend pas grand chose au premier abord ! C’est grisant d’un point de vue curiosité intellectuelle, mais pour démarrer dans la vie quotidienne, ça peut être très fatiguant.

Tout petit exemple : les Chinois disent rarement non, ou contredisent peu, pas évident quand on a des choses précises à régler et qu’on attend des réponses pour avancer.

Voyager en Chine

– Je pense que ce dernier point serait difficile pour mois. Il parait que voyager en Chine n’est pas facile, notamment en raison de la barrière de la langue, est-ce vrai ? Des conseils ?

Pas simple en effet, mais pas infaisable non plus !

Rien n’est écrit en alphabet latin en dehors des grandes villes, en effet, ça complique donc la situation. Je conseille aux voyageurs de préparer leurs principales étapes et les moyens de les rejoindre. Mais il faut savoir que les Chinois sont très très accueillants : essayez d’apprendre quelques mots en mandarin, allez vers eux et ils feront le reste. Ce n’est pas rare qu’un inconnu vous emmène à votre prochaine étape (gare de bus ou autre) car il ne veut pas que vous soyez perdu. Et une fois qu’il vous prend sous son aile, l’inconnu chinois ne vous laissera pas tomber !

– Tes plus beaux endroits/souvenirs de Chine ?

Vaste question… Un coup de cœur pour le Kham, découvert lors d’un de mes premiers voyages en Chine : c’est une région culturellement tibétaine mais encore dans la « vraie » Chine, au sens des frontières officielles, dans le nord du Sichuan. Assister à un festival de démonstrations équestres et passer une nuit sous une tente nomade avec une dizaine de bébés Yaks autour de soi, ça marque… J’avais l’impression d’être sur une autre planète, ou bien dans un rêve… Je me suis rendue là-bas à cheval, mais la bride était tenue, ça m’a évité de tomber … Je parle de cette superbe expérience ici : http://www.vuesdechine.com/2009/04/27/festival-cheval-tibet/

Dans un registre plus personnel, j’ai aussi un très beau souvenir à partager: la réaction de mes collègues chinois quand je leur ai annoncé mon départ de Chine. Beaucoup d’émotions, de remerciements, et même de larmes, alors que nous avions travaillé ensemble moins de deux ans. J’ai alors compris la chance que j’ai eu de les côtoyer pendant des mois et que j’avais vécu un vrai échange culturel, au delà de mes attentes… J’en parle par là : http://www.vuesdechine.com/2011/03/03/dans-un-bureau-chinois/

– Beaux souvenirs, surtout le dernier je pense…Quelles sont pour toi les meilleurs côtés de cette culture et de ce pays ?

Sans hésiter : l’optimisme, la bonne humeur et l’énergie de ce peuple. Ici très peu de grise mine ou de râlerie. C’est un peuple qui n’a pas été épargné par l’histoire, et qui ne l’est toujours pas (je pense aux méfaits du gouvernement actuel par exemple), mais qui ne se laisse pas abattre. Ils ont des ressources morales et une bonne humeur qui ne cessent de m’inspirer…

Personnellement, j’apprécie aussi énormément la langue chinoise. Toute une autre conception du monde se cache derrière les caractères…

– Après deux ans dans ce pays, quel bilan fais-tu ?

Vaste question là encore ! Je pourrais en faire un livre ! Mais disons, au point de vue personnel, j’ai énormément appris sur moi, la Chine m’a permis de remettre en question beaucoup de choses que je pensais acquises ; elle m’a par exemple fait flirter avec les limites de mon « inter-culturalité ».

J’ai aussi pu apprendre à parler le mandarin, et si ce n’était que pour cela ces deux années sont une vraie chance.

Si j’essaie de résumer plus largement mon expérience : plus je comprends la Chine, plus je mesure l’étendue de ce qu’il me reste à comprendre… ça sonne un peu frustrant, mais c’est surtout un énorme challenge !

Un blog de voyage

– Un livre ? Pourquoi pas ! Comment es-tu venu aux voyages ? Un déclic ?

Il y a clairement eu un déclic : mon premier voyage à l’étranger. Je n’ai pas eu la chance de partir en dehors de France en famille quand j’étais petite, et ce fut donc un voyage de classe quand j’avais 12 ans. J’ai compris l’importance de parler des langues étrangères : mieux on parle une langue, plus on peut rencontrer de gens. Et ma curiosité a surtout été piquée, et elle n’a cessé d’être mon meilleur défaut depuis !

– Comment gères-tu le fait de bloguer en voyage ? Je veux dire au niveau du temps  notamment?

Ca dépend du voyage : si c’est un voyage sédentaire, comme la vie à l’étranger, je gère plutôt bien : j’écris tous les matins, avant de commencer ma « vraie » vie, et c’est un pur plaisir : se lever pour partager ce qu’on aime, j’adore… je mets en ligne en général légèrement à froid, un jour ou deux après la première mouture.

En voyage itinérant, c’est une autre histoire. Je préfère bloguer de retour plutôt qu’en direct. J’aime savourer les différents temps du voyage, l’avant – le pendant – l’après. Et le retour, avec le temps de « digestion » puis d’écriture, est pour moi très important ; pas autant que le vécu bien sûr, mais pas loin quand même. Là, je suis rentrée il y a quelques jours, et je ne me suis pas encore attelée au premier de mes articles…

Et un détail technique à propos de l’écriture : si je pars pour une durée assez longue, j’écris très régulièrement sur le vif (dans un bon vieux carnet) pour ne rien oublier de mes premières impressions, et je me sers de ces notes pour mes articles, que je prends le temps de retravailler (et je prends en photos mes notes, au cas où le carnet se perdrait en chemin).

A lire : comment créer un blog de voyage

– Voyage sédentaire et voyage itinérant, deux modes de voyage en effet. Quels sont tes projets pour le blog ?

Comme je ne vis plus en Chine, j’ai élargi le thème de mon blog aux voyages, mais en essayant de garder un angle personnel – auquel je réfléchis en ce moment, en essayant de privilégier la qualité de la rédaction des articles, car l’écriture et les belles lettres me tiennent vraiment à cœur.

– Je sais que tu es en train de voyager en Asie du sud-est pour trois mois. Comment cela se passe-t-il ? Quel est le plan ?

Je viens donc de rentrer, un peu plus tôt que prévu… et le plan pourrait se définir ainsi : mes plans ne se sont pas du tout, mais alors pas du tout passés comme prévu. J’ai perdu quelques billets d’avion dans la bataille, mais je ne regrette rien, ce voyage était extraordinaire (il me faut quelques jours encore pour digérer tout cela)… en gros : Thaïlande du Nord, traversée du Laos, passage au Cambodge, puis mini-installation à Bangkok et plutôt que de terminer par le Japon, j’ai finalement fait une courte mais extraordinaire escale en Inde !

–  Quels sont tes projets à la fin de ce voyage ? Une nouvelle expatriation ?

Alors là, Dieu seul le sait ! A priori, je vais travailler à Paris (je repars de zéro donc c’est un nouveau chapitre à écrire !). Et un nouveau défi m’attend ici : garder l’esprit voyageur dans mon propre pays. Ce que je trouve plus difficile que de voyager dans des contrées éloignées où tout est support à l’évasion…

– Un dernier mot ?

Pour la Chine, comme pour le reste, fiez-vous surtout à Votre expérience. Essayez de voir, d’y aller par vous-même, ou même de rencontrer des gens dans les Chinatown de Paris ou d’ailleurs, et vous vous ferez votre propre idée !

Merci d’avoir donné de ton temps ! Bon courage pour la suite de tes projets. Hum, depuis que cette interview a été écrite, les choses ont dû avancer 🙂

A propos de l'auteur

Fabrice Dubesset

J’ai créé ce blog voyage en 2010 après 15 ans de voyages. Digital nomad depuis 2011, je vis une grande partie de l’année à l’étranger. Podcasteur, entrepreneur, coach, je suis notamment l'auteur du livre « Libre d’être digital nomad », Ed Diateino, dispo en librairies, FNAC etc.