La photo de voyage : question d’éthique
40Comme beaucoup, je suis arrivé à la photo par le voyage. C’est un moyen qui permet de capturer, de ramener des fragments de voyage avec soi. La photo permet de figer dans le temps des moments, des rencontres.
Cela dit, il y a une éthique de la photo en voyage. Un comportement, des limites à respecter. Qui n’a pas vu parfois des voyageurs les dépasser, prendre des photos volées sans la permission des concernés, se comporter comme s’ils étaient dans un safari ? Tout au long de mes voyages, j’en ai vu des vertes et des pas mûres, mon sentiment hésitant entre la honte et la colère.
La photo en voyage : le respect
La base c’est de demander la permission. Mais pas forcément explicitement.
Il m’arrive souvent par exemple de faire mine de prendre une scène en photo, en levant mon appareil et en lançant un regard interrogateur avec un sourire. Vous saurez d’après le regard si vous pouvez continuer. Question de feeling et d’intuition. Parfois, cela passe, Parfois non. Il n’y a pas forcement besoin de mot.
Vous essuyez un refus ? Ce n’est pas grave, cela fait partie du jeu. Et puis entre nous, vous obtiendrez très souvent un accord.
Le problème pour celui qui demande c’est que parfois, la personne va prendre une pause pas très naturelle. J’aime beaucoup les scènes de rues à la Willy Ronis par exemple. Les images prisent sur le vif. Or, c’est difficilement possible si vous demandez la permission.
La suite de cet article sur le blog de Laurent Apprendre la photo !
J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article sur l’éthique de la photo en voyage. C’est un sujet qui me tient à cœur.
J’ai pour vous deux formations ici pour devenir un crack de la photo.
L’une s’adresse aux débutants, elle vise à vous former pas à pas pour maîtriser votre appareil et l’art de photo. Par Laurent Breillat du blog Apprendre la photo.
Et la deuxième s’adresse spécialement aux fans de la photo de voyage. David Duchemin, (auteur de 11 livres traduits dans 12 langues, dont plusieurs best-sellers) vous accompagnera et vous passerez en revue tous les thèmes de la photo de voyage. Passionnant.
Et vous, quelle est votre opinion sur le sujet ? Quelle est votre pratique ?
Quelle est votre approche de la photo en voyage ?
Article intéressant pour une question que tout voyageur rencontrer à un moment ou à un autre: respect, discrétion & sourire définiraient au mieux mon approche!
Très proche de la tienne donc !
Je pense qu’Oreille avait parfaitement développé ce point dans un de ses articles 😉 Un rappel ne fait pas de mal
Oui elle l’avait bien développé en effet. Ce qui n’empêche pas d’en reparler sous le prisme de mon expérience et de ma vision des choses. D’ailleurs, il y a quelques nuances. Surtout, c’est un sujet important qui me tient à coeur:-)
Je crois que c’est de moins en moins évident. À tout le moins, ici, c’est maintenant plus difficile. Nous avons justement fait le test la semaine dernière. Nous sommes partis dans notre propre ville, appareil en main, à tenter de capter de scènes du quotidien et les gens sont drôlement sur leurs gardes. Ce qui n’est pas étonnant puisqu’il existe maintenant la phobie de se « retrouver » sur internet en moins de deux.
Oui en effet Yves. C’est surtout le cas en Occident, les gens font des procès pour rien.Je me souviens de l’une du Point je crois ou un autre qui montrait la façade d’un bistrot à Paris (le sujet était Paris) et un des mecs en terrasse a fait un procès au magazine. Pour un photographe, bosser de nos jours n’est pas évident…
je me retrouve assez dans ton article, avec surement beaucoup plus de timidité dans pas mal de situations.
donc parfois, gros regret de ne pas avoir fait la photo, mais je me dis que l’essentiel, c’est d’avoir vécu l’instant et de ne pas l’avoir dénaturé par maladresse.
le misérabilisme aussi : en général, je ne fais pas. et si je fais, je garde le « souvenir » mais je ne diffuse pas si c’est trop difficile d’expliquer le contexte.
encore là, le vécu m’interresse plus que la trace du vécu.J’adore la photo, mais je ne voyage pas pour photographier,
en gros. c’est l’inverse, et je pense arriver à prioriser à chaque fois.
Oui , cela est bien sîr fonction des priorités de chacun.
La timidité joue un grand rôle. C’est claire que si tu l’es, comme je l’étais (je le suis encore un peu), c’est difficile de faire la démarche.Après, c’est surtout par l’habitude que cela vient!
Bonjour Fabrice,
Ton sujet d’article me touche beaucoup.
Quand je suis revenue du Nunavut et que j’ai dû mettre mes projets de tour du monde sur la glace (ouais, bon …) j’avais pour projet (en prix de consolation) de devenir une touriste dans ma ville natale. Montréal. Et prendre plein de photos, etc.
J’ai cherché un peu à gauche et à droite sur les meilleurs moyens de s’organiser. J’en ai fait un article que vous pouvez consulter ici. http://bit.ly/lvjXic
Mais je dois avouer qu’en Amérique du Nord, le processus freine un peu pas mal la créativité quand on veut photographier des personnes. Et même certains immeubles.
Voir la fiche des droits à l’image: no 6.
Que ce soit pour les vendre ou non, tout le monde est sur le gros nerf et s’imagine que tu vas faire des milliers de $$$ sur leur dos, ou que tu vas étaler leur binette sur « Fessesbouk ».
Bref, les outardes et la Rivière-des-Prairies n’ont pas soutenu ma fibre photographique très longtemps. Curieusement, je suis passionnée par les graffitis dans certains quartiers et … les bébés dans les transports en commun. Je le jure, il y a une nouvelle génération de bébés experts en communication comme on ne voyait pas avant.
Je regrette entre autres une discussion passionnée dans un autobus avec une petite fille de 9 mois très allumée, mais dont la mère regardait ma Flip Caméra d’un oeil mauvais. Oui, curieusement, je transforme souvent des prises de vue de Flip qui sont parfois meilleures que mes photos.
Bref, que soient bénis les pays où on peut encore obtenir un consentement pour une photo avec un simple coup d’oeil.
Je comprend Marie…Surtout qu’en Amérique du nord, les gens font des procès plus facilement qu’en France…La peur de l’inconnu, les gens se referment sur eux, ils ont peur de l’objectif, je sais pas comment on peut expliquer cela exactement.
Pour moi, l’Inde est le pays de la photo: des couleurs, des choses incroyables et une population qui aime l’image!
Tiens je la connais cette photo… elle est magnifique ! Moi, je n’ose pas prendre les gens en photo… du coup c’est plutôt quand ils me le demandent. De rares fois j’ai demandé (pour des enfants)…
Je sais, c’est pas facile de demander pour une photo. Il faut se forcer quand on a pas l’habitude:-) Comme je le disais, tu réduis vraiment le risque de refus si tu as établie un contact avant!
C’est vrai que ça fait de belles photos pour son album de voyage mais j’imagine ce que je répondrais au japonais qui viendrait me prendre en photo devant chez moi… 😉
bah, moi je suis pas blond, je suis chauve, alors pour le japonais, je suis tranquille:-)
une des raison que j’apprecie de photographier avec un 28 ou un 35 cela permet au personne que je photographie de refuser ce qui n est presque jamais arrivé ( deux fois en 15 ans),ce que la plupart des gens n apprecient pas c est d être photographier par des personnes qui se trouvent de l’autre coté de la rue
bien d’accord! Je sais plus quel grand photojournaliste disait un truc du genre: « si la photo est raté, c’est que tu n’étais pas assez près »…
Sujet très important pour moi.
En prenant des photos, il est important de respecter les autres. Et au delà, de la prise de la photo en elle-même, il y a sa publication. On ne doit pas publier de photo de quelqu’un (même gratuitement) sans son autorisation. En dehors des aspect légaux, c’est surtout une question de respect des êtres humains.
Je suis d’accord Rémi. Après, au niveau pratique, je suis pas sûr que tous les photographe pro fassent signer une autorisation: ex, au fin fond du Népal, si la personne ne sait même pas lire.
J’aimerais bien savoir ce qu’il en est vraiment à ce niveau.
En effet, mais il y a l’éthique et la loi. Je différencie bien les deux. Le fait de faire signer un document relève de la loi et varie donc d’un pays à l’autre.
Ensuite, il y a l’éthique. Et à ce niveau, même si la personne ne sait pas écrire, la moindre des choses est de lui demander la permission non seulement de la prendre en photo, mais également de la publier.
Après il est sur que l’on peut toujours trouver des exceptions et si on publie une photo que l’on a prise il y a 10 ou 15 ans, difficile de se mettre à la recherche de la personne concernée pour lui demander la permission (surtout si c’est au fond de la jungle de Bornéo 🙂 ).
je suis d’accord qu il faut respecter son sujet ,si tu demande clairement à ton sujet une autorisation avant chaque prise de vue ( en revoir le naturel en revoir c
Cartier Bresson Doisneau la plupart des photographes humaniste restera les publicitaire .
quand à la question des autorisations ecrites cela ne va pas etre facile a moins que tu voyages avec un chauffeur un traducteur voir des traducteurs( pour de sans oublier un avocat),je peux comprendre ton opinion mais je pense que c’est pas réaliste.
Demander des autorisations écrites partout n’est pas réaliste en effet et probablement inutile dans la majorité des pays. Quand je parle d’autorisation, il s’agit d’au moins lui poser la question en prenant la photo.
Prenons le cas d’un homme perdu d’un village des Andes. S’il voit sa photo en une d’un mag, sans que le photographe est demandé son autorisation écrite,il peut porter plainte j’imagine? Cela depent-il des lois du pays?
Quelqu’un a une réponse?
Le droit à l’image est quelque chose de compliqué et dépend des pays en effet. A noter, que ce droit s’applique aux gens mais peut également s’appliquer à des bâtiments.
Je n’ai plus tout les détails en tête. Voici quelques livres sur le sujet (la liste n’est pas exhaustive) pour eux qui veulent aller plus loin :
http://livre.fnac.com/a1926159/Marc-Isgour-Droit-a-l-image
http://livre.fnac.com/a2846219/Manuela-Dournes-L-image-et-le-droit
http://livre.fnac.com/a1942152/Marie-Marguerite-Ippolito-Image-droit-d-auteur-et-respect-de-la-vie-privee
http://livre.fnac.com/a2686166/Isabelle-Durand-Guide-juridique-de-l-image
En fait, les livres sur le sujet sont nombreux. 🙂
Merci pour les liens Rémi!
Ouf, l’affaire à l’air complexe en effet!
Faudra que je m’y penche un jour!
Et pour les courageux :
http://www.cndp.fr/savoirscdi/index.php?id=870
🙂
Il est à noter que les droits à l’image varient suivant la personne et le moment. Pour une personnalité publique, par exemple, on distingue son activité professionnelle, de sa vie privée.
A noter qu’il y a aussi pas mal de jurisprudences où on a estimé que la photo ne portait pas préjudice au modèle et que le droit à « l’art » prévalait sur le droit à l’image.
Ha tout de même,parfois le droit à l’art a gagné:-)
Oui, et également les photos de groupes, dans la rue, sur les lieux d’une manifestation, une foire, un festival etc… Les cas « particuliers » sont nombreux.
voilà un article intéressant
http://www.20minutes.fr/article/754107/francois-marie-banier-retire-plainte-contre-sdf-gifle-alors-photographiait
Heureusement que tu rappelles Oreille, que parfois le droit à l’art peut encore l’emporter… Il y a une différence entre la loi et l’éthique.
En tout cas, c’est sûr que c’est une question terriblement complexe et très intéressante…
Par exemple, il y a une photo de Depardon qui me touche beaucoup, c’est celle d’une personne internée dans un hôpital psychiatrique à San Clemente. Sur le cliché, un homme utilise son pardessus pour se couvrir entièrement. Manifestement, il ne souhaite pas être photographié et pourtant, la photo passe ainsi le message de l’enfermement… Depardon aurait-il dû lui demander avant?
Je ne me rappelle pas cette photo mais tu donnes là un bon exemple!
Sûr que Dapardon ne lui a pas demandé. A-t-il eu raison? Si tu restes sur la plastique et l’art, oui.
Mais d’ailleurs c’est le propre de cette catégorie de photographe, comme W Ronis, Cartier Bresson ou Doisneau. Tiens, pour le baiser, sûr qu’il n’ a pas demandé..
Perso, je me sent assez proche de ce style de photo car là, c’est vraiment figé un moment qui passe.
Bien sûr, cela veut dire pas de demande. A l’époque, c’était bien plus simple….De nos jours, c’est de plus en plus dur de faire ce genre de photos…
Pour le baiser, il a fait plus simple : il a mis en scène 😉
ha bon, c’est une mise en scène? Ha tu viens de casser un mythe là…
Oreille a raison, c’était soit il admettait que c’était une mise en scène (et cassait un peu son mythe) soit il disait que c’était vrai, est devait des milliers d’euros aux deux figurants qu’ils l’attaquaient en justice pour droit à l image.
Je me souviens en Inde, à Varanasi, d’un gros type américain patibulaire (une allure à la J.M LePen mais en plus gros et avec une chemise à fleur et un short) qui a mitraillé un Sadhu (homme saint hindouiste, souvent habillé de facon très traditionnelle et très colorée) pendant PLUSIEURS MINUTES avec son énorme appareil reflex, à même pas 20 CENTIMETRES de son visage………… Sans un BONJOUR, sans un MERCI, ni en anglais ni en hindi,….. Une honte absolue. J’en avait le coeur retourné et honte moi même en tant que blanc, de voir l’image que laissent certains touristes.
Pour le contexte, les Sadhu en Inde se laissent souvent prendre en photo, ils prennent la pose naturellement et en échange les « photographes » leurs donnent quelques roupies. Comme ils vivent de la mendicité, cela ne les dérange pas plus que ca à condition bien sur de ne pas poser gratuitement, ca va de soit.
Le manque de respect de certains touristes « photographes » me donne parfois envie de vomir.
J’aurais aussi été énervé à ta place!
C’est vraiment too much!
Et le Sadhu ne disait rien? Il a donné de l’argent donc pour les photos?
Non le type n’a rien donné, pas une pièce, pas une roupie, pas un merci, meme pas un sourire, tel un visiteur dans un zoo qui shoot pour ramener de belle photos des lions derrière la cage.
Le sadhu n’a rien dit, il a juste tendu la main calmement pour faire comprendre « mon pourboire svp » mais sans réponse de la part de l’Américain qui est reparti vers son groupe avec juste un air de mépris envers cet être « étrange et inférieur ».
Ceci n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres, malheureusement on voit souvent ce genre de comportement stupide, un manque de respect total de la part de quelques touristes qui contribue à ruiner l’image de tous les blancs.
Bien d’accord avec toi, une illustration du pire…En effet, je vois cela parfois…C’est triste…
Très bon article et sujet très important.
Trop de touristes sont accrocs à la photo « pirate » et s’étonne après de parfoi être mal vu dans certains pays.
De plus, une belle photo ne peut être prise sans l’accord, on le sent de suite sur la photo 🙂
Aurelien:De plus, une belle photo ne peut être prise sans l’accord, on le sent de suite sur la photo
Que les gens posent pour la photo? C’est sur, ça se voit ou alors tu payes des figurants comme Doisneau, mais ça, ce n’est pas du photo-reportage.