Mon café en Colombie : bilan 3 ans après !
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Pour ceux qui débarquent, voici l’article où je raconte les débuts.
Alors, ce café, ça marche ?
À l’heure où j’écris ces lignes, je ne suis plus impliqué dans ce projet. Nous l’avons cédé à d’autres propriétaires pour plusieurs raisons que j’expose dans la vidéo. Pour résumer, le manque de temps a été une cause majeure. Un des quatre associés est rentré en France ; moi-même, je ne suis pas souvent là et les deux autres personnes n’avaient plus envie d’y passer beaucoup de temps.
Ce genre d’affaire, c’est chronophage : il faut être là tout le temps là, sinon les ventes diminuent et les serveurs magouillent… Du coup, nous commencions à perdre de l’argent. La motivation a donc, évidemment, baissé… Il était temps de passer à autre chose.
Ce que cette expérience m’a appris
Il faut être disposé à ce type de commerce
Tout d’abord, ce type de business n’est pas pour moi, c’est trop contraignant. Cela prend du temps, il faut être souvent derrière les employés. Cela n’est pas que le propre de la Colombie. En France, c’est la même chose.
J’ai, en effet, discuté avec des amis propriétaires de bars ou de restaurant. Tous me racontent la galère du management. Chez eux aussi, impossible de faire confiance. Et puis, il faut être toujours derrière pour motiver, former afin d’améliorer la rentabilité.
Il est difficile de déléguer
Je me rappelle d’un lecteur qui souhaitait venir passer un mois à Medellín pour acheter un bar et le mettre en gestion. Je lui ai dit d’oublier ! Car c’est impossible. Déjà, trouver une affaire en quelques semaines, procéder à l’achat et tout, c’est impossible. Mais surtout, le faire dans un pays dont on ne connaît pas les mœurs, les habitudes bonnes et mauvaises de la population – et, en l’occurrence, la capacité à resquiller et traficoter dans le dos du propriétaire –, c’est agir avec une grande naïveté dont on paiera les conséquences très vite !
En France, le problème est le même. Depuis, deux amis restaurateurs m’ont raconté aussi leurs déboirs avec leurs affaires en France : l’administrateur qui part avec une partie de la caisse ou le CA qui diminue quand ils partaient en vacances.
Patience est mère de sûreté
En Colombie, les choses prennent du temps. Il faut être patient… Surtout, à moins de le laisser à quelqu’un proche de vous, je ne vous recommande pas de le laisser en gestion et de rentrer en France en se disant que l’argent va rentrer tout seul. Vous allez avoir de mauvaises surprises… Enfin, le lecteur était convaincu du contraire, je me demande s’il a poursuivi son idée…
Trop d’investisseurs tue l’investissement
Investir à quatre était une mauvaise idée. Tout est plus long dans la prise de décision. Moi qui aime l’efficacité quand je me lance dans quelque chose, j’ai trouvé cela frustrant, voire énervant. Si vous êtes deux, pourquoi pas ? Mais à plus de deux, je vous recommande plutôt d’éviter.
Savoir choisir ses associés est capital
La rentabilité, c’est au cœur d’un business. Or, si l’un des associés n’aime pas ou ne comprend pas ce mot, c’est un problème. Si vous n’avez pas la même vision de l’affaire, cela va être difficile pour développer le truc. C’était le cas de l’un d’entre nous qui ne comprenait pas le concept de rentabilité. À vrai dire, je m’en doutais avant d’acheter, mais en fait, c’était tout ou rien. Et puis, on espère que l’autre va changer. Bon, cela marche rarement, c’est vrai.
Mon bilan
Mon but n’était pas vraiment d’en faire une source de revenus importante. Cela aurait été difficile, car le local est petit, que nous étions quatre et que, surtout, les prix sont colombiens.
Non, je voyais cela avant tout comme une expérience et une opportunité. C’est un des avantages de l’expatriation (cf cette vidéo du blog )Et, justement, de ce point de vue, c’est un succès. C’était vraiment une super expérience. Quel plaisir de se servir dans « son café » ! Beaucoup de souvenirs et de bons moments. Et puis, c’était chouette de développer ce café et tout ce qu’il y avait autour. Nous avons organisé quelques concerts, je venais parfois bloguer là. Surtout, j’y ai rencontré quelques lecteurs qui étaient de passage. Excellent !
Certes, j’ai ressenti un peu de nostalgie quand nous avons rendu les clefs… Si je devais refaire un truc dans le genre, ce serait un café littéraire. Mais, ce ne sera pas en Colombie par contre… Et pas tant que je ne suis pas devenu sédentaire.
Et vous, avez-vous déjà pensé à ce type de business ? En Colombie ou ailleurs…
le côté café littéraire me tenterait bien mais je ne m’associerais pas avec des amis (seulement avec mon copain) afin d’éviter justement de ne pas se trouver sur la même longueur d’onde 🙂
Un café littéraire on en rêve avec une de mes copines, mais ça restera un doux rêve. Car ce genre d’affaire n’est certainement pas pour moi, pour toutes les raisons que tu as évoquées 🙂 En tout cas c’est vrai que c’est une chouette expérience à garder !
Ce n’est pas pour toi pour le moment, mais peut-être plus tard. Tout change 🙂
Salut Fabrice,
Après avoir vécu plusieurs années en Argentine et Uruguay, je vais bientôt faire un tour en colombie avec l’idée de peut-être y créer quelque chose (hostel ou hotel boutique) vu d’ici, les zones qui me semblent avoir du potentiel sont barichara, villa de leyva, salento et el jardin, qu’en penses-tu? Quel est selon toi le budget mini pour se lancer (en achetant les murs)? Merci d’avance pour tes conseils.
Difficile de te répondre tant cela varie selon l’édifice, l’était, ce que tu veux, le lieu…
Regarde sur fincaraiz.com
Mais plusieurs centaines de milliers d’euros
Merci pour ta réponse et bravo pour ton blog, plein d’infos pertinentes.
Hello Fabrice, une fois de plus merci pour ton honnêteté ! C’est amusant d’entendre qu’un café en Colombie pose les mêmes problèmes qu’un restaurant en Indonésie : j’ai ouvert avec des partenaires début 2016 un restaurant sur l’île de Lombok. Nous avons beaucoup travaillé, chacun dans notre domaine de compétences, et nous avons aussi beaucoup appris. Ce fut une belle expérience, très enrichissante, mais qui nous a aussi ouvert les yeux sur notre environnement indonésien : comme pour toi en Colombie de l’autre côté de la planète, il est impossible de faire 100% confiance à tes employés, à quelque niveau de responsabilité que ce soit, tant sur le plan de la conscience professionnelle (un « concept » totalement inconnu en Indonésie) que sur le plan de l’honnêteté. Il faut être présent à chaque instant, former en permanence (ce qui signifie répéter mille fois les mêmes choses), tout vérifier à chaque instant, et ne jamais croire ce qu’ils disent dans 95% des cas. L’Indonésie offre de belles opportunités de business (comme en Colombie du fait du faible coût de la vie et sans doute aussi du faible coût de la main-d’oeuvre et du manque de réglementations). Tout y est possible ou presque, tant que tu as de l’argent pour financer à la fois ton bien et la corruption qui va se présenter autour. Mais il faut aussi avoir des nerfs solides, une grande tolérance vis-à-vis du mensonge et des petites arnaques, et une patience d’ange. Tu as tenu 3 ans, nous avons tenu 1 an ! En fin d’année nous avons cédé toutes les parts du restaurant (qui est toujours ouvert) à notre excellent chef (qui n’est pas Indonésien…) qui fait un travail formidable. Je ne gère plus que quelques aspects de loin désormais car je ne veux plus être active à 200% pour ce restaurant. Une belle expérience, mais puisque j’ai le choix je suis repartie vers d’autres horizons. Bonne continuation à toi ! 🙂
Bonjour Marie-Ange,
Je ne suis pas surpris, cela doit être un peu la même chose partout au final. Juste dans certains endroits, c’est pire.
Je comprends tout à fait ton choix 🙂
Bon et les nouveaux horizons, c’est quoi ?