L’architecture coloniale espagnole est omniprésente dans les centres-villes d’Amérique du Sud, peuplant les quartiers historiques d’églises et de bâtiments baroques aux couleurs vives. Pourtant, certaines de ces villes se détachent du lot, et ce ne sont pas forcément ni les plus connues, ni les plus peuplées.
Sélection très subjective de 5 très belles villes coloniales :
Antigua, Guatemala
Particularité de cette petite ville, ancienne capitale du royaume du Guatemala sous les Espagnols, à l’époque considérée comme une des plus belles villes des Indes espagnoles : détruite par un tremblement de terre en 1773, elle voit coexister des monuments restaurés, ou reconstruits après ce séisme, et d’autres, restés en ruine, comme un décor de théâtre.
Hôtel de ville, Palais du capitaine général, cathédrale, mais aussi nombre d’églises et de couvents (la ville comptait 38 établissements religieux), belles demeures, fontaines sculptées, tous témoignent de la splendeur passée d’Antigua, bâtie dans une vallée entourée de volcans.
Ne manquez pas par exemple, le couvent des Capucins, achevé en 1736, ou l’église de la Merced, achevée en 1767. La cité s’est en grande partie figée dans son aspect de la fin du XVIIIe siècle, ce qui explique son état de conservation exceptionnel.
Carthagène, Colombie
Sur la côte caraïbe, Carthagène était une des premières villes fondées par les Espagnols. Considérée comme la porte d’entrée vers les Andes, elle fut fortifiée peu de temps après sa création pour se protéger des multiples attaques de pirates, cherchant à s’emparer des richesses que les Espagnols soutiraient aux populations amérindiennes.
Il en subsiste le fort San Felipe de Barajas, et les huit kilomètres de remparts qui entourent encore les quartiers historiques, qui en font un des plus beaux exemples d’architecture militaire espagnole. De l’époque coloniale, on découvre aussi les nombreuses églises, dont l’immense cathédrale, mais aussi les petites ruelles peintes de couleurs vives, les maisons anciennes au détour d’une place, bref une atmosphère bien particulière qu’il faut prendre le temps d’explorer en déambulant au hasard.
La ville coloniale était divisée en trois secteurs : San Pedro, le quartier le plus riche avec la cathédrale et de nombreux palais ; San Diego, celui des commerçants et de la bourgeoisie ; et Gethsemani, le plus populaire.
Diamantina, Brésil
Une des villes les plus isolées de l’État du Minas Gerais, et pour cette raison, restée encore assez à l’écart des grands circuits touristiques. Pas de plan en damier ici, comme dans les autres villes coloniales, mais une cité bâtie à flanc de colline, au XVIIIe siècle, quand les mines de diamant qui ont fait sa richesse furent découvertes.
L’urbanisme, avec ses ruelles serrées et en pente, son tissu dense rappelle les villes médiévales portugaises ; églises et maisons, elles aussi, témoignent de cette influence, bien différente des autres villes coloniales.
Pour l’anecdote, l’église Notre Dame du Carmo a une originalité architecturale, avec sa tour placée à l’arrière du bâtiment, et non en façade. Autre singularité, dans la cathédrale, la colombe placée au dessus de l’autel est remplacée par un diamant, ce qui en dit long sur les priorités de ses constructeurs !
Quito, Équateur
Seule capitale dans cette sélection, Quito a été, avec Cracovie en Pologne, la première ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son centre-ville historique en 1978.
Fondée en 1534, la ville coloniale a conservé de nombreux monuments des XVIe et XVIIe siècles : la cathédrale, le Palais de l’Archevêché (et son superbe patio intérieur), les couvents, comme celui de Saint-François sur la place du même nom, ou celui de Saint Dominique, la rue de la Ronda, font partie des plus remarquables, mais il faut aussi prendre le temps de flâner dans les rues du centre-ville à la découverte des maisons en briques cuites, recouvertes d’enduits et de stucs colorés.
L’église jésuite de la Compania, construite en 1605, est sans doute l’église la plus décorée d’Amérique du Sud avec son intérieur extrêmement chargé et entièrement doré. Le mélange de différentes influences, à la fois espagnole, italienne, mauresque, flamande et indigène, est l’une des principales caractéristiques de l’architecture baroque de Quito.
Sucre, Bolivie
La capitale constitutionnelle de la Bolivie, fondée en 1538, possède elle aussi une belle architecture coloniale des XVIIIe et XIXe siècles. Particularité : ici, la couleur blanche domine, contrastant avec le rouge des toits en tuiles.
La cathédrale, l’Université (l’une des plus anciennes d’Amérique latine avec celle de Lima), le couvent San Felipe Neri, l’avenue Arce, qu’enjambent les arches du couvent Saint-François, sont autant de lieux à découvrir. La blancheur des façades extérieures contraste avec le décor intérieur des églises où il n’est pas rare de trouver des peintures bleu turquoise ou rose acidulé plus surprenantes !
Connaissez-vous une de ces villes? Ma préféré reste Antigua personnellement!