Peur sur le lac Atitlan, histoires de narcotrafiquants et sécurité au Guatemala
31Vous l’aurez peut-être remarqué si vous me suivez depuis un certain temps, j’aime bien dire les choses qu’on aime ne pas dire ou montrer l’envers du décor. En voyage comme en général dans la vie d’ailleurs.
San Pedro et le lac Atitlan ressemblent à un paradis, du moins pour le touriste. Et c’est bien à cette nuance qu’il faut s’attacher. Rester un petit moment sur place permet de creuser certains aspects et toucher du doigt le revers de la médaille.
Le lac Atitlan menacé par une pollution
Le plus grand lac du Guatemala est menacé par une pollution…d’origine humaine bien sûr ! Celle-ci a éclaté au grand jour en 2009 quand une partie du lac s’est couvert d’une algue bleue. Ces algues ou cyanobactéries se forment car le lac s’est retrouvé chargé en azote et phosphore.
Les cyanobactéries sont toxiques pour les hommes et les animaux. Le problème est que celles-ci étouffent le lac en prenant l’oxygène vitale à sa biodiversité.
Depuis, moins de poissons. La situation c’est amélioré, du moins temporairement. Mais les causes sont toujours là : engrais chimiques, pollution divers, eaux usées, détergeant. Les gens du coin pointent la pollution engendrée par le tourisme. Un faux problème.
L’une des causes majeures de pollution reste le lavage des vêtements dans le lac. Les femmes utilisent en effet des détergentes malgré la création de lavoirs spéciaux. Impossible de changer les choses. Le dimanche, les gens vont prier à l’Eglise pour que Dieu sauve le lac. La semaine, ils continuent à utiliser des détergeant…Fatalité des gens du sud.
Les narco dans le tourisme au Guatemala
Les narco trafiquant représentent une part importante de l’économie du pays. A San Pedro de la Laguna, il en est de même.
Maria est le plus gros narco du coin. Il a pignon sur rue, tout le monde connait sa maison. L’argent fait en sorte que la police le laisse tranquille. Il faut dire qu’il donne du travail à San Pedro. Et il investit dans la pierre, un vieux truc pour laver l’argent sale. D’autres narcos possèdent d’ailleurs des hôtels où se ruent les voyageurs. Mon hôtel n’en serait pas un, enfin apparemment…
‘Va le voir, il y a pas de problème, il est sympa et facile d’approche. Va lui demander le prix pour de la coc ! » me dit Eric(sson), mon prof aux deux dents d’or. Les étrangers peuvent en effet venir, no problemo. J’avoue que j’ai été tenté par l’expérience, je me suis un peu dégonflé sur ce coup-là.
L’histoire ne s’arrête pas là les amis ! Un des fils du gros narco est…pasteur ! Vous avez bien lu ! Son église protestante, La main de Dieu, est une des plus importantes de la ville. Forcement, il fait venir des fidèles en distribuant aux plus pauvres des denrées en fin de mois. Denrée sans doute achetées avec l’argent de papa. Il y en a qui n’ont pas peur de la contradiction…
Un ami à une connaissance ici travaille pour le gros bonnet local. Son job, c’est d’aller chercher dans les montagnes les paquets de drogue largués par avion. Pas de soucis, chaque livraison est dotée d’une balise GPS ! Parai-t-il, cela paye bien !
Le Guatemala : guerre civile et sécurité
Comme certains de ces voisins, le Guatemala a connu une terrible et longue guerre civile à partir des années 50. Celle-ci c’est seulement terminé dans les années 90.
Guerre provoquée par les Etats-Unis qui ne voyait pas d’un bon œil le régime « de gauche » du démocrate Jacobo Arbenz . Vous imaginez, celui-ci voulait à travers une réforme agraire faire payer les riches et faire céder des terres de la puissante multinationale américaine United Fruit Company aux paysans. Aussi, les Etats-Unis accusèrent le Guatemala d’être un allié de l’URSS, et ceci en fournissant de fausses preuves ! Hum, cela ne vous rappelle rien ? Quand je dis que l’Histoire, c’est vitale…
Plus de 30 ans de guerre, c’est long. Ceci explique en partie la violence présente dans la société actuelle. Pendant plus de 30 ans, les rapports dans la population se sont exprimés par la violence et les armes.
Et cela continue en partie. Logique. On n’efface pas plus de 30 ans « d’habitude » comme cela. Aussi, les Guatémaltèques, du moins certains, continuent à s’exprimer par la violance à la place du dialogue. On retrouve cela dans d’autres pays : Cambodge après la période Khmer Rouge, Nigeria, Colombie dans une moindre mesure etc. Malheureusement, les exemples ne manquent pas.
Plus de 3300 meurtres en 2010
C’est un chiffre révélateur. Un chiffre énorme si on le rapporte à la population. Le Guatemala, pays le plus peuplé d’Amérique Centrale, ne compte que 12 millions d’habitants ! Le taux le plus élevé au monde étant celui du Salvador.
A titre de comparaison, la France avait « seulement » 430 homicides en 2000 ! Pour plus de 62 millions d’habitants !
Attention, la violence, vous la verrez très peu. L’essentiel de ces meurtres est dû aux affrontements entre gangs, narco et autres. Guatemala City et la région du Péten sont les coins les moins safe du pays.
Donc tranquille, avec les précautions habituelles et en rehaussant un peu le niveau de sécurité, il ne vous arrivera rien !
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup appris avec Eric sur son pays. Un avantage que donne le fait de voyager lentement et de se poser un peu !
Remarquez, si je continue comme cela, Instinct Voyageur va vraiment finir par être censuré au Guatemala:-) Au moins, cela sera pour une bonne raison !
Très intéressant, comme quoi rien n’est jamais tout blanc ou noir, même l’église en perd son latin 🙂
Depuis que tu sais tout ça, est-ce que ton regard a changé sur les gens, le pays ? ça a dégradé l’image que tu avais du pays avant de venir ou pas du tout ?
Salut Fabrice,
Encore une fois, notre très « propre » et très « moralisatrice » église nous démontre ce qu’elle sait faire de mieux… Passons.
Comme fléau, la drogue se hisse en tête de liste une fois de plus. Tout ça me fait un peu penser au Mexique, où il y a eu 14000 meurtres au cours des 2-3 dernières années entre les cartels. Sans oublier la police qui est lourdement corrompue. Autre pays, même problèmes!
Salut Yves, cela faisait un moment! C’est bien le couple pour les relais;-)
Hum, là (pour une fois), je mettrais plus en cause l’humain simplement. Tu sais, dans ce genre de pays, du jour au lendemain, je peut me dire pasteur. L’institution n’est pas vraiment responsable.
Je me rappelle, au Nigéria, les gens disaient qu’il y avait deux moyens de s’enrichir: le pétrole et la religion… Et ils ont raison!
Salut Fabrice,
Je suis d’accord avec toi, cela n’ a rien a voir avec la religion.
J ai lu un article la semaine dernière qui en dit long sur ce pays.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/09/03/01003-20110903ARTFIG00005-guatemala-dans-l-enfer-des-gangs.php
Fais gaffe a toi, et bonne continuation.
Et encore merci pour tes posts.
Merci pour lien, intéressant!
Cela me rappelle le film « Sin Nombre », tu connais? Excellent film!
Sinon, les gangs sont sans doute moins dangereux pour le voyageur que la route!
Article très intéressant comme toujours.
Dommage, j’aurai bien aimé une interview du boss narco 😉 (bon, je te comprends en même temps, j’y serai pas allé non plus :o)
bah, je pense qu’il y avait pas de risque de ce côté là. Disons que si j’avais été avec quelqu’un d’autre, je l’aurais peut-être fait (+2, 3 bières:-)
Après un premier article idyllique du pays, voici la face cachée.
Grace a tes rencontres et ton rythme posé de voyage on peut découvrir bcp plus qu’une charmante annonce publicitaire pour le Guatemala.
Je ne suis pas vraiment surpris. Juste un peu triste pour eux évidemment. Chaque pays à ces problèmes et sa violence, qu’ils soient visible ou non. Si un voyageur étranger prenait le temps de faire une critique de notre belle France je suis sûr qu’il aurait beaucoup de chose à rapporter.
PS : Je te rassure aussi, je me serai probablement dégonfler à ta place pour l’interview…
En effet Karym, chaque pays à ses problèmes! D’ailleurs, cela serait intéressant de laisser la parole genre à un expat qui vit en France depuis un moment!
D’ailleurs, je pensais que cet article aurait plus de succès car je trouve qu’il est intéressant et un peu différent. Bon, ben peut-être les belles plages, cela marche mieux!
Encore un excellent article Fabrice, même si j’aime aussi les histoires des belles plages. C’est vrai que j’ai un autre vision d’un pays comme expat que les simples touristes en passage. Je ne vais pas commencer de décrire les problèmes en France, car les français se plaignent déjà assez:)
Merci Nick.
C’est vrai donc que les français se plaignent beaucoup? 🙂
super article! c’est vrai que voyager lentement c’est payant, tu m’as appris des choses inconnues, entre autre San Pedro j’avais aucune idée de ces narco-affaires, pour moi qui visite en 3 semaines c’est beaucoup plus l’ambiance et l’esthétique qui prime et je trouve dommage de manquer le fond des choses, mais bon… Ton article est étoffé, merci de me faire vivre « live » des endroits déjà vus mais moins vécus!
Merci Caroline!
C’est souvent en effet qu’une question de temps!
Tu as vu quoi au Guatemala?
ben moi je préfère voir la beauté des sites et ignorer les histoires sordides de narco trafiquant sinon j’aurai de la peine à profiter de mon voyage mais chacun à sa façon de voir……
Pour moi, les deux côtés sont importants, car c’est cela la réalité!
Wow! Extra cet article!
C’est pire que ce que pensais au niveau du narcotraffic.
C’est toujours intéressant de connaître les faces obscures des endroits où l’on va.
Après bon, ça fait toujours peur de rencontrer dès gens qui ont probablement des flingues à portée de main donc bon, je comprends qu’il vaille pas tenter le diable même si normalement il n’y a pas de problème.
Intéressant pour le lac aussi, j’imagine qu’il est très dur de changer les traditions là-bas, c’est un peu dommage car une partie de la pollution pourrait être évitée sans changement majeur.
Bon Pierre, tu serais venu avec moi voir le narco ou bien?:-)
Je crois qu’on l’aurait tiré à pile ou face.
Deux instincts opposés se déchirent en moi héhé…
Bonjour Patrice,
C’est vrai que ce pays, et pas particulièrement dans la région du lac Atitlan, c’est un peu le Farwest ! C’est un pays qui se sort difficilement de ses 36 ans de guerre civile ( tu en parles d’ailleurs ), il est l’un des + pauvres d’ l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, la corruption y est présente partout… Y compris à Antigua ! Pourtant, il y a des gens qui se battent pour sortir de ce marasme… Je pense aux familles du village de Santa Catarina Polopo qui, avec une française, font un boulot extraordinaire
Ils n’ont pas ét pargné par les pluies torrentielles de cette année ! Village complètement détruit, etc…
C’est un pays qui renaît… Des ces cendres… Et les descendants des Mayas ont bien du boulot pour redresser la situation !
Perso, je n’en garde pas un souvenir insécure,( j’ai évité la Ciudad ! ) , mais époustouflé, car ce pays est d’une force et d’une beauté parfaitement unique.
Il faut y aller , c’est juste sublime !
Merci pour ton article ;o)
Valérie
Un beau pays oui et qui est pas prêt de sortir de la situation où il est à mon avis. A cause du manque d’éducation et de ces dirigeants.
Les élections ne vont pas changé grand chose, j’en parlerais sous peu, c’est fou de voir comme une élection présidentielle peut tourner au cirque…
Je voulais mettre ce lien et non mon adresse pro !! Désolée de cette autopromo bien involontaire et totalement inadéquate de ma part !
http://www.enfants-du-xocomil.com/
C’est un village sur les rives du lac Atitlan. donc… ;o)
Encore désolée.
Valérie
Super Fabrice ton témoignage ! J’adore ce genre d’articles.
Apparament, j’ai entendu qu’en Colombie il y avait aussi des dérives, des gens qui crée des églises (Christiana = Protestant ?) principalement pour le fric que cela peut rapporter.
Oui c »est bien possible aussi en Colombie:-)
Alors ca va à Buca?
Oui, ca va bien à Buca ! C’était la feria de Bucaramanga cette semaine, donc il y a eu de l’animation. Sinon, j’ai rencontré Aurélien, mais je n’ai toujours pas vu Laura, il faut qu’on se recontacte..
Bonne continuation, et à bientôt 🙂
oui hésites pas à lui envoyer un mail!
a+!
Ce pays ne m’attire pas du tout et pourtant j’aime vraiment la culture espagnole.
ha et pourquoi il ne t´attire pas en fait?
Quiero referirme a esos 4 meursoteqos que dicen ser los Magistrados (DIOSES)jajajajajaja hundiendo mas Nuestro PaisVienen gente de afuera a ayudarlos de buena fe queriendo invertir en Nuestro pais a depurar la POLICIA CORRUPTA,y aparecen 4 MAJADEROS o magistrados a decir que es Inconstitucional la prueba del poligrafo para los DELINCUENTES. Otros quieren invertir y le dan la POTESTAD a cuatro estupidos para que decidan si o no.Entonces ellos vean que se puede hacer para que salgamos de este Pantano,entre mas corren los dias se hunde mas mi pais El pueblo tiene que ver levantarse en VOZ para solicitarle a estos 4 PELAGATOS que busquen la manera o alguien de su agrado para sacar Nuestro Pais adelante y no los olvidemos de los DERECHOS HUMANOS otros que bailan al mismo SONG,o baile.GRACIAS.
Salut Fabrice,
La montée des évangéliques est un fléau abject, quand on voit la richesse indécente des (im)p@steurs et leur sordide indifférence à tout ce qui est politique, écologique, etc. Les églises évangéliques ont reçu des financements US à partir des années 70 ; cela faisait partie de la guerre, pour contrer la progression d’une théologie catholique de terrain inspirée de la Théologie de la Libération et, bien sûr, les guérillas.
40 ans plus tard : le pays est encore plus divisé, le fanatisme y est très présent, les pasteurs sont multimillionnaires et roulent en berlines de luxe et ont plusieurs maisons, parfois des jets privés. La foi est un gros business ici.
Quant au narcotrafic (comme les églises évangéliques du reste), les hautes instances de l’Etat et une partie de l’oligarchie y sont ralliés et le couloir centre-américain, vers lequel s’est repliée la route de la drogue après la chute des cartels colombiens et de Miami, est l’objet d’une lutte entre cartels mexicains (Sinaloa vs. Zetas). Le problème est très profond et la faiblesse délibérée des Etats ne laisse pas optimiste.
A+
Cela me fait penser au Nigéria où les évangéliques sont très présents. C’est quasi des sectes là-bas.
D’ailleurs, on dit que si tu veux faire du fric, il faut être pasteur 🙂
Oui Fabrice, ce sont des sectes (pas quasi). Et ça génère un blé dément. A la capitale, ici, y’a 2 « stades » de la foi (on les nomme des « méga-temples) de 12 000 et 13 000 places : une capacité supérieure au plus grand stade ici.
Ces imp@steurs sont des déchets et correspondent bien à un plan de division et de dépolitisation des populations. Et cela marche. Et c’est un juteux profit pour toute une canaille qui se remplit les poches sur la Bible. J’exclus pas un papier sur VDN sur ce sujet en 2015.