Pierre Voyageforever !
29J’ai le plaisir de vous présenter Pierre du blog Voyageforever. Un blog que j’apprécie, ainsi que son auteur. Pierre a passé cette année trois mois en Amérique du sud, notamment en Argentine. Aussi, j’étais obligé de lui poser quelques questions 🙂
Digital nomade en Amérique du Sud
– Bonjour Pierre, pourrais-tu te présenter ?
Salut Fabrice! J’ai 29 ans et j’ai quitté mon travail dans une entreprise de jeux vidéo l’an dernier et je me suis mis à mon propre compte en faisant de la traduction freelance. J’ai aussi monté mon blog voyageforever dans la foulée.
Mon envie ultime étant de devenir mon propre patron et d’avoir une grande mobilité géographique car le voyage et la rencontre sont devenues au fil du temps parties intégrantes de ma vie. Faire ce choix m’est paru comme une évidence quand je me suis aperçu que ce qui se passait dans un travail conventionnel et qui te paraissait inutile et dérisoire hors boulot finissait par devenir ton centre de conversation principal. Je suis donc parti trois mois en Amérique du Sud pour mettre en pratique ce nouveau choix de vie.
– Tu as donc passé trois mois en Amérique du sud et notamment en Argentine. Quelles impressions et quel bilan fais-tu de ce voyage ?
J’ai eu des hauts et des bas. J’ai eu un petit temps d’adaptation climatique au début même si je m’y attendais. J’ai connu énormément de galères pour trouver une chambre à louer au mois (plus de malchance que d’indisponibilité), j’ai eu droit à un pickpocket, mon site a été piraté par des hackers et j’ai eu parfois des coups de démotivation qui peuvent être fatals pour les personnes travaillant en freelance.
Mais d’un autre coté, j’étais heureux d’échapper au climat hivernal européen, de voir des populations qui ont un grand sens de la convivialité qui hélas, tend à s’effilocher dans le vieux continent. La vie paraît plus facile, toutes les choses essentielles coûtent moins cher, j’ai rencontré d’autres voyageurs extrêmement intéressants et j’ai pu aller tâter plus en profondeur la culture argentine en restant avec les locaux. En bref, en mal comme en bien, j’ai eu l’impression de remplir mon existence pendant ces trois mois.
– Oui, j’ai suivi tes premiers posts, l’arrivée ne fut pas facile. Quels conseils donnerais-tu au voyageur qui souhaite s’y rendre ?
Faites attention à vos poches dans le métro, les pickpokets sont vraiment pros. Les bus argentins sont les plus confortables que j’ai jamais utilisé et j’arrive à y dormir, chose qui ne m’arrive jamais dans les transports en commun d’habitude. Il peut donc être très intéressant de voyager de nuit et d’économiser une nuit d’hébergement.
L’autostop est aussi très facile et c’est une bonne occasion de discuter. Surtout, faites des efforts pour apprendre les bases de l’espagnol, qui est probablement l’une des langue les plus faciles à apprendre pour les Français. Cela vous ouvrira de nombreux horizons nouveaux en Amérique Latine.
– Bonne nouvelle pour l’autostop, je ne savais pas que cela était facile en Argentine ! J’aime bien ce mode de transport !Tu as donc travaillé en même temps, notamment par tes traductions. Est-ce facile de conjuguer voyage et boulot ? Qu’est ce qui est le plus gênant ?
Ce n’est pas évident car j’ai souvent associé le voyage à l’idée de liberté. J’ai toujours veillé à m’organiser au minimum de façon à avoir un maximum de flexibilité et être ouvert à la découverte.
Conjuguer travail et voyage c’est un compromis avec soi-même, c’est une rigueur et j’avoue que ça n’a pas toujours été évident. Et comme je montais le blog en autodidacte, j’ai passé beaucoup de temps à apprendre et j’ai passé une masse de temps bien supérieure à celle espérée pour démarrer ce dernier projet.
Le plus gênant pour moi est qu’on est moins en position de rencontrer des personnes. La mobilité est aussi plus limitée. Il est par exemple difficile des partir en trek dans les zones sauvages coupées d’internet. C’est une sorte de liberté conditionnel mais je ne me plains pas, c’est un choix de vie qui apporte quelque contraintes mais qui donne tellement de libertés par ailleurs.
(NDR: cette photo m’a bien fait rire! J’aurais pu prendre la même parfois de moi!)
– Je te rejoins tout à fait sur ta vision du voyage et des choses. J’en ai déjà parlé ici. Mais face aux blogeurs pro, j’ai l’impression de prêcher dans le désert…Pas de soucis au niveau de la gestion de la distance avec tes « employeurs » ?
Non pas du tout. Un site comme proz par exemple facilite vraiment la prise de contact avec l’employeur. Ca peut être un peu déroutant la première fois mais ce n’est pas extraordinaire. D’ailleurs, il devient de plus en plus fréquent de voir que des employés de bureau communiquer par email entre eux alors qu’ils ne sont qu’à vingt mètres de distance.
Pierre et son blog de voyage
– C’est vrai, cela m’est arrivé:-). Tu as crée le blog Voyageforever ? Pourquoi et quel est ton ambition par rapport au blog ?
J’écrivais sur un blog il y a plusieurs années que je tenais très irrégulièrement (notamment lorsque j’ai fait un petit tour du monde après avoir claqué une première fois la porte de mon travail). Je lisais les blogs américains de certains voyageurs comme Chris Guillebeau ou Matt Nomadic que je trouvais très bien écrits. Et la cerise sur le gâteau est qu’ils arrivaient à vivre de leur blog ce qui me paraissait tout à fait nouveau à l’époque.
Je parcours aussi Flyertalk qui donnent beaucoup de tuyaux intéressants sur le voyage en avion bon marché et en recherchant sur les blogs français je me suis aperçu que nous étions à des années lumière en termes de qualité d’information et de raffinement dans les blogs. J’aime aussi le petit cercle des blogueurs voyageurs car ce sont des gens ouverts et le fait de pouvoir partager est très important car c’est pour moi la source et l’essence-même du net et du voyage à la fois. J’aimerai faire un revenu d’appoint réel un jour avec ce blog mais je serai avant tout ravi que ce blog permette à des gens d’avoir des informations utiles et à certains de franchir le pas qui est plus une question de motivation que de moyens.
– Comment tu définirais ton blog ?
La thématique est évidemment liée au voyage. Je reste généraliste et touche à tout même s’il arrive que je cherche à écrire quelque chose d’assez pointu en fonction de mes envies et de l’actualité. Après tout, le vrai luxe c’est ça, pouvoir décider ce qui est vraiment important au moment présent.
Il est, je crois aussi, devenu possible de voyager pour beaucoup moins cher que l’on pense mais l’information est hélas difficilement trouvable pour les francophones. J’ai donc voulu apporter mon « plus » en créant Voyageforever.com et partager mes bons plans et mon expérience personnelle, démontrer que le voyage est accessible un peu près à tout le monde et qu’il n’a aucunement vocation à être un luxe. J’essaie de décortiquer les petites entourloupes des compagnies aériennes et de trouver les astuces pour payer moins cher.
Ma grande chance est que je dispose d’un réservoir d’expériences, d’idées de projet et de ressources de qualité (que j’essaie de répertorier progressivement dans les pages du blog).
– En effet, le voyage revient moins cher que ce que la plupart des gens pensent. Comment as-tu pris goût au voyage ?
J’avais eu l’occasion de faire quelques voyages d’une semaine ou deux en Europe mais la vraie révélation pour moi a été mon année d’échange Erasmus il y a sept ans à Bilbao en Espagne. C’est assez rigolo, cette année s’est déroulée de manière très similaire au film « L’auberge espagnole » avec une colocation vraiment européenne mélangeant Français, Irlandais, Allemands et Finlandais. Je ne sais pas si j’ai vraiment énormément progressé en économie cette année-là mais ce qui est sûr c’est que j’ai énormément appris sur les cultures étrangères, sur ce qu’était au fond la culture française également et sur mon ouverture au monde. Ca m’a vraiment servi de déclencheur.
– Ha les années Erasmus….Cela a changé pas mal de gens. Perso, c’est un de mes seuls regrets, ne pas l’avoir fait à la fac ! Combien de temps passes-tu sur ton blog ?
C’est une question difficile à répondre. Je lis d’autres blogs et j’essaie de chercher des informations fraîches. Je peux écrire un article sur la Tour Eiffel par exemple et le publier des mois après car je suis un peu près sûr qu’elle sera toujours-là. A vrai dire, je suis incapable de compter précisément surtout que c’est une activité nouvelle et que je passe beaucoup de temps à me former sur le tas. Il y a un mélange de plaisir réel et d’obligation donc c’est très difficile de faire la part des choses mais le fait est que j’y passe beaucoup de temps pour le moment.
– C’est chronophage, surtout au début. Au fait, pourquoi ce choix de partir, et à ce moment là ?
Je peux devenir un peu un oiseau migrateur et aller où va le soleil. C’est un privilège rare et inestimable que de pouvoir faire ça. Mais ça demande une petite dose de motivation pour franchir le pas. Quand j’ai vu les minutes de lumière fondre comme neige au soleil je me suis dis que ma destinée hivernale devait se faire dans l’hémisphère Sud. De plus, le coût de vie plus bas permet d’amortir très largement le billet d’avion.
– Tu penses renouveler l’opération ? Quels sont tes projets ?
Probablement. Tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes mais ce premier test m’a permis d’engranger pas mal d’expérience. J’ai appris pas mal de choses nouvelles en autodidacte et je cerne un peu mieux mes limites. C’est vraiment important de bien se connaître et d’être honnête envers soi-même.
J’ai un projet un peu farfelu de faire un tour d’Europe de trois semaines pour moins de 200 euros pour le transport et l’hébergement en n’utilisant que le low cost, les relations amicales et le couch surfing.
Je souhaite vivement découvrir l’Asie (je n’ai fait que le Japon jusqu’à maintenant). J’aimerais voir le Vietnam dont est originaire une partie de ma famille mais je garde ce projet pour quand j’aurai la possibilité de le faire avec un proche car l’approche est plus sentimentale et ce serait vraiment bien si je pouvais y aller avec quelqu’un qui peut parler vietnamien également.
Je pense repartir dans les Amériques assez rapidement et je vais essayer de me mettre à l’italien ou au portugais qui sont des langues « relativement faciles à apprendre » pour nous. Je pense également déménager vers Barcelone dans le courant de l’année.
Un tour d’Europe
-Tiens, ce projet de tour d’Europe m’a l’air sympa ! Tu vis à Londres depuis longtemps ? Qu’est ce qui te plaît dans cette ville ?
Je suis arrivé à Londres en 2006. J’y ai passé plus de trois ans car j’ai fait des allers-retours. Londres est un peu cette belle femme jalouse que l’on aime quitter et retrouver. Ce que j’adore à Londres c’est le cosmopolitisme. En quelques minutes de marche on passe des quartiers de la City où les businessmen courent aux excentriques de toutes les couleurs puis aux Pakistanais traditionnels et aux femmes ultravoilées. Il y a une véritable énergie et une créativité dans cette ville que j’ai connu dans très peu d’autres endroits. A vrai dire, Londres n’est pas vraiment une ville anglaise mais plutôt une ville du monde.
– J’ai vécu quelques mois à Londres il y a 10 ans (déjà !) et c’est vrai que j’avais apprécié ce côté-là ! As-tu rencontré beaucoup de digital nomade sur la route?
Très peu. Il faut dire que voyager et travailler en même temps demande un compromis de tous les jours et nous sommes peut-être encore des pionniers lol. De même, je crois qu’une toute petite minorité de personnes a pris conscience de tout le potentiel d’internet et que l’on peut maintenant travailler de manière mobile. Mais je vois les netbooks débarquer en masse dans les auberges de jeunesse ce qui n’était pas le cas il y a seulement deux ans. C’est donc juste une question de temps avant que le phénomène prenne forme à mon humble avis.
– Oui, cela va se développer, c’est certain. C’est étonnant en effet le nombre de netbooks et d’ipad que l’on voit dans les auberges. Un dernier mot ?
Une petite citation de Proust qui décrit vraiment ma conception du voyage: « Le seul véritable voyage n’est pas d’aller vers d’autres paysages mais d’avoir d’autres yeux. ».
Merci à toi Pierre pour ton temps. C’était une discussion intéressante. J’ai hâte de voir comment vont évoluer tes projets. Bon courage en tout cas !
N’hésitez pas à visiter son blog.
Que pensez-vous des propos de Pierre sur le voyage?
Et hop, un blog de plus à parcourir!
Merci pour la découverte, et chouette interview 😉
Pierre a pas trop accès en ce moment au net, mais il fera un petit tour ici sous peu!
Et moi qui manque de temps, tu me suggères encore quelque chose d’intéressant! Bon ben, je vais remanier mon horaire!
Merci pour la découverte!
Je vois que tout le monde ne le connaissez pas:-)
Ouii il est super ce p’tit gars 🙂
Merci pour l’interview Fabrice, c’est intéressant de voir une nouvelle approche sur un blog que j’apprécie.
Aline
bien d’accord Aline!
« démontrer que le voyage est accessible un peu près à tout le monde et qu’il n’a aucunement vocation à être un luxe. »
J’ai bien aimé le ton employé, et la vision du voyage … plus je lis de blogs sur le sujet, plus je me dis, qu’avec une bonne organisation, beaucoup de choses sont possibles … ou presque.
😉
Beaucoup de choses sont possible! L’autre jour, j’ai même vu un mec sur fauteuil roulant qui fait un tour du monde…Alors nous avec deux jambes…
Super cet entretien ! Comme je te disais via facebook, j’adore cette phrase : « Londres est un peu cette belle femme jalouse que l’on aime quitter et retrouver. »
J’aime les voyageurs qui prennent le temps d’apprivoiser une ville et qui y entrevoient des analogies comme dans les relations humaines … C’est tout dire 🙂
Difficile de conjuguer le freelance et le voyage… J’aime sa vision lorsqu’il dit que voyager et travailler en même temps demande un compromis de tous les jours. Je crois que beaucoup de personnes se lancent parfois un peu les yeux fermés dans cette avenue sans réaliser l’ampleur de travail et de discipline que cela implique…
Tiens, on pourrait dire la même chose de Paris je pense.
Oui ils réalisent pas ou plutôt ils n’on pas le même vécu avant d’une certaine façon de voyager.
Je crois que j’ai compare les femmes a des auberges de jeunesse récemment… Lucie m’en a d’ailleurs fait la remarque.
Longue interview qui me plait bien (plus y’a d’infos, plus c’est intéressant) et bien difficile projet que de vivre de son blog mais fort heureusement, pas impossible 😉
Ha tu les as comparé à des auberges de jeunesse!:-) Tu as pas eu retour de flamme de la part des ces demoiselle?:-)
C’était sur quels aspects?Ca m’intrigue…
Merci pour cette interview Fabrice! Vraiment dommage que l’on est pas eu le temps de se rencontrer Pierre, je te souhaite bon vent et je continue à te suivre de toute façon!
C’est vrai que vous avez habité dans la même ville! Vous auriez pu faire des apéro blogueurs franchouillard à Londres;-)
Remarque ici en Colombie je pourrais mais j’en connais qu’un….
Ca s’est mal goupillé sur ce mois de juin 🙁
Mais je repasserai du coté de la perfide Albion de temps à autre (au moins une fois vu que j’y ai laissé un gros sac rempli d’affaires), j’espère qu’on aura l’occasion de se voir.
Chouette blog et chouette interview, Fabrice!
Je dois dire que j’ai moi aussi songé à « télétravailler » comme Pierre le fait (ce qui bien sûr nécessite que l’on se pose pendant un certain moment dans un endroit particuliers, d’accepter de sacrifier du temps) mais cela permet d’assurer les arrières et de vraiment découvrir son point de chute, vu qu’on ne serait pas seulement que de passage… Je travaille dans le web, par nature, c’est LA branche où l’on peut bosser n’importe où, du moment qu’une connexion existe… pourtant, il y a encore une certaine réticence de la part des employeurs, même pour solliciter un jour de travail à domicile, c’est parfois délicat. Toute une éducation à faire! Ou alors tu deviens freelance mais là, c’est autre une autre histoire.
Ha petit à petit tu deviens moins mystérieuse pour moi Mélissa…
Tu bosses donc dans le web, mais pour être plus précis?design, traduction, seo?
Sinon, c’est exactement cela, cela a ses inconvénients mais aussi ses avantages!
Petit message du Pierre que je cite pour expliquer son absence passager : « je vais dans quelques coins de campagne sans wifi français (comme quoi pas besoin d’aller très loin pour revenir vers la nature) et je change mon matos donc je suis un peu déconnecté ces temps-ci. »
🙂
Ah ah ah!
Eh bien il ne te reste plus qu’à m’interviewer pour lever le mystère, alors! ;D
bien vu! Je note pour bientôt;-)
Très sympa cette interview 🙂
Si j’aimais bien ce blog avant, j’en apprécie d’autant plus le bloggueur aujourd’hui !
Excellente interview!
Ou comment passer du salariat dans le jeu vidéo au goût du voyage..
C’est un plus les photos dans l’interview! 😉
Sympa, vraiment
En effet Mathias!
à propos des bus argentins j’ai lu il y qqs mois dans un journal de 3 romains qui avaient été voyagé en Amérique de Sud qu’ils étaient également très contents avec le transport en commun en Argentine. Bref; vu que je rêve à un voyage en Amérique Latine, ce tête à tête est bien venu.
Foarte bine!
Content que cela te donnes de l’inspiration!:-)
N’hésite pas à me contacter Loredana si tu as besoin de tuyaux sur l’Amérique du Sud.
J’essaierai de te dépanner du mieux que je peux!
excellent blog pour les voyageurs même si j’ai une préference pour les blogs de voyageurs
Merci pour cette interview Fabrice. Ca me donne envie de faire quelques développement plus personnels sur le blog en la relisant.
Je suis un désolé de répondre sur le tard, je suis sur l’ordinateur d’un ami en Vendée, je fais du freelance en mode très très partiel depuis les deux semaines que je suis rentré en France 🙂
J’essaierai de me remettre au boulot bientôt mais bon, il faut toujours apprivoiser cette fameuse liberté 😉
Merci à tous pour les encouragements sympathiques.
Je comprend Pierre:-)
La Vendée, très jolie!Profites en bien!
Tu restes un bout de temps en France? Sur tes terres:-)
Pardon de pas avoir répondu, je suis passé à coté.
Je reste quelques semaines. Ca va dépendre de facteurs qui ne dépendent pas exclusivement de ma volonté.
L’objectif serait l’Espagne pour la fin de l’été.