Ratanakiri : voyage dans un autre Cambodge…
16Flash back. Cette province de l’extrême nord-est du Cambodge est l’une des plus isolées du pays. Retour sur l’un de mes meilleurs souvenirs d’un voyage au Cambodge, en pays khmer.
Le Ratanakiri est une région souvent délaissée par les voyageurs au Cambodge. C’est dommage. Les provinces de l’est du Cambodge sont parmi les plus intéressantes du pays. Nous sommes loin ici de la foule des temples d’Angkor....Récit d’un voyage mémorable.
Ban Lung, capitale de la colline aux joyaux
C’est ce que signifie Ratanakiri en français. Peu à peu, un paysage de culture cède la place à un horizon de forêts, le relief se fait plus accidenté, puis le bitume capitule devant une piste de terres ocre. Depuis deux heures, une pleine lune rousse s’est élevée au dessus des terres du Ratanakiri. Tandis qu’une chaleur écrasante de fin de saison sèche a pris possession du reste du pays, l’air frais de ces collines est le bienvenu.
Ban Lung, simple petite ville, a la prétention d’être la capitale de la province. La région a longtemps abrité le QG des Khmers rouges et a aussi subi, comme tout l’est du pays, les bombardements aveugles et criminels des Américains. La piste Ho Chi Minh avait en effet le malheur de passer sur ces terres. Comme ils ne font jamais dans la dentelle, ils tuèrent quelques 200 000 personnes. Quelques rares mines de pierres précieuses (d’où le nom de la province) sont encore en activité.
Sur la terrasse du Tree Top Guest House qui offre une belle vue sur les collines avoisinantes, je fais la connaissance d’une grande baraque venue du fin fond du Canada. Bobby est un pompier canadien. Mercenaire du feu, Bobby entend bien porter la lance dans le bush australien, après quelques mois de voyage en Asie. Le verbe rare, Bobby ne quitte jamais ses lunettes de soleil, même à l’ombre.
Backcraft m’accompagne dans la découverte des alentours. Je plonge dans un cratère transformé en lac, qui selon certains aurait été cause par une météorite. Je me baigne au pied de la plus imposante chute d’eau qu’il m’ait été donné de voir jusqu’alors. Un délice pour les sens !
Au bout de ces quelques semaines, j’arrive à compter et dire quelques phrases simples en khmer. Il faut dire que le parler khmer est plutôt simple car il n’y a pas de conjugaison. Voici ce que cela donne à travers quelques exemples de phrases ô combien vitales ici: “ non moi pas vouloir tuk-tuk”, “non moi pas vouloir massage boum-boum” (les deux se suivent souvent !), “non moi pas vouloir t’épouser“, “moi vouloir une bière”(idem…!), “ houlalala ! trop chère, moi pas un pigeon de touriste”.
Trek dans le Parc Naturel de Virachay
Je me joins à un couple pour un trek de 3 jours vers le Parc Naturel de Virachay. La trentaine avancée, ‘’just married”, ils font un tour du monde d’un an. Lui est un imposant Ecossais a la longue et épaisse chevelure. Je l’imagine tout à fait dans un rôle de figurant dans un remake de Braveheart, enfin les tatouages et les piercings en moins !
Elle est sud-africaine, douce et plus réservée. Encore des voyageurs au long cours, comme du reste tous ceux que j’ai pu croiser depuis le début de ce voyage en Asie du Sud-Est. Etrangement, je n’ai pas encore rencontré de voyageurs autonomes ayant fait du Cambodge l’unique destination de leurs congés payés. Mais j’en ai connu par le passé il est vrai.
Après quelques heures de marche, nous campons dans une jungle épaisse aux arbres si hauts qu’ils semblent former une voute végétale. La jungle est un lieu bruyant, des cris de toutes sortes la traversent. Le bruit des cigales géantes est presque assourdissant, c’est le battement de cœur de la jungle.
Souvent, un cri fort répétitif couvre tout ce tatouin, “Gecko ! Gecko ! Gecko !” C’est aussi le nom désignant cette espèce de gros lézard emblématique des forets tropicales et considère comme un porte-bonheur.
La nuit venue, les bruits se font heureusement plus rares. Dans mon hamac, j’essaie de trouver le sommeil sous un ciel étoilé qu’embrasent les éclairs d’un orage proche. Sale nuit, j’ai très peu dormi, et je ne suis pas le seul. Je ne suis pas arrivé à trouver la bonne position dans ce hamac qui n’était peut-être pas assez tendu. Ou pas fait pour moi.
Notre guide lui semble bien reposé. Il me conte ses déboires avec les parents de sa petite amie. Impossible de l’épouser sans l’accord des parents respectifs. Le problème, de taille, est que les parents de la promise ne l’aiment pas, il ne comprend pas pourquoi. Je me dis à moi-même que peut-être est-ce du à son bagout un brin vantard…
Une nuit dans un village Lao du Ratanakiri
Nous arrivons en fin de journée dans le village d’une minorité, en l’occurrence ici un village Lao. Peu de monde parle le khmer dans ce coin du Ratanakiri. Les villageois, les enfants surtout, se pressent à notre rencontre, curieux de voir quelle tête ont ces barangs. Ils nous observent, captivés par nos faits et gestes. Nous avons un peu l’impression d’être en quelque sorte le poste de télévision du coin !
Les enfants sont tous adorables. La nuit, le village est entièrement plongé dans le noir. Devant la faible lueur vacillante d’une lampe à pétrole, nous buvons avec notre guide une imposante bouteille d’alcool de riz. Tout en discutant du pays, nous buvons à tour de rôle “in one shot”.
Je commence à ressentir les effets de l’alcool. Il faut dire aussi que nous avons auparavant littéralement et non sans plaisir fait un hold-up sur le stock de bières de la maigre boutique du village, faisant ainsi le bonheur de la tenancière. Le plus dur a été d’attendre que les précieuses cannettes refroidissent dans l’eau fraîche d’un puits.
J’en conviens, cela peut faire un peu alcoolique sur les bords, mais franchement si vous aviez passer deux jours à ne boire que de l’eau bouillie avec un arrière gout rance de riz, vous seriez sans doute plus compréhensifs !
Devant mon hésitation à poursuivre la curée, en tout bon Ecossais qu’il est, Michael me rappelle alors avec bonhommie la Grande Alliance. Scellée entre la France et l’Ecosse contre l’Anglais, c’est la plus vieille alliance militaire en Europe soit dit en passant. Que faire si ce n’est refuser la capitulation et affronter de concert ces dernières rasades?
Je me sépare de ce sympathique couple qui continue sur le Laos. J’ai passé de bons moments avec eux et je me rappellerai avec plaisir mes discussions avec cet Ecossais de gauche dans l’âme et indépendantiste jusqu’au bout des ongles. Les rencontres en voyage, quoiqu’éphémères, créent parfois des liens qui perdurent dans le temps. Souvent plus que des rencontres en France ou avec des gens que l’on côtoie régulièrement. Sans doute est-ce du à l’intensité des moments partagés.
Le Cambodge est le royaume des ONG. Plus de 3000 y exercent. Au Café de la Nature, je fais la connaissance de Karine qui bosse dans une ONG qui a pour but de préserver la médicine traditionnelle. Elle me montre avec entrain une vidéo où l’on peut voir un “sorcier” qui à l’aide d’un simple tuyau en plastique guérit divers maux. Il pose l’objet sur la zone concernée, inspire d’un coup, puis recrache des petites pierres noires qui représentent le mal. Elle me certifie qu’elle a bien observé et qu’il n’y a pas de triche…Elle me parle également d’un mystérieux cimetière Tompuon perdu dans la forêt…
Le cimetière des Chunchiet
Lao, Chinois, Kreung, Chunchiet, le nord du Ratanakiri est peuplé de minorités. Sur les rives du Tonle San, le charment village de Voen Sai abrite nombre d’entre elles. Le cimetière Tompuon est située dans la jungle à une heure de bateau de Voen Sai. A force de traîner mes guêtres paisiblement, je finis par dénicher une embarcation à bon prix. La barque à moteur file bon train et nous laissons derrière nous pêcheurs au filet, troupeaux de buffles faisant trempette et enfants barbotant joyeusement dans l’eau.
Des maisons en bois se dessinent bientôt au-dessus de la crête des arbres. Le cimetière est situé derrière. Au milieu des bananiers, manguiers, frangipaniers, de curieuses tombes parsèment le lieu. Devant, des statues en bois peintes semblent en garder l’entrée.
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Les Chunchiet ont en effet l’habitude d’enterrer leur morts dans la forêt en sculptant des statues représentant les défunts. Cela me rappelle aussitôt le cimetière joyeux de Sapinta en Roumanie. Sur les stèles en bois coloré, un dessin y représente la cause de la mort du locataire. En dessous, une épitaphe, souvent drôle, livre quelques informations sur sa vie.
J’aime ces cimetières du monde parfois si particuliers. Ils montrent la place de la mort dans la vie. Dans les pays du Sud, la mort fait partie du quotidien, de ce fait on la craint moins contrairement à nos sociétés où on essaye de la repousser et l’ignorer. Ce qui semble loin fait d’avantage peur. Au risque de paraître morbide, je trouve même une ambiance plutôt romantique aux cimetières celtiques. Dans les grandes villes, ce sont souvent des espaces de silence…et de repos, c’est le cas de le dire!
De retour au village, je tombe sur une curieuse scène. Des groupes de villageois se tiennent assis autour de jarre en terre cuite où ils aspirent un liquide à l’aide d’une paille. Ils m’invitent, tout sourire, à venir se joindre a eux. Ma foi, l’alcool n’est pas mauvais et passe bien. Néanmoins, je préfère mimer mes gorgées afin de ne pas finir vite pompette.
Je passe un bon moment avec ces beaux visages ridés. Comme personne ne parle un traître mot d’anglais, impossible de savoir les raisons de ce rassemblement…
Je reprends le chemin de la berge accompagné par le cri des geckos. Il paraît qu’en comptant le nombre de cris, on peut savoir si vous serez marié à une jeune fille, une veuve (!!) ou rester célibataire dans l’année. Allez, je compte…
Voilà pour ce récit d’un voyage au Ratanakiri. Je me suis ensuite dirigé vers le Mondolkiri. Ratanakiri, Mondolkiri, j’adore ces noms, ils ont parfum d’aventure, vous ne trouvez pas ?
De bons souvenirs, comme une envie de voyager au Cambodge une nouvelle fois.
ou Visiter Battabamg !
Mon voyage de 4 semaines consacré au seul Cambodge a commencé au Tree Top Ecolodge de Banlung. Quel bel endroit, et les environs remplis de possibilités de promenades lentes à la rencontre de la population…
Comme toi, j’ai continué vers le Ratanakiri par pur hasard : une famille khmère en goguette m’a invitée à y voyager avec eux pendant quelques jours avant de rentrer à Phnom Penh. Juste avant, ils m’avaient invitée à un mariage dans leur famille, et j’ai même eu droit au prêt d’une magnifique robe de princesse khmère et à la coiffeuse / maquilleuse ! J’ai découvert beaucoup de choses avec cette famille très influente, y compris la corruption, les dessous de table et… le karaoké !!!
Bon, en retournant sur mon récit, je m’aperçois que c’est encore un de ceux dans lesquels je dois remettre les photos…
J’ai continué vers le Mondulkiri, et non le Ratanakiri of course !!!
Curieuse de lire la suite là-bas…
Tree Top Ecolodge: j’y étais 🙂
Sympa en effet comme lieu !
Tu as préféré le Mondolkiri ou le Ratanakiri ?
Hé oui, j’a tout lu et vu que tu étais au superbe Tree Top 😉
Je pense que le Mondulkiri aurait été plus sympa à une période moins chaude de l’année…
Ma préférence ? Difficile à dire : dans le Ratanakiri, j’ai adoré marcher marcher marcher (ils m’ont prise pour une folle. Les chutes d’eau et le lac volcanique : j’y suis allée à pied !). Ca j’ai adoré, d’autant que j’ai trouvé le coin de Banlung assez « disneyworld », entre les tarifs exorbitants de Virachay et les packages pour voir les villages tribaux…
Quant à mes quelques jours dans le Mondulkiri, c’était super sympa de voyager avec une famille khmère et de voir comment se comportent les nouveaux riches du pays… Ce qui m’a choquée là-bas, c’est qu’on y allait pour faire le tour des terrains achetés par une des filles (célèbre chanteuse et présentatrice TV qui n’a pas voulu me révéler son nom). Son frère m’a expliqué que bien souvent les riches paient des pots de vin aux représentants locaux pour virer les familles qui y vivent depuis des générations. C’est comme ça que je me suis retrouvée au karaoké avec le fils, deux pontes locaux… et des jeunes filles très légèrement vêtues qui me collaient un peu trop…
Bonsoir Fabrice ! Je pars dans 1 semaine au Cambodge et je compte découvrir la province de Ratanakiri, tu cites un certain « guide » dans ton trek dans cette région, aurais tu toujours son contact ? conseilles tu quelqu’un? merci beaucoup, marion
Bonjour Marion,
Ouf, cela un certains temps, j’ai oublié le nom.
Mais tu en trouveras plein sur place 🙂
Bonjour Fabrice,
Fabrice, ton histoire est très chouette à lire.
Nous partons fin juillet, début aout au Cambodge pour nos vacances (seule destination de nos vacances 😉 )
Nous avions envie de faire un trek de 4 jours dans le Ratanakiri.
D’après ta réponse à Bauer, si je comprends bien, il est facile de trouver un guide local qui peut nous emmener faire un trek de 4 jours?
On hésitait aussi avec le Mondolkiri. Que conseillerais-tu?
Conseillerais-tu également pour le Cambodge de manière générale de réserver les chambres d’hotel avant d’y aller ou bien est-il facile de trouver un logement sur place?
Merci d’avance pour tes conseils.
Anaïs
Salut Anais,
– Oui facile pour le guide sur place. Je ne connais pas bien le Mondolkiri, mais autant faire les 2 🙂
– pas besoin de réserver à l’avance, facile de trouver sur place.
Salut, je n’ai fait que le ratanakiri ms je reviens de trois jours de trek dans la jungle et c’etait superbe! On a passe une nuit a Banlung puis on est parti pr trois jours avec Sona Tour. je te le recommande vivement. Le guide, Sona, est entierement bilingue et super sympa. Il parle aussi les langues des minorites et connait bien la culture locale. Et pas cher, contrairement a d’autres tours qui abusent sur les prix!
Sona adapte le trek et la duree en fonction de ce que tu recherches: rencontre avec les locaux, vie dans la jungle, etc. Nous, on a choisi un peu les deux. On a donc fzit de la moto jusqu’a la jungle, du bateau sur le fleuve (pas le mekong ms un autre), trek dans la jungle et nuit en hamac, visite de villages et nuit dand une ferme avec une famille. Sans compter les moments de pauses et de bzignade dans le fleuve et dans les cascades, le petit-dej, dej et diner compris. C’etait superbe!
Voici son contact email et watsapp: Sona Keo, sonatours168@gmail.com, (+855) 097 82 50 366. Il a aussi un compte fbk
Cool Merci beaucoup 🙂
Salut Fabrice
Comment ne pas avoir envie d’y aller après t’avoir lu !!
Au final, on parle quelle langue quand on est dans un petit village perdu au milieu de nulle part et plus généralement ?
Comment voyageais tu avec ton guide, à moto ? ( peut être ai-je loupé quelques passages…)
Michel
Langues locals, cela dépend des régions. Oui avec un guide ou en scooter 🙂
Coucou Fabrice
C’est rigolo, j’ai séjourné exactement dans le même Guest House (Tree top) que toi lors de mon passage ) Ratanah Kiri
Ca doit être la référence dans le coin 🙂
Bonjour Fabrice,
Comment se rendre au cimetiere des « chunchiet », de banlung ?
Merci
Bjr à tous , je s8 métisse Nutella des Caraïbes ( GPE ) je m’apprête à tt quitter de ma Normandie d’adoption pour vivre l’aventure en Asie du sud est ( CAMBODGE )
en mode routard sans attache pour rencontrer l’amour . Vivre l’aventure c’est rencontrer bcp de problème , sinon autant rester ds mon 3 pièces tt confort ( prison doré ) . Étant de couleur Nutella , je me demande comment les Khmers vont réagir et si je trouverais des logements hors hôtel . Merci à tous de vos réponses et conseils . MAMBA KALIBOUSSA