Roumanie : le cimetière joyeux de Sapanta !
1Un cimetière joyeux à Sapanta
A l’extrême nord des Maramures, tout près de la frontière ukrainienne, il existe un village du nom de Sapânta, célèbre pour son cimetière unique au monde. Une multitude de croix de bois aux couleurs éclatantes conte aux visiteurs un demi-siècle de la vie du village. Qualifié de « joyeux », ce cimetière est en grande partie l’oeuvre de Ion Stan Patras (1909-1977), un des sculpteurs du village.
Pendant de nombreuses années, il a ainsi consacré sa vie aux morts en leur confectionnant un hommage personnalisé. Pour chacun, une petite scène en bas-relief représente un des traits majeurs de l’individu ou les circonstances de sa mort. En dessous, une épitaphe complétée le dessin, souvent avec humour et tendresse.
Les tombes de Sapanta: de l’art
En fait, la vue de certaines tombes suscite bien souvent de la tristesse à l’image de cette petite fille tuée par une voiture et dont on peut lire la plaque d’immatriculation. Ou encore de ce soldat de la Première Guerre mondiale tué en Italie et qui laisse une veuve et trois enfants. Le sculpteur a traduit dans un court poème la tristesse des vivants et les réalités parfois dure de la vie des défunts.
Exemples d’épitaphes:
» Ici, c’est moi qui repose
Pop Grigore est mon nom
J’ai aimé le tracteur
Et me consoler avec l’alcool
Triste j’ai toujours vécu
Car mon père m’a quitté petit
Ce fut peut-être mon destin
J’ai vite quitté la vie
La mort me prit jeune,
A 33 ans. «
» Ici repose Dumitru Holdis
Il a vécu 45 ans et il est
Mort de mort forcée en 1958 «
Avant sa mort, Ion Stan avait préparé sa propre croix qui se situe face à l’entrée de l’église. Depuis, un de ses apprentis continue son œuvre.
Historique du lieu
L’histoire débute en 1935, lorsqu’un artisan local du nom de Stan Ioan Pătraş (1908-1977) sculpte une première épigraphe sur une croix de chêne, ornée de couleurs vives. Par la suite, des dizaines de stèles vont faire leur apparition, chacune avec des formes rectangulaires et des motifs géométriques spécifiques, paraphée d’une croix à 2 ou 3 banches. On y remarque parfois de la poésie allégorique à tendance humoristique, retraçant le parcours du défunt. Un art naïf qui fait succomber le charme de tous.
Par la suite, de nombreuses stèles adoptent le même style de décoration, avec des motifs multi variés. Depuis, le cimetière est devenu un domaine touristique très visité dans la région. Le village du Maramures a conservé une architecture typiquement roumaine. En voyageant dans cette partie du pays, vous aurez donc l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps.
Que voir dans les environs de Sapanta ?
L’ancienne maison de Stan Ioan Patras a été transformée en musée sur la vie et les oeuvres du sculpteur. Situé à environ 200 mètres du cimetière, il est accessible aux visiteurs au tarif de 3 lei par personne, soit environ 0.60 euro.
Toujours a Sapanta, à 1 kilomètre du cimetière, se dresse le monastère de Péri. D’une hauteur de 78 mètres et inscrite au patrimoine de l’UNESCO, cette église est la plus grande église en bois d’Europe.
A 20 kilomètres de Sapanta, dans la ville de Sighetu-Marmatiei, la prison de Sighet fut fermée en 1974 et transformée en musée en 1989. Ce lieu permet de découvrir une partie de la sombre histoire de l’ancien régime communiste.
Le village de Poienile Izei compte parmi les incontournables de Maramures. L’architecture séculaire de poienari, son relief particulier, sa végétation, … font la particularité de ce village. Débutez votre visite à l’église en bois de Saint-Paraskeva aujourd’hui devenu le patrimoine de l’UNESCO. Ensuite, promenez-vous en calèche pour découvrir la vie des villageois.
Le Monastère Barsana composé de plusieurs compartiments en bois et géré par des religieuses orthodoxes vous ouvre également ses portes. Son architecture est un véritable joyau à ne pas manquer.
Pour les amoureux de la nature, faites un tour du côté de la prairie Cavnic. La beauté des lieux à tout l’air d’un paradis. C’est l’espace idéal pour un recueillement ou une méditation.
Visitez également l’église d’ieud. Vieux de plusieurs siècles (construit en 1364), cet édifice religieux de style byzantin recèle des toiles primitives de l’artiste plasticien Alexander Ponehalschi.
Le musée culturel de Botiza est un incontournable pour celui ou celle qui veut davantage palper l’histoire de la région. Des tenues traditionnelles teintes à partir de végétaux y sont exposées. Aussi, l’architecture du lieu n’est pas en reste …