Pour moi, impossible de visiter le Sénégal sans me rendre à Saint-Louis, la grande ville du nord. Un passé prestigieux, alors, qu’en reste-t-il ?
Saint-Louis du Sénégal
Saint-Louis du Sénégal est un de ces noms qui éveille indubitablement quelque chose dans l’imaginaire collectif des Français.
Un glorieux passé est en effet attaché au nom de cette ville du nord du pays situé à l’embouchure du fleuve Sénégal. Saint-Louis, baptisé ainsi en l’honneur du roi Louis XIII, devint vite un port commercial et militaire important. La gomme arabique et la traite des esclaves conduisirent la ville à son apogée au XIXe siècle.
Aujourd’hui, les rues de l’île témoignent toujours de ce faste d’antan. Elles ont ce charme qui pousse le visiteur à ralentir ses pas pour s’imprégner de l’atmosphère particulière du lieu.
Le poids de l’histoire est ici constamment palpable. La lumière du soleil couchant caresse les façades ocres et colorées de ces vieilles bâtisses coloniales, soulignant les balcons en fer forgé, les vieilles portes ou les cours intérieurs au charme certain.
Patrimoine de l’UNESCO, de nombreuses bâtisses se désagrègent cependant dans l’indifférence. Il serait temps de stopper la destruction de ce riche passé…
Rodolphe et Moktar m’accompagnent dans cette découverte de cette Saint-Louis tant vantée. Nous trouvons une chambre au confort minimum mais située au centre de l’Ile.
Les murs de la ville annoncent la tenue prochaine du célèbre festival de jazz de Saint-Louis. Le plus important du genre en Afrique. Il a lieu chaque année en mai.
Le pont Faidherbe : un symbol
Saint-Louis est située tout au nord du Sénégal, près de la frontière avec la Mauritanie. Elle est située à l’embouchure du fleuve Sénégal. Si le site était déjà un centre de transit de caravanes, ce fut la première ville fondée par les Européens en Afrique de l’Ouest.
Longtemps, Saint-Louis fut un comptoir commercial important. Mais lorsque Dakar fut choisie comme capitale, le déclin commença.
Saint-Louis vit passer du beau monde. A noter que c’est de Saint-Louis que partit Mermoz pour relier le Brésil en avion en 1930. Ce fut la première liaison postale transatlantique.
Le pont Faidherbe qui enjambe le fleuve Sénégal est un peu le symbole de Saint-Louis. Plus que centenaire, il accuse son âge comme en témoignent les travaux en cours. La lumière déclinante confère aux poutres métalliques un ton rougeoyant alors qu’un ballet incessant de bus colorés continue à emprunter le pont.
Chaque ruelle de l’île offre son lot de détails. L’ancien hôtel des impôts abrite un étonnant double escalier dans sa cour intérieur. Le bâtiment est néanmoins laissé à l’abandon comme en témoigne les archives éparpillées un peu partout dans les pièces du rez-de-chaussée. Ici aussi, le patrimoine ne reçoit pas le soin qu’il mérite.
Au détour d’une rue, je tombe sur la programmation du cinéma Le Rex. Des affiches défraîchies témoignant de la fermeture du cinéma. A l’affiche de la dernière soirée :
– Rallye des joyeuses
– Raffinements érotiques
Des titres de film étonnants dans ce coin d’Afrique.
Le cimetière de pêcheurs
En direction de la plage, la lagune de Barbarie offre un visage complètement différent de l’île. Ici, 20 000 pêcheurs vivent sur 0.3 km² ! Quel contraste avec les rues calmes et policées de l’île !
Le long de la plage, un cimetière musulman côtoie les étales de poissons séchant au soleil. Nous tentons d’y pénétrer mais une femme de pêcheur nous interpelle soudain. Sur un ton menaçant, elle nous interdit d’y pénétrer car nous ne sommes pas musulmans. Mais rien dans le Coran n’interdit cela…Cela dit, son couteau en main, elle n’engage guère à débattre…
Nous rebroussons donc chemin mais tenant vraiment à voir ce cimetière, je me faufile par l’entrée principale située de l’autre côté. Là je rencontre plusieurs habitants qui ne voient aucune objection à ce qu’un non musulman pénètre ici. L’intolérance est souvent une affaire d’ignorance et de non-éducation…
Des filets de pêcheurs recouvrent certaines tombes. Toutes possèdent un détail particulier évoquant le défunt comme cette vieille canne à marcher plantée droite sur la tombe de son propriétaire. Je gravis la partie la plus haute du cimetière toujours au milieu du sable.
En voyage, j’aime assez me rendre dans des cimetières. Tout d’abord, ce sont des lieux silencieux et reposants. Et puis, ils témoignent de la place de la mort dans la vie des différentes cultures.
Certains sont particuliers de par leur localisation ou leurs dépositions, tel le cimetière gai de Sapinta en Roumanie avec ces pierres tombales colorées en bois résumant la vie du défunt.
Absorbé par mes réflexions, je suis soudain alerté par un cri. Sur ma droite, voilà que j’aperçois la veille dame au couteau sur la plage. Elle m’a repéré et commence à vociférer alertant ses consœurs. Je lui fais signe et voilà qu’elle approche ! Sans demander mon reste, je me dirige calmement mais sûrement vers la sortie, frustré de cette trop rapide incursion au milieu de ce cimetière des pêcheurs.
Flash back
Depuis le début du blog, en 2010, je publie régulièrement la série « Flash Back ». Ces texte et photos sont tirés de mes anciens carnets de voyage. Il y a peu, je vous racontais la beauté de Jaisalmer en Inde. Ici, Saint-Louis du Sénégal fut une des dernières destinations de ma traversée de l’Afrique de l’Ouest en moto.
En quittant Saint-Louis pour Dakar, nous faisons un crochet à l’usine de Mbakhana sur la route de Richard Toll.
Cette usine de pompage du XIXème siècle amenait l’eau jusqu’à Saint-Louis. Ces machines à vapeurs sont les plus anciennes d’Afrique Noire. Mais celles-ci se sont tues depuis 1952 et c’est au milieu de ces engrenages d’acier, de tuyaux et de réservoir qu’un vieux villageois nous guide.
La visite est brève. Nous reprenons la route pour Dakar !
Voilà pour cette évocation de Saint-Louis, une ville où je retournerais avec plaisir !
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Sur cette page, vous trouverez tout
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Des photos originales pour présenter St Louis ! Merci de cette visite « différente ».
Plus de photos des anciennes maisons coloniales avec balcon à St Louis. Le cimetière est sans intérêt ici.