Sarah : un tour du monde avec retour en cargo !

J’ai suivi, sur le tard, le tour du monde de Sarah grâce à son blog. Un beau voyage de 18 mois tout de même ! Rentrée depuis à Paris, Sarah continue à alimenter son blog depuis son retour.

Ha le retour d’un long voyage, justement Sarah va pouvoir nous en parler !Ainsi que du voyage en cargo qu’elle a fait pour rentrer en France d’Asie !

Un voyage en cargo

Canal de Suez

Bonjour Sarah, pourrais-tu te présenter ?

Bonjour, j’ai 33 ans, je suis journaliste, parisienne, et voyageuse…

Tu es partie 18 mois autour du monde je crois, quel a été ton trajet ?

Oui, je suis partie un an et demi, mais avec deux brefs retours en France.

J’ai commencé par six mois en Amérique latine, avec un départ de Santiago du Chili et une arrivée à Lima au Pérou, le tout en passant par la Patagonie, Ushuaia, l’Antarctique, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et la Bolivie… Ensuite, je suis allée en Afrique du Sud, au moment de la Coupe du Monde. Puis retour en France et nouveau départ, par voie terrestre cette fois-ci. Là je suis partie avec une amie, emily, et nous sommes allées en auto-stop jusqu’à Moscou. Nous avons traversé l’Allemagne, la Pologne et les trois pays baltes. Puis ensuite transsibérien à travers la Russie, traversée de la Mongolie, puis la Chine, et Hong Kong. Nous nous sommes séparées en Thailande, où je suis restée deux mois, puis j’ai été en Birmanie, avant de finir par la Malaisie.

Voilà un beau voyage ! Que dirais-tu à une aspirante voyageuse qui hésite à partir seule ?

Ne plus hésiter et partir!! Foncer!! Il y a énormément de filles qui voyagent seules dans le monde entier. Et ça n’est pas plus risqué que pour un mec. Voyager seul, ça procure une grande liberté. On est entièrement libre de décider où on va et c’est assez jouissant. L’ennivrance de la solitude. Je ne sais pas si tout le monde me comprend sur ce point. Mais je trouve toujours assez incroyable de débarquer toute seule dans un endroit inconnu à l’autre bout du monde et de me dire: tout est possible!! Et de toutes manières, il y a beaucoup de voyageurs en solo tout autour du monde et on fait des rencontres tous les jours.

A Paris, il ne me viendrait pas à l’idée, si je mange seule dans un resto, de m’asseoir à la table de quelqu’un d’autre qui est tout seul aussi. Alors qu’en voyage, ça se fait très naturellement. Dans les auberges de jeunes, les bus, les sites touristiques, partout… C’est toujours très facile de rencontrer plein de gens. Et ça ne sont pas que des rencontres éphémères. Ca m’est plusieurs fois arrivé de faire des bouts de route de plusieurs jours, semaines, voire mois avec d’autres voyageurs solo rencontrés sur un trottoir en descendant d’un bus ou dans un dortoir.

C’est exactement cela l’exemple du resto. En voyage, tout est bien plus simple…Pourquoi ce choix de partir, à ce moment là ?

C’est un projet que j’ai toujours eu dans un coin de ma tête. Quitter ma vie parisienne, mon confort, mon appart, mon boulot et partir à l’aventure sur les routes du monde. Mais il se trouve que j’étais en couple (très longtemps!!) et que ça n’était pas le choix de mon compagnon. Nous nous sommes finalement séparés (pour d’autres raisons je précise) et du coup j’ai sauté sur l’occasion!!

Lituanie autostop

Cela a-t-il été difficile de franchir le pas pour ce tour du monde?

Le déclic, ça a été un voyage que j’ai fait au Vietnam fin 2008. A vrai dire, auparavant, je n’aurais jamais imaginé être capable de partir seule. Il s’est juste trouvé que j’avais de longues vacances à prendre, que je n’ai trouvé personne pour partir avec moi et que je me suis dit: c’est pas une raison pour rester toute seule comme une idiote à la maison.

Alors j’ai réservé un aller-retour pour le Vietnam et débarqué à Hanoi avec mon gros sac-à-dos. Ce voyage a tout simplement été génial!! La vraie découverte que non seulement j’étais capable de voyager seule, mais aussi que j’adorais ça, et que plein de filles le faisaient aussi. J’ai voyagé pendant un mois avec une nana (emily) qui faisait le tour du monde toute seule et j’ai pris la décision de faire comme elle!!

Rentrée en France fin 2008, j’ai mis un an à organiser mon voyage. Il fallait que je vende mon appartement, que je m’organise pour le boulot, et je suis partie en novembre 2009. Mon itinéraire, je l’ai complètement chamboulé à trois semaines du départ, en commençant par le Chili plutôt que l’Inde!! Autant dire que c’était plutôt l’improvisation totale.

Excellent:-) Les 3 destinations que tu as le plus appréciées ? Je sais question difficile !

Effectivement difficile à répondre. Je dirais, l’Antarctique, la Chine et la Bolivie. L’Antarctique, parce que c’est un voyage sur une autre planète. Les paysages sont complètement époustouflants, la nature d’une virginité incroyable. Tous les jours, c’est un rêve, et vraiment, je devais me pincer pour croire que c’était vraiment la réalité. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je les renvois à mon blog, où j’ai raconté ce voyage en détail.

La Chine, parce que c’est un pays d’une richesse incroyable. A la fois très moderne, et avec une histoire et une culture très forte. Les Chinois sont des gens qui m’ont complètement fascinée. Ils ne pensent pas du tout comme nous. C’est souvent très déroutant, car les codes culturels sont si différents qu’il est en général impossible de se comprendre. Ils sont très surprenants dans leur manière de vivre. Et c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup en voyage: être surprise par des habitudes de vie complètement différentes.

La Bolivie également: c’est un très bon mélange de paysages magnifiques et d’une culture locale très forte. C’est un des rares pays d’Amérique latine à avoir gardé une forte culture indienne. Il y aurait aussi la Russie, le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Paraguay, la Birmanie… La liste est longue!!

Antarctique

Ha l’Antartique…Là, je t’envie:-) Tu as tenu un blog lors de ton voyage. Un petit bilan ? Y-as-tu consacré beaucoup de temps ?

Mon bilan est partagé. J’ai adoré tenir ce blog (et je le tiens toujours), mais j’ai trouvé ça très difficile de consacrer suffisamment de temps pour le mettre régulièrement à jour. Seuls les blogueurs peuvent, je crois, réaliser à quel point ça demande du travail. L’écriture des textes, la sélection des photos, l’édition sur Internet… Pour le faire sérieusement, il faudrait, je crois pouvoir presque y consacrer la moitié de son temps.

C’est toujours le dilemme: profiter des endroits dans lesquels on est, faire un maximum de choses, ou travailler sur son ordinateur. Mais la plus grosse récompense, c’est que ça permet de partager son voyage et sa passion avec beaucoup de gens. Pas mal d’aspirants voyageurs m’écrivent pour me demander des conseils, et c’est sympa de pouvoir partager son expérience. En plus, j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens grâce à mon blog. Un lecteur, blogueur de voyage lui aussi, m’a hébergé quand j’étais à Rio de Janeiro pour le carnaval… J’ai voyagé deux mois en Thaïlande et en Birmanie avec une autre blogueuse qui m’avait contactée…

Moscou!

Je vois tout à fait ce que tu veux dire. C’est l’éternel dilemme. Et je crois qu’il fait le vivre pour comprendre. Pour rentrer en France, tu as donc pris un cargo de Kuala Lumpur pour le Havre. Voilà un mode de transport peu répandu et qui personnellement m’intéresse. Pourrais-tu nous en dire plus sur ce voyage en cargo: durée de la traversée, prix…et tout d’abord pourquoi ce choix ?

Ce choix pour trois bonnes raisons.

1/Sur la deuxième partie de mon voyage, la partie européenne et asiatique, j’ai voyagé quasi exclusivement par moyen terrestre. De Paris, je suis allée jusqu’à Hong Kong sans prendre l’avion. J’avais donc l’envie de rentrer également sans prendre l’avion car je trouve que c’est un moyen génial de voyager. On franchit un à un les fuseaux horaires, on parcourt physiquement chaque centimètre de terrain, et du coup, ça rend la perception géographique du monde complètement différente. Tu te rends compte qu’il suffit de prendre une voiture à la sortie de Paris et que, quelques mois plus tard, tu peux être à Hong Kong!! Le monde n’a plus la même dimension. On est tous voisins en quelque sorte!!

2/Je voulais que mon retour en France soit un voyage en lui-même. Je ne me voyais pas, après une telle expérience de vie, me retrouver téléportée en l’espace de quelques heures à Roissy-Charles-de-Gaulle. Je trouvais ça trop violent. J’avais besoin de temps pour rentrer, d’ouvrir une parenthèse…

3/J’ai choisi le bateau car j’adore ce moyen de transport. C’est quelque chose de complètement physique: je kiffe total d’être sur un bateau et de sentir le mouvement de la mer. J’ai l’impression d’être en symbiose avec un être vivant! Si si, la mer est vivante!! Je n’ai pas du tout le mal de mer bien au contraire. Je m’ennuie si le bateau ne bouge pas. Les vagues, les embruns, le roulis, la cacophonie à l’intérieur d’un bateau où tout se casse la gueule dans tous les sens, je trouve ça génial…

La traversée a duré 20 jours, pour le prix de 1.8OO euros (pension complète je précise, boissons et alcool compris, je n’ai pas dépensé un centime à bord). C’est effectivement très cher, mais c’est le prix des voyages en cargo. Au moins, à ce prix là, on voyage dans des conditions très confortables, avec une super cabine.

Tu sais, je crois que j’aurais fait la même chose que toi car je partage tout à fait tes raisons ! Tu es passée par une agence pour ce voyage en cargo? Comment as-tu trouvé ce plan ?

Oui, j’ai trouvé une agence en faisant des recherches sur Internet. Ca s’appelle Mer et Voyages.

Patagonie

Oui je connais cette agence. Le voyage en mer n’est-il pas trop long ? Comment as-tu occupé tes journées ?

Non, je n’ai pas trouvé ce voyage en cargo trop long. A vrai dire, j’avais aussi besoin de me poser, et me reposer aussi. Ca faisait un an et demi que je voyageais, trimballais mon sac-à-dos de dortoirs en dortoirs. Alors j’étais bien contente d’avoir mon lit, ma cabine (très confortable je précise), de manger à heure fixe tous les jours, d’avoir juste à mettre les pieds sous la table pour qu’on me serve… de retrouver la cuisine française!! le vin!! le fromage!! la viande rouge!! Pour mes journées, différentes activités: me balader sur le bateau (334 mètres de long, y a de quoi faire…), visiter les différentes installations… observer le travail des marins… bronzer au soleil sur mon transat sur le pont… bouquiner… regarder des dvd… classer mes photos… écrire mon blog… regarder la mer… m’initier à la navigation à la passerelle de pilotage… étudier les cartes… et il y a eu deux escales où j’ai pu débarquer la journée: Oman et Malte. Le passage du canal de Suez a duré toute la journée, et c’est aussi une expérience incroyable. D’un côté, il y a le désert (le Sinai) et de l’autre, les champs et les villes égyptiennes. On voit très bien ce qui se passe à terre, les mosquées, les paysans qui travaillent, les habitations, les soldats égyptiens qui montent la garde tout le long des 160km du canal.

Qu’as-tu le plus aimé dans le fait de voyager en cargo?

Le monde des cargos et de la marine marchande m’a fascinée. C’est un univers très intéressant à découvrir. Les marins vivent vraiment une vie à part et j’ai beaucoup aimé découvrir ça. Je précise aussi que j’étais non seulement la seule passagère à bord, mais aussi la seule femme!! Moi et 27 hommes d’équipages. C’est aussi une sacré expérience humaine. Qui s’est très bien passée je précise. La marine est un monde très codifié, où les relations hiérarchiques sont très respectées. J’étais sur un cargo français, avec un équipage moitié français et moitié roumain.

En quoi es-tu revenu changé de ce tour du monde et de voyage en cargo ?

Aie… là, tu me poses un peu une colle… ça ne fait que deux mois que je suis rentrée, alors peut-être je manque encore un peu de recul pour répondre à cette question. Je pense en fait que j’ai commencé à changer à partir du moment où j’ai pris la décision de partir. J’ai fait le choix de vivre à fond et de profiter un maximum de la chance de vivre qui nous est offerte. Au diable la sécurité, au diable les projets à moyen terme… Et je ne parle même pas de la retraite… Ca me tue quand j’entends des gens penser déjà à leur retraite!!

L’important pour moi, c’est de vivre maintenant. Un truc qui m’a marqué lors de ce voyage, c’est de réaliser que dans les pays où les gens ont beaucoup moins que nous, voire presque rien, et bien ils sont souvent plus heureux que nous. Ce qui fait le bonheur de vivre, ce sont les liens sociaux, les rapports qu’on entretient avec les gens, et absolument pas les biens matériels. J’aurais même tendance à croire, que plus on possède, plus on a peur de se faire voler, et plus on se retranche et s’isole pour se protéger. La richesse matérielle tue la solidarité. Et au contraire: moins on possède et plus on est prêt à aider son prochain. Une prise de conscience qui m’interpelle aussi à titre personnel, car jusqu’à présent, je ne me suis jamais engagée de ce côté là. Sans doute un point sur lequel je devrais évoluer, mais je n’ai pas encore franchi le pas.

Voyage en cargo

Comment c’est passé le retour ? Pas évident, je devine.

En fait pour l’instant ça va. J’étais un peu fatiguée d’avoir voyagé si longtemps, et je suis contente d’avoir retrouvé un peu de stabilité et de confort. J’ai repris le travail un mois après mon retour. Retrouvé ma famille, mes amis, mes collègues… Les joies de la vie citadine, le shopping, les bouffes au resto… Aller au cinéma, boire un café en terrasse, mettre des belles chaussures!! (après un an en godasse de rando et en tongs, c’est un vrai bonheur) Paris est une ville géniale pour ça. Même si de temps en temps j’ai l’impression d’être là et pas là en même temps. Comme si j’avais un pied dedans et un pied dehors.

C’est difficile en fait de partager ce qu’on a vécu avec les autres. Beaucoup me demandent « alors c’était bien?? » Et, là, je ne sais pas quoi répondre. Je ne peux pas résumer un an et demi de vie en un « oui c’était bien… » Et puis la discussion passe vite sur autre chose.

Je rêve à de nouveaux projets de voyage, mais je ne me sens pas encore prête pour repartir. J’ai du mal à me projeter dans les prochains mois. Je gère au jour le jour… Mais les jours passent très vite. Avec la routine, on voit moins le temps passer. Les semaines défilent sans qu’on s’en rende compte. Alors qu’en voyage, le temps passe plus lentement. Chaque journée est unique.

Des conseils pour ceux que le retour angoisse ?

-hmmm… ne pas angoisser peut-être…?? Je pense finalement que pour bien vivre son retour, il faut le voir de manière positive. Ca fait du bien de rentrer chez soi aussi. Je pense que c’est important de pouvoir rentrer quand on sent que c’est le bon moment, et pas parce qu’on doit rentrer. Il y a beaucoup de gens qui partent en prenant un congé sabbatique d’un an, et qui du coup, sont obligés de rentrer à une date précise.

Pour ma part, si j’étais rentrée au bout d’un an, ça aurait été trop tôt et je pense que je l’aurais mal vécu. Travaillant en CDD avant mon départ, j’étais libre de revenir quand j’en avais envie. J’ai eu d’ailleurs une petite baisse de motivation et de fatigue sur les deux derniers mois de mon voyage. J’ai donc réalisé que c’était le moment pour moi de rentrer et donc, j’étais contente de le faire. A 33 ans, j’ai un peu d’expérience professionnelle derrière moi, et j’ai donc aussitôt retrouvé du travail en rentrant, ce qui facilite aussi les choses.

Un dernier mot ?

Surtout dire à tous ceux qui ont envie de le faire, que c’est possible. Pas besoin d’être une aventurière hyper courageuse, je suis loin de l’être faut pas croire. Avant mon premier voyage en solo, je n’aurais jamais cru être capable de le faire. Il faut juste avoir confiance. Le monde n’est pas si menaçant et dangereux qu’on peut le croire à la télévision ou dans les journaux. On ne vit qu’une fois alors FONCEZ!!

Merci à Sarah d’avoir pris le temps de répondre à cette longue interview ! J’ai beaucoup aimé tes réponses et ta vision des choses.Je vous invite à visiter Le blog de Sarah!

Pour continuer, je vous invite à écouter cet épisode du podcast sur le voyage de Laurent en cargo. 

Et vous, que pensez-vous de ce voyage en cargo ? 

Tentez par un voyage en cargo ?

Je laisse à Sarah le soin de répondre aux éventuelles questions:-)

A propos de l'auteur

Fabrice Dubesset

J’ai créé ce blog voyage en 2010 après 15 ans de voyages. Digital nomad depuis 2011, je vis une grande partie de l’année à l’étranger. Podcasteur, entrepreneur, coach, je suis notamment l'auteur du livre « Libre d’être digital nomad », Ed Diateino, dispo en librairies, FNAC etc.