Tombouctou : l’envoûtante cité des sables
21Flash back. Un des lieux les plus incroyables que j’ai visités. La cité des sables millénaires vaut vraiment le déplacement, un endroit unique au monde.
Ce fut un des meilleurs souvenirs de ma traversée de l’Afrique de l’Ouest en moto en 2006. Le Mali, un beau pays. En deux parties, je vais vous entrainer dans le dédale de ses rues envahies par le sable.
Tombouctou : aux portes du désert
Voici enfin la fameuse Tombouctou aux portes du désert. Le voyage ne fut pas de tout repos, pas facile d’y arriver, comme s’il fallait la mériter. Parti de Mopti la veille au soir à bord d’un vieux Land Cruiser (après avoir attendu toute la journée que le véhicule soit prêt), les freins de celui-ci ont lâché au milieu de nulle part, en pleine nuit. Moi et les huit autres passagers avons du dormir au bord de la piste au milieu d’un paysage désertique. Pendant ce temps, le chauffeur tachait de faire le nécessaire dans la ville voisine.
Mais au petit matin, toujours pas de 4×4 et le soleil commence à s’élever dans le ciel. Les autres passagers, en majorité des femmes et des enfants commencent à s’inquiéter de la situation en raison du manque d’eau. Moi aussi à vrai dire. Heureusement, un camion apparaît alors au loin, nous le stoppons, tant pis pour le 4×4, nous montons à bord. Je me retrouve au milieu de mangues avec deux jeunes américaines. Je me rends compte que je suis assis sur de gros sacs blancs aux travers desquels on distingue un aigle. Des cartouches de cigarettes américaines !
Le soleil tape fort, je me verse de l’eau chaude sur la tête. Cela apporte quand même de la fraîcheur grâce à la vitesse du camion. Celui-ci souffre aussi et nous devons nous arrêter souvent pour le laisser respirer. Plusieurs fois un étrange personnage nous double sur la piste.
Un blanc à vélo ! Il ne manque pas de courage ! Alors que nous sommes assommés par le soleil, lui garde toujours le sourire. Il à l’air tout frais le bougre ! Comment fait-il ?
Voici enfin notre 4×4 qui apparaît derrière nous au loin. Nous transmutons et me voilà à nouveau derrière la cabine avec 10 personnes !
Impossible d’esquisser le moindre mouvement ! Et ce malgré les nombreux soubresauts dû à l’état de la piste. Au bout d’heures qui me semblent interminables, la ligne bleue du Niger apparaît. Il est encore ici assez large, après la saison des pluies, son lit doit être énorme ! Un bac nous fait traverser, Tombouctou n’est plus qu’à 10km.
Tombouctou, la mystérieuse
Une fois arrivée au centre de la ville, à peine débarqué 4×4, Ali m’aborde pour me proposer de dormir chez lui. Pour 3000 CFA la nuit (moins de 5 euros), c’est un bon plan ! La chambre est située sur le toit, idéal pour profiter de la fraicheur de la nuit
Le visiteur est parait-il souvent déçu de sa visite. Il faut dire que l’âge d’or de la ville est loin derrière, très loin. Peu de vestiges sont présents, nul coupole d’or, nul bâtiment fastueux, rien de tout cela. La ville a dû à sa position avancée au nord du Niger son rôle de carrefour commercial.
L’or, le bétail, les hommes, y transitaient vers le nord de l’Afrique et l’Europe. Tombouctou était l’aboutissement de la piste du sel à travers le désert. Lors de son apogée au XIV siècle, son université coranique rivalisait avec celles du monde arabe. Le sultan du Maroc jaloux de cette puissance conquis la ville. Le déclin commença.
Tombouctou : une atmosphère avant tout
Dans les rues de la ville, le sable est partout. A chaque passage de véhicules, des nuages de sable s’envolent. Chaque immeuble de la ville ou presque possède une lourde porte de bois recouverte de motifs en fer. Ces lourdes portes sont un des symboles de la ville. Pas de vieilles battisses médiévales, aucun signe de cette richesse passée. Albert Londres disait de Tombouctou : « Qu’on donc les blancs contre la fameuse cité ? Le mystère ne se voit pas, il se sent ».
- Le sel de Tombouctou
- La mosquée de Tombouctou
Au fil des jours, sa déclaration me parait assez vraie. Tombouctou, c’est une atmosphère particulière, chargée d’histoire, riches de signes et de peuples (touaregs, maures, peuls, bambaras…). La cité interdite le fut longtemps aux non musulmans.L’anglais Gordon Laing fut le premier européen à y pénétrer en 1826.
Il fut pris pour un espion (il faut dire que le costume militaire n’est pas vraiment l’idéal pour se fondre dans la masse…) et tué dans le désert. Deux ans plus tard, le français René Caillé se fit passer pour un pèlerin arabe et réussi à y séjourner un certain temps avant de devoir fuir. Il mourut du palu à son retour en France.
Pour ma part, je flâne dans la kasbah de Tombouctou, sur la place autour de la mosquée en banco. Du moins, le matin ou en soirée !
Les manuscrits anciens de Tombouctou
De 10h à 16h, il fait vraiment très chaud. Je passe alors une partie de ce laps de temps à boire du thé avec Ali et son ami. Du thé touareg, un concentre de thé sucré. Je n’ai jamais bu autant de thé dans une journée, 8 ou 10 parfois ! Ali me fait visiter la ville, ses trois mosquées, son université et ses bibliothèques de manuscrits.
En effet, Tombouctou renferme une richesse insoupçonnée. Des milliers de manuscrits médiévaux ont été rassemblés dans différents endroits. Le centre Ahmed Baba abrite 25 000 de ces manuscrits écrits en arabe. Ils sont les témoins du rayonnement culturel de la ville jadis. Des bibliothèques privées en renferment également et tous sont en train d’être restaurés.
- Une porte typique de Tombouctou
Une nuit dans le désert près de Tombouctou
Sur les conseils d’Ali, je me procure un bouchard touareg. De couleur bleue, celle des hommes du désert. Le bouchard est très pratique par grosse chaleur. Le tissu est en effet léger et ample. Et le turban protège du soleil.
- Oui, c’est bien moi le type sur le chameau!
Je me suis décidé pour passer une nuit dans un campement touareg, au milieu des dunes. Quelques heures de chameaux suffisent pour joindre le campement d’une famille. C’est la première fois que je monte en chameau. C’est plutôt déroutant au début.
Et pas très confortable surtout quand le chameau se met à courir. Assis sur une selle en bois, mon postérieur souffre ! Quand je pense que certains touristes partent pour deux semaines comme cela !
Aladji est le chef de famille. Il parait avoir la trentaine et ne parle que quelques mots de français. Il est très jovial et rit beaucoup. Dès son arrivée, il s’allonge sur le sable prés de sa tente et fume du tabac. Le campement ne comprend que quatre familles.
Un voisin vient discuter avec lui et nous buvons du thé. Sa femme fuit mon regard et se cantonne aux tâches ménagères. Après un plat de pâtes, je savoure le silence du désert. Un silence qui fait presque mal. Surprenante la vie que doit être celle de ces hommes dans le désert. Encore ceux-ci ne sont pas loin d’une ville. Le ciel nocturne est magnifique, je m’endors dans un silence seulement trouble par le déplacement des scarabées des sables.
- Aladji
J’ai passé une très bonne semaine à Tombouctou. L’essentiel de mon temps a été consacré à boire du thé et à discuter avec Ali et Alkaid. Et à me perdre dans les rues de la cité….Avant de partir, je fais tamponner mon passeport du sceau de la ville. J’ai bien conscience que c’est assez superficiel et pompeux. Mais qu’importe, je l’ai bien mérité avec les aléas de la route !
- Ali et Alkaid
Avec les récents évènements survenus dans cette partie du Mali, la sécurité s’est dégradée en raison des fortes menaces terroristes. Plusieurs enlèvements d’étrangers ont eu lieu. Le Ministère des affaires étrangères déconseillent vraiment d’y aller. A cause de cela, je ne suis pas sûr de vous conseiller de vous y rendre…Et c’est bien dommage!
Tombouctou fait-il parti pour vous des endroits mythiques ? Qu’évoque ce nom pour vous ?
Est-ce que je vous ai donné envie de connaitre Tombouctou ?
Le nom a lui tout seul est une vraie invitation au voyage pour moi, un des bouts du monde qu’on a envie de croiser sur la route.
Et j’adore la citation d’Albert Londres!
Belle mise en bouche, on verra si la situation se calme dans les prochaines années…
C »est vrai que Tombouctou, au niveau de l’imaginaire, c’est du même calibre qu’Angkor, que le Mekong, Kathmandou ou encore le Machu Pichu!
L’afrique a quelque chose de magique il faut l’avouer… Les vêtements locaux et le chameau t’ont-ils aidé à mieux t’intégrer? 🙂
Les vêtements un peu oui! C’est dommage que cette région est en proie au terrorisme, j’aimerais bien y retourner!
Tombouctou, oui ça fait rêver! La porte d’entrée du désert dans un pays qui m’attire également: le Mali. Dommage qu’il y ait maintenant des pbs de sécurité dans cette partie de l’Afrique! Espérons que la situation s’améliore!
Très bel article.
Puis je le re-publier ( avec toutes vos références ) sur mon blog
Bonne journée
Moncef
Vous ne pouvez pas car sinon vous allez être pénalisé par Google: duplicat content….
Bonsoir,
C’est vrai que Tombouctou comme Pondichery ou Macao (entre autres) sont des destinations mythiques d’une certaine époque révolue qui ont pu éveiller notre imaginaire! Je verrai bien Bernard Lavillier faire une chanson décrivant l’atmosphère de cette ville!
Pour ce qui est d’aller la visiter, on attendra peut être un peu quelques années que ça se calme 😉
Laurent
Bernard y est peut-être passé:-)
Dommage vu la situation. J’espère que cela va vitre changer…Je me demande si on croise quelques touristes..
Tombouctou, rien que le nom évoque l’aventure, les richesses de l’Afrique…
Tu ne t’es rien refusé durant ton voyage en Afrique de l’Ouest 🙂
J’avais songé à y aller l’an dernier mais le climat était assez chaud… ce sera pour une autre fois !
Tombouctou est vraiment un nom évocateur de bout du monde, voir même de mystère… Ettoutecette poussière, c’est incroyable !
Un magnifique carnet de voyage qui fait rêver ! Bravo et surtout merci pour partager tout ça
Les photos font vraiment rêver..on dirait un film! On s’y croirait!
T’as dû tripper wow
Ah ah! Mais évidemment… rien que le mot « Tombouctou » et on est déjà parti! Cela fait partie de la poignée de lieux qui suscite la magie! Et une nuit dans le désert… wâââh… l’astronome amateur que je suis en est verte!
Le ciel des déserts est vraiment incroyable, quelle beauté! Je me rappelle d’une nuit dans le désert Marocain, en charmante compagnie en plus….terrible!
Très belles photos 😉
En particulier la porte et l’homme qui sert le thé !
Un excellent récit de voyage dans une ville qui fait effectivement rêver. Très belles photos également. Tu es chanceux d’avoir pu visiter cette partie de l’Afrique et je comprends pourquoi tu en es si fier.
Magnifique reportage ! Nous avions visité la « Mystérieuse » en 2008 et cela nous rappelle de très bons souvenirs. Tombouctou est effectivement une ville irréelle, hors du temps. C’est l’une des rares villes dans le monde où l’on peut avoir la sensation d’être un pionnier.
En effet, ce genre d’endroits est rare!
Ça fait un moment que je lis sur ce pays et franchement, ça me donne envie! Je n’étais pas tombée sur ton article jusqu’à maintenant, mais il est franchement sublime. J’adore tes photos! Je partagerai cette semaine sur ma page!
Merci Jennifer !
Ces photos me donnent de la nostalgie, en partie car cette région est devenue dangereuse…
Quand la situation redeviendra « normal »?