Je suis sur les traces de Pablo Escobar à Medellin
19Le nom du célèbre chef du cartel de Medellín est malheureusement attaché pour toujours à la Colombie. Pour le pire et le pire. Un tour propose de revenir sur l’histoire du personnage et sur une des périodes les plus terribles du pays. Récit.
Mise à jour : 1 avril 2017
Morbide ? Intéressant ?
Escobar, le nom d’un homme qui n’a pas hésité à faire sauter un avion de ligne pour tuer juste un homme. Celui-ci n’avait même pas pris le vol en fin de compte. Bilan : une centaine de morts.
Rien de faisait reculer Pablo Escobar. Ce fut sans doute l’un des plus grands assassins du siècle dernier. Il a échappé longtemps aux forces de l’ordre, à ses ennemis dans le commerce de la drogue, aux paramilitaires et à la CIA.
Lors de mon retour du Chili, je suis passé à Medellín voir Sam de Mosalingua. J’en ai profité pour voir ce que donnait ce fameux tour que certaines agences proposent.
Dix à bord d’un van, nous voilà sillonnant les rues de Medellín en écoutant notre guide nous raconter un personnage, un monstre, une époque.
Un tourisme de la misère ou morbide ? Non, je ne pense pas. Ce que vous allez surtout voir, ce ne sont que des bâtiments qui appartenaient à l’assassin, en gros. Surtout, vous allez apprendre un pan important de l’histoire contemporaine du pays. Et par là même, une partie de la psychologie de ses habitants.
Un sujet tabou qui ne devrait pas être oublié
Car, vous le verrez si vous voyagez en Colombie, les Colombiens n’aiment pas parler de cette époque, ni des FARC, ni de la drogue, ni des idées de gauche d’ailleurs. Ce sont des sujets assez tabous, du moins envers les étrangers.
Notre guide nous disait que cette époque n’était pas abordée en classe. Si cela est exact, c’est une erreur je pense. Les peuples, du moins les politiques, veulent toujours passer sous silence les horreurs du passé. Or, c’est vraiment une mauvaise approche qui peut faire des dégâts.
A l’échelle individuelle, sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, vous savez sans doute que les secrets de famille pèsent sur le présent des vivants, sans qu’ils s’en rendent compte souvent. Les non-dits, c’est négatif. Une branche de la psychologie, s’intéresse particulièrement à l’histoire familiale et à ses conséquences. Un sujet que je trouve passionnant. Si vous voulez en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à lire ce livre :
De là à penser que les mêmes conséquences sont possibles au sein d’un pays et d’une conscience nationale, il y a un pas qui peut être franchi. Au Cambodge, le génocide des Khmers Rouges fut longtemps occulté dans les manuels. Or, une ONG avait révélé qu’une grosse partie de la population souffrait de dépressions et de névroses diverses. Un hasard, vous pensez ?
La connaissance du passé permet de mieux vivre le présent et l’avenir.
L’Etat Escobar
Pablo Escobar, c’est l’un des côtés sombres de la Colombie. Escobar, c’est le souvenir d’une époque parmi les plus violentes de l’histoire du pays. De 1988 jusqu’à sa mort en 1994, la violence s’abattait sur les grandes villes du pays, et notamment à Medellín.
A un moment, plus de 50 habitants mouraient de mort violente tous les jours. En 1992, plus de 27 000 habitants moururent de mort violente.
Notre guide se rappelle bien cette époque, elle qui était alors à peine une adolescente. Elle se souvient des images de violences à la télévision, et surtout de ce climat pesant et mortifère. Si elle avait du retard, ses parents s’inquiétaient systématiquement. Les attentats étaient quotidiens, entre cartels, paramilitaires et guérilla.
Tout le monde était visé, les casernes de pompiers comme les policiers. Dans la police, des policiers tuaient leur collègue pour toucher l’argent promis. 600 policiers moururent de cette façon là. Tout était chaos.
Escobar était plus puissant que l’Etat tant l’argent coulait à flot. Ceux qui osaient parler étaient tués. Il y aurait à Medellín plus de 500 résidences qui lui appartenaient. Le tour vous en fera découvrir certaines, en ruine ou en très bon état, mais vides. Étrangement la municipalité n’en fait rien depuis sa mort, une hérésie !
Une des nombreuses résidences d’Escobar à Medellín, toujours à l’abandon depuis…
En 1989, il fut classé par le magazine Forbes comme le 7ème homme le plus riche au monde avec une fortune estimée à 25 milliards de dollars ! Le cartel de Medellín contrôlait alors 80% du commerce mondiale de cocaïne. Le retour sur investissement était égal à 20 000% ! Un des comptables du patron a déclaré que le cartel perdait 10% des dollars stockés dans les entrepôts à cause des rats qui grignotaient les billets.
Un temps en prison suite à un accord avec l’Etat colombien pour éviter son extradition aux Etats-Unis, il continua à diriger ses affaires à partir de la suite luxueuse de sa prison.
Lorsqu’il tomba, les Colombiens firent la fête.
La chute de Pablo Escobar
Pablo Escobar fut localisé dans une maison simple d’un quartier des classes moyennes de la ville. Son dernier et fidèle garde du corps tomba sous les balles durant l’assaut. Son patron suivit en essayant de s’échapper sur le toit.
Nul ne sait bien sûr comment se sont déroulés les derniers instants. Assassinat, légitime défense, Escobar reçut plusieurs balles. (tiens, cela me rappelle Ben Laden…) Souriants, les soldats posèrent autour de son cadavre pour la photo. Nous étions alors en décembre 1993.
La photo ci-dessous est celle de la maison où il passa ses dernières instants. A l’époque, il n’y avait alors qu’un étage.
La chasse à l’homme dura des mois grâce à l’aide des Etats-Unis.
Le tour se termine sur sa tombe, un peu plus classe que les autres. Il avait réussi à prendre ses dispositions avec un paquet de dollars. Vous le voyez, sa tombe est fleurie.
Il faut savoir qu’à son enterrement, il y avait foule. Beaucoup de « pauvres » étaient là pour le pleurer. Incroyable ? Pas tant que cela. Pablo Escobar avait eu l’intelligence d’arroser la population pauvre de la ville en dollars et en construisant notamment des logements. Ces familles-là garderont surtout cet aspect en mémoire et elles lui seront reconnaissantes.
Bien sûr, il ne fit pas cela par altruisme. Non, cela faisait partie du côté mégalomane du personnage. Surtout, le but était ici là politique : s’acheter des voix et des soutiens dans une partie de la population.
L’homme, attaché à la survie et à la sécurité, et à l’argent agit en fonction des billets et de ses intérêts. Quitte à oublier la morale et l’éthique. Tant que l’argent tombe, c’est ce qui compte, on ne vaut pas savoir d’où cela vient, et comment. Une histoire vieille comme le monde.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai aperçu, ahuri, le portrait peint d’Escobar sur un taxi. Le tueur avait l’habitude d’arroser généreusement les taxis. C’est l’image qui est restée auprès de certains d’eux. Affligeant, on peut utiliser ce mot. Manque de culture et d’éducation aussi sans doute. Cela me rappelle ces croix gammées utilisées par un entrepreneur indien, il ne comprenait pas où était le problème…
De nos jours, celui qui ne fait à Medellín que ce tour va clairement repartir avec une image négative dans la tête. C’est obligé et cela serait dommage.
Medellín a changé et offre bien d’autres côtés agréables comme j’en parlais dans cet article . Et cela sans parler de ses alentours.
Si vous avez le temps lors de votre passage à Medellín faites ce tour. C’est important de connaître une part important de l’histoire récente du pays, fut-elle négative. Visiter un pays, c’est s’imprégner de sa culture, de sa psychologie, etc. Occulter les côtés négatifs d’une destination, c’est comme porter des lunettes de soleil roses, votre vision n’est que partielle, vous ne voyez pas tout, vous voyez mal.
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Demandez votre devis, c’est gratuit et sans engagement ! Vous restez libre !
En visite chez Pablo Escobar !
A quelques heures de Medellin, Pablo Escobar possédait une vaste villa : l‘hacienda Napoles. Je m’y suis rendu le temps d’un week-end. Intéressant ! De sa villa, il ne reste rien. Par contre, vous pouvez encore voir sa piste d’atterrissage et le zoo privé qu’il s’était fait construire en faisant venir des animaux d’Afrique.
Si vous êtes dans la région, ne ratez pas cette visite.
Le lieu possède aussi un musée qui lui ai consacré.
Pour poursuivre, voici un documentaire sur cette chasse à l’homme:
Pablo Escobar a aussi fait l’objet d’une série télé de qualité, voici la bande annonce de cette série colombienne, en VO bien sûr!
Vous pouvez aussi trouver une version en français, elle est diffusée sur une chaîne de la TNT il me semble, quelqu’un confirme?
Instinct Pratique
- Tarif du tour : 35 000 pesos (15 euros) si vous passez par un hôtel, 30 000 sinon en contactant directement cette agence : Paisaroad.com (3174892629)
- Le tour dur de 10h à 14h en gros.
- Vous ferez une halte déjeuner dans une zone avec des restaurants.
Pour réserver votre billet directement sur internet, passez par Get your guide. Infos sur cette page.Réservez votre tour sur internet !
Je vous propose un tour spécial Pablo Escobar !
- 4 jours
- Visite guidée de Santa Helena et Meddlin
- Découverte de l’Hacienda Napoles
- Visite guidée Pablo Escobar
- Consultez mon devis sur cette page !
Ton billet explique bien que bien plus qu’un tour à la gloire d’un truand, ce tour est surtout le souvenir et le témoignage d’une époque.
« témoignage d’une époque », oui, c’est en cela que ce tour est intéressant!
Au-delà du côté tourisme, l’histoire du personnage est vraiment intéressante, un sacré gaillard, enfin dans son domaine et son style hein….
ils ne brillent pas par leur talent en maintenance immobilière. Tu as un créneau à prendre.
C’est vrai, mais bon l’immobilier, c’est pas mon truc, il y a « immobil » dans le mot:-)
Sujet passionnant… et la réaction de vouloir nier l’histoire n’est pas étonnante! Je pense à un autre grand criminel qui a marqué son époque: Al Capone. A Chicago, les traces de Capone sont rares. A sa chute, le Maire de Chicago a voulu faire en sorte de faire disparaître sa mémoire.
Peut-être faut-il aux Colombiens encore un peu de temps?
Oui, Al Capone était pas mal dans son genre aussi!
En fait, cela m’étonne que les américains n’est pas monté un tour dans la ville de Chicago.
Ils n’ont pas changé d’avis? 🙂
merci pour ton blog !!
un pti extrait wikipedia à propos de ton expérience indienne (j’adore l’Inde), je crois qu’il y a eu une petite incompréhension réciproque, bonne continuation 🙂
« Le svastika (parfois appelé par abus de langage la svastika, sous entendu la croix en forme de svastika), 卐 et son symétrique, 卍, appelé également sauvastika, tel qu’on le représente la plupart du temps, est avant tout un symbole religieux que l’on retrouve en Eurasie, en Afrique du nord, en Océanie et en Amérique (amérindiens Navajos et kunas), apparaissant dès l’époque néolithique. On peut le décrire comme une croix composée de quatre potences prenant la forme d’un gamma grec en capitale (Γ), d’où son autre appellation de croix gammée.
Ce symbole est notamment utilisé en Asie dans la symbolique jaïne, hindoue et bouddhique, en Chine pour symboliser l’éternité et dans l’Asie bouddhiste. En Occident, le svastika pointant vers la droite, et généralement incliné de 45 degrés, a été adopté comme emblème par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands et a par conséquent acquis après la Seconde Guerre mondiale une forte connotation négative lui faisant quasiment perdre son usage traditionnel. Certaines factions politiques minoritaires et extrémistes l’utilisent pour se rattacher idéologiquement à ce parti (voir Croix gammée nazie).
En Asie, et tout particulièrement en Inde, c’est toujours un symbole omniprésent. Il symbolise, parmi d’autres sens, le très populaire dieu Ganesh et est le symbole premier du jaïnisme, considéré par ses adeptes comme le plus favorable de tous les symboles. »
Bonjour Pierre!
Oui, je connais bien ce signe en Inde:-)
En fait, quand je parlais de la croix gammée, c’était vraiment la croix nazie que cet homme avait utilisé, je sais plus s’il y avait un
symbole SS ou pas avec. Il faudrait que je retrouve le reportage!
Ce personnage fait partie intégrante de l’histoire de ce pays. D’ailleurs même si on connait le nom et quelques anecdotes sur lui, je ne connaissais pas toute son histoire. Les 10% des billets mangés par les rats, hallucinant !
N’est ce pas? J’imagine même pas tous les dollars qui sont partis dans l’estomac des rats:-)
Très bon article, bravo. Son nom me parlait mais je ne connaissais pas trop l’histoire de ce gangster à la violence inouïe.
Important pour la Colombie de ne pas oublier cet homme, qui représente tout ce qui fait la mauvaise réputation de ce pays pourtant fascinant !
C’est un tour que je ferai volontiers et tu as raison de dire qu’il faut connaître le passé pour mieux vivre le présent et l’avenir! Pablo Escobar a marqué profondément la Colombie à l’instar des autres hauts dirigeants dans le monde et l’occulté c’est renié ce qui a fait la Colombie…et continue d’être.
Super intéressant ce tour, je l’ai déjà fait moi aussi lorsque j’étais à Medellín, c’est passionnant! Si tu es encore là-bas, je te conseille de passer à Envigado, juste à côté de Medellín, va voir un entrainement de roller de vitesse (patinaje de velocidad), c’est vraiment impressionnant à voir!
Eh merci pour l’info Aymeric! La prochaine fois que je passes à Medellín, je vais voir cela!
De mémoire la série est diffusé sur France O, mais le doublage est juste atroce 🙁
Je la regarde donc en VO, malheureusement sans sous-titres mais l’expérience est bien meilleure !
Oui, voilà, c’est sûr France O, et en effet, le doublage est horrible, je confirme:-)
Rien ne vaut pas la VO de toute manière:-)
Bel article ! Que j’ai lu en même temps que « Une semaine à Medellin », comme le lien dans cet article le conseillait. Je cherchais des informations sur cette ville, suite à un superbe article de la revue Long Cours ) et je suis ravie de voir que tu en as parlé, ça confirme ce qui est globalement dit dans l’article, et à la fois donne une vision plus concrète, plus personnelle. Donc bravo et merci 🙂
(et parce que c’est mon premier commentaire sur ce blog que j’affectionne, j’ajoute évidemment : bravo pour le travail effectué sur ce blog, surtout continue, bon courage avec le travail que ça doit représenter ! Ca vaut le coup, on aime te lire :))
Merci Lucie 🙂
J’ajouterais que Medellin est plus une ville où il faut bon habiter que vraiment visiter. Enfin, c’est mon avis.
Très bon article, bravo. Son nom me parlait mais je ne connaissais pas trop l’histoire de ce gangster à la violence inouïe.
Important pour la Colombie de ne pas oublier cet homme, qui représente tout ce qui fait la mauvaise réputation de ce pays pourtant fascinant !