Confessions d’un passionné d’urbex : vous allez être surpris…
24J’ai eu la chance d’entrer en contact avec Krilin, un passionné d’urbex (l’abréviation pour exploration urbaine). Il a bien voulu répondre à une interview sur cette pratique presque occulte et surprenante. Vous allez être surpris par certaines de ces réponses. Un monde passionnant fait par des passionnés.
L’urbex : découvrez un monde que vous n’imaginiez pas…
J’ai toujours été attiré aussi loin que je me souvienne par les lieux oubliés, ces sites délaissés par l’homme et recouverts de la poussière du temps. Autrefois, des lieux remplis de vie qui en quelques années furent rendus à la solitude. C’est sans doute cette contradiction qui est marquante.
Lors de mes voyages, je m’efforce de visiter de tels lieux, si l’occasion se présente. Ainsi, récemment, j’ai notamment visité plusieurs villes fantômes en Californie, dont Bodie. Certains de ces villages abandonnés au temps sont étonnants. Au Chili, j’avais aussi visité la ville d’Humberstone.
Par le passé, lors de mes voyages en Europe de l’Est, j’ai fait de l’urbex, sans le savoir alors. Je me souviens de vieux kolkhozes abandonnés aux herbes et à la végétation, ou encore de vieux complexes hôteliers soviétiques.
Dès que je peux visiter de tels lieux en voyage, je fonce. Le problème, c’est que bien souvent, ces lieux sont difficiles à identifier et à localiser. Hormis bien sûr les sites « touristiques ». Mais vous l’aurez compris, un site devenu musée perd déjà beaucoup de son attrait.
Je pense que les sites urbex doivent se visiter seul ou en petit groupe. Et puis, il faut bien l’avouer, le côté interdit de certains sites est là pour ajouter de l’intérêt.
En octobre dernier, de passage en France, j’ai eu dans l’idée de visiter certains sites proches de Paris. Je me suis aperçu qu’il n’y en avait plus beaucoup. Surtout, de fil en aiguille, je suis « tombé » sur Krilin, un acteur de l’Urbex en région parisienne.
Vous allez voir que son interview est passionnante…
Bonjour Krilin, pourrais-tu te présenter ? Que fais-tu dans la vraie vie ? Depuis combien de temps es-tu « tombé » dans l’Urbex ?
Bonjour. J’ai 29 ans, je suis ingénieur, et j’ai beaucoup d’activités annexes dont le podcast, d’où me vient ce pseudo de Krilin, et l’exploration urbaine (urbex).
Gamin, j’aimais explorer les lieux, savoir ce qu’il y avait derrière les portes fermées, j’étais fasciné par les architectures bizarres et les labyrinthes. Ado, j’ai fait de l’airsoft, et je passais surtout mon temps à visiter les usines, abattoirs, bases de l’armée abandonnées sur lesquelles on jouait. Mais sinon, j’ai réellement commencé l’urbex « sous ce nom » quand j’ai commencé à bosser, en 2007, et que j’ai trouvé des potes pour faire ça avec moi.
Tu m’as dit que tu avais un groupe d’exploration ? Plus motivant et agréable d’explorer à plusieurs ? Pourrais-tu m’en dire plus ?
En études supérieures, je faisais de l’urbex qui ne disait pas son nom avec un pote. Quand j’ai commencé à bosser, j’ai trouvé un collègue passionné de photo, et on a commencé « pour de vrai », de façon plus méthodique. On a été rejoint par un autre collègue, etc., ce qui a formé un premier « groupe ». Le photographe, lui avait un autre « groupe » de son côté, où il faisait surtout de la toiturophilie.
Il y a plusieurs raisons pour avoir des « groupes », notion assez subjective puisqu’on faisait rarement des sorties tous ensemble. Dans un premier temps, c’est une question de sécurité. Les lieux qu’on explore sont en mauvais état, il est important d’avoir quelqu’un d’autre pour prévenir les secours en cas de gros problème.
Il y a aussi une question de motivation. Quand on a visité une cinquantaine de lieux, il est plus difficile d’être étonné, et parallèlement, il faut aller beaucoup plus loin pour trouver des choses à voir. Être plusieurs permet de se motiver mutuellement, se dire qu’on fait une sortie entre potes, ce qui fait oublier les 4 heures de voiture qu’on va devoir subir.
Et, puisqu’il est difficile de trouver des lieux abandonnés, et surtout peu connus (peu tagués, si possible avec encore des meubles ou des artefacts humains), la recherche prend énormément de temps.
Dans mon groupe, chacun avait sa spécialité : le mec qui épluchait les bases de données imbitables du gouvernement, le spécialiste social qui nouait des contacts avec d’autres explorateurs, et moi je suis assez fort pour trouver un lieu via les outils google à partir d’une photo floue et de deux lignes de commentaire. Sans être aussi spécialisé, un groupe c’est autant de personnes qui peuvent repérer des nouveaux lieux intéressants.
Passionnant tout cela ! Qu’est ce qui t’attire au juste dans l’urbex ? Tu pratiques souvent ?
J’ai toujours été attiré par la poésie des univers postapocalyptiques, l’idée que la nature peut très vite reprendre ses droits sur un lieu modifié par l’homme. Dans les faits, ça arrive plus vite qu’on ne l’imagine. Quelques années suffisent à transformer une base de l’armée en une jungle impénétrable. (NDLR : c’est aussi ce que j’aime dans cet univers )
J’aime aussi les vieilles machines, la beauté de l’ingénierie d’avant, mais aussi la vieille pierre : le patrimoine, qu’il soit industriel, foncier, militaire, etc. Les bâtiments du 19e siècle sont superbes à visiter ; une vieille usine EDF avec ses consoles, et ses voyants en verre teintés, est inimaginable aujourd’hui ; les forts de 1870 sont également passionnants à visiter, on en apprend beaucoup sur l’époque.
Car c’est le 3e point qui m’intéresse : essayer de reconstituer l’histoire des lieux que je visite. La répartition sociale dans un manoir début 20e siècle, la situation de la France à l’aube de la 3e République… Ou plus simplement comment on en est arrivé à abandonner le lieu. Je commence la visite d’un lieu inconnu, et, quelques semaines plus tard, j’ai fini par amasser énormément de connaissances sur l’époque, les gens, le contexte, etc. Finalement l’exploration n’est plus qu’un point de départ vers autre chose.
À une époque, je pratiquais toutes les deux semaines, sans compter les sorties spéciales en soirée ou le WE quand on avait une occasion particulière. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus épisodique : beaucoup d’autres choses à faire…
Quels sont les sites que tu préfères en région parisienne ?
C’est compliqué parce que j’ai des souvenirs et anecdotes attachés à la plupart des lieux ; donc parfois ils me sont chers alors qu’ils ne sont pas très intéressants. Si je dois en choisir trois, je prendrai un domaine dans le sud de la région parisienne, composé de deux manoirs magnifiques, de souterrains, de communs. J’y suis allé une petite dizaine de fois, mais il commence à être trop connu et est devenu très dégradé.
Il y avait un CEA abandonné à quelques kilomètres de Paris, gigantesque, flippant : les tests de l’étage de détonation de la bombe nucléaire française y ont été réalisés. Il y avait des casemates en béton armé avec des madriers énormes aux murs, constellés d’éclats, des souterrains bizarres dont on essayait de déterminer l’utilisation, etc. Aujourd’hui, c’est gardienné par des maîtres-chiens depuis que Saint-Gobain a récupéré le site.
Enfin, même si j’ai visité des forts plus gros, il y avait une petite batterie près de Palaiseau, minuscule et superbe, un bijou de défense sur peu de terrain, la pierre belle et peu tagguée, où j’aimais bien revenir régulièrement. Depuis, elle est en restauration, et j’espère que le projet sera mené à terme.
C’est d’ailleurs une particularité de notre passion : on est toujours partagé quand un lieu est restauré – d’un côté il ne nous est plus accessible, mais de l’autre il va retrouver son éclat d’antan.
Je comprends ce paradoxe. Tes meilleures anecdotes ?
Les anecdotes les plus sympas sont celles de nos échecs, ou plus généralement de nos contacts avec les autorités. On a visité un fort où on savait que le GIGN venait parfois s’entraîner. On passe une première enceinte, et on voit un groupe de militaires qui se dirige vers nous, manifestement plus étonnés que nous de rencontrer des gens. On a pris une bonne leçon où on a essayé sans succès de louvoyer pour ne pas répondre aux questions, et ils nous ont laissés partir.
Dans un CEA abandonné, par temps de neige, on a vu les traces de pneus des vigiles, qu’on a été obligés de traverser, laissant à notre tour nos traces de pas. Une demi-heure après, on entend des bruits de portières, on est dans un hangar souterrain : on s’enfonce dans des galeries techniques pour leur échapper. Finalement, on a visité tout le site en souterrain, sortant seulement pour visiter un bâtiment, retournant dans les galeries ensuite.
Pour rentrer dans un fort, par définition ayant de hauts murs et un fossé profond, on est passé en équilibre sur un arbre mort tombé sur le Rampart…. Très glissant, et à 5m du sol 🙂 Mais dans l’autre sens, pour repartir, on a eu énormément de mal à escalader pour atteindre l’arbre !
On a essayé tout un après-midi de rentrer dans une ancienne morgue, aménagée dans un manoir, en escaladant des parois, en trouvant des anciennes galeries souterraines, en se faufilant entre des parpaings, etc. Mais ça ne marche pas toujours…
Finalement, chaque lieu a une ou plusieurs anecdotes associées, mais c’est assez long et pas très intéressant à raconter J
Quel est le type de lieu que tu préfères ? Il y a plusieurs types d’explorations urbaines : cataphilie, friches industrielles…
Il y a trois domaines majeurs dans l’exploration urbaine.
- Les friches, qui peuvent recouvrir des manoirs, des usines, des ouvrages militaires abandonnés, etc. ;
- la cataphilie qui regroupe tout ce qui est souterrain (exploration de carrières, de mines) ;
- la toiturophilie qui consiste à aller explorer les toits d’édifices connus ou non, pour profiter par exemple de la vue.
Moi je suis clairement un amateur de friches, parce que j’aime la nature qui reprend ses droits (ce qu’on ne retrouve pas trop sur les toits ou en souterrain), et les traces humaines. Ceci dit, je ne crache pas sur les « catacombes » de Paris qui offrent énormément de choses à voir, que ce soit technique de carriers ou traces des contre-cultures parisiennes des différentes époques. (NDRL : je confirme, c’est vraiment quelque chose à faire sur Paris !)
Est-ce un milieu très « friendly » ? Quel type de gens rencontre-t-on ? Peut-être le public a-t-il l’image de personnes un peu « bizarres ». Déjà, c’est très masculin non ?
Comme toutes les communautés, c’est un milieu très imbu : une grosse partie de ceux qui font ça depuis un moment méprisent les nouveaux venus qui, bien entendu, n’ont rien compris à la vie.
Il faut clairement commencer seul et faire ses preuves pour montrer qu’on n’est pas un ado en mal de sensations fortes.
Par contre, une fois cette barrière passée, la plupart des mecs qui pratiquent sont vraiment sympas ; les rencontres fortuites en cours d’explo sont toujours très chouettes, et en général vous repartez toujours avec une demi-douzaine de « bons plans ». Mais on reste tous jaloux de nos plus belles explos, qu’on communique rarement au premier venu.
Donc ce sont des gens sympas dans la vraie vie, mais assez désagréables au premier abord sur le net 🙂
Par contre, il y a tous types de gens dans l’explo, assez peu de tarés, et la parité est plutôt respectée, de mon expérience en tout cas.
J’ai visité les catacombes (non officielles) de Paris. Qu’en penses-tu ? Est-ce des lieux « trop » fréquentés pour toi ?
Déjà, est-ce qu’on parle des catacombes (le lieu officiel, jamais eu le temps de le faire), ou des carrières (les « catacombes » non officielles, qui ne sont en rien des catacombes en fait).
Chaque génération se plaint qu’il y a trop de mondes dans les carrières, que c’était mieux avant. C’est vrai qu’avec les versions numériques de cartes qui se diffusent sur internet, et la génération Facebook qui balance tous les bons plans, il y a pas mal de monde.
Ça fait plus de trente ans que les « catacombes » sont un haut lieu de la jeunesse parisienne, qui va y faire la fête. Perso, si je ne partage en rien leur vision des choses, que je ne les aime pas, et que tout nous oppose, je ne les considère pas moins légitimes que moi dans ces lieux. J’essaie de les éviter, pour cela c’est simple, il suffit d’y aller en journée. Quand il y a trop de gens, l’IGS module en compliquant les accès…
Par contre, je regrette les nombreuses dégradations qui ont eu lieu ces derniers temps, de nombreuses salles historiques et sculptures ont été détruites… Je ne comprends pas pourquoi des gens font ça.
Mais pour répondre clairement à ta question, les catas, c’est sympa quand on est seul. Quand on croise d’autres groupes toutes les 10 minutes, qu’on entend des voix ou de la musique, ça rompt une partie du charme…
Tu m’as dit qu’un ami à toi aime se balader sur les toits de Paris ! Comment cela ? Raconte-nous un peu !
La toiturophilie est une branche de l’exploration urbaine. Ça consiste à se balader sur les toits de monuments connus ou non. En général, les toiturophiles utilisent les échafaudages pour monter, puis vont de toit en toit. Inutile de préciser que cette pratique peut être extrêmement dangereuse.
Pourquoi font-ils ça ? Pour avoir des vues superbes sur Paris, la nuit ou à l’aube, pour découvrir (encore et toujours) des faces cachées de bâtiments sublimes, comme les toits de l’opéra de Paris ou de certaines gares, et également, la toiturophilie peut se combiner avec de l’explo type « friche » quand ensuite elle vous permet de rentrer dans une église et d’en explorer les parties inaccessibles : extérieurs, greniers, crypte, etc. Et aussi pour l’aventure, le moment passé avec les potes, et le pique-nique en hauteur 🙂
Pourquoi y a-t-il aussi peu de lieux dans la région parisienne ?
La pression immobilière est tellement forte en région parisienne qu’un lieu abandonné est bien vite revendu, détruit, et reconstruit. Il n’y a que les friches de l’Etat (bases militaires, centres de recherche) qui restent accessibles longtemps, à cause des complexités administratives.
De plus, vu la densité de population en RP, vu le nombre de communautés qui se repaissent de ces lieux (explorateurs, photographes, vidéastes, paintballeurs, airsofteurs, tagueurs, casseurs, voleurs de métaux, etc. – même des mecs qui tournent des pornos !), un lieu facile d’accès ou connu est très vite vidé de tout intérêt.
Quels sont les risques au juste pour les sites fermés au public, une nuit au poste de police ?
Du point de vue légal, il paraît qu’il y a un vide juridique mais je n’ai jamais vérifié (vous n’êtes pas rentré par effraction, etc.). En général, les flics sont surtout perplexes face à une activité qu’ils ne connaissent pas.
En cas de contrôle, il ne faut pas résister, tout de suite présenter ses papiers, expliquer qu’on prend des photos, montrer qu’on n’a pas de bombe de peinture, et en général, ne sachant quoi faire, ils se contentent de nous renvoyer hors du lieu.
On peut avoir droit à la leçon, ou au contraire, parfois 20 minutes de discussion intéressante. Les vigiles c’est différent, pour plein de raisons ils sont plus désagréables, mais ils se contentent également de vous mettre dehors – ou appellent les flics qui ne savent pas quoi faire de vous, retour au paragraphe précédent.
La toiturophilie, vu que ce sont des lieux non abandonnés, vous pouvez avoir plus de souci, peut-être la fin de la nuit au poste, mais là encore on n’a rien à vous reprocher de grave du point de vue de la loi.
Les carrières de Paris, par contre, vous risquez une amende par décret. Un pote qui est sorti via une plaque… ..Juste devant une voiture de flics a passé deux heures au poste.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le moment le plus critique est la rentrée ou la sortie du lieu ; une fois à l’intérieur, il n’y a en général pas de raison de se faire repérer par le voisinage, et vous n’êtes pas dérangé.
Il y a aussi des risques physiques non ? Jamais eu de frayeurs ?
Les risques sont surtout les blessures, passer au travers d’un plancher, tomber lors d’une escalade hasardeuse, etc. Les usines sont souvent bourrées d’amiante dégradé, quant aux Commissariats à l’Énergie Atomique… Je n’ai jamais fait de mauvaises rencontres, mais c’est également possible.
Et évidemment, pour tout ce qui est souterrain, il faut avoir un plan précis, savoir le lire, et vérifier régulièrement que le plan correspond à la réalité. Les carrières parisiennes ne sont pas très complexes (il y a des indications régulièrement), mais j’ai déjà fait des dédales dans l’ouest parisien où même le plan aidait peu.
Perso, je suis très prudent, donc je n’ai jamais eu de souci, à part quelques éraflures avec des barbelés et des ronces.
Quel est ton équipement de base en mode exploration ? En France, j’ai vu qu’il y avait même une boutique spécialisée.
Des vêtements passe-partout (pour ne pas se faire repérer avant) qui ne craignent rien, manches longues, des gants (toujours). Toujours une lampe LED (et souvent un appareil photo).
En souterrain, une bonne frontale (1.5W), la carte ;), des bougies, de la bouffe, de l’eau ; une boussole peut être pratique pour certaines carrières.
L’urbex ne demande pas un équipement complexe. Ça dépend de ce que vous voulez faire : les lampes acéto donnent une super ambiance mais sont loin d’être nécessaires ; les photographes hardcores se retrouvent avec des vrais défis d’ingénierie au niveau éclairage ; les plus tarés auront du matos d’escalade, voire de spéléo (là on pourrait en discuter longtemps mais c’est très particulier).
D’une manière générale, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un voulant se lancer dans cette activité ?
Moi, je pense qu’il est essentiel d’y aller à plusieurs, de prévenir quelqu’un sur où on va et quand on compte revenir. La sécurité est pour moi la première des préoccupations.
Ensuite, n’attendez pas que des gens vous mâchent le travail. Demandez à des gens un plan ou deux faciles d’accès pour vos premières tentatives, mais ils ne vous donneront pas plus. Ensuite lancez-vous à la recherche de lieux, c’est la moitié du boulot 🙂
Puis, plus vous allez trouver des choses, plus vous ferez des rencontres, et plus les anciens vous prendront au sérieux et vous donneront des plans plus intéressants. De toute façon, au début, la moindre usine vide vous paraîtra magnifique 🙂
As-tu exploré ailleurs en France ? Des sites à ne pas rater ? Et à l’étranger ? En voyage, essaies-tu de pratiquer cette activité ?
J’ai déjà visité des choses en dehors de région parisienne ou de France, quand, en vacances, je tombais par hasard sur un bon plan ; ou alors quand on m’a donné des plans à l’autre bout de la France, or il se trouve que je passe à côté sur la route des vacances.
Par contre je ne suis jamais sorti de région parisienne dans le but de faire de l’exploration. La voiture, c’est fatigant, et quand on n’est pas sûr de ce qu’on va trouver… Il y a des gens qui font des week-ends en Belgique juste pour ça. Moi ça ne m’intéresse pas : c’est un plaisir pour moi et je n’ai pas envie d’y ajouter des contraintes.
Juste un bémol : on ne sait pas comment réagit la police des autres pays ; perso, je ne prendrais pas de risque en Russie par exemple…(NDLR : sage conseil)
J’ai l’impression que l’Urbex est très pratiqué, notamment chez nos amis anglo-saxons. Sur Google+ + ou autres, il y a notamment des groupes conséquents sur l’Urbex. Qu’en penses-tu ? Suis-tu la scène internationale ?
L’Urbex est clairement à la mode, récemment en France, les articles se multiplient, alors qu’avant on se contentait d’un reportage annuel sur les « catas » parisiennes.
Comme toutes les communautés qui s’ouvrent, elle se ferme également et devient moins agréable. J’ai complètement abandonné les forums privés sur lesquels j’étais, ça ne m’intéressait pas trop de prouver aux autres que j’étais légitime. J’ai encore des contacts, et on se passe des infos quand on sait que ça va intéresser les autres.
À part ce lien communautaire plus complexe à réaliser, il est évident que plus de monde, ça fait plus de passage, et des lieux qui se dégradent plus. Mais je ne crois pas que mépriser les nouveaux arrivants soit la bonne solution.
Je suis assez peu l’urbex international : je suivais forbidden places et english russia, les photos sont sympas, mais ce qui m’intéresse, c’est la visite – et ça un site ne remplacera jamais – et l’histoire du lieu – peu de sites s’y intéressent. Ah et puis la mode des photos HDR et des manipulations sous photoshop m’agace au plus haut point.
Pour le HDR, je peux comprendre en effet…Des adresses de sites ou autres pour parler Urbex ? Il y a aussi des rencontres : UrbeXation, tu connais ?
En France, il y a surtout CKzone, LA place tournante, et pas mal de forums/wikis privés sur lesquels on entre par cooptation. Quant aux rencontres, en France on avait la Cata Broc’, mais je ne sais pas si ça existe encore.
Des projets d’exploration urbaine en vue en ce moment ?
J’ai toujours des lieux en stock, mon pote photographe continue de son côté et me donne quelques bons plans, et apparemment mon « parrain » s’y est remis récemment et a de superbes lieux en stock. Moi, par manque de temps, à cause de pas mal de changements dans ma vie, je suis actuellement en pause.
Un dernier mot ?
Rosebud 😉
Merci à Krilin d’avoir bien voulu prendre le temps (et de belle manière) de répondre à ces questions.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas, j’imagine qu’il se fera un plaisir d’y répondre.
Merci à Al.Libertad pour les magnifiques photos, de toute beauté. Retrouvez sa galerie ici.
Inspirant et motivant non ? Je suis sr qu’il y a des amateurs parmi vous ?
Pour aller plus loin ...
Le site dont Krilin a parlé : http://ckzone.org/
http://www.forbidden-places.net/ : Le site de référence !
Pour les amateurs de l’ex-URSS : http://englishrussia.com/
Krilin vient de lancer un projet : un beau livre sur le Patrimoine et l’Exploration Urbaine. Voici la maquette !
En effet, interview très intéressantes!
ça me donne envie de me renseigner sur le sujet ;=)
Sinon pour les catacombes de Paris +1, c’est vraiment à faire.
Mais bon, c’est vrai que comparé à ce qu’il raconte dans l’interview, c’est du demi urbex 😉
Ce qu’il fait est passionnant, vraiment, c’est un monde qui m’a toujours attiré.
Quand tu regardes les photos des groupes Google, c’est top !
Yep, par contre, comme il l’évoque, le travail de recherche doit être assez long et fastidieux car en dehors des sites très fréquentés, je pense qu’il faut bien chercher pour dénicher quelque chose!
Très bon article qui donne envie.
C’est vrai que la nature qui reprend ses droits sur des bâtiments abandonnés a quelque chose de fascinant.
Passionnante interview, je ne savais pas que cette pratique avait un nom ! Du coup j’ai fait de l’urbex aussi sans le savoir en Europe de l’Est. Une lituanienne que j’ai rencontrée à Vilnius m’a fait visiter des vieux bâtiments soviétiques désaffectés, des anciennes usines, c’était génial (quelques belles montées d’adrénaline au passage). En Lettonie j’ai eu la chance de visiter une sorte de « ville » militaire désaffecté, près de Liepaja. Ambiance fantômatique garantie !
Ah oui en effet, tu en as fait:-)
Pas mal cette visite de la ville militaire, cela devait être intéressant ! Facilement accessible encore tu crois?
C’est très intéressant, je connaissais pas du tout cette mode. J’ai juste eu l’occasion de visiter un site maya pas encore défriché lors de mon voyage au Mexique mais ça restait quand même touristique…
Si tu as des bons plans sur Lyon ou sa région, ça m’intéresse 😉
N’hésites pas à prendre contact avec moi
++
Je sais pas si cela est vraiment une mode, cela existe depuis longtemps tout de même.
C’est juste assez confidentiel.
Sur Lyon et autour, tu dois avoir des sites, c’est clair, faut juste trouver l’info, c’est cela le plus dure.
Faudrait que tu te renseignes sur des forums d’urbex.
Bonjour, merci pour cette passionnante interview, je suis contente de pouvoir enfin mettre un mot sur cette pratique qui m’effraie et me fascine à la fois!
Pour info, voici une galerie Flickr qui devrait vous émerveiller:
http://www.flickr.com/photos/andregovia/
Super intéressant! Je ne connaissais que le principe de l’urbex, j’ai appris plein de choses! Effectivement j’ai l’impression qu’on en entend de plus en plus parler.
Je serais bien trop froussarde pour m’aventurer dans bien des endroits (et gambader sur les toits de Paris…), mais de l’urbex « niveau débutant » me plairait bien! 😉
Comme dans beaucoup de domaines, il faut commencer petit à petit de toute manière 🙂
Merci pour ces belles photos. J’ai découvert le genre par le récit d’Alexandre Poussin « Marche avant », car i faisait de la toiturophilie (je découvre ce terme) avec Sylvian Tesson. Le livre inclut des photos assez impressionnantes. Mais perso, je ne m’y essayerai pas, aller seule au bout du monde, aller avec des amis dans un endroit urbain abandonné la nuit, brrrrr.
Je me souviens en effet d’une itw où Sylvain Tesson en parlait:-)
C’est un adepte je crois !
L’IGS ???
L’inspection générale des services, la police des carrières.
Je connaissais déja l’URBEX, et je suis moi aussi vraiment envouté par les endroits abandonnés, surtout les hôpitaux, mais bon je suis légèrement froussard 🙂
Pour info Claire et Max de Menilmonde ont un projet qui s’appelle « lost places », c’est un tour du monde des endroits abandonné. C’est à voir absolument http://menilmonde.com/projet-lost-places-suivi/
Merci pour le lien, super projet que le leur !
Le top, c’est la visite d’hôpitaux psychiatrique, d’ailleurs, pas mal de films d’horreurs sont basés en partie sur ce scénario!-)
Hey très sympa cette interview !
🙂
Ravi d’avoir lu plus en détails ta vision de cette passion que nous partageons.
Je vous invite à me rejoindre ici pour de folles explorations :
https://www.facebook.com/visitesauvages
😉
Salut Fabrice! Joli article, Krilin résume très bien ce qu’est l’exploration urbaine. J’ai pour ma part fait une vingtaine d’explos à travers l’Europe, et j’avoue que les photos publiées ci-dessus sont splendides. Bien joué 😉
Je suis vraiment accro grâce à tous les spots que j ai pu voir mais je suis novice comment pourrais je intégrer un gpe? Je suis ds le 26
salut + que sympa ça donne envie. Pour ma part je cherche des photos sur le site du CEA à qlq kilomètre de Paris,quand ça été abandonné. SVP. j’y ai bossé comme stagiaire qlq mois il y a très longtemps. MERCI. Ceci me ferrais des souvenirs un peu sépia ,sépia.
Super retour d’expérience ! Je suis parfaitement d’accord avec les conseils et l’aspect « sécurité avant tout ». Je débute moi même et je suis en phase d’absorption massive d’informations et de conseils de la part d’urbexers expérimentés. Ce qui est dit recoupe ce que j’ai pu apprendre notamment sur cette page : https://www.urb-ex.fr/risques-et-precautions.html et me conforte dans les bonnes pratiques à adopter. Je reviendrai ici en espérant trouver d’autres interviews de ce type. Merci et à bientôt.
Super l’article, effectivement passionnante cette interview !
J’ai appris des choses et j’ai bien aimé les anecdotes partagées, surtout celle de la morgue.
Ah et pour le petit bonus je ne connaissais pas le mot de la fin héhé