Visiter l’île d’Ouessant, entre sérénité et caractère – un sentiment d’exil
0Comment à aller sur l’île d’Ouessant ?
On peut dire que l’expression Finis terrae, qui a donné Finistère, lui va comme un gant. D’ailleurs Finistère se dit Penn-ar-Bed en breton ; et c’est justement le nom de la principale compagnie maritime qui propose de nous y emmener. On part de Brest, de Camaret-sur-Mer ou du Conquet. Depuis Brest le trajet dure environ deux heures et demi, ce qui peut paraître long, mais qui laisse imaginer les difficultés que représentait une traversée du temps de la marine à voile. Chez les marins, l’évocation de ces îles bretonnes rendait les mines graves et réclamait le silence : on ne compte plus les naufrages qu’il y a eus au large des îles du Ponant. Un vieux proverbe de matelots le dit très bien : « Qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Molène voit sa peine, qui voit Groix voit sa croix » … Chateaubriand lui-même cite ce vieux dicton dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, lorsqu’il rentre des Etats-Unis – mais il faut dire qu’il regagne l’Europe un jour de pleine tempête, à tel point qu’il parle d’une « émeute de vagues ». De fait, la mer d’Iroise a toujours présenté des conditions de navigation pour le moins difficiles.
Vous pouvez également relier l’île d’Ouessant en petit avion de la compagnie Finistair en suelement 15 minutes depuis Brest. Mais quel dommage de se priver de la venue par mer.
L’île d’Ouessant est donc un lieu particulièrement isolé, et encore aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation et du « tout connecté », le voyageur peut ressentir cet état d’éloignement, physique et temporel. Moins de mille personnes vivent à l’année sur ce territoire laminé par le vent et les embruns.
Que faire sur l’île d’Ouessant ?
Visiter Ouessant c’est tout d’abord se balader, prendre le temps de découvrir de ce lieu si isolé.
Le Port du Stiff
Lorsque l’on débarque au Port du Stiff, on remarque très vite quelques stands qui attendent les nouveaux visiteurs : ce sont des loueurs de vélos, il y en avait trois quand j’y étais et les tarifs se valent : il faut compter 14€ pour la location d’un vélo pour la journée complète, une trentaine pour un vélo électrique. Par temps clair c’est sans doute le meilleur moyen de découvrir l’île, bien qu’il soit possible aussi de participer à un tour collectif en bus, de louer une voiture, ou d’employer ses jambes ! Pour aller où me direz-vous ? Voici quelques exemples.
Le phare du Stiff
Le phare du Stiff est l’un des plus anciens de France ; il date de la toute fin du XVIIème siècle. Conçu par l’ingénieur et architecte militaire Vauban, il fonctionnait d’abord au charbon et avait pour mission de protéger les navires et d’être un avant-poste de la base navale de Brest en cas d’incursion anglaise. Aujourd’hui son fonctionnement est entièrement automatisé et plus personne n’y habite pour le garder. Le phare abrite parfois des expositions et depuis son sommet on peut – parait-il – voir Molène et la côte bretonne.
Lampaul
Lampaul est le seul village de l’île, un bourg pour ainsi dire, qui se trouve à environ 4km du débarcadère. J’ai choisi d’y aller à pied, ce qu’on peut s’épargner sans regret (la route traverse l’île en son centre et ne présente pas d’intérêt particulier) – mais cela m’a permis de faire une halte chez Jacky, un troquet fréquenté par les habitants de l’île, et de discuter avec une demoiselle qui disait être « la Reine des moutons »… Il faut dire que, de part sa situation autarcique, les habitants de l’île ont dû se spécialiser dans l’agriculture, et notamment dans l’élevage ovin. De plus, les hommes étant bien souvent en mer, les femmes tenaient la première place dans l’économie insulaire. Par conséquent, ce n’était pas aussi saugrenu qu’on pourrait le croire de prime abord que de croiser à Ouessant « la Reine des moutons »…
On arrive à Lampaul, donc, où se trouvent l’église Saint-Pol Aurélien (qui fut le premier pèlerin venu christianiser Ouessant au VIème siècle), une pharmacie, un tabac, une boutique souvenir, « l’abri du mouton » (décidément), quelques restaurants. Cela va du snack au restaurant gastronomique, La duchesse Anne, qui avait l’air de proposer de belles assiettes, des carpaccios de lottes, des brochettes de Saint-Jacques, la fameuse choucroute des mers ou encore la spécialité ouessantine par excellence, le ragoût d’agneau cuit sous la tourbe (à commander 24h à l’avance). Personnellement j’ai opté pour l’éternelle complète au blé noir, car ici aussi évidemment les crêperies ne manquent pas ! Par contre il ne faut pas arriver trop tard ; 13h40 c’est déjà un peu limite pour être servi dans certains établissements et il est préférable de réserver.
La pointe du Pern
Depuis Lampaul je ne saurais trop vous conseiller de marcher en direction de la Pointe du Pern et de longer la côte en prenant le phare du Créac’h comme point de repère. La nature y est sauvage, le relief accidenté de ce littoral battu par les vagues n’est pas sans majesté. Si on sort un peu des sentiers balisés et qu’on part crapahuter dans les rochers en s’approchant de la mer, il est possible de voir des phoques (entre avril et octobre, après quoi ils retournent dans les mers du nord). La plupart du temps ils restent immobiles, on peut facilement les confondre avec les rochers – il faut de la patience et un bon sens de l’observation pour dénicher ces bienheureux qui se prélassent au soleil ou se baignent indolemment !
Le Phare de Créac’h
Le phare du Créac’h peut se vanter d’être l’un des plus puissants d’Europe (avec le phare du Cap Saint-Vincent, au Portugal) : sa portée est de 32 milles nautiques soit une soixantaine de kilomètres ! A sa base, dans le bâtiment qui abritait l’ancienne centrale électrique qui l’alimentait, se trouve le musée des Phares et Balises où l’on peut voir l’évolution du matériel de signalisation en mer. Ce thème peut sembler peu attrayant, pour autant les récits de naufrages et de sauvetages ne laissent pas indifférent, tout comme le destin de ceux qu’on nommait les gardiens de feu et qui consacraient leur vie à alimenter, dans la plus grande solitude, un feu perpétuel… Quant aux lentilles de Fresnel exposées dans le musée, elles offrent la possibilité de s’intéresser à la science de l’optique – à moins qu’on ne préfère y voir que des curiosités esthétiques un peu rétrofuturistes.
Les roches granitiques
Les roches granitiques de l’île d’Ouessant sont peut-être ce qui m’a le plus marqué. Jamais je n’ai vu autant de formes identifiables dans les roches. Ce phénomène bien connu s’appelle la paréidolie et s’exprime de façon flagrante sur tout le parcours de la côte ouest en direction du sud.
Une tête de chien parfaitement faite, un visage qu’aurait très certainement adoré Pablo Picasso, un sexe masculin étonnamment réaliste et j’en passe… Il y en avait absolument partout et chacun peut attester (enfin j’espère) que je n’ai pas fumé la moquette (ou bien dites-le moi en commentaire…) !
Que ce soit en couple par une belle journée d’été, ou bien seul sous une pluie de mois de novembre, visiter l’île d’Ouessant ne vous laissera pas indifférents – à coup sûr on y ressent une ambiance particulière. Par endroits les paysages font penser aux Highlands écossais – en un peu moins vallonnés c’est vrai – et l’on s’attendrait presque à tomber sur une distillerie de single malt !
Où dormir sur l’île d’Ouessant ?
Dans le cas où vous aimeriez rester quelques jours visiter Ouessant plus en profondeur et profiter davantage de l’île, voici quelques adresses où dormir :
Le Roc’h Ar Mor
Une charmante maison d’hôtes qui se trouve dans le bourg de Lampaul les pieds dans l’eau. C’est magnifiquement décoré, et c’est tout confort. L’hôte des lieux vous livrera tous ses secrets sur son île te comment visiter Ouessant hors des sentiers battus.
Cliquez ici pour vérifier la disponibilité du Roc’h Ar Mor
Holiday Home Ouessant
Magnifique maison de vacances dotée de 4 chambres. Refaite à neuf, c’est le lieu idéal pour passer un peu de temps sur l’île d’Ouessant dans une maison tout confort.
Cliquez ici pour vérifier la disponibilité de l’Holiday Home Ouessant
Hotel Sport Ouessant & Spa
Une solution plus luxueuse avec cet hotel avec spa et salle de sport situé en face de la plage d’Ouessant. Cet hôtel 4 étoiles doté d’un excellent restaurant est idéal pour se reposer après avoir visité Ouessant.
Cliquez ici pour vérifier la disponibilité de l’Hôtel Sport Ouessant & Spa