La magie d’un voyage à Java en vélo
8Voici le récit des gagnants de la bourse de voyage Instinct Voyageur – Wimdu qui a eu lieu en juin. Le projet Vert Horizon, c’est un tour du monde en vélo à la découverte des solutions durables pour notre futur. Julien et Mickaël nous racontent leur traversée de Java en Indonésie.
Cela fait déjà deux semaines que nous avons atterri à Bali, et découvert à la fois la conduite à gauche en Indonésie, et le trafic pour le moins chaotique dans les grandes villes. Après un crochet par l’île de Lombok pour escalader le Rinjani, nous avons traversé Bali en son centre pour prendre le ferry qui nous emmène à Java.
Notre itinéraire sur Java
Nous arrivons depuis Bali par ferry, et repartons de Jakarta aussi en ferry, vers Singapour. Contrairement à notre idée initiale, nous ne traversons pas l’île de Java en vélo à cause du trafic qu’il y a sur les routes.
Il y a très peu de routes secondaires, et les axes principaux sont saturés de camions en tout genre, de voitures et surtout de scooters. Nous préférons donc jouer la sécurité, faire les gros déplacements en train ou en bus, et ensuite rester quelques jours dans chaque ville et rayonner en vélo.
Nous traversons Java en une dizaine de jours, avec des arrêts à Banyuwangi (Java est), Malang (Java est), Yogyakarta (Java central) et Jakarta (Java ouest).
Arrivée par ferry
Nous prenons le ferry de Gilimanuk, sur Bali, jusqu’à Banyuwangui sur Java. Les deux ports ne sont séparés que de quelques kilomètres, par le détroit de Bali. Cependant, il y a là un fort courant, ainsi que beaucoup de trafic. Le ferry ne prend qu’une heure pour faire la traversée, et coûte trois fois rien (moins de 50c par personne).
Banyuwangi
Le premier contact que nous avons avec Java est la ville de Banyuwangi. L’ambiance, musulmane et plus austère, y contraste avec l’exubérance des monuments et offrandes hindous sur Bali. Il y a de nombreuses mosquées dans la ville, qui régulièrement chantent des extraits du Coran, ou appellent à la prière. Nous dormons dans un homestay (une auberge de jeunesse) non loin du port. Nous restons plusieurs jours à Banyuwangi. La principale attraction est le cratère d’Ijen.
Ijen
Ijen est un petit cratère latéral d’un plus grand complexe. Ce cratère est spécial car le soufre y jaillit à l’état liquide, dans une ambiance surréaliste de flammes bleues (visibles seulement la nuit, car le jour, la lumière du Soleil est trop forte).
Le soufre est ensuite canalisé tant bien que mal pour qu’il se solidifie et soit ensuite collecté par des travailleurs aux conditions de travail dantesques. Cette exploitation est maintenant mondialement connue grâce aux reportages télévisuels, notamment de Nicolas Hulot et Yann Arthus Bertrand (que les locaux remercient pour cette exposition).
Des centaines de porteurs descendent deux fois par jour dans le cratère pour en ramener 70kg de soufre dans des paniers de bois, soufre qui est racheté ensuite 780 roupies le kilo (moins de 5 centimes). Malgré ces conditions de travail infernales (vapeurs toxiques au fond du cratère, poids du minerai, aucun confort), les porteurs sont fiers de ce qu’ils font et ne veulent surtout pas changer.
De Banyuwangi à Malang
Nous partons de Banyuwangi en train, jusqu’à Bangil. Au moment d’acheter les billets, on nous avait assuré qu’il n’y aurait pas de problème pour prendre les vélos dans le train. Cependant, quand nous arrivons pour effectivement prendre le train, il se trouve que le wagon cargo est en réparation ce jour ci.
Donc ce n’est plus possible de mettre les vélos dans le train aujourd´hui, mais demain pas de problème. Finalement, après une heure de négociation, nous parvenons à monter dans le train avec les vélos, moyennant un supplément. Le train est beaucoup plus lent qu’en France.
Nous traversons de multiples villages, avec les mosquées appelant à la prière (on est vendredi). Depuis Bangil, nous faisons les 40 derniers kilomètres en vélo. Cela peut paraître peu, mais la route est engorgée de camions, voitures, scooter. Il faut être vigilant à chaque instant, car c’est la loi de la jungle. Et puis même à travers les masques, nous respirons plein de pollution.
Couchsurfers à Malang
A la tombée de la nuit, nous voyons que nous ne pourrons pas arriver où nous avions prévu, nous cherchons donc un couchsurfer dans le coin. En une demi-heure, c’est arrangé.
Nous allons dormir chez Prat, un couchsurfer enthousiaste. Le soir, nous sortons tous ensemble, rencontrer des amis de Prat en ville, tous aussi couchsurfers, et désireux de rencontrer des gens d’autres horizons. Cela fait chaud au cœur de voir ce noyau dur de couchsurfers sur Malang.
Le lendemain matin, nous repartons chez Rani, une autre couchsurfeuse. Nous avons la chance de passer la journée avec elle pour visiter le parc national du Bromo Tengger Semeru. Elle connaît ce parc comme sa poche et en plus elle maîtrise le français. Retrouvez mes conseils pour faire du couchsurfing.
Parc National de Bromo Tengger Semeru
Ce parc national est le plus visité d’Indonésie, et son sommet, le Semeru, le volcan le plus escaladé du pays. Géographiquement, le parc est dans une ancienne caldeira géante, le Tengger.
De nombreux cratères plus ou moins actifs sont présents à l’intérieur. Le Bromo, qui donne son nom à ce parc, est une montagne sacrée pour les hindous de la région. C’est un cratère poussiéreux, très actif. Une fois en haut des 246 marches pour accéder au bord du cratère, nous constatons les fumées qui s’échappent sans cesse.
Le Semeru est le point culminant de l’île de Java. C’est donc un objectif de nombreux Javanais que d’arriver au sommet de cette montagne. C’est un volcan toujours actif, qui a régulièrement (de l’ordre de la demi-heure) de petites explosions, et émission de bombes.
De Malang à Yogyakarta
Nous reprenons le train à Malang pour aller jusqu’à Yogyakarta. Encore une fois, nous avons des problèmes pour monter les vélos à bord, malgré ce qu’on nous avait assuré en achetant les billets.
Après une bonne discussion, le chef du train accepte de nous laisser monter, moyennant un supplément. A Yogyakarta, nous logeons chez une couchsurfeuse, Ning. Bien qu’elle ne soit pas chez elle au moment où nous arrivons, elle nous a laissé les clés de sa maison, ainsi que les clés de son scooter pour pouvoir se déplacer dans les alentours. Quelle générosité ! Qui aurait fait de même en France ?
Yogyakarta est une étape quasi obligée de tous les touristes à Java, car dans les environs de la ville, il y a deux sites UNESCO extraordinaires : les temples bouddhiste de Borobudur et hindouiste de Prambanan.
Borobudur
Borobudur est le plus grand site bouddhiste du monde. Sa construction date du 9ème siècle par la dynastie régnant à l’époque dans la région. Il fut pendant longtemps une destination de pèlerinage, puis tomba dans l’oubli, du fait du changement de capitale du royaume, de l’arrivée de l’islamisme, et des éruptions du volcan Merapi tout proche.
Il fut redécouvert au début du 19ème siècle par les Anglais, puis restauré. L’architecture symbolise la purification de l’âme, avec neuf étages, et un stupa tout en haut. Il y a plus de 500 statues de Bouddha, et des milliers de bas-reliefs décrivant des scènes mythologiques ou de la vie de tous les jours.
Prambanan
Prambanan est le plus grand temple hindou en Asie du Sud-Est. Il a été construit quelques années après Borobudur, et a suivi une trajectoire similaire, avec après la gloire l’oubli, puis la redécouverte par les Anglais. Sa restauration vient de commencer, et il reste encore du travail pour relever les centaines de temples qui ne sont plus que des tas de pierres.
De fait, pendant longtemps, ces pierres ont été utilisées comme matériau de construction aux alentours, et les statues initialement présentes dans les temples comme ornement dans les jardins des colons. Les trois temples principaux sont dédiés à la Trinité de l’hindouisme : Brahma, le dieu créateur, Vishnou, le dieu gardien, et Shiva, le dieu destructeur.
De Yogyakarta à Jakarta
Pour nous rendre à Jakarta, nous prenons le bus car le train est complet. Et contrairement à nos craintes, ce n’est pas un problème pour mettre le vélo dans les soutes. Nous démontons les sacoches, roue avant et guidon des vélos. Le trajet dure 15h. Le bus est confortable, mais la route est en mauvais état et pleine de virages, du coup, la nuit est assez difficile.
Jakarta
Comme on nous en avait averti, la circulation à Jakarta est très dense, et vraiment peu agréable pour faire du vélo. Donc à part les trajets obligatoires en vélo, nous nous déplaçons en bus rapide, par le TransJakarta. Sur les deux jours que nous sommes à Jakarta, nous passons un jour dans les centres commerciaux, comme le font les Indonésiens quand ils se rendent dans la capitale, et l’autre au zoo de la ville.
Le zoo est très grand, et son prix d’entrée est dérisoire. Ainsi nous pouvons voir de nombreux animaux de la région, comme les orangs-outans ou les varans de Komodo, voire même du reste du monde. C’est un endroit idéal pour se reposer de l’effervescence de la ville.
A Jakarta, nous sommes hébergés par Citra, une couchsurfeuse de notre âge. Elle nous sert de guide dans la ville, que ce soit pour aller dans les centres commerciaux plus populaires, ou les restaurants typiques. Elle nous emmène gouter le durian, ce fameux fruit à la forte odeur de poubelle. Il est considéré comme étant le roi des fruits en Asie du Sud-Est. Cependant, une fois que l’on passe outre l’odeur, le goût est aussi très spécial. Pour nos délicates papilles d’Européens, le goût se rapproche plutôt de l’oignon pourri.
Ferry de Jakarta à Singapour
Etant donné les complications qu’il y a pour prendre le vélo dans l’avion, nous avons choisi de prendre le ferry pour sortir d’Indonésie. En fait, il faut prendre deux bateaux pour se rendre à Singapour : un ferry de 30h de Jakarta jusqu’à Batam, la dernière île indonésienne en face de Singapour, puis une courte navette d’une heure pour se rendre à Singapour.
Le ferry pour Batam part une fois par semaine, tous les vendredis, et peut emmener jusqu’à 2000 personnes. Quand nous l’avons pris, il était loin d’être plein. Il y a quatre classes de cabines, mais la majorité des Indonésiens préfère un billet moins cher, sans cabine, en dormant à même le sol.
En conclusion
Java, mais aussi toute l’Indonésie, est vraiment une destination enchanteresse pour se déconnecter de la vie européenne. Par contre, c’est difficile de s’y déplacer à vélo : il n’y a que des routes principales saturées de voitures, motos et camions, et les transports publics rechignent à accepter les vélos.
Le moyen idéal pour voyager à Java semble être à pied et sac à dos, car il y a des transports, des auberges et restaurants partout, et sans avoir la contrainte des vélos. De plus tout est très peu cher comparé à la France.
Nous sommes très contents d’avoir utilisé le réseau Couchsurfing pour trouver un toit dans les différentes villes où nous sommes allés, non pas pour l’économie que ça représente mais plus pour la possibilité de rencontrer des gens vivant sur place, et qui nous emmènent dans des lieux que nous n’aurions pas pu connaître.
Les Indonésiens que nous croisons dans la rue sont toujours avec le sourire aux lèvres, et font l’effort d’utiliser les quelques mots d’anglais qu’ils connaissent pour en apprendre plus sur nous. De plus ils viennent naturellement nous aider, ou nous saluer.
La nourriture en Indonésie est aussi très bonne. Hormis le durian et les plats trop épicés, nous nous sommes régalés avec entre autre le Nasi Goreng (riz frit), le poulet frit, les fruits tropicaux…Il ne faut pas hésiter à manger dans les warung (petits restaurants de rue).
Merci à eux pour le récit de ce voyage à Java. Personnellement, je ne connais que Sumatra. Et vous, connaissez-vous l’île de Java?
Pour les suivre sur : https://www.facebook.com/VertLHorizonTowardsAGreenHorizon
De l’Indonésie, je ne connais que Bali mais j’ai regretté de ne pas avoir poussé jusqu’à Java pour faire l’ascension du Mont Bromo notamment. Mais ce n’est que partie remise, j’aimerai bien y retourner dans les années à venir.
En tout cas, bravo à Julien et Mickaël pour leur périple un peu hors du commun.
Bonnes fêtes à tous !
Pour ma part, je ne connais pas du tout l’Indonésie, une grosse lacune dans ma géographie voyageuse… Mais pour le coup, ça donne bien envie de visiter Java, et Borobudur me donne vraiment envie d’y jeter un oeil 🙂
Ha l’Indonésie, c’est un gros morceau pour plusieurs raisons: géographique et culturel notamment.
Pour cet été?
C’est sur notre liste de pays à faire, nous n’avions pas pu y passer lors de notre premier tour du monde (oui il faut faire des choix) mais c’est sûr que des articles comme ça nous font presque regretter nos choix. Heureusement qu’on a encore du temps devant nous 🙂
Super récit ! Une bourse de voyage V2 est-t-elle prévue ?
J’ai vraiment beaucoup aimé ce pays, et le peuple y est vraiment très accueillant ! J’ai eu quelques petits soucis là-bas (rien de bien grave, j’ai juste bu de l’eau non-potable) qui m’ont valu de rester cloué au lit pendant 2 jours, mais sinon j’ai adoré cette atmosphère chaleureuse qui y régnait.
Il y a vraiment beaucoup de choses diverses et variées à voir là-bas, et je suis triste de me dire que je ne reverrai pas tous ces endroits car comme la plupart des voyageurs, je ne pars jamais deux fois au même endroit 😉
Mais pourquoi ne pas repartir deux fois dans le même pays? Cela l’arrive parfois.
Si tu en as envie, il faut t’écouter non?
je ne connais pas Java mais je l’envie de visiter cette belle ville donc vous m’avez encourager de l’ajouter sur mon planning de voyage
Je n’ai malheureusement pas eu (encore) la chance d’aller visiter cette ile, mais quand je vois les photos et le récit, je crois que je vais l’ajouter sans attendre à ma to do voyages !