Voyager ne rend pas forcément moins con, la preuve…
15Vous le savez, j’en parle sur ce blog de voyage depuis 2010, voyager apporte énormément, c’est une expérience, une richesse. Cela peut vous changer, changer votre vie. Je l’ai observé à maintes occasions autour de moi, voyager apporte beaucoup de choses. L’une d’elles est davantage d’ouverture d’esprit, enfin, en théorie.
En effet, on croise parfois des exceptions. Voici une petite typologie personnelle faite après près de 20 ans de voyage autour du monde.
Attention, je ne prétends nullement détenir la meilleure façon de voyager, loin de là. Mais que voulez-vous, nous avons tous rencontré certaines de ces caricatures.
- 1. Le gars persuadé qu’il détient LA meilleure façon de voyager
- 3. Le gars qui fait une course
- 4. Le gars qui évite le contact avec les locaux
- 5. Le gars raciste
- 6. Le gars juste là pour se défoncer
- 7. Le gars qui est là pour voir la misère du monde
- 8. Le gars qui est là pour les femmes
- 10. Le gars qui se croit encore chez lui
- 11. Le gars en mode défi budget minimum
- 12. Le gars qui ne te parle pas, car tu es Français
- 13. Le gars qui participe à Pékin Express
- 14. Le gars fan des zones de guerre
- 15. Le gars qui se fuit
Le gars persuadé qu’il détient LA meilleure façon de voyager
Bon, vous l’avez tous croisé sur la route. Vous savez, c’est le gars qui est persuadé qu’il voyage de la meilleure façon qui soit, de la manière la plus éthique possible. Il vit vraiment le voyage authentique. Les autres n’ont rien compris à la vie. En plus, parfois, il veut vraiment vous persuader que vous ne voyagez pas comme il faudrait.
Pourtant, cela reste un touriste dans le sens premier du terme : un gars qui se déplace pour le loisir. Mais cela, se faire traiter de touriste, c’est l’insulte suprême. Là, soit vous l’avez perdu, soit il part dans un long monologue enflammé pour démontrer le contraire. Et vous, bien sûr, vous n’avez rien compris.
Le gars qui fait une course
Pour lui, voyager se réduit à une accumulation de tampons dans son passeport. Il est dans l’apparence. Pour lui, une nuit passée à l’hôtel dans une capitale et il va vous sortir « oui, j’ai fait aussi la Chine ». Risible. On ne peut pas le changer, il est dans son truc.
Dans certains de ces tours du monde, il y a les tourmondistes qui enchaînent les pays au pas de course. C’est une parenthèse dans leur vie, une case cochée sur leur fiche bristol, comme le reste. Vraiment, parfois, il y a de cela chez certains. Faire un tour du monde, c’est un peu à la mode, ça fait bien dans une vie. Même si après, on ne sera plus dans ce mood.
Le gars qui évite le contact avec les locaux
Oui, cela peut paraître étonnant, mais même en indépendant, il y a des voyageurs qui ne sont pas très friands d’expériences avec les locaux, du moins dans une certaine limite.
Je me souviendrai toujours de cet Australien dans le nord du Laos à qui j’avais demandé de me rejoindre pour un trek de trois jours à travers les villages des minorités ethniques de la région. Devant sa bière, il m’avait répondu que non, pas question. Dormir dans une case chez l’habitant avec un coq qui hurle très tôt, cela ne l’intéressait pas. Il paraissait vraiment horrifié à cette idée. Le bruit et l’odeur, très peu pour lui. Le pire, c’est qu’il était sérieux !
J’en étais resté pantois. Heureusement, j’avais vite trouvé d’autres voyageurs pour ce trek afin de partager le coût du guide. Eh oui Coco, c’était fatigant, on a transpiré, mais, purée, qu’est-ce que c’était chouette !
Le gars raciste
Cela peut également vous sembler étrange, mais oui, des gens qui voyagent et qui sont racistes, cela existe. Sur le papier, c’est contradictoire, mais bon, l’être humain est contradictoire. Nous sommes tous contradictoires.
Certains vivent même une bonne partie de leur vie dans un pays et pourtant, ils n’arrêtent pas de critiquer les locaux. Et parfois, les mots sont durs. On se demande alors pourquoi ils restent. Vous savez, aux dernières élections présidentielles, le FN a fait un certain score à l’étranger. C’était le cas en Colombie par exemple. Certes, le chiffre était moins élevé qu’en France, mais cela reste étonnant je trouve.
J’ai une connaissance qui vit en Colombie depuis des années. Il est marié à une Colombienne, a des enfants, et pourtant, il passe son temps à critiquer le pays et les gens. Il est assez extrême. Je reste toujours stupéfait devant ses déclarations.
De la même façon, lors de mon expatriation au Nigéria, j’ai pu observer la même chose chez certains vieux expatriés. Oui, vivre longtemps en Afrique de l’Ouest, cela n’arrange pas son homme. Beaucoup tombent dans l’alcool, les femmes et le racisme néocolonial.
Le gars juste là pour se défoncer
L’Asie du Sud-Est, notamment, est remplie de jeunes backpackers venus là plus pour faire la fête que pour échanger et comprendre les pays où ils sont. Il y a notamment de nombreux Anglo-saxons et plein d’Australiens qui traversent le continent en buvant des litres de bière bon marché sur leur route. Et un Australien en pleine forme, ça boit !
Pour certains, les drogues s’ajoutent à la liste. L’Inde est ainsi réputée pour attirer ce type de voyageurs. Ce pays s’est spécialisé dans l’Israélien qui a perdu quelques neurones suite à son service militaire. Et on les comprend. Du coup, certains coins de l’Inde accueillent des légions de jeunes d’Israël qui viennent ici décompresser.
L’Asie est constellée de villes dédiées à ces routards, de vrais paradis artificiels en somme.
Au Laos, Veng Viang a cette réputation, ou plutôt avait, car les choses se sont beaucoup améliorées depuis mon passage. Regardez les photos de mon article à ce sujet ici.
Il fut un temps, cette ville, c’était un peu Sodome et Gomor. L’attraction locale était de descendre une rivière en tubing en s’arrêtant dans les nombreux bars du parcours. Vous imaginez l’état de certains à l’arrivée… D’ailleurs, chaque année, il y avait des morts. À côté de cela, des backpackers bourrés dans les rues, à demi nus, s’embrassant en public dans une société aussi pudique que le Laos, et tous ces bars qui proposent des happy cake et des happy shake devant un écran géant diffusant Friends en boucle. Pathétique.
Le gars qui est là pour voir la misère du monde
Le tourisme de la misère, c’est une catégorie qui existe, oui. Payer pour voir les bidonvilles de l’Afrique du Sud ou les favelas de Rio, c’est excitant pour certains, cela mérite un voyage. Si, si, je vous jure. Et Potoasi où j’étais allé ?
Le gars qui est là pour les femmes
Sujet délicat. Il est indéniable que le tourisme sexuel est une part de cette industrie, du moins une motivation pour certains. Bien sûr, on pense à la Thaïlande et à d’autres pays asiatiques, et à ces Occidentaux venus là consommer de la chaire contre monnaie sonnante et trébuchante. C’est oublier les femmes occidentales qui sont aussi dans cette pratique, plus qu’avant, sans nul doute. Leurs destinations préférées : Gambie, Cuba…
Derrière cela, il y a également toutes les autres configurations que l’on peut trouver, du mariage arrangé ou forcé au mariage blanc et gris. Oui, c’est beaucoup plus flou là, du coup, c’est nettement moins visible. Certains diront que c’est parfois une forme douce de prostitution.
Bref, le sujet n’est pas de débattre ici de cette question. Je trouve simplement que ceux qui réduisent le voyage à cela, c’est juste dommage.
Le gars qui se croit encore chez lui
C’est le voyageur qui pense que tout le monde doit adopter ses coutumes. Le contraire, il ne comprend pas. Flexibilité, adaptation sont pour lui des mots inconnus.
Il ne comprend pas qu’il est dans un autre pays et que donc, c’est plutôt à lui de s’adapter et d’accepter les coutumes locales, dans la mesure de l’acceptable, bien sûr.
Le gars en mode défi budget minimum
Une race spéciale. Nous en avons tous rencontré, je pense. Vous savez, c’est le routard qui te demande à chaque fois combien tu as dépensé depuis le début du voyage. Tu lui sors ton chiffre grosso modo et lui te répond tout fier « ah oui, c’est beaucoup. Moi, j’ai dépensé seulement XXX euros ». Il est gentil, brave bête.
Pour cette race de voyageurs, le voyage ne se vit qu’en économisant au maximum. Le vrai voyage, c’est le routard qui arrive à dépenser le moins possible, même si c’est aux frais des locaux. Là, bizarrement, cela ne leur pose pas de problème.
A lire : Voyager toujours moins cher : l’obsession idiote
Le gars qui ne te parle pas, car tu es Français
Je sais que voir plein de Français à l’autre bout du monde, ce n’est pas ce que l’on cherche quand on voyage. Mais de là à être sectaire et à faire preuve d’impolitesse…
En plus, parfois, ce sont ceux qui achètent le guide du routard. Alors, déjà gars, n’utilise pas ce guide si tu veux éviter les Français.
Le gars qui participe à Pékin Express
Oui désolé pour les fans. Mais les rares fois où j’ai regardé cette émission, je n’ai pas été emballé, hein.
Je me souviens notamment d’un couple, sur une autoroute en Chine, qui était énervé contre un pauvre employé chinois qui ne pouvait pas les prendre en stop. Le pauvre, il n’avait rien demandé, lui qui était sans doute payé 200 euros pour un job chiant. S’il se doutait qu’il venait de croiser des participants à un jeu télévisé, payés des milliers d’euros juste pour une course stupide et superficielle ! Affligeant.
Le gars fan des zones de guerre
Là, on est un peu dans l’extrême. Ils sont rares, mais ils existent. Forcément, vous risquez de ne jamais en rencontrer. Ce sont des personnes avides d’adrénaline, le voyage est juste une forme, un vecteur pour la trouver. Pour cela, ils se rendent dans les zones dangereuses, voir les pays en guerre comme la Syrie.
Je me souviens notamment d’un article parlant de ce Japonais qui s’était rendu en Syrie pour vivre la guerre, pour voir de ces yeux ce qu’était une guerre. Une expérience à vivre comme il disait… Spécial.
Le gars qui se fuit
Quand on voyage beaucoup, il y a toujours une certaine fuite, ne serait-ce que pour échapper à la monotonie de la vie. Après, qui dit fuite, dit recherche, ce n’est pas toujours péjoratif, loin de là.
Pour certains, cette partie « fuite » est plus présente. Elle concerne parfois même une partie de soi. Or, on peut se perdre en se fuyant. Et surtout, on revient avec ces problèmes, toujours.
Sur la route, certains sont tellement en fuite d’eux-mêmes qu’on les croirait asociaux. Cela peut se comprendre, il n’y a là aucun jugement. Ils peuvent paraître pas cool, alors qu’en réalité, ils sont juste en train de se chercher.
A lire : Tu voyages ? Tu fuis donc !
Cela vous parle ? Si vous avez une autre catégorie à ajouter, n’hésitez pas à la donner dans les commentaires !
Pour être franc, beaucoup d’entre nous, y compris moi-même, avons peut-être été à un moment de notre vie dans l’une de ces catégories. C’est une réalité que nous n’aimons peut-être pas voir en face. C’est dommage, car cela nous montre que nous avons évolué, et cela, c’est le plus important.
Salut Fabrice,
Ton article m’a bien fait rire car j’ai reconnu pas mal de catégories.
Il y en a une par contre pour laquelle je ne suis pas totalement d’accord: celui qui voyage pour voir la misère du monde où tu cites la visite d’un bidonville en Afrique du Sud.
Visiter un bidonville ne se résume pas à voir la misère, cela peut aider à mieux comprendre le pays, ses difficultés, là où il en est mais aussi voir son évolution. Les bidonvilles en Afrique du Sud évoluent tout le temps (et je trouve plutôt positivement même si il reste bcp de chemin à faire). Visiter l’Afrique du Sud en faisant des safaris, logeant dans les quartiers riches, admirant les magnifiques paysages sans jeter un petit regard sur ses difficultés, c’est je pense manquer une petite partie du pays quand même et se voiler la face sur certains aspects. Aussi, la visite des townships se fait quasi obligatoirement de manière organisée avec un guide et une très grosse partie du coût revient aux habitants ce qui peut donc aussi les aider à se développer.
A bientôt
Yep, c’est vrai. Tout le monde n’a pas cette approche en effet. Là, je parlais vraiment des énergumènes pour qui c’est la motivation principale.
le vieux ramassis de merde plein de préjugé à la con… j’ai même pas envie d’argumenter tellement il y aurait à dire. en conclusion il n y a que toi qui sais voyager XD
roh, faut se détendre du string. Tu as lu où que j’ai écris que je sais voyager, je ne le pense pas du tout.
Ou, peut-être, tu t’es reconnu ?;-)
Ahah, j’ai bien ri en lisant cet article. Franchement, c’est drôle car j’ai lu ça juste après m’être fait troller par un voyageur parce que je prenais des choses avec moi en voyage qui, selon lui, étaient inutiles. ^^ Je peux désormais être rassurée alors.
Je vois aussi une autre espèce : celui qui va faire son tour du monde, prend 40 fois l’avion et va balancer sur « ouais t’as vu les locaux, ils nettoient pas leurs poubelles, salopards de pollueurs » (pire encore, va aller montrer aux locaux comment mettre les déchets dans les poubelles). Alors, qu’en fait, les locaux, ils ont juste pas de services de collectes des déchets, ils seraient probablement heureux que les déchets ne soient pas là et ils ont probablement jamais pris l’avion.
Oui, pas faux pour l’avion 🙂
Perso, j’ai 67 ans et je prends mon sac à dos environ toutes les 6~7 semaines pour aller faire un tour et me dépayser tout simplement. Parfois je pars juste une journée comme la semaine passée où je suis allé boire un verre à Paris (j’habite à Liège en Belgique) et visité quelques endroits qui me plaisent. Je viens de visiter les Émirats Arabes et vu pas mal de choses là-bas, un ami m’y a baladé un peu partout et on y a roulé près de 2500 km et visité ce qu’il y avait à voir tout en ayant encore pas mal de choses encore à découvrir. Je n’hésite pas à retourner plusieurs fois dans les pays qui me plaisent, quelques fois en Angleterre, Roumanie, Sénégal, Arménie, Géorgie, Ukraine, Bulgarie, Pologne, etc . Je ne fais surtout pas une course ou un concours pour visiter le plus de pays possible, j’aime l’Europe et le Moyen-Orient, la semaine prochaine je pars 10 jours en Jordanie et Israël, en janvier ce sera Malte pour la Xième fois, février la découverte de la Suède où je ne suis pas encore allé et mars retour en Roumanie pour continuer la découverte de ce fabuleux pays. Étant backpacker je ne me charge jamais comme un mulet, mon sac de 10 kg est largement suffisant et je loge depuis toujours en auberge de jeunesse, hostels comme ils disent, et je ne m’en porte pas plus mal. Je rencontre pas mal de voyageurs et suis souvent étonné de leur parcours et motivation mais jamais au grand jamais je ne me suis permis de porter un jugement sur une quelconque façon de voyager. Chacun mène sa barque comme il l’entend de toute façon elle arrivera un jour au dernier port.
Chouette de lire cela :-). Oui, Roumanie, c’est top !
Je n’aime pas les jugements de valeur. A chacun sa manière d’apprécier le voyage, dans le respect d’autrui évidemment.
« La preuve » du titre renvoie, pour moi, à l’existence d’un tel article sur un blog « instinct voyageur ».
Le touriste ou voyageur (selon qu’on veut) n’aurait pas d’humour ? 🙂
Tout le monde n’aime pas l’autodérision 🙂
Je trouve cet article assez affligeant, et en pleine contradiction avec son titre sinon de démontrer que son auteur fait bien parti des catégories qu il cherche stupidement à dénigrer.
A chacun sa façon de voyager … A chacun sa vie
T’en parles un peu mais j’ai eu ceux qui étaient dans la compétition, c’était un peu énervant à force. Ce n’est pas franchement le gars qui fait la course, mais celui qui a tout vu tout fait et surtout MIEUX.
M’enfin bon, c’est de l’histoire ancienne mais j’imagine que cela n’a pas du s’arranger !
Oui exact Emmanuel.
Oula ! C est du serieux ces reponses… C est bon effectivement faut se detendre un peu.
Je ne suis pas un grand voyageur mais j’ai pris du plaisir à lire cet article et pour le peu que j’ai voyagé ça ne m’étonne pas. Et puis ça va ce n’est pas un jugement de valeur, de manière générale il décrit ce qu’il a vu et les manières de faire des gens qu il a croisé.
J’ai apprécié ton article. Merci
PsLes mecs derrière leur clavier ça balance grave . dans ma tête je me dis mais ils sont Gaga