Comment Corinne a embrassé une vie nomade

Je vous présente aujourd’hui, une digitale nomade actuellement en vadrouille en Asie, du côté de Chang Mai. Sur Vie nomade, Corinne stoppelli nous invite à la suivre dans ce mode de vie qu’elle s’est choisie. Son blog fut le premier sur ce thème que j’ai découvert en tapant…vie nomade sur Google. Ensuite, de liens en liens, j’ai découvert nombre de blogs du même acabit.  Aussi, j’ai un certain plaisir à vous la présenter !

Une digital nomade

– Bonjour Corinne, je te laisse te présenter aux lecteurs 🙂

Hello! D’origine italienne (Naples), née et élevée en Suisse, j’ai eu l’habitude des allers-retours géographiques comme culturels. Constamment exposée aux nombreux paradoxes de cette ‘double vie’ (les différences dans l’éducation, les objectifs, les besoins familiaux, la façon d’appréhender la vie en général, etc.) je me suis rapidement transformée en petit caméléon capable de me fondre partout et de m’adapter plus ou moins à tout. Agée de trois ans, j’ai fait mon premier sac à dos et j’ai annoncé à ma mère que j’allais prendre la route… mais c’était un peu trop tôt (du moins, d’après elle)!
En 2010, à l’aube de mes 27 ans, j’ai finalement plié bagages pour de bon et tout plaqué pour vivre en itinérance et voir le monde de mes propres yeux. Aujourd’hui, voilà 10 mois que je suis sur la route.

– Peux-tu nous décrire d’où viennent tes revenus et tes différentes activités ?

Je suis webdesigner et project manager indépendante depuis maintenant 6 ans. C’est plus ou moins le temps qu’il m’a fallu pour me sentir à l’aise dans la profession, dans mes rapports avec les clients et me créer un réseau, petit, mais solide (j’ai pris mon temps!).
Depuis peu, j’ai commencé à rédiger des articles pour un blog de voyage en ligne.
Je vends aussi des photographies, des illustrations et d’autres ‘articles digitaux’ sur différents portails…
Et finalement, j’obtiens un peu de revenus avec la publicité.

–  Pas trop dur la relation à distance avec les clients ? Comment gères-tu ?

J’avais déjà l’habitude de limiter les rendez-vous au strict minimum et de communiquer surtout par e-mail et Skype avant le départ: pour la plupart, tout s’est donc passé comme sur des roulettes. J’ai aussi une grande partie de clients à l’étranger (France, Canada et Etats-Unis notamment) avec lesquels je n’ai travaillé qu’à distance dès le départ. De plus en plus d’entreprises ont l’habitude.

– Et au niveau de connexion, est-ce facile de trouver un débit suffisant ?
Tout dépend de l’endroit où je me trouve! Sur l’île de Siquijor aux Philippines, par exemple, il y avait des coupures d’électricité intempestives tous les jours… Elles pouvaient durer 2 comme 8 heures. Parfois, je restais toute la journée dans l’attente (enfin, avec les merveilles naturelles à portée de main, on ne peut pas dire que je me sois ennuyée: une coupure? bon ben, c’est l’heure d’aller nager).
Ailleurs, c’était beaucoup plus simple: dans toutes les villes il y a des cafés wi-fi, et je n’ai pas besoin d’un grand débit pour le 95% de mes tâches, car une grande partie de boulot se fait hors ligne..

– Pas évident en effet ! Quel est ton budget mensuel depuis le début ?

Je n’ai pas tracé de budget mensuel (certains me diront que je suis irresponsable, c’est le cas :p). J’essaie toujours de trouver les bons plans, je n’ai pas besoin de beaucoup de confort. Par contre je me prive difficilement de quoi que ce soit: sorties, excursions, festivals, soirées, bonne bouffe – je ne réfléchis jamais à la dépense dans ces cas là.
En fait, j’ai toujours eu un revenu extrêmement irrégulier... mes dépenses sont le reflet exact de cela: si j’ai de la marge, je m’amuse et si je suis à sec, je reprends le contrôle. Au jour le jour!

Un blog de voyage

– Comment est né ton blog ? Pourquoi ce blog ?

Il y a plusieurs raisons:
– j’ai toujours aimé écrire et provoquer des réactions, de l’interaction. J’ai ouvert des dizaines de blogs dans le passé (et j’en ai abandonnés tout autant)
– j’ai eu envie de définir mon projet afin de mieux le concrétiser, j’ai donc démarré le blog 1 an avant le départ, c’était mon carnet de route
– j’avais envie de prouver aux gens qu’on peut poursuivre un rêve un peu fou et le réaliser, et que si on s’en donne les moyens tout est possible… et aussi, qu’il n’y a pas besoin d’être riche pour voir le monde.

– Que de bonnes raisons ! Un blog permet en effet de davantage concrétiser un projet. Que penses-tu des blogs de voyages français en général ?

Quand j’ai commencé le mien, je me sentais un peu seule dans le monde des technomades (je parle comme une vieille, là? 😉 On était très peu il me semble. Mais au fil des mois, ils ont commencé à fleurir et à offrir autant de preuves et d’espoir qui vont tout à fait dans mon sens – j’en suis toute ravie!

– Comment es-tu venu aux voyages ? Un déclic ?

Je crois que c’est surtout à cause de mes origines. J’ai toujours été l’italienne en Suisse, et la suisse en Italie. Je n’ai jamais vraiment su où était réellement ma place. Le sud de l’Italie, c’est carrément différent de ce que j’ai pu connaître en Europe centrale ou du nord: bon nombre de mes expériences sociales ressemblent bien plus à celles que peuvent vivre certains asiatiques ou américains du sud… dans un contexte tout à fait différent.
Dans mon village en Suisse, il y avait beaucoup d’autres étrangers – j’ai côtoyé des gens de tous les continents et j’ai toujours adoré ça, me plonger dans leurs coutumes différentes. On ne peut donc pas dire que c’était un déclic, je crois que je l’ai eu dans le sang!

Une nouvelle vie

–  C’est ton premier voyage au long cours ? Alors quel est ton ressentir pour l’heure ?

Quand j’ai tout vendu et j’ai décidé de partir, nombreux pensaient me voir revenir avant l’heure… mais dans ma tête, la certitude y était déjà. J’ai passé 27 ans en Europe, il était temps d’aller vivre autrement! Et bien, j’adore, et je ne pense pas que je pourrais revenir facilement à ma vie d’avant… pour l’instant d’ailleurs, il n’y a aucune raison que ça se produise!

– Ta nouvelle vie correspond-t-elle à ce que tu avais imaginé ?

Elle dépasse mes espérances, et de loin. Je savais que j’allais apprendre une foule de choses, grandir, m’ouvrir, résoudre tout un tas de problèmes personnels en me mettant face à de nouvelles situations… et c’est ce qui s’est passé, mais bien plus rapidement que ce que je pensais!
D’un point de vue plaisir, j’ai assisté à des choses incroyables et à des rencontres uniques auxquelles je ne m’attendais vraiment pas. Je suis exaltée!

–  Les 3 voyages / destinations qui t’ont le plus marqué ?

– Le Sri Lanka, ma toute première destination hors Europe. Je me suis retrouvée en pleine mousson, dans une région où les ravages, sous mes yeux, ont été durs. J’ai été confrontée à beaucoup de misère et de tristesse et cela m’a beaucoup touché. Je suis aussi tombée malade, et j’étais dans une humidité constante… je pense que je n’étais pas vraiment prête.
– Après le Sri Lanka, j’ai atterri à Hangzhou en Chine, où pratiquement personne ne parlait l’anglais. J’étais littéralement perdue, et j’ai adoré. Dans ma guesthouse 98% chinoise, on m’a accueilli comme un membre de la famille: je prenais mes repas avec le staff, et le soir, on buvait des bières et on prenait des snacks en essayant de communiquer – ou simplement de se côtoyer, avec les moyens du bord. Je me suis sentie entourée malgré la grande barrière de la langue et je n’avais plus envie de repartir… seulement voilà, j’avais déjà des billets pour la suite.
– Et après la Chine, me voilà aux Philippines… Ouah, solaire. Les gens là-bas, ils en voient tous les jours de toutes les couleurs, mais ils ont une motivation et un espoir incroyables. Au contact des philippins, j’ai appris à sauter sur toutes les opportunités quotidiennes, j’ai ré-appris à faire confiance en un clin d’oeil, à m’ouvrir sans crainte d’un jugement et à apprécier tout un tas de choses simples et belles que l’Europe avait obnubilé.

– Les Philippines me tentent depuis un bon moment…Comment gères-tu le fait de bloguer en voyage ? Je veux dire au niveau du temps  notamment?

J’adore écrire, mais j’aime surtout vivre des expériences. En fait, j’écris quand j’en ai envie, et quand je me sens inspirée. D’où la fréquence complètement irrégulière de mes billets: je souhaite que ça reste un plaisir et pas un devoir.

– Ton blog n’a apparemment pas pour but d’être monétisé ?

Oui et non: ça n’a jamais été un but, mais j’aimerais bien générer du revenu à terme. Il y a déjà un peu de publicité non-intrusive par-ci par-là, d’ailleurs. Je limite pas mal, cependant, car je n’ai pas envie de partir hors contexte: l’intégrité du contenu reste ce qui m’importe le plus.

– Tu transportes beaucoup de matériel ? Comment gères-tu tout ce poids ?

C’est surtout le matériel électronique qui est pesant! MacBook Pro 15 », la panoplie de chargeurs/prises qui vont avec, un SLR et deux objectifs bien lourds, quelques carnets… Le reste est léger: des habits, quelques cosmétiques et bijoux (des trucs de fille quoi). J’ai toujours moins de 15kg dans mon bagage principal… Par contre le bagage à main je le tasse avec tout l’attirail professionnel! En tout, moins de 25kg dans tous les cas.

–  Et ta prochaine destination ?

J’utilise Chiang Mai (nord de la Thaïlande) comme base depuis maintenant 9 mois. Je suis tombée amoureuse de la ville, du pays et de ses gens. Je pense y rester jusqu’en mai, puis m’envoler vers d’autres horizons: Philippines, Japon, Corée, et Chine du sud… mais on verra, je ne fais plus vraiment de plans – je saisis les rêves au vol, quand ils deviennent trop pressants 🙂

– Un dernier mot ?

Le voyage, ça peut être une fuite – je ne vois aucun mal à ça. Pourquoi rester coincé dans une situation qui ne nous convient pas? Tout changer, révolutionner son style de vie, ne serait-ce que pour essayer: on n’a rien à perdre. Et si l’on se trompe, on s’en fout non? Au moins on aura eu la 25preuve que ce n’était pas fait pour nous et on pourra retourner vaquer à nos occupations l’esprit tranquille.

Merci de m’avoir consacré de ton temps ! J’ai été ravi de cette interview ! Bonne route à toi Corinne !

Si vous avez des questions, à vous de jouer !

J’attends vos réactions !

A propos de l'auteur

Fabrice Dubesset

Voyageur au long cours depuis plus de 25 ans, auteur et créateur d’Instinct Voyageur,j’ai créé ce blog de voyage en 2010. Je partage ici mes récits, conseils et réflexions pour voyager plus souvent, plus longtemps, plus intensément !
Je suis l'auteur du livre « Libre d’être digital nomad », Ed Diateino, .
À propos de Fabrice Dubesset, auteur d’Instinct Voyageur