Dharamsala : au coeur des manifestations tibétaines !
7Flash Back. Les médias du monde entier se pressent à Dharamsala, ville où réside le Dalaï-Lama. Chaque jour, des manifestations sont organisées. Un vent de révolte souffle sur ces contreforts de l’Himalaya. Je suis là, simple touriste au milieu d’un évènement grave. Je vous raconte.
En ce mois de mars 2008, je suis en Inde depuis plusieurs mois. J’arrive à Dharamsala au moment où un soulèvement populaire a eu lieu au Tibet contre l’occupation chinoise.
La ville est en pleine effervescence, les manifestations s’enchaînent dans les rues. Un moment fort de mon voyage.
Depuis le début du blog, en 2010, je publie régulièrement la série « Flash Back ». Ces texte et photos sont tirés de mes anciens carnets de voyage. « Nous voulons la liberté ! Nous voulons la justice ! Honte à la Chine ! », ces cris résonnent dans les rues de Dharamasala à mon arrivée. Ces cris sont bien sûr ceux de la communauté tibétaine en exil qui depuis le 10 mars manifeste chaque jour. Le 10 mars, jour anniversaire du soulèvement de 1959 contre les Chinois, des émeutes éclatèrent à Lhassa au Tibet. Des émeutes durement réprimées par l’armée chinoise. Les journalistes ont été exclus du Tibet, tout comme les touristes. Le pays est bouclé. Dire qu’il y a 10 jours, j’avais sérieusement pensé m’y rendre depuis Katmandou…. Au milieu de cette agitation, des touristes observent, prennent des photos. Certains viennent ici comme volontaires au sein des diverses ONG présentes. Il faut dire que le travail ne manque pas. Chaque année, ils sont plusieurs milliers à choisir de fuir le Tibet et à tenter la dangereuse traversée vers l’Inde. Deux centres accueillent des orphelins dont les parents sont morts durant ce voyage vers l’espoir. Passant des cols à plus de 5000 mètres, certains arrivent les membres gelés, c’est alors l’amputation. Tanzine fait partie de ces récents exilés. Il est arrivé à Darjeeling à l’est de l’Inde. Puis comme beaucoup, il a rejoint Dharamsala afin de rencontrer « His Holiness » et y trouver du travail. Il est depuis sans ressources. Ce jeune Tibétain soutient la voie du milieu prônée depuis toujours par le chef politique et spirituel des Tibétains : la non-violence et l’autonomie pour le Tibet. Contre vents et marées, le Dalaï-Lama n’a jamais dévié de cette voie, estimant qu’elle est la seule possible. Et qu’elle aurait le mérite de pouvoir rallier à la cause des Tibétains le peuple chinois. Vu la liberté de la presse et la propagande en Chine, cela semble une gageure… Les Indiens continuent le business / les Tibétains dans la rue. Près de la demeure du Dalaï-Lama. D’autres Occidentaux viennent aussi pour les cours de philosophie bouddhiste ou encore pour la méditation. Ou simplement pour profiter du calme et de la vue de ces montagnes de l’Himachal Pradesh. Ces derniers jours, les touristes se disputent les places de terrasses aux journalistes couvrant l’évènement. Correspondant de la BBC ou de l’AFP, photojournalistes divers et variés, on peut dire que je me retrouve au cœur de l’actualité. Intéressant et plutôt excitant comme vous l’imaginez. Les rues vibrent suivant les nouvelles des répressions au Tibet et les communiqués de presse. Le 22 mars, Nancy Pelosi, représentante du Congres Américain, arrive pour un entretien avec le Dalai-Lama. Elle est suivie de plusieurs voitures dans lesquelles ont pris place d’autres membres du Congres. Toute une flopée de journalistes suivent. Je me faufile dans le groupe, sac photo, et appareils photos autour du cou espérant pouvoir passer pour m’approcher du Dalai-Lama. J’y suis presque, plus que quelques marches. Mais un men in black me barre la dernière marche, malédiction ! Il me demande ma carte de presse, je fins de la chercher puis je lui dit que je l’ai oublié à l’hôtel. Peine perdue, il me refoule… Tout sourire derrière leurs vitres semi-teintées, le cortège dégage plutôt un air de sortie dominicale. Devant une caméra, un moine témoigne des tortures qu’il a subi dans les prisons chinoises. Je vais plusieurs fois discuter avec lui. Jovial, visage rond toujours souriant, il est difficile d’imaginer qu’il a vécu toutes ces horreurs. Un sacré personnage. Il a publié un livre pour témoigner de son histoire, un ouvrage dont j’achète un exemplaire et sur lequel il m’écrit gentiment un mot. Je vais le lire d’une traite le soir même. Le lendemain, tous les commerces de la ville ferment pour quelques heures en signe de soutien de la part de la communauté indienne. Il faut dire que tout cela est bon pour le business. Et oui, les touristes viennent avant tout pour les Tibétains… Cette semaine à Dharamsala fut intense. Pour moi, le Dalaï-Lama est vraiment une des plus grandes figures de notre monde. On le compare beaucoup, avec raison, à Gandhi ici en Inde. Je suis, il faut bien le dire, un peu frustré de ne pas l’avoir ne serait-ce qu’aperçu. En tout cas, je suis devenu assurément un peu Tibétain de cœur. La communauté tibétaine manifeste chaque jour contre la répression chinoise au Tibet. Ils crient leur attachement à leur nation, à leur culture et rêvent d’une impossible indépendance. Les rues résonnent de leurq cris « We want freedom, we want justice ! »; « shame on Chine ! »…Les manifestations commencent et finissent au pied de la résidence du Dalaï-lama. Chaque soir, une procession se dirige au temple situé en face de la demeure du Dalai-Lama. Chants tibétains et recueillement rythment ce moment vibrant. Je reprends la route avec Salvatore, un Sicilien exilé en terre belge. Une route longue et éprouvante : 11 heures d’un tracé étroit et sinueux surplombant de sacrés précipices. Le chauffeur, ce n’est pas une surprise, conduit comme un déjanté, doublant dans les virages sans aucune visibilité. De toute manière le camion venant en face va bien freiner ou s’arrêter… Il croit dur comme fer dans son karma le bougre. Moi pas du tout. Nous apercevons un bus échoué plus bas sur le bas-côté, vitres éclatées, l’avant défoncé. Cela est portant loin de le calmer. Devant moi, deux petites filles déglutissent ce qu’elles peuvent par la fenêtre. Idem en face de moi…et derrière moi ! Ce voyage en Inde fut un des souvenirs les plus mémorables, du Rajasthan à Varanasi, du Taj Mahal aux contreforts de l’Himalaya, que de sites grandioses.. En revoyant ces photos, je me demande ce que sont devenus ces Tibétains avec qui j’ai travaillé. Sont-ils toujours à Dharamsala ? Ont-ils reconstruits leur vie ? Assurance voyage, hôtels, Pour en savoir plus :
We want freedom !
Dharamsala : entre touristes et journalistes
Des manifestations quotidiennes
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Sur cette page, vous trouverez tout
pour préparer ce voyage !
C’est toujours intéressant de « vivre l’histoire » au cours de ses voyages. Ça devait effectivement être un moment assez fort. J’étais aux Etats-Unis pour l’assassinat de Ben Laden, à New York pour l’affaire DSK mais cela ne m’a pas vraiment impacté, ça n’a pas créé de folie autour de moi…
J’ai aussi assisté à des manifestations en Corée du Sud, suite au naufrage du ferry, c’était intéressant de voir ces lycéens, continuer, plusieurs mois après la catastrophe, de se battre pour la mémoire de ceux qui avaient disparu !
J’espère encore vivre d’autres situations comme cela, ou tu vois des gens s’engager, se battre pour leurs idées, leur survie.
Ce genre d’épisode, c’est « excitant » quand tu es au milieu. Et c’est chose rare !
Coucou Fabrice,
ce devait être un sacré moment en effet.
Je me demande aussi à quoi peuvent ressembler la ville & les gens rencontrés 8 ans après… surtout avec les Chinois & la Chine, où tout va toujours si vite!
Et belle année à toi mon cher 🙂
Aurélie
Salut,
Deux lectures sur Mr l ocean de sagesse te feront peut etre relativiser:
– la face cachee du dalai lama et l ombre du dalai lama.
Au plaisir d echanger avec toi.
Anthony
Oui, tout est relatif en effet, le bouddhisme le dit bien 🙂
Salut Fabrice,
Cet article tombe à pic dans l’actualité, avec cette histoire nationale devenue mondiale du Charlie Hebdo. La liberté… Vaste sujet… Être sur place au moment de ces événements devait être marquant. Ça me fait penser à mon voyage au Niger, à Agadès au cœur du Sahara, en janvier 1997. J’y allais sans m’être informée de l’actualité, simplement pour découvrir les Touaregs sur lesquels j’écrivais, et voilà que je me suis retrouvée avec les rebelles touaregs, kalachnikovs et tout. Ils n’avaient rien contre moi, heureusement.
Un beau week-end
Marjorie
Justement, j’étais à la manif du 11 janvier à Paris, un moment fort aussi 🙂