La contradiction du voyageur
47Nous aimons voyager, c’est même une passion pour certains d’entre nous. Pour autant, nous ne sommes pas à l’abri de certaines contradictions que nous portons en nous.
La fuite d’une certaine société de consommation
Un certain nombre de voyageurs, surtout ceux qui aiment le voyage au long cours, cherchent parfois à s’évader de notre société de consommation. Sur les routes du monde, il arrive de croiser souvent des individus qui ont pris un peu de distance par rapport à cela et qui sont un peu moins dans le conformisme. Ce qui est une bonne chose assurément, là n’est pas le débat.
Celui qui voyage en routard sur le long terme s’éloigne forcément de notre modèle de société. Personnellement, mes premiers voyages au long cours m’ont appris que oui, on peut se passer de beaucoup de choses. Il est possible de passer des mois avec juste le minimum sur son dos. J’étais déjà assez proche de cela avant, mais le fait de voyager n’a fait que renforcer cette tendance.
Or, la plupart des sociétés dans lesquels ces voyageurs vont et aiment voyager sont à l’opposé. La population recherche, voire rêve, de la société qu’ils préfèrent fuir. Voilà une contradiction assez comique non ?
Sapa, Vietnam
Réalités de l’autre monde
C’est ce que j’ai noté depuis que je voyage. Je me rappelle notamment les villes de Malaisie et ce nombre élevé de centre commerciaux. Les habitants s’y pressent pour acheter ou du moins pour regarder.
Celui qui réussit à avoir un peu d’argent va tout de suite le montrer par des objets matériels, en premier lieu une voiture. On se compare à son voisin, l’apparence prime. Certains s’endettent pour s’acheter le dernier Iphone ou un 4×4 neuf. Je me rappelle au Chili de l’histoire que m’a raconté mon hôte en couchsurfing. Un ami à lui venait de s’acheter un 4×4 flambant neuf…car tout le monde dans le quartier en avait un.
Si vous prenez le temps de discuter avec un Asiatique ou un Sud-Américain, vous vous apercevrez que 90% du temps (si ce n’est pas plus), ils nous envient notre mode de vie. Ils rêvent de faire comme nous : avoir la possibilité, au-delà de survivre, de vivre et de consommer.
C’est difficile de généraliser selon les cultures et la frange de la population, il y a certes toujours des exceptions. Mais grosso modo, c’est là une réalité.
Il arrive parfois que certains voyageurs reviennent de l’autre bout du monde avec l’idée que « oui, ils sont pauvres, mais franchement, ils sont plus heureux que nous, ils n’ont besoin de rien ». Je caricature un peu, mais vous voyez l’idée. En fait, c’est un peu plus compliqué que cela.
Certes, beaucoup de peuples plus « pauvres » sont plus optimistes et heureux que les Français, éternels pessimistes et insatisfaits selon différentes études. Pour autant, penser que tout est rose, qu’ils ne voudraient pas échanger leur situation contre la nôtre serait inexact. Le voyageur voit rarement la réalité des choses, il ne fait en général que l’effleurer. Il est difficile de réaliser le fait que beaucoup de ces populations vivent dans la précarité économique, que l’Etat social est inexistant, que l’éducation et la santé sont inaccessibles pour beaucoup.
Un centre commercial à Kuala Lumpur
Vagabond
En Colombie, pays que je connais assez bien, je n’ai pas encore rencontré de Colombiens dont la philosophie s’approche de la mienne. Il y a juste une exception, un réalisateur de documentaires que je connais. Les profils artistiques sont souvent plus en marge du modèle dominant.
Honnêtement, pour les Colombiens, je suis un peu comme un vagabond. Je n’ai pas de voiture, pas d’appart, peu de biens matériels. Et quelque part, c’est vrai, je suis un vagabond dans le sens premier du terme. Le terme vagabond a un côté péjoratif pour la grande majorité des gens, il faut bien le dire. Or, il a pour moi plutôt une connotation poétique. D’ailleurs, d’un point de vue étymologique, un vagabond est celui qui change souvent.
Je préfère le mot nomade, plus sexy non ? C’est bêtement une histoire de mots, mais digital vagabond ou techno vagabond, cela le fait moins.
Bref, où en étais-je ?
Oui, je disais donc que pour les Colombiens, je suis un peu un OVNI. Déjà qu’en France, ce n’est pas gagné….Au final, il n’y a pas forcément une grande différence entre ces deux pays. En France, une grande majorité de la population a une approche « classique » de la vie : travailler toute sa vie pour un patron ou dans un domaine que l’on n’aime pas vraiment, attendre pour enfin réaliser, peut-être ses rêves, à la retraite.
Quand je réponds que je suis blogueur voyage, ils ne comprennent pas. Du coup, à moins que je sois très en forme, je réponds plutôt journaliste voyage ou éditeur de site voyage, cela passe mieux. J’avoue que quand j’ai la pêche et que je suis d’humeur taquine, je réponds « voyageur professionnel ». Il y a toujours un ange qui passe alors.
Bon, tout cela, vous pouvez le retrouver en France. Mais ici, c’est bien plus fort. La Colombie est une société bien plus traditionnelle et conformiste. Les gens ne comprennent pas que l’on ne veuille pas gagner plus, avoir une belle voiture, une maison, un chien et, spécificité, une ferme pour y passer son week-end.
Colombie
Ici, c’est mariage à 25 ans afin de pouvoir vivre ensemble (avant non, d’où le succès des love hôtels à l’heure connus de tous…), puis chercher le boulot le mieux payé, les enfants, le chien, le 4×4, parfois madame ne travaille plus et reste à la maison aidée par la femme de ménage. Les week-ends, on les passe au centre commercial ou à la finca pour les plus riches. Les vacances, tout le monde se presse sur la côté caraïbe dans des hôtels 5 étoiles ou sur les îles San Andres.
Pour les vacances, cela se comprend vu les 2 semaines de congés payés. Pour la recherche de l’argent, cela se comprend aussi vu le pays. Encore que, et c’est là ou le facteur culturel est important, même les plus riches et ceux qui ont vraiment de l’argent ne changent pas d’optique.
Pourquoi ? Peu de Colombiens ont vu autre chose, ils n’ont pas de comparaison. Peu ont voyagé, même en dehors de leur région. Quand au mot passion et travail, ils ne comprennent pas en général. Ceux qui ont vécu à l’étranger (et qui viennent de familles aisées en général) ont déjà une approche différente.
Alors, que pensez-vous de tout cela ? Sommes-nous face à un problème de communication, à un malentendu ? Peut-être, du moins pour ceux qui n’en ont pas conscience.
Pour ma part, j’accepte cette contradiction, même si c’est un peu curieux de la vivre.
L’être humain est contradictoire par nature. Et plus on prends de l’âge, et plus on se rend compte de cela.
Peut-être que ma vision des choses n’appartient qu’à moi. Avez-vous eu déjà cette réflexion ?
Pas de contradictions dans ce que tu écris.Le terme nomade est bien plus sympa que vagabond.Pour la différence de point de vue j’ai connu les mêmes expériences lors de mes voyages:en Afrique les gens ne comprennent pas qu’on se plaignent.En Asie j’ai rencontré un type qui m’a peut-être donné la solution au dilemme du voyageur: le monde occidental et ses valeurs se sont imposés au monde pendant plus de 100 ans.Tout le monde veut nous ressembler (encore que…)Nous,nous avons perdu nos repères.Notre ouverture au monde nous a fait douté de nous même et recherchons plus d’authenticité.Alors que pour eux nos valeurs et notre mode de vie ont été intégrées à leur culture ancestrale.C’est le « dominé » qui prend le dessus maintenant d’après lui.D’où notre décalage avec la plupart des gens que nous rencontrons.Pour ma part je pense qu’il y a du vrai dans ce qu’il dit même si je ne me sents pas en perte de valeurs.Je préfère dire que je vis à mon propre tempo….
Je ne suis pas sûr d’avoir saisi Cyrille.
Quand tu parles de « dominé », tu parles des pays non occidental?
C’est vrai que beaucoup de pays recherche l’opulence que nous connaissons en occident. Lors d’un voyage au vietnam, nous roulions en vélo et nous étions regardé comme des ovnis. Des étudiantes qui voulaient parler anglais, nous ont expliquer que cela les choquait puisque les vélos sont « réservés » aux plus pauvres et ils ne comprenaient pas que des occidentaux en fasse.
Par contre, j’ai bien aimé m’apercevoir que nous pouvons vivre avec un stricte minimum, cela permet de relativiser et de tenter de modérer les enfants lors des crise « je veux,ça , ça ca » quand ils vont dans un magasin
Je suis tout a fait d’accord avec toi . C’est triste de constater cela dans certains pays mais je pense que le fonctionnement de notre pays et ses sécurités ne nous pousse pas à vivre que pour l’argent et à nous distinguer socialement de cette façon. Témoin d’une assez bonne qualité de vie en général. Nous avons également peut de grandes aglo et d’assez bonnes part de zones rurales. Il ya également moins de différences entre les classes . Pour conclure , je dirai que le pouvoir d’achat et l’influence omniprésente de la société de conso ne permet pas à ces gens de voir ailleur…….
Tu as raison de parler de différences entre classes Adrien!
Dans beaucoup de pays, il y a d’énormes inégalités sociales, bien plus que chez nous.
Du coup, logiquement, les classes « pauvres », majoritaires, rêvent d’autant plus sur cette société de consommation…
Beaucoup de voyageurs préfèrent penser que les populations locales sont plus heureuses avec moins de biens matériels et critiquent cette société de consommation. Je suis assez d’accord avec toi sur le sujet mais les récits de voyages sont plus beaux comme cela 😉
Oh final pour moi, cette contradiction soulève un point qui résume bien la pensée globale des hommes : on est jamais content avec ce que l’on a.
D’un côté, nous, les occidentaux, qui avons tout ce que nous souhaitons d’un point de vue matériel, et pourtant, c’est loin de satisfaire notre bonheur.
De l’autre, des populations pauvres, qui malgré leur bonheur naturel, rêvent d’avoir les mêmes bien matériels que nous !
Un ami m’a partagé une citation, qui m’a marqué et sera la conclusion de mon commentaire : « Le bonheur, c’est désirer chaque jour ce que l’on a déjà… »
« on est jamais content avec ce que l’on a. »
Tout à fait Benjamin! Cela pourrait être la conclusion de l’article:-)
Merci pour la citation, je la note dans un coin, elle est vraiment belle. Et c’est exactement cela…
Un article intéressant. Tu te rappelles, un ami Vietnamien m’avait dit que j’étais un peu un gitan pour plaisanter (à moitié) alors que je préfère me dire « nomade digital », « entrepreneur voyageur », « blogueur voyageur » ou « expatrié » pendant mes périodes snob… Comme tu le dis, l’intitulé de son métier change le regard que les autres ont sur nous (et notre propre regard)…
Pour le reste, en Chine aussi, les gens surconsomment. Tu vois un coup je pensais « Pourquoi tous ces Chinois achètent une voiture? Vu le prix des taxis, mieux vaut prendre le métro et le taxi que s’enquiquiner avec une voiture à temps plein » mais ils veulent montrer leur richesse. C’est la différence culturelle. En France, montrer sa richesse est mal vu, car cela fait « nouveau riche » ou « ancien pauvre » qui cherche à éblouir les pauvres. Le vrai riche n’a rien à prouver. Le vrai riche, c’est celui qui n’a pas de voiture car il habite au centre de Paris ou près de son travail… Le vrai riche, c’est celui qui n’achète pas le dernier gadget à la mode car il sait qu’il a l’argent pour l’acheter s’il le veut alors pourquoi le faire?
Dans le métro, il y a tous les Chinois qui friment avec leur iPhone flambant neuf mais dorment dans des clapiers à lapin. Moi j’avais l’air d’un rigolo avec mon Nokia tout pourri, mais en même temps, je me sens plus libre, à voyager quand je veux, à prendre le taxi ou aller au resto quand je veux, car je n’ai pas à me ruiner pour acheter des objets de prestige pour affirmer ma classe sociale.
Mais dans bien des pays, l’apparence à la vie dure…
Tu vois au Vietnam, l’autre jour, ma copine voulait acheter un billet d’avion. Sous pretexte qu’on est arrivé au centre commercial en vélo, le garde a refusé qu’on gare nos vélos devant l’immeuble, car cela faisait tâche par rapport aux belles voitures… Alors même qu’on comptait acheter un service (billet d’avion) représentant sans doute 6 à 12 mois du salaire du garde. Mais dans sa tête « vélo = pauvre » alors que pour moi, rouler en vélo, c’est dire « je pourrai rouler en moto comme tout le monde, mais j’ai décidé de faire autrement »…
Je trouve toutefois dommage que les pays en développement reproduisent les erreurs des pays riches du passé, enfin…
A bientôt 😉
Et oui, cette l’apparence, la consommation, c’est le nouvel esclavage en somme.
De toute manière, l’homme se trouve toujours quelque chose ou quelqu’un pour l’asservir.
Vivre libre, il en peut pas, ce n’est pas dans ses gènes….
Pour la Chine, j’avais été limite choqué par un reportage montrant des Chinoises cherchant un mari selon le seul critère du salaire.
D’ailleurs, une Chinoise avait fait du bruit en affirmant qu’elle préférait être pauvre dans une BMW qu’heureuse derrière un vélo….
Oui même en Chine ca avait fait polémique. Toutes les Chinoises ne sont pas comme ca, mais un ami célibataire m’avait dit ne pas gagner assez (500€ par mois) pour attirer une Chinoise. Apres les Chinois sont très timides aussi, et il n’y a pas assez de Chinoises par rapport aux Chinois à cause d’avortements sélectifs dans le passé (enfant unique)
La majorité des Chinoises sont « intéressées » mais il y a des exceptions heureusement 😉
Cela peut choquer certes, mais je pense que c’est encore valable dans nos pays industrialisés !
Combien de nanas en France cherchent des hommes pour leur fric ? Je pense qu’il y en a plus qu’on ne le croit !
Pour revenir au sujet, en lisant ton texte j’espèrai que tu parles des accès aux soins et aux aides sociales, ce que tu as d’ailleurs fait.
Je comprend que les gens de ces pays souhaitent nous ressembler, nous avons des aides à ne plus savoir quoi en faire, et si on se plaint, c’est parce qu’on nous le permet, et que la France est un pays qui a montré sa volonté d’écouter le peuple et d’agir en fonction (bon d’accord c’est de moins en moins le cas, mais c’est un autre débat) d’où d’interminables grèves etc afin que de nouvelles mesures soient prises.
Mais si l’on regarde notre pays il y a 50 ans, c’était la même mentalité que celle de Colombie d’aujourd’hui, tout est une question d’époque et à quel moment chaque pays la vit. Dans quelques décennies peut-être les colombiens seront tous des bohèmes (digitaux bien sûr) avec des beaux blogs de voyage et ils parleront de la France comme un pays beaucoup trop touristiques par exemple ! 🙂
« Combien de nanas en France cherchent des hommes pour leur fric ? » En effet, je suis d’accord, il y en a pas mal en France, j’en ai connu perso:-)
Pour la France, c’est surtout le Peuple qui a imposé sa voix, parfois. Et de moins en moins, de nos jours, la télé et autres font du bon lavage de cerveaux=moutons.C’est mal engagé…
Hier, j’ai rencontré un Colombien qui a vécu en France dans les années 70. A la campagne, il me disait que la mentalité était la même qu’en Colombie de nos jours. Donc, oui, c’est une question de temps.
D’ailleurs, le gars en question est un digital nomade, cela fait plaisir d’en voir un du coin, je commençais à désespérer:-).
L’être est humain est un éternel insatisfait. Il veut toujours plus.
Chacun vit une réalité différente mais je pense que c’est plus facile pour nous, les occidentaux, de « renoncer » au confort pour l’aventure que pour les autres qui n’y ont jamais gouter.
Je suis d’accord avec toi. C’est toujours assez déstabilisant de constater que ce que nous fuyons ici, marqués par les conséquence de la consommation de masse sur la planète notamment, d’autres courent après là-bas. C’est en effet souvent en faisant soi-même l’expérience qu’on en tire toutes les conséquences. Heureusement, partout dans le Monde certains cherchent une autre façon de vivre et d’être, plus en harmonie avec autrui et avec l’environnement. C’est à ces initiatives positives que j’essaient de m’attacher…
Je me retrouve dans ce que tu dis : je connais beaucoup de français (des parisiens surtout) qui veulent « fuir cette société » en voyageant pour découvrir des cultures différentes, alors que dans d’autres pays plus pauvres les gens recherchent le confort matériel qu’on peut avoir en France.
Je pense par exemple au Maroc où je suis actuellement pour plus d’1 mois, et dans certaines régions qui se développent (à Casablanca par exemple) on voit de plus en plus de boutiques de luxe, de « belles » voitures… Des fois j’ai du mal à croire que je suis en Afrique !
Pour trouver de l’authenticité j’ai l’impression qu’il faut chercher de plus en plus :-/
Finalement, je pense que chacun veut découvrir autre chose : la société de consommation, ou sa fuite en fonction de son milieu d’origine…
Oui Yann, on peut voire cela comme une fuite aussi, ou du moins comme une façon de combler quelque chose, soit en cherchant ailleurs, soit
en consommant…
Bonne description de la situation, sans jugements de valeurs, bien entendu!;)
salut Fabrice,
Pourquoi ne dis-tu pas simplement que tu es entrepreneur du web ?
Diriger une entreprise est respecté, sauf peut-être en France, et internet est connu.
Donc tu résouts le problème du « nomade qui n’a même pas de voiture » et qui doit parfois te rendre suspect au yeux des autorités.
Tu as raison Cyrille, en utilisant ce terme, cela passerait mieux:-)
J’essaierai la prochaine fois, même si j’aime bien parfois voir les yeux ronds des autres, c’est mon côté petit provocateur….
C’est la pyramide de Marslow. En occident, on a rempli tous les premiers étages de la pyramide, il nous reste que la dernière : la quête spirituelle, celle du bonheur.
Dans les pays pauvres (allez, on est entre nous, n’ayons pas peur des mots), ils en sont encore au premier stade pour la plupart : se nourrir, se loger, se soigner.
Du coup, dès qu’ils ont rempli cet étage là, ils s’engouffrent pleinement dans le second : la consommation de « luxe ».
Dans quelques années, certains commenceront à s’apercevoir que le luxe et l’iphone flambant neuf ne les rend pas heureux et chercheront autre chose : ce qu’on cherche aujourd’hui en plaquant tout et en prenant la route.
Sinon par rapport à l’appellation, y’a pas qu’au fin fond de la planète que les gens ont des yeux ronds quand je parle de mon métier. Ici en Estonie, dès que j’explique ce que je fais, je sens pas mal de scepticisme. Au début j’essayais d’expliquer, mais aujourd’hui, souvent je me contente de dire « freelance journalist ». Quand je vois que ça intéresse les gens, là je rentre dans les détails. Mais sinon, j’évite de m’attirer des yeux ronds et des regards incompréhensifs : au début ça m’amusait, mais après avoir raconté mon histoire 500 fois ça devient lassant 🙂
Ah la fameuse pyramide de Marslow. En effet, c’est tout fait cela.
« raconté mon histoire 500 fois ça devient lassant 🙂 »
Je comprends:-)
Pareil, je vais au plus simple en général « je travaille sur internet », voilà une réponse rapide et vraie:-)
Mais c’est moins sexy que « freelance journalist »;-)
Je trouve qu’il y a aussi beaucoup de méconnaissance. Coincée dans un village au Togo en raison d’une creuvaison, j’ai discuté avec les hommes du village, tous sans exception rêvaient de la France où tout est mieux, plus facile, plus beau, plus moderne.
Difficile de leur expliquer que la « modernité » ne fait pas disparaître le chomage. Ils avaient entre autre été choqué d’apprendre que des gens dorment dans la rue. Chez eux c’est inconcevable de laisser un pauvre dehors.
Mais c’est aussi pour ça qu’on voyage, non ? Pour rencontrer, échanger et faire tomber des barrières ?
C’est vrai, c’est beaucoup de méconnaissance. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que ceux qui ont immigrés en France, lorsqu’ils reviennent au village,
reflètent vraiment la réalité non?
Cela me rappelle des rencontres dans le même style en Afrique noire,à peu de choses près, c’était la même chose.
Tout comme les immigrés qui retournent dans le vilage, lorsqu’un voyageur retrouve les siens, ils évitent de commencer le récit de son épopée par les situations qui ont été personnellement les plus honteuses. Donc effectivement, ils ne rapportent pas la vérité.
Pour mieux les comprendre, il faut vraiment tout abandonner, lorsque je dis tout c’est tout. Je veux dire de pouvoir oublier même votre nationalité et le peu d’argent que vous portez avec vous en essayant de vivre avec eux et comme eux. Là vous allez comprendre pourquoi ils souhaitent avoir une vie des pays riches.
Les gents dont vous parler font parti de la classe moyenne ou les riches et se sont des snobs qui souhaitent vivre à l’Américaine (les feuilletons et les films Amércains) de pouvoir vivre ce que la propagande Américain leur commercialise « Live rich or die trying, time is money bla bla bla ».
Pour ma part je n’ai pas voyagé beaucoup, mais j’ai fait 9 mois en Australie. Beaucoup de jeunes (dont moi) rêve de ce pays. Pourquoi ? Car le travail est abondant et bien payé, peu de charges car collocation, auberges de jeunesse ou van, il fait beau et chaud, soirée sur la plage à gogo, barbecue entre potes à gogo, bref le vrai rêve australien.
Beaucoup souhaitent alors partir s’installer. Mais il ne faut pas oublier que même si le pouvoir d’achat est meilleure qu’en France, l’Australie c’est exactement comme la France dans le quotidien d’une famille. Une fois installé, tu as un travail régulier, tu loues (ou achètes) une maison, tu as ta famille, tu pars le matin au boulot, tu rentres le soir, et tu fais ca toute la semaine, etc… Ce que je veux dire c’est qu’au final le quotidien est presque le même.
Il faut bien faire la distinction entre s’installer et voyager dans un pays.
Ce que tu dis là est très intéressant : pour avoir pas mal voyagé, j’ai constaté ce même contraste qui peut paraître étonnant au premier abord.
Les gens « pauvres » matériellement sont souvent plus « riches » spirituellement. La raison en est simple : ils n’ont besoin de rien.
Après, comme tu dis, nous ne faisons finalement qu’effleurer le tableau et n’en voyons qu’une partie, souvent celle qui nous arrange. Il n’est en effet pas sûr que la vie soit toujours toute rose pour eux.
La soupe est toujours meilleur chez le voisin comme on dit.
Dans tous les cas, le voyage forme la jeunesse et enrichit l’esprit : rencontrer différentes cultures permet de relativiser sur pas mal de choses.
Je crois qu’il faudrait, idéalement, expérimenter tout ce qui est possible : commencer déjà par tous les métiers du monde et tous les pays. A ce moment-là, on aurait déjà une vue beaucoup plus objective mais c’est quasi mission impossible. Bon courage pour faire ceci car il faut du temps, beaucoup de temps 🙂
Au fond, je ne suis pas sûr que telle mode culturel soit mieux qu’un autre : il est différent, voilà tout. C’est la magie de la diversité.
Je crois que le bonheur réside dans la capacité à lâcher-prise et observer le monde tourner.
Vous imaginez si il n’y avait qu’une culture mondiale ? Qu’un métier ? Qu’un pays ? On finirait par s’ennuyer un brin quand même non ? 😉
En tout cas, il ne faut jamais s’arrêter aux apparences, en voyage, comme dans la vie en générale:-)
Si c’est pas déjà fait, tu devrais rencontrer ou lire Sylvain Tesson.
Le constat est là chez les nomades : l’incompréhension de ce que vous faîtes de la part d’une population n’ayant pas les mêmes possibilités. Je pense sincèrement qu’au-delà de l’état d’esprit c’est avant tout les fondements culturels et sociétaux qui permettent de devenir nomade. J’ai beau chercher, je n’ai pas vu beaucoup de voyageurs ou nomades venants de pays pauvres et de conditions difficiles.
Maslow devait avoir raison, semble-t-il.
Mais d’un autre côté, faut-il espérer qu’il y ait plus de voyageurs du Sud quand on connaît les destructions (environnementales, humaines et culturelles) qu’il faudra pour que les populations aient accès aux mêmes niveaux de vie que nous ?
Etre nomade, c’est aussi une question de conception et de choix. Les travailleurs pauvres s’exilant des campagnes ne sont-ils pas aussi nomades ? Quel type de nomade pouvons-nous et voulons-nous être ? Quel type de nomade peuvent-ils (ceux qui ne le sont pas encore) devenir ?
Pour ma part, je ne le suis pas autant que vous. J’ai un boulot et pourtant je n’aime pas travailler pour enrichir d’autres. Je me nomadise donc pas moments (physiquement ou par l’imaginaire) en essayant de les prolonger le plus possibles. Fuite en avant contre les sociétés asservissantes (pléonasme ?).
Bon vent pour ton voyage en Californie ! De la société consumériste, tu vas en avoir plus que de raison là-bas 🙂
Nomade est un très joli mot! Pour moi il s’associe à découvertes, nouveaux territoires! Je comprends parfaitement qu’un mode de vie qui s’éloigne du concept : boulot-dodo-boulot soit mal perçu notamment en pays en voie de développement qui doit travailler dur pour leur présent sans visibilité pour demain. Ce qui pourtant me touche c’est qu’ils tiennent à leur identité culturelle, contrairement aux sociétés modernes où la solitude ronge…
Mais tout le monde tient à son identité culturelle je pense.
Chez nous également, surtout en France d’ailleurs!
C’est clair que l’on est très loin des terres de sagesse que veulent nous présenter les journalistes dans les reportages voyage à la télé. Ils feraient pas mal de poser leur camera de temps à autre et simplement ouvrir les yeux. Ils s’apercevraient que l’Homme est le même ici ou à 20 000 Km, Le confort matériel, le statut social et l’apparence avant tout ! La seule différence c’est que certains ont été prêt à fournir un effort considérable pour créer ce confort matériel. Et que d’autre vont maintenant le fournir à leur tour pour pouvoir se le payer.
Je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a demandé « quelle marque ? quelle prix ? moi j’ai un iphone il m’a couté tant… ». Ils portent tous des répliques des marques branchées américaine. Peu importe la forme que prend la culture, où ce qu’il en reste, aujourd’hui la réalité c’est que le monde entier à les yeux braqués sur les États-Unis et rêve de vivre à l’américaine. Le seul pays qui ne m’a pas laissé cette impression c’est la Chine.
Vagabond, nomade ou SDF, s’attacher au titre ne serait-ce pas une autre contraction de voyageur ? 🙂
J’imagine Bertrand qu’un occidental qui voyage en vélo doit parfois créer la surprise, voir l’incompréhension non?
C’est drôle que tu parles de la Chine, pour moi (je ne connais pas), j’ai l’image justement d’un pays qui a soif de consommation?
On me demande parfois « pourquoi tu n’utilise pas une moto ? », ou dans les coins retirés je crois qu’ils ne réalisent tout simplement pas, je n’existe que le laps de temps durant lequel je suis dans leur champs de vision ! Mais d’une manière générale les gens sont intéressés.
Et les chinois sont de très loin ceux qui sont le plus admiratif, ils y voient là de grandes valeurs morales et ils sont vraiment très ouvert à ce que tu fais ! Si tu vas à Shanghai tu vas retrouver la même ambiance que dans n’importe qu’elle grande ville économique du monde, mais comme je suis en vélo, je passe aussi bien par les haut lieux du tourisme, que dans la plus banale des villes. Et dans l’ensemble, les chinois sont vraiment des gens très simple et naturel et c’est la raison pour laquelle j’adore la Chine.
La consommation n’est pas leur raison d’être, les jeunes sont bien plus fière de te dire qu’ils font des études que de te dire qu’ils ont le dernier Iphone. Si ils peuvent l’acheter ils vont le faire comme partout, mais ils restent simple, c’est le plus important.
Je pourrais en écrire dix pages, si tu veux le 5eme article de mon blog entre un peu plus dans le détail. Tout voyageur devrait allait en chine au moins une fois 🙂 Surtout qu’à la vitesse où ça bouge, c’est maintenant qu’il faut y aller, dans vingt ans ils seront première puissance, le pays sera méconnaissable !
@ Bertrand
Tu es resté combien de temps en Chine en tout ? Je ne me souviens plus si tu l’avais mentionné dans ton article (à lire absolument) sur le vélo en Chine ?
Plus d’un mois c’est sûr car j’ai dû faire prolonger mon visa mais je ne sais plus exactement en jours, peut être 40. Je suis déconnecté quand je pédale :). Mais c’est instantanée la chine, il n’y a pas besoin d’un mois, la frontière tout juste passé j’ai compris que ça allait être totalement différent et la suite n’a que fait le confirmer, dans le bon sens. Pourtant dieu sait que j’avais de mauvais préjugés !
Merci pour ton commentaire, il me motive davantage pour aller en Chine:-)
En effet, la campagne doit être différente, d’ailleurs, c’est toujours le cas.
Bon, je vais peut-être y aller plus tôt que prévu:-)
Tu as rencontré beaucoup de voyageurs en moto au fait?
J’ai croisé un seul motard en Chine il me semble, mais les routes s’y prêtent : petites routes de montagne sans trop de circulation. Par contre la traversée des villes doit être moins marrantes, même quand c’est indiqué c’est compliqué !
Je parlais de « villes banales » mais en chine tu as vite fait d’atteindre les 200 000 habitants à la campagne ;). Du coup entre les villes c’est vraiment très calme et authentique.
J’aime voyager ne moto, et je serais assez motivé pour le faire en Chine.
Cela dit, le vélo est peut-être plus indiqué, après tout, nous sommes en Chine:-)
J’imagine que la circulation est plutôt horribles sur les routes?
Non pas du tout, en ville forcément c’est un peu agité entre les piétons, les cyclistes et les voitures, mais pas plus qu’ailleurs. Dès que tu sors des villes par contre c’est calme.Il n’y a pas énormément de voitures sur les routes. j’ai même fait une portion sur autoroute après la frontière, c’était désert…
Ah oui! Ok, faut que j’aille voir par moi-même, merci pour tes réponses!
Pour nous, c’est facile (et quand je dis « nous », ce n’est qu’une petite partie des gens !) de chercher à quitter la société de consommation : nous sommes nés dedans et avons grandi dedans, jusqu’à l’overdose. Quand on a trop mangé, l’estomac demande à se vider ; là, c’est pareil : trop, c’est trop.
Ailleurs, on ne peut même pas imaginer ce que ça peut faire d’avoir trop… Alors forcément, on rêve de consommer. C’est logique.
On ne peut pas demander à quelqu’un qui ne mange pas à sa faim d’avoir envie de se mettre au régime !
Très intéressant comme réflexion Fabrice.
J’ai eu beaucoup de discussions sur la société de consommation en voyage. Alors qu’en Europe, il y a des mouvements philosophiques ou politiques qui tentent de s’en éloigner, c’est vrai que dans beaucoup de pays du monde, on est encore en plein dedans. La raison pour laquelle mes interlocuteurs comprennent un peu cette aversion pour la société de consommation, est plutôt d’ordre écologique. Les dégâts dans les certains pays sont biens plus visibles qu’en France.
Alors en plus d’être aussi vu comme un nomade dont on ne sait pas d’où viennent les sous (je dis en général que je suis journaliste, blogueur, formateur, travailleur sur internet… Mais des fois, c’est chocolatier, chômeur, pompier volontaire, funanbule…), je suis aussi parfois vu comme une sorte de communiste anti-capitaliste socialiste rouge russe !
L’image des anti-capitalistes dans beaucoup de pays est encore très caricaturée !
Oulà oui en effet! Si tu es de gauche en Colombie= communiste= FARC=terroriste!
Dommage, car comme cela, la discussion ne va pas très loin, et cela ne fait pas avancer les droits sociaux dans ces pays.
Ayant été en Colombie, je crois que l’attitude « anti-nomade » des colombiens s’explique par les violence du pays, les gens chez qui j’ai vécu ont connu un braquage armé très violent, et la télé en Amérique du sud est assez « alarmiste ». Je pense que les gens se préoccupent d’abord de leurs sécurité (apparat avec gardien, garage sécurisé, etc …) avant tout, et continue dans la lancée en se conformant. Ce qui n’est pas une généralité.
Anecdote : Mes hôtes voulaient rendre visite à leur fille qui s’est installer en Afrique, mais ils n’y à aucune liaison entre l’Afrique et l’Amérique du sud, ce qui oblige à passer par les États-Unis ou/et l’Europe en augmentant considérablement le prix et les contraintes administratives rendant le voyage impossible.
Oui, l’histoire de la Colombie y est pour quelque chose.
Pendant des années, voyager dans le pays était dangereux, les mentalités mettent du temps à changer.
D’ailleurs, très peu de Colombiens font du stop…
Tu as voyagé un peu partout dans le pays? Tu as aimé?