Voyage « alternatif » ou agent actif de la mondialisation libérale ?
19Voici un article un peu spécial. Il a été écrit par Mike (de Voyageurs du net ) que j’ai rencontré il y a peu sur Paris. Mike a un avis bien tranché sur le cas de ces sites à destination des voyageurs qui se multiplient sur le net. Il ne mâche pas ses mots. Je lui laisse la parole.
Le 23 juillet, je suis contacté par Philippe Vion-Dury, journaliste de Rue 89. Sollicitant un avis sur le site Vayable, plateforme grâce à laquelle des guides plus ou moins improvisés peuvent proposer des prestations, il souhaite « discuter un peu avec l’un des créateurs de Voyageurs du net, de cette initiative, ses potentiels/limites, et du tourisme alternatif en général ». Si l’article publié sur Rue 89 ne brille guère que par sa neutralité et si la citation de mes propos n’est que le passage le plus insignifiant du courriel que je lui ai adressé, sa sollicitation m’a tout de même conduit à pousser plus avant la réflexion.
Vayable, qu’es aquò ?
Vayable est une plateforme commerciale transnationale grâce à laquelle des personnes peuvent proposer un service de guide, par exemple pour un circuit interprétatif selon un angle thématique plus ou moins original (street art et graffiti, musées, shopping, espaces verts, promenade guidée dans la ville, dégustation gastronomique…).
La variété et l’originalité des offres n’ont d’égales que la variété des profils des guides : « peintres, historiens, musiciens, guides touristiques professionnels, journaliste (…), professeurs, poètes », etc.
Comme le résume Philippe, « sur le papier ça semble pas mal, c’est un moyen d’esquiver les tour-operators traditionnels, et certains guides font preuve d’originalité ». En plus, comme l’indique Vayable, ses guides font du monde « a better place ».
En somme, les guides de Vayable, a priori, ne le sont pas de profession. Et leur personnalité, leur parcours, leurs passions font – parfois – l’originalité des prestations proposées.
Le principe de Vayable n’est pas d’une extrême originalité : de nombreux guides indépendants proposent déjà des visites guidées, à Paris, à New York ou ailleurs. L’intérêt principal est, peut-être, d’épargner aux guides de devoir créer leur propre site pour promouvoir leur activité et leurs circuits, opération technique et coûteuse en temps et/ou en argent.
Ainsi donc, tout comme le fait Couch Surfing, la plateforme Vayable fournit un modèle de fiche, qu’il suffit de remplir. Celle-ci permet de publier ses propositions de prestation, notamment : Tel Aviv à vélo, découvrir les pulquerías de Mexico ou encore parcourir le Louvre en une heure à la découverte de quelques-unes de ses œuvres majeures.
A priori, rien de vilain, au contraire. Mais tâchons de voir les choses avec un peu de hauteur.
Gagner plus en déclarant moins (ou pas du tout)
Permettant à des personnes de s’improviser guides, Vayable offre donc la possibilité de générer quelques revenus – a priori non pas exclusifs, mais plutôt complémentaires à une autre activité. Sur les transactions réalisées sur le site, Vayable touche un pourcentage (pour comprendre le bazar, il faut lire les interminables conditions légales dans « Terms & Policies ») : si d’ailleurs j’ai bien compris, Vayable perçoit 3% de la transaction payée par le touriste-client, puis 15% de la somme restant, avant le versement au guide.
Si nous imaginons une prestation de visite guidée à 100€, Vayable encaisserait 3€ sur la transaction payée par le client, puis 15% des 97€, soient 14,55€. Le guide perçoit donc une somme très correcte de 82,45€. (Si mes calculs sont inexacts ou si j’ai mal compris les dispositions légales, j’invite les lecteurs à me communiquer les éléments me permettant de corriger.) L’affaire est donc commode : le guide encaisse 82,45€ via PayPal, a priori un montant… net d’impôts.
Dans ses conditions légales, Vayable indique cependant que les guides s’engagent à ce que leurs prestations soient « en conformité avec toutes les lois applicables, exigences fiscales, règles et régulations qui pourraient s’appliquer à quelque [prestation] incluant aussi, mais sans s’y limiter, les autorisations en matière de tourisme ou de visite guidée et les autres lois régissant les événement et les visites d’espaces publics et autres lieux », etc.
Or, à y réfléchir, seuls les guides ayant obtenu les diplômes reconnus (notamment les BTS Tourisme, BTS Animation et Gestion touristiques locales, Licence professionnelle de guide-conférencier, entre autres) sont a priori en mesure de déclarer ces revenus et de les encaisser en conformité avec la loi. On peut contester la culture de la spécification, protester à juste titre que l’érudition, la passion et la compétence peuvent être supérieures chez un autodidacte – mais il n’en demeure pas moins la question légale.
Il y a tout lieu, en effet, de se demander de quel type de facturation pourrait bien relever ce type de prestation dispensé par les guides de Vayable. Ceux-ci, en effet, ne semblent pas en mesure de percevoir ces revenus en conformité avec un statut légal de guide. Ainsi, les guides qui, à Paris, vous proposent de découvrir « le Louvre en une heure » ($45) ou « Mona Lisa en 15 minutes »($35) exercent, selon toute vraisemblance, une concurrence déloyale contre les guides professionnels, dont les conditions d’exercice et d’accès aux musées sont bien encadrées par la loi.
Car c’est de cela qu’il est question : les prestations proposées par Vayable ne peuvent en majorité, qu’être hors-les-clous du droit du travail et de la fiscalité des entreprises, sans tout ce qui y est relatif (cotisations sociales, couverture santé, etc.).
Soit que des personnes qualifiées disposant de la carte de guide-interprète-conférencier le font en loucedé via Vayable, pour arrondir les fins de mois ou par goût du lucre, soit qu’il s’agisse tout simplement de non-professionnels du tourisme (« peintres, historiens, musiciens, guides touristiques professionnels, journaliste (…), professeurs, poètes »), à coup sûr les plus nombreux.
Du reste, en contactant deux guides de Vayable, les craintes sont confirmées : ils reconnaissent ne rien déclarer, les revenus étant de toute façon un petit complément à leurs activités professionnelles. Du beurre dans les épinards, quoi.
Pourquoi être si chichiteux ?
Sans doute me direz-vous rabat-joie, qu’il n’y a pas de mal à ne pas tout faire dans les clous du droit. Je vous réponds : oui. En effet, je suis défavorable, en général, à la débauche bureaucratique de règlements et de lois pour tout et n’importe quoi, et plus favorable à l’entraide et au troc qu’à l’omniprésence de l’Etat libéral dont les lois ne servent trop souvent que de lubrifiant au marché et à l’anthropologie utilitariste qu’il favorise. Mais c’est justement là que le bât blesse.
A la fin du printemps 2013, plusieurs articles sont parus sur un cas proche (jusqu’à la maquette du site, très semblable) : AirBnb, plateforme permettant à des particuliers de louer ou sous-louer leur domicile ou une partie de celui-ci. Un article de The Verge.com rendait compte en mai d’une forte amende acquittée par un Newyorkais pour une prestation illégale d’hébergement : $2400 (environ 1780€).
Quelques semaines plus tard, un article de Marianne évoquait ainsi une Parisienne qui a délibérément choisi de ne pas déclarer les quelque 9000€ encaissés grâce à AirBnb en deux ans.
On comprend bien que le lobby hôtelier soit défavorable à l’initiative. Du reste, s’il ne s’agissait que d’une nuisance à des lobbies et à l’économie de marché, l’affaire pourrait s’avérer sympathique, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit en vérité. Car, au-delà de l’intérêt individuel du client et du prestataire « au black » c’est bien de dumping social qu’il s’agit, de concurrence d’une activité clandestine sans protection sociale contre une activité légale qui est lourde de règles.
En effet, comment un guide déclaré, qui a dû conduire des études pour obtenir un diplôme et qui doit, s’il est indépendant, s’organiser administrativement (c’est-à-dire être en règle avec l’Urssaf ou le Régime social des indépendants, le fisc, la Fédération nationale des guides interprètes ou que sais-je encore), organiser sa visibilité (communication), en plus de préparer et donner ses prestations de guide, peut-il faire face à la concurrence de personnes non déclarées ?
Quand les « alternatives » au voyage bébête ne font que renforcer le tout-marchand
On comprend bien la motivation légitime du voyageur de se détourner des grossièretés abjectes du tourisme de masse. Mais ce que ne réalise pas le touriste, c’est qu’il contribue à valider par son simple acte de consommation une vision du monde que, souvent, il dénonce volontiers.
Être hébergé via AirBnb, être accompagné par un guide de Vayable, mais aussi déjeuner chez l’habitant via Cookening, louer un espace de jardin privé avec Rent My Garden pour y planter sa tente, utiliser Covoiturage.fr depuis qu’il a été repris en main par le fonds d’investissement ISAI (nous en avions parlé dans un article, sur Voyageurs du Net, valorisant
Au fond, de quoi est-il question avec tous ces sites voués à se multiplier ?
Du triomphe de l’économie de marché au cœur du libéralisme économique, c’est-à-dire de la brutalité économique la plus totale où tout devient marchand – depuis la rencontre jusqu’à l’hospitalité privée en passant par la convivialité – et où chacun pour s’en sortir n’hésite plus à gruger l’Etat par ses activités illégales et à mener une concurrence que ne peuvent soutenir des travailleurs légalistes.
Chaque voyageur, dès lors, gagnerait à s’interroger sur ses pratiques, surtout quand il croit qu’elles sont « alternatives », car il semble que plusieurs d’entre elles ne font que participer à la confirmation ou l’avènement d’un monde plus brutal et égoïste, plus concurrentiel et pourri par la culture du marché qui interpose entre les êtres la transaction financière là où existe la gratuité : l’hospitalité, l’entraide, le prêt, le troc, le désintéressement.
Ce qui est bien un comble quand on dit voyager « pour aller à la rencontre d’autres cultures » ou être à la recherche de choses « authentiques ». Voyager responsable ?
Je partage en gros le point de vu de Mike, du moins en ce qui concerne ces sites qui fleurissent visant à monétiser des services qui étaient jusque là gratuit pour le voyageur en dehors du net.
Cela me laisse perplexe en vérité.
Que pensez-vous de cet article de Mike ?
J’avoue que je reste partagé également car il y a tt de même du « sympa » dans ses services mais aussi pas mal d’aspects négatifs qu’évoque Max auxquels je n’avais jamais pensé
Salut John, c’est Max.
Pardon : salut Julien, c’est Mike.
(RIRES DU PUBLIC COMPLICE / APPLAUDISSEMENTS).
Je suis d’accord avec toi : il est évident qu’il y a du « sympa ». Du reste, si ça ne l’était pas, ces services n’auraient aucun succès. Cependant, ce phénomène pluriel en dit long sur la disposition de voyageurs à ne plus passer par les services habituels, peut-être lassés de leur banalité (?), peut-être à se rapprocher davantage des autochtones plutôt que d’être enfermé dans une structure touristique « écartée » du monde réel, peut-être à privilégier une approche de rencontre, etc. Mais cela en dit long aussi sur l’intériorisation de l’anthropologie libérale, qui donne le sentiment qu’il est « naturel » de payer pour ce qui, ailleurs, relève de la gratuité, du don, de l’authentique ouverture à autrui — de l’hospitalité et de l’accueil.
Mon avis peut-être changera bientôt : lorsque la bureaucratie au service de l’Etat libéral aura décidé çà et là, sous la pression de lobbies (hôtellerie, restauration… que sais-je encore?) de contraindre ces activités, au besoin par la sanction, à se régulariser, bcp y renonceront, car la fiscalité des entreprises est très lourde et même dissuasive pour un petit business d’appoint (en matière de libéralisme, le cas du statut d’auto-entrepreneur est symptomatique jusqu’à l’écoeurement) ; quant aux autres, ils entreront dans le rang. D’un point de vue légaliste, cela est bon. D’un point de vue critique, quand on voit à quoi servent les impôts et les choix économiques et fiscaux qui ont été faits depuis une dizaine d’années en France et dans le monde (ne pas imposer les riches, mais augmenter la TVA, tout en minimisant les protections sociales… tandis que le capital atteint des sommets sans précédents dans l’histoire… en période de « crise », qui n’a été que l’occasion pour les banques de piller encore davantage les peuples).
En dernier ressort, je préfère quand la rencontre entre des individus est sans médiation transactionnelle (dollar, dollar, j’écris ton nom). Mais je suis bien conscient que la prétendue « crise », càd l’appauvrissement des populations au profit de l’inutile et parasitaire Finance internationale, qui n’est qu’une forme de piraterie légale, provoque des comportements de système D. Quand le navire coule, c’est chacun pour soi.
Cdlmt,
MIKAËL
Comme d’habitude, il a ceux qui veulent faire un peu d’argent facile et ceux qui le font par besoin. Il a soulevé le point intéressant de l’autodidacte qui peut allier par exemple le fait d’être latino ou d’origine américaine et d’être pationné du Louvre ou des monuments de Paris ou d’ailleurs.
Pourquoi ne pas faire partager sa vision des choses, et échanger avec des touristes.
Je ne vais pas pleurer sur les nuitées en hôtel des chaines Accor ou autres. C’est une galère de trouver un hôtel de charme avec un prix correct, dans la région parisienne et certains ne sont pas sympas. Cela doit être bien encadrés bien sût et déclarés pour ceux qui touchent 9000 € comme dans votre exemple.
Mais il est bon se souligner ces abus mercantiles de tous poils, mais c’est le mode partout comme sur les blogs qui sont devenus un vrai marketing, plutôt qu’une expression de son goût à partager sa passion.
Dominique
Bonjour Dominique & merci pour votre commentaire.
Les blogs, c’est une vraie ruée vers l’or, les flingues et la sauvagerie en moins.
J’exclus pas, tôt ou tard, d’y consacrer un article, car les mauvaises pratiques et les blogs médiocrissimes se multiplient, tout ça pour occuper la surface et engranger un max de recettes. La morale, naturellement, est exclue de tout ça…
Cdlmt,
Mikaël
Enfin, ruée vers l’or, vu le temps que cela demande, je ne dirais pas cela tout de même:-)
Ruée vers l’or : je maintiens la comparaison, toutes proportions gardées, car la logique est bien la même.
Dans la ruée vers l’or, quelle infime minorité parvenait à trouver de l’or et devenir riche ? Tous l’espéraient, mais la majorité finissait sans un rond. Naturellement, c’était le monde physique, le Far West et son abjecte combinaison d’anomie et de crapulerie, qui d’ailleurs constitue à mon avis un des fondements anthropologiques de l’abjecte culture améritchaine.
Dans la blogosphère, on trouve les mêmes attitudes amorales et immorales consistant à penser à sa pomme en se foutant bien des autres, la même avidité égoïste, la même espérance folle d’accumuler à ses fins personnelles.
Bien entendu, la comparaison s’arrête là. J’ai pas encore vu Crabetan ou d’autres sortir des flingues. (RIRES EN BOÎTE)
PS – Evidemment c’est pas le cas de tous.
Bonsoir,
Je reste perplexe et partagée, j’avoue qu’il y a pas mal d’aspects de la question qui ne m’étaient jamais venues à l’esprit. Maintenant, peut-on blâmer ceux qui luttent pour leur survie, qui essaient de s’en sortir par tous les moyens, même s’ils n’ont pas de diplôme ?
Le but de l’article était surtout de montrer des aspects auxquels ont ne pense pas forcément.
En cela,je crois que l’objectif est atteint!
Je suis assez en ligne avec cet article. A mon avis, problème ne vient pas de l’esprit de ces sites, qui reste sain (ie faciliter l’offre de services de particuliers a particulier). Le problème est l’encadrement de ces services pour qu’il rentrent dans le cadre de la loi (ie acquittement des règles fiscales, mention du fait qu’un guide est « amateur » ou « pro » etc.). Et là, oui, il reste du travail. Après, rien n’empêche de se renseigner et de sélectionner les particuliers qui respectent les lois. Merci pour l’article !
C’est-à-dire qu’on imagine mal le voyageur d’abord penser à cet aspect-là. Ou bien il s’en fout, ou bien ça lui traverse pas l’esprit. Nous vivons tout de même dans des pays où la Loi est forte et le légalisme aussi ; il ne nous vient pas spontanément à l’esprit que des personnes offrant publiquement un service bossent au black. De toute façon, pour 99,9999% des voyageurs, cela n’a aucune importance. Faut pas se leurrer. Et puis on imagine mal un voyageur contacter qqn et lui demander – puisque ce n’est pas précisé sur le site, bien entendu, si l’activité est déclarée au fisc — s’il respecte la fiscalité locale. Et puis, quand on voit ce qui est fait des impôts, aux USA par ex, où des choix délibérés tournés vers l’enrichissement du capital et de l’industrie de la guerre ont été privilégiés aux investissements sociaux et éducatifs… ou bien comme en Grèce, en Espagne, au Portugal, ainsi que chez nous-mêmes, où des larbins du Capital (salutations à Hollande et ses sbires) appliquent des politiques dites d' »austérité », càd de pure rapacité, de pure piraterie, contre les populations au profit de quelques milliers d’oligarques dans le monde, a priori, le fait de resquiller le fisc peut engendrer plutôt de la sympathie… Mais la question n’est pas que là. C’est aussi comme, sous l’effet de la crise et de la débrouille, l’anthropologie libérale pénètre au plus profond d’une société, rendant commercial ce qui devrait être gratuit, acte d’accueil, de générosité, de fraternité. Or, ce qui se présente comme « alternatif » ne fait que renforcer le libéralisme. C’est mon hypothèse. Elle mériterait sans doute d’être renforcée encore.
« ce qui se présente comme « alternatif » ne fait que renforcer le libéralisme », en général tu veux dire?
Tu pourrais préciser, je suis pas sur d’avoir suivi?
Bien sûr, je peux préciser. Mais en fait ce que j’énonçais là (« ce qui se présente comme alternatif ne fait que renforcer le libéralisme ») était en rapport avec le contenu de l’article : Vayable, AirBnb et autres se présentent comme des alternatives et une autre manière de voyager, plus humaine, etc. — ce sont d’ailleurs les arguments qu’on y retrouve. Mais ils ne font que renforcer le libéralisme en introduisant l’utilitarisme, la transaction, là où il n’y avait avant aucune médiation de l’argent.
Quant à dire si de la phrase que tu relèves j’aurais envie de faire une maxime plus générale, ce serait à discuter au cas par cas. En tout état de cause, de façon générale « alternatif » n’est pas « révolutionnaire » : il faut ramener les mots à leur juste et exacte mesure.
Le cas d’AirBnB me fait fortement penser aux chambres d’hôtes, qui se sont développées il y a quelques dizaines d’années dans nos campagnes. A l’époque, c’était un peu la foire, et petit à petit le marché s’est structuré, et surtout légalisé : aujourd’hui, rares sont les gîtes « sauvages », où l’on ne paie pas de taxe de séjour par exemple.
Le capitalisme à cette grande capacité à phagocyter toute alternative au système en place… tout en laissant l’illusion de la liberté totale.
Il faut tout de même reconnaître que ces sites sont bien pratiques.
Bjr,
Pour parler d airbnb que j utilise en tant qu hote, je dois dire que j en suis très satisfaite.
Bien sûr je fais payer le droit de dormir chez moi, ce qui n est pas l hospitalité en tant que telle: désintéressée etc… Mais me concernant par le passé j utilisais le site couchsurfing pour recevoir et la majorité des gens accueillis étaient des freeloaders. Ça m a déçue, je me sentais juste comme la conne de service dont on se sert pour se loger, manger et visiter à l oeil.
Maintenant je peux recevoir chez moi car j adore ça mais je ne dépense plus pour qu autrui voyage à mes dépens.(l argent que je gagne me permet d améliore les prestations de mon appartement.)
Je me sens plus respectee et les gens reçus sont plus corrects et en plus de payer souvent ils m offrent un petit cadeau ce que j ai très rarement vu avec couchsurfing.
J aime bien le partage mais dans les 2 sens.
Et rare sont les personnes qui ont les mêmes valeurs liées au partage.
J aime aussi le covoiturage et j ai la même idée à ce sujet.
Bonjour Catherine,
Merci pour tes remarques. Je comprends ton point de vue.
Il est vrai que certains abusent avec le couchsurfing.
En fait, l’argent permet d’instaurer parfois une relation où le respect est partagé…
Le thème est dans l’air du temps. L’économie participative en est encore à ses balbutiements qu’on commence à se demander si elle suivra le modèle capitaliste.
L’idée est que oui, cette nouvelle économie sera absorbée par le modèle dominant, ou l’argent prédomine. Mais cela peut être une préparation à un réel changement qui se fera dans un futur à moyen terme. On change progressivement les mentalités, pour les amener sur le terrain du partage, puis quand ce concept sera bien ancré, la transaction financière pourrait être secondaire voire nulle …
Je vous invite à consulter des articles sur la réflexion de Jeremy Rifkin, qui propose une réflexion intéressante sur l’avènement progressif d’une nouvelle économie participative en parallèle du capitalisme.
Très bon en effet les livres de Rifkin !