Voyager ne sera plus jamais la même chose (Future of travel)
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En mars dernier, quelques jours après le confinement, j’écrivais que le voyage, c’est terminé. À l’époque, l’épidémie frappait la France et l’Europe, nous venions d’entrer dans le confinement. Pour beaucoup, des premiers jours angoissants. Il était alors difficile d’avoir de la visibilité sur le futur du voyage.
Depuis, en France, nous sommes sortis du confinement et la vie a repris une couleur plus normale. Nous avons un peu plus de visibilité. Et pourtant… Ce n’est pas brillant du tout.
En ce début juillet, la première chose qui me vient à l’esprit est qu’en mars, j’étais assez optimiste sur l’évolution du secteur du voyage même si l’article de l’époque ne le montrait pas forcément…
NDLR : vous pouvez aller voir le résumé directement tout en bas de l’article « voyager au temps du coronavirus » pour avoir l’essentiel de suite.
- 1. J’ai été trop optimiste
- 2. Le dictat de l’incertitude et de la peur
- 3. L’impact économique
- 4. Voyager reviendra-t-il plus cher ?
- 5. Future of travel
- 6. Schizophrénie
- 7. Le choc pour les agences
- 8. Un retour aux fondamentaux ?
- 9. Nouvelles du front
- 10. Et moi, je fais quoi là ?
- 11. Pour résumer : le guide de voyageur en temps du coronavirus
J’ai été trop optimiste
Oui, j’étais trop optimiste. Je pensais alors que, l’été venu, les gens allaient s’intéresser de nouveau aux voyages. Par là, j’entends le fait de partir à l’étranger. J’imaginais que, au pire, septembre verrait une réouverture des frontières et que la plupart des destinations seraient alors accessibles. Certes, pas tout à fait comme avant, mais pas loin.
Les agences et les autres acteurs du secteur étaient encore bien plus optimistes que moi.
Certains professionnels me semblaient alors assez déconnectés. Cela donnait l’impression que passé le confinement, tout allait redevenir comme avant. J’imagine que lorsque l’on vit du voyage, la nécessité est d’y croire et de voir avant tout les signes positifs. L’espoir n’est-il pas nécessaire pour avancer ? Même si parfois il faut se raconter des histoires…
Pourtant, il était évident que rien ne redeviendrait comme avant. Il est évident que voyager ne sera plus comme avant.
Et cela pour un bon moment !
Soyons clair, chez beaucoup (mis à part les victimes du syndrome de la cabane), l’envie de découvrir d’autres mondes est toujours là. Et, après des mois de limitation en termes de liberté de mouvement, cette envie est d’autant plus forte.
Mais en face, il y a la réalité du monde actuel.
Et là, cela calme tout de suite.
Cette envie ne se matérialise pas encore au niveau du passage à l’action. Le taux de recherche sur Google sur des voyages lointains a peu augmenté depuis la fin du confinement.
Si vous regardez sur Google Trends, les requêtes « voyager » et « voyage » sont reparties à la hausse depuis début juin. Seulement, si vous regardez en détail, ces recherches restent général et axés sur la possibilité de voyager.
La chose est plus pertinent si on fait une recherche sur « voyage Thailande », « voyage Colombie », et « voyage Cuba ».
Voyage
Voyage Thailande
Voyage Colombie
Voyage Cuba
Cet été, voyager va rimer avec voyage local, ce qui était, bien sûr, largement prévisible. Il y a aussi un fort engouement pour la montagne, les randonnées et le tourisme rural. Logique. Les sites centrés sur la France, l’outdoor et les randonnées ont vu depuis mai leur trafic exploser.
Depuis le début du mois, certains pays européens ont ouvert leurs frontières. Du coup, les réservations augmentent nettement pour des pays comme le Portugal, la Croatie, l’Espagne, etc. Une bonne chose, mais cela reste limité. Cet été, le voyage sera essentiellement hexagonal. Et cela risque de perdurer les mois suivants.
Sur ce blog de voyage, j’ai très peu de contenus sur la France. Aussi, mon trafic me semble révélateur d’une certaine tendance. Et celui de ce blog ne décolle toujours pas. Je suis à moins 65 % par rapport à l’année passée à la même période. Depuis la fin du confinement, les lignes bougent à peine. Et je suis loin d’être le seul dans ce cas.
La grande majorité des voyageurs réservent leur vol, leurs hôtels deux à trois mois à l’avance. Avant cela, bien souvent, ils vont faire des recherches sur le net sur le choix de la destination. Or, vous l’avez compris, nous n’en sommes même pas encore là…
Le dictat de l’incertitude et de la peur
Voilà les deux freins principaux pour la grande majorité des gens. Le fait est qu’incertitude et peur ne riment pas avec voyage.
L’être humain n’aime pas l’incertitude et les risques. Pour la plupart des gens, partir loin, c’est une parenthèse bienvenue dans leur vie, c’est un moment qu’ils attendent parfois de longues semaines.
Il est normal qu’ils ne souhaitent pas que ce soit un moment stressant où l’incertitude règne. Vais-je pouvoir partir ? Et sur place, comment cela va-t-il se passer ? Des tas de questions qu’il est légitime de se poser.
Les choses peuvent beaucoup évoluer en deux mois, entre le moment où vous avez pris votre billet d’avion et le moment du vol. La plupart des gens ont besoin d’un minimum de certitudes. Pour l’heure, pas de réponse à ces questions, donc exit le voyage.
De plus, nous avons tous vu la galère pour nous faire rembourser un billet d’avion annulé. Les compagnies aériennes proposent un avoir obligatoire. Le problème, c’est qu’ainsi, les consommateurs réfléchissent à deux fois avant de prendre un billet d’avion.
Pour beaucoup, il ne sera pas question de voyager tant que le COVID sera présent et qu’un vaccin ne sera pas disponible. Là, les choses sont encore plus claires. Et pour cela, il va falloir attendre au moins jusqu’au début de l’année 2021. Non, partons plutôt sur l’été 2021…
Enfin, il reste une part des voyageurs pour qui ces deux freins sont moins critiques. Ils sont flexibles et peuvent prendre leur billet au dernier moment. Ils sont moins sensibles au risque. Très bien, mais voilà, il reste que beaucoup de frontières sont fermées. Et dans le cas où il est possible de voyager, vous serez mis en quarantaine avec un test à l’arrivée.
Un ami est allé à Hong Kong il y a peu. Test à l’arrivée, puis deux semaines dans une chambre d’hôtel et ensuite, un autre test avant d’être libre. Quel voyageur sera assez motivé pour en passer par là ? Aucun.
Aéroport de Hong Kong
Un joli bracelet pour être sûr que vous êtes bien dans votre chambre .
Et ensuite, sur place, comment savoir si certains sites seront ouverts ? Comment savoir s’il sera facile de se déplacer ? Toujours ces incertitudes. Pour le voyageur lambda, non, il ne s’imagine pas voyager d’ici quelques mois et revenir en Asie, en Amérique Latine, aux USA, etc. Et encore, je ne parle pas ici du risque d’une deuxième vague qui couve…
Le digital nomad n’est pas trop concerné par cela. Il se rend dans un pays pour y rester longtemps, aussi pas de soucis pour la quarantaine. Yep, seulement, ces derniers ne représentent qu’une petite partie des voyageurs.
L’impact économique
Et quid des conséquences économiques ? Pour l’heure, l’impact n’est pas encore très visible. Certes, le chômage en France a augmenté depuis quelques mois. Mais le gros de la vague n’est pas encore là.
C’est dans les prochains mois que les faillites d’entreprises vont se multiplier et que les vagues de licenciement vont commencer. Cela a débuté avec les secteurs directement frappés comme Airbus ou Air France qui ont annoncé des milliers de suppressions de postes. Pour l’heure, les gens ont fait des économies durant ces deux mois de confinement.
Ils ont les moyens de voyager, mais ils ne peuvent pas. L’année prochaine, ils pourront, mais pas sûr qu’ils auront l’argent. That’s it.
En 2008, le secteur aérien avait mis quelques mois pour retrouver son niveau. En 2020, la crise économique est d’une autre ampleur. Et je ne parle pas de la crise financière qui couve… La planche à billets, l’endettement, les prêts, le risque sur l’euro… À un moment, il va falloir payer.
Voyager reviendra-t-il plus cher ?
Je ne pense pas. Certes, il est possible que les billets d’avion augmentent, mais rien n’est moins sûr. Il y aura moins de compagnies aériennes, moins de concurrence, moins de destinations desservies. Pour cet été, le prix d’un vol en Europe est assez élevé. Par contre, les vols long-courriers ont vu leur prix rester stable, je trouve.
Pour certains trajets, le prix du billet est inférieur comme ici ce vol Madrid-Bogota.
A écouter cet épisode du podcast sur le futur du transport aérien avec le directeur de Viajala.com, le principale comparateur de vol en Amérique Latine.
Mais après tout, même si le prix du billet augmente de 50 %, ce n’est pas déterminant si vous partez plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il y aura toujours un tas de destinations où voyager ne coûte pas cher. Cela ne changera pas.
Plus que le prix du billet, je pense, le problème ici pour faire la démarche de prendre un vol, c’est le risque et l’incertitude. On en revient toujours au même.
Sur Instagram, une lectrice me disait qu’elle hésitait à prendre un vol pour le Costa Rica pour…janvier 2021. C’est tout de même dans six mois et le pays n’est pas très touché par le coronavirus. Je pense que cela illustre bien le problème.
Que faire dans ce cas ?
Dans les prochains mois, il va falloir s’habituer à cette part d’incertitude lorsque vous allez prendre un billet d’avion. C’est ainsi.
Au final, est-si grave ?
Future of travel
On parle de future of work depuis quelques années. La crise a accéléré certains de ces processus. On pourrait aussi parler de futur of travel, non ?
La seule et véritable question est la suivante : une fois le COVID sous cloche, les gens vont-ils changer leurs habitudes de voyage ?
Pendant le confinement, vous avez tous vu passer tout un tas d’articles sur le monde d’après. Les choses vont changer, elles ne seront pas comme avant, etc., etc. Du flanc tout cela.
L’être humain ne change pas, ou très peu. Et il faut plus que deux mois vautrés dans un canapé à regarder Netflix pour qu’homo sapiens ressente le besoin de changer. Il en faut bien plus que cela. Et encore, je suis optimiste.
Vous connaissez l’expression : « Chassez le naturel, il revient au galop » ? La grande majorité des gens vont reprendre leurs habitudes de consommation. Et le voyage en fait partie.
Certes, cette crise a fait prendre conscience à certains de la nécessité de changer des choses dans leur vie.
Certains se sont séparés de leur « moitié », d’autres ont compris qu’ils avaient besoin de faire quelque chose qui a du sens pour eux et non perdre leur temps de vie dans un boulot inutile qui va enrichir des actionnaires.
D’autres ont choisi d’aller vivre à la campagne, de se rapprocher de certaines personnes, etc. C’est une bonne chose, cette crise aura eu pour certains un impact positif.
Mais pour la grande majorité, cela ne va rien changer.
Concernant le voyage, je pense que la crise va pousser une minorité à penser le voyage différemment. Mais au fond, pour ceux-là, la réflexion était déjà là, la crise a surtout été un accélérateur. Moins de city trip pour le week-end, moins d’avions pour se déplacer, on privilégie les voyages plus longs, etc.
Je ne peux qu’être d’accord. Ici, j’ai toujours mis en avant le voyage au long cours. À ces débuts, c’était même une mention collée au nom du blog.
Mais encore une fois, pour la grande majorité, je doute que cela change.
Ces derniers mois, beaucoup d’entreprises du tourisme se mettent à verdir leur discours.
Certaines sociétés, mais aussi des influenceurs voyages orientent une partie de leur activité sur la France, semblant tout à coup se rappeler la beauté de notre pays. Oui, enfin, derrière cela, c’est surtout par dépit, car ils n’ont pas le choix…
On peut se demander quelle est la part de sincérité dans ce discours. Un peu de storytelling, un peu de greenwhasing, et voilà. J’en ai même vu un tomber en extase sur Instagram devant un lac (enfin une retenue d’eau quoi) en disant que cela avait été son rêve de venir là. Mais oui ! Bien sûr l’ami ! En attendant, il a fallu que l’agence locale te paye pour que tu puisses réaliser ton rêve.
Schizophrénie
Autre discours souvent entendu : ce n’est pas plus mal ce qu’il se passe, c’était allé trop loin, le voyage était trop dans la consommation.
Je suis aussi de cet avis. Certains lieux étaient victimes d’un surtourisme avec les dégâts associés pour les locaux. Aller passer deux semaines en Thaïlande était devenu du conformisme social. Certains lieux sont devenus des galeries commerciales. La transformation du voyage en prestation de services de masse tue l’exotisme. On pourrait écrire beaucoup sur ce sujet.
Et que dire des sites surpeuplés par des hordes de vacanciers venus faire la queue pour se prendre en selfie et ainsi alimenter leur compte Instagram ? Du grand n’importe quoi.
Même le concept de faire un tour du monde, en « faisant un maximum de pays », est devenu pour certains une case à cocher sur la fiche bristol de leur vie, au même titre que le mariage, le pavillon de banlieue, le chien et le SUV.
Un exemple ?
Voici Pedra do Telegrafo et sa falaise impressionnante, au Brésil.
Des voyageurs du monde entier viennent ici pour faire des photos impressionnantes pour Instagram.
Incroyable, non ?
En fait non. Il s’agit juste d’un petit rocher haut de deux mètres. Rien de magique là.
Chaque jour, des centaines de personnes y viennent faire la queue pendant des heures pour prendre leur photo. Mon avis est qu’ils doivent passer autant de temps par la suite pour les éditer et les poster.
Assez pathétique, non ?
Vous savez quoi ? En décembre dernier, je suis retourné à Barichara, le plus beau village de Colombie.
Et bien, il y a un spot qui est devenu populaire grâce à Instagram : un rocher accroché à une falaise. Bon là, au moins, c’était une vraie falaise, pas un truc de 2 mètres.
Or, quand je suis venu là pour la première fois en 2011, il n’y avait pas tout ce manège. Le spot n’existait pas médiatiquement .
Quelques personnes faisaient la queue. Même attendre 5 mn, cela m’a gonflé, j’ai quand même fait la photo.
Voir cette publication sur Instagram
Oui, on en est venu au point où Instagram fait et défait certains sites et lieux dans le monde. Même si c’est du flanc.
À l’heure des réseaux sociaux, celui qui trouve le bon endroit va vite être rattrapé par la foule les années suivantes.
Après, quand votre activité est liée au voyage, il y a toujours un certain degré de schizophrénie dans ce discours.
Nous sommes beaucoup à rechercher des sites peu connus afin de voyager plus authentiquement, loin de la foule. On trouve un lieu qui répond à ces critères, on le partage et, de fil en aiguille, il devient connu et instagramable. Ensuite, on est obligé d’aller chercher un autre lieu. Et ainsi de suite. Qui n’a pas été victime du syndrome de « la Plage » ? Oui, comme le nom du film.
Nous sommes beaucoup à rechercher des expériences authentiques. Enfin, authentiques, c’est à voir… Vous avez sans doute tous vu des photos de pêcheurs aux cormorans de Yangshuo en Chine. J’ai été surpris de constater de mes propres yeux qu’en réalité, cette pratique n’existait plus. Un gars du coin arrive pour faire du théâtre, il enfile son costume de scène, entre deux appels d’agence de voyages et c’est parti pour la démo. Après, cela fait de belles photos.
La séance photo est terminée, on enfile de nouveau le jogging 🙂
Et, parle-t-on de ce vieux débat surfait qui revient souvent, comme une éternelle boucle : la différence entre voyageur et touriste ? Combien de débats passionnés sur les réseaux sociaux sur ce sujet ? Débats qui dérapent assez rapidement et qui voient vite pointer l’intolérance et le mépris de ceux qui pensent qu’ils voyagent mieux.
Quand une certaine idéologie est présente, ce qui est souvent le cas dans le voyage, cela ne rend pas ouvert en général. Pour clore le sujet, tout voyageur est un touriste. C’est simple.
Pour ma part, je me retrouve assez bien dans cette schizophrénie. Oui, je n’échappe pas à la règle, bien sûr.
Moi aussi, je souhaite que plus de monde puisse voyager et découvrir le monde. Je crois aux richesses du voyage et à ces bienfaits. Du moins à un certain type de voyage. Je veux parler ici du voyage en indépendant et au long cours. Je veux parler ici du voyage solo et de ses bienfaits pour le développement de soi. Ce type d’expérience peut changer une vie.
Mais oui, quelque part, je participe à ce que quelque chose de peu commun devienne commun. J’ajoute, parfois, mon tout petit grain de sel pour que certains sites soient victimes sur le long terme d’une forme de tourisme néfaste.
Et pourtant, j’aime aller dans des destinations peu connues. Même avant de créer ce blog en 2010, j’ai toujours préféré aller à la découverte de lieux hors des sentiers battus, plus par curiosité que par esprit de non-conformisme.
Or, beaucoup de « collègues » autour de moi sont surtout des producteurs de contenus. Ils vendent leur audience, leurs photos et vidéos aux offices de tourisme par exemple. Or, ceux qui payent et ceux qui rapportent le plus, ce ne sont pas les destinations qui sont hors des sentiers battus. Je n’ai encore jamais vu le Salvador ou le Bénin organiser un blog trip. Du coup, cela renforce la lumière sur les destinations déjà assez cotées.
Le choc pour les agences
Certaines destinations, comme Venise, parlent d’une nouvelle politique touristique. Elles ne veulent plus revenir aux dérives d’avant la crise. À voir…
Les acteurs du tourisme les plus sinistrés, ce sont d’abord les agences de voyages. Et je parle avant tout ici des petites agences. Je connais un peu ce monde-là. Le plus dur, c’est pour les agences spécialisées sur une destination. Par exemple, j’en connais une spécialisée sur la Colombie. Vous imaginez bien que le chiffre d’affaires est égal à zéro depuis plusieurs mois. Nada de chez nada. Et toujours rien à l’horizon…
Lorsque les choses iront mieux, je pense que les agences qui font du voyage sur mesure seront mieux loties. Il s’agit de voyage en couple ou en famille pour la plupart. Or, la taille des groupes risque de compter au début. Ainsi, en Colombie, on parle de limiter les groupes de touristes à six personnes par exemple. Voilà pourquoi il est bien possible que la catégorie du voyage sur mesure tire son épingle du jeu et progresse. Encore faut-il avoir les moyens de se payer ce type de prestation…
Les croisières sur les grands paquebots devraient souffrir aussi, à juste raison. Se retrouver des milliers sur ces monstres des mers alors qu’un virus circule, ce n’est pas très rassurant. Nous l’avons vu dans l’actualité, avec ces navires touchés par le coronavirus en pleine mer, cherchant désespérément un port pour débarquer les malades. Ce type de tourisme était déjà critiqué de par la forte pollution engendrée par ces navires. Alors, qu’il soit envoyé par le fond, est-ce si grave ?
Un retour aux fondamentaux ?
Quelque part, il faudrait que le voyage redevienne une activité plus rare. Ce qui est plus rare est plus désiré. Ce qui est plus rare est plus attendu et l’expérience est plus intense, non ? Oui, l’expérience du confinement n’a pas favorisé le désir sexuel dans les couples, normal. On comprend la valeur ajoutée des amants et maîtresses, c’est du déconfinement à la carte. Le voyage, c’est pareil l’ami.
Oui, il faudrait que le voyage redevienne plus extraordinaire, moins courant. Voyager moins souvent, mais plus longtemps.
Des voyages au long cours, plus lents, des voyages plus associés à une expérience rare et intense. En plus, c’est plus respectueux de la planète. Ne serions-nous pas tous gagnants ?
Nouvelles du front
Ce matin, avant de terminer cet article, je regardais les nouvelles. Ce n’est pas réjouissant.
Remontée du virus dans les Balkans et aux USA, on parle de confinement dans certaines parties de l’Espagne et du Portugal, Melbourne vient de le faire et le pic n’est pas encore là pour la plupart des pays d’Amérique latine…
En Colombie, où je suis depuis la crise, le confinement dure, mais dure… Il vient d’être prolongé jusqu’au 1er août et on parle de reconfinement strict pour certaines zones… C’est terrible pour le pays qui est économiquement le plus touché de l’OCDE. En quatre mois, le pays a perdu vingt ans de lutte contre la pauvreté malgré un déconfinement partiel pour l’économie. Ce n’est pas aussi strict qu’en France.
Mais voilà, malgré tout, le virus progresse, la date du pic s’éloigne chaque mois. Là, il serait pour septembre… Les vols internationaux pourraient alors reprendre, normalement.
En France, je lis une augmentation de la circulation du virus et les scientifiques préparent déjà la population à une deuxième vague à l’automne. Au moins, cette fois, ils anticipent.
Bref, pour que les choses s »améliorent, il faudrait que le virus soit maitrisé d’ici cet automne et que la 2ème vague ne soit qu’une vaguelette, qu’il y ait une meilleure coopération international, que des traitements efficaces soient trouvés au début de l’année 2021, que les aéroports et les Etats mettent en place des tests rapides et fiables au niveau des aéroports afin de rendre la quarantaine non obligatoire.
Hum, cela fait beaucoup non ?
Sinon, on est parti pour 18 mois de stagnation.
Dossier spécial d’octobre 2019. Le titre ne serait plus le même et ce hors-série ne serait pas sortie là…
Et moi, je fais quoi là ?
Je suis parti pour faire partie des Français qui auront vécu la plus longue période de confinement. Je vais atteindre les quatre mois. Pas mal, non ?
Pour être franc, je vis bien cette période, même si depuis deux-trois semaines, cela commence à devenir lourd.
Je rentre le 20 juillet en France sur un vol de rapatriement. Non, pas un vol humanitaire, le terme n’est pas adapté. La blague serait que je profite du déconfinement l’été et que je sois à nouveau confiné en France en septembre. Ce serait presque drôle, j’ai bien dit presque, hein. Alors, s’il vous plait, pensez aux gestes barrières, pensez aux autres :-).
Je vais me faire quelques virées en France et voir du monde, bien sûr. Mais pour l’heure, pas de voyage prévu en dehors de la France.
Et pour le prochain Digital Nomad Starter ?
Cette année, je pense que je vais renoncer à tenir une 4e édition en octobre. Trop risqué selon moi. Il faut en effet que j’engage des frais importants quelques mois avant. Et là, vu le risque d’une deuxième vague à l’automne… Peut-être qu’il n’y aura pas d’interdiction de rassemblement, mais je n’ai pas envie de prendre ce risque. Cela dit, je réfléchis à une autre solution.
Mon livre « Libre d’être digital nomad » aux Éditions Diateino devait initialement sortir le 23 juin. À cause du contexte, il est reporté. Je vous annoncerai la date dès que je le saurai.
Cela dit, vous pouvez déjà le pré-commander sur Amazon ici.
J’ai créé Kairos, une lettre que vous recevrez trois fois par semaine dans votre boîte email, le matin, au lever. Vous êtes déjà plusieurs centaines à la suivre et je prends beaucoup de plaisir à l’écrire.
Je n’y parle pas de voyages, mais d’autres sujets qui n’ont pas trop leur place ici : hacking life, création de contenu et digital nomadisme. Dans chaque mail, des conseils et idées pour être plus libre de tracer sa route.
Pour en savoir plus, tout est expliqué sur cette page !
Pour résumer : le guide de voyageur en temps du coronavirus
À la base, je ne pensais pas écrire un article aussi long sur le sujet. J’ai été bavard et je crois que je suis parti un peu dans tous les sens…
Donc, pour résumer :
– Il va falloir composer avec une part d’incertitude les amis, pour les 18 mois à venir sans doute. Ok, c’est une projection plutôt pessimiste, mais au moins, vous ne serez pas déçu si les choses s’arrangent plus vite :-). Peut-être qu’un traitement efficace sera trouvé d’ici la fin de l’année. Si c’est le cas, cela changera la donne.
– Jusque-là, vous avez deux choix. Soit vous restez en France, pourquoi pas, soit vous faite ami avec COVID-19. Vous l’acceptez et vous acceptez cette part de risque lors de vos futurs voyages.
-Et c’est pour cela que le voyageur indépendant est au moins plus flexible et plus COVID-19 compatible. Prenez juste un billet d’avion, une première nuit sur place lorsque vous arrivez. Et voilà. vous verrez ensuite au feeling et selon la situation. Oui, on revient à des formes de voyage qui laisse plus de place à l’imprévu. Et alors, n’est-ce pas mieux ?
-Si le vol est annulé en cas de crise sanitaire, vous serez remboursé et vous aurez un avoir au pire.
-Optez pour des activités plus nature. Il y aura bien moins d’incertitude et de logistique. Randonnées, treks, vélo etc. Et puis, pas besoin de masques en pleine nature.
-Sur place, il faudra toujours voyager en prenant des précautions : masques, gel, mesures barrières etc. Est-ce si pénible que cela ? Non. C’est juste une question d’adaptation. Pensez au paludisme, c’est une maladie mortelle et qui peut être chronique en plus. Pourtant, chaque année, des millions de voyageurs se rendent dans des zones à risque. Traitement préventif, anti-moustiques, moustiquaires, et voilà, le tour est joué. Et que dire de la dengue tout aussi dangereuse que le COVID-19 ?
-Il me semble que Airbnb peut avoir ses avantages. Je m’explique. Ici, en Colombie, les hôtels sont pour la plupart encore fermés. Par contre, il est assez facile de trouver un logement sur Airbnb. Et pas de problème de distension sociale, vous êtes seul dans un appartement.
-Si la destination où vous allez impose une quarantaine à l’arrivée, test négatif ou non à l’arrivée et/ou au départ, c’est un problème certain pour voyager. Avantage ici aux nomades digitaux. Le temps n’est pas une limite pour eux.
A ce propos, vous pouvez téléchargez ici les six conférences majeures du dernier Digital Nomad Starter qui s’est déroulé à Paris en septembre dernier.
Que pensez-vous de ces analyses ?
Comment voyez-vous le voyage et votre façon de voyager d’ici 2021 ?
Merci Fabrice pour ce très bon article !
Ça résume bien ce que je pense.
C’est effectivement très dur pour les agences de voyage locales qui travaillaient uniquement avec les touristes de l’étranger. Je connais bien une agence locale canadienne qui est passé de plus de 100 salariés à 8 pour le moment. Ils peuvent tenir encore un peu, mais jusqu’à quand ?
Comme toi, je vais aller voir de la famille en France sous peu et je me suis aussi demandée si j’allais être « coincée » là-bas comme je vais rester presque 2 mois…
Croisons les doigts pour que la situation s’arrange plus vite que prévu 😉
Christine
Restons positif, de toute manière, nous avons aucun contrôle sur le cours des choses, donc…
Merci Fabrice pour cet excellent article…je me sens moins seule dans la frustration..
Oui, on doit être beaucoup dans ce cas…
Bon pour moi la seule chose qui est sure c’est que mon prochain voyage à l’étranger sera en Russie même si je ne sais pas quand car normalement, je dois recevoir un avoir (aussi étonnant que celui puisse paraitre, mon vol qui devait partir le trois aout pour Moscou n’est pas annulé alors que les frontières russes sont encore fermées) enfin j’espère, car ça fait déjà un mois que je l’attend.
Pour ce qui est du voyage au long cours je suis tout à fait d’accord: ma meilleure expérience de voyage reste mon rail trip entre la France et Vladivostok. Partir de chez soi en train pour aller au bout du monde est vraiment quelque chose que je recommande.
Yep, le train, c’est top !
Cela va être chaud non pour début août vu la situation sanitaire en Russie ?
J’aimerai bien faire un saut à Moscou en septembre, mais cela me parait pas réaliste…
A voir
Superbe article, je me posais justement la question de savoir si je voyagerai toujours de la même manière. C’est vrai qu’il y a des points positifs à ce ralentissement du tourisme (tu m’as fait trop rire avec les photos du rocher de deux mètres 🙂 )
Je ne sais pas si les mentalités de TOUS changeront, mais je sais qu’il y a des voyageurs qui prennent davantage conscience de l’impact qu’ils ont sur l’environnement quand ils voyagent. Du positif !
Le tourisme a explosé depuis 2010, notamment depuis 5 ans a cause des planches a billet. Bref tout est devenu économiquement artificiel.
Le tourisme de masse est terminé (car décidé par les élites ? …) et pour la masse il n’y aura plus l’argent artificiel ont il avait accès jusqu’à présent et finançait ce tourisme de masse, donc la question n’est pas si les gens auront encore envie de voyager mais si économiquement cela sera possible ?
De plus le traumatisme économique fera que la plupart des gens par peur du futur économiseront en masse ou devront investir a la campagne pour se créer une activité de survie.
En réalité le tourisme va revenir à ce qu’il était il y a 15-20 ans c’est à dire un privilège de classe moyenne supérieure ou riche, ce qui n’est pas plus mal car là où est attiré la masse finis toujours mal, se forme alors des hordes d’ humains phacochères qui chient partout et détruisent tout, c’est l’essence même de la masse humaine. Mais la nature est plus forte et sait tout nettoyer quand cela va trop loin.
La réalité c’est que la moitié des classes moyennes vont disparaitres (économiquement non pas physiquement) et le tourisme divisé par 2 si ce n’est plus. A la crise financière gigantesque qui s’annonce s’ajoutera la robotisation de beaucoup de métiers qui est déjà bien entamé. Et je ne parles même pas de ce qui pourrait advenir d’une confrontation Occident / Chine vers laquelle on se dirige.